jeudi 24 octobre 2024

"Théorie de l'avant-garde" de Peter Burger (résumé)


Théorie de l'avant-garde de Peter Bürger 
 
Parue en 1974 en Allemagne, la Théorie de l'avant-garde de Peter Bürger a suscité d'importants débats. Elle n'avait pourtant pas été traduite en France jusqu'à présent. Sa publication donne l'occasion d'interroger l'héritage des avant-gardes dites "historiques" (surréalisme, dada, constructivisme russe) dans le contexte de l'art contemporain et, plus largement, de la culture de masse postmoderne, mais aussi de rendre compte de leurs échecs, de leurs "futurs passés" comme de leur réactivation problématique.

Peter Bürger construit un concept d'avant-garde caractérisé par une remise en cause durable de l'idéologie de l'autonomie esthétique et par une attaque massive contre l'institution art en tant que domaine social détaché de la pratique de la vie. Loin de composer un simple récit à propos des mouvements d'avant-garde dans leur diversité, Bürger tente de cerner les conditions de possibilité historique de leur apparition et l'unité sous-jacente de leurs démarches.

S'appuyant sur l'esthétique d'Adorno et, plus largement, sur la théorie de l'école de Francfort, son livre s'inscrit dans une herméneutique critique de la culture, qui prend la mesure des bouleversements introduits par les avant-gardes, tant dans la déconstruction de la "totalité organique" des oeuvres d'art (par le montage, le collage ou le rôle dévolu au hasard) que dans la redéfinition de leur rôle politique - réconcilier utopiquement technique et esthétique, art et praxis.

Les analyses que consacre Peter Bürger au concept d'oeuvre d'art, la distance qu'il prend à l'égard des thèses de Habermas ou de Benjamin, les éclairages historiques qu'il mobilise, comme son souci de distinguer l'autonomie artistique, du point de vue de son histoire et de son ancrage institutionnel, du contenu des oeuvres, font de ce livre un élément majeur pour toute approche des avant-gardes. Son examen de la situation créée par le projet inabouti des avant-gardes, sa description de ce qu'on désigne par "art contemporain" contribuent de façon décisive à la réflexion sur les pratiques artistiques d'aujourd'hui, leur rapport à l'institution art, à la culture et au marché.

À propos de l'auteur

Peter Bürger a enseigné la philosophie et la théorie de la littérature générale et comparée à l'université de Brême. Il est l'auteur de livres traduits dans plusieurs langues, parmi lesquels : Der französische Surrealismus (1971), Zur Kritik der idealistischen Astherik (1983) et La Prose de la modernité (1988), traduit chez Klincksieck en 1995, le seul accessible au lecteur français jusqu'à présent.