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jeudi 12 septembre 2024

Le récit du « jour de la Victoire » des Russes (ou l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale rarement évoquée en Occident)

 SOURCE SECONDAIRE: https://brigittebouzonnie.substack.com/p/le-recit-du-jour-de-la-victoire

Article rédigé 11 mai 2018 par Michael Jabara Carley pour le site Réseau Voltaire

Professeur d'histoire contemporaine à l'université de Montréal, Michael, Jabara Carley raconte ici le rôle de l'Union soviétique contre le nazisme. Puis il analyse la manière dont cette histoire a été volontairement déformée par les Anglo-Saxons et est malhonnêtement enseignée dans le monde occidental (l'Hégémon).

 Chaque année, le 9 mai, la Fédération de Russie commémore un événement historique majeur : le jour de la Victoire. Ce même jour de l’année 1945, le maréchal Georgy Konstantinovich Youkov, commandant du 1er front biélorusse, qui avait pris d’assaut Berlin, recevait l’acte de reddition inconditionnelle des Allemands. Au final, la Grande Guerre patriotique aura duré 1418 jours, d’un niveau inimaginable de violence, de destruction et de brutalité. De Stalingrad et du Caucase septentrional en passant par le Nord-Ouest de la périphérie de Moscou aux frontières occidentales de l’Union Soviétique, à Sébastopol au sud et jusqu’à Léningrad et la frontière finnoise au nord : le pays a été ravagé. On estime à 17 millions les pertes civiles — hommes, femmes et enfants — bien qu’il soit impossible de déterminer le chiffre exact. De nombreuses villes et villages ont été détruits ; des familles entières ont disparues sans personne pour se souvenir de leurs membres ou les regretter.



La plupart des citoyens russes ont perdu de la famille durant la guerre. Personne n’a été épargné.

Plus de dix millions de soldats russes ont péri dans les combats visant à repousser le terrible envahisseur nazi et dans l’offensive finale conduisant à l’occupation de Berlin à la fin d’avril 1945. Les soldats de l’Armée Rouge morts au combat, ont été abandonnés sans sépulture — ou dans des fosses anonymes — lors de la marche vers l’Ouest, faute de temps. La plupart des citoyens russes ont perdu de la famille durant la guerre. Personne n’a été épargné.

La Grande Guerre patriotique a débuté le 22 juin 1940 à 3h30 du matin, quand la Wehrmacht a envahi l’Union Soviétique sur le front qui s’étend de la mer Baltique à la mer Noire avec 3,2 millions de soldats, répartis en 150 divisions, accompagnés par 3 350 tanks, 7 184 pièces d’artillerie, 600 000 camions et 2 000 avions de guerre. Les armées finnoises, italiennes, roumaines, hongroises, espagnoles, et slovaques, entre autres, ont rejoint l’armée allemande. Le Haut Commandement allemand a estimé que l’opération « Barberousse » aboutirait à la capitulation de l’Union Soviétique dans un délai de 4 à 6 semaines. À l’ouest, les états majors états-uniens et britanniques validaient ces prédictions. De surcroit, quelle armée pouvait se targuer d’avoir défait la Wehrmacht ? L’Allemagne nazie était un colosse invincible. La Pologne avait été balayée en quelques jours. La tentative franco-anglaise visant à défendre la Norvège avait été un fiasco. Quand la Wehrmacht a attaqué à l’ouest, la Belgique se hâta de quitter la zone de combat. La France a rendu les armes en quelques semaines. L’armée britannique a été éconduite de Dunkerque, nue, sans armes ni véhicules. Au printemps 1941, La Yougoslavie et la Grèce ont été éliminé à moindre coût pour les Allemands.



Les pertes au sein de l’Armée Rouge ont été colossales, deux millions de soldats morts au bout de 3 mois et demi de combat.

L’armée allemande a balayé toute résistance en Europe jusqu’à ce qu’elle atteigne la frontière soviétique. L’Armée Rouge a été prise par surprise, partiellement mobilisée, car le dictateur soviétique Joseph Staline n’a pas pris au sérieux les avertissements de ses propres services de Renseignement, ou ne voulait pas provoquer l’Allemagne hitlérienne. Au final, ce fut une catastrophe. Mais contrairement à la Pologne ou à la France, l’Union Soviétique ne s’est pas rendue au bout de 4 à 6 semaines. Les pertes au sein de l’Armée Rouge ont été colossales, deux millions de soldats morts au bout de 3 mois et demi de combat. Les États baltes étaient perdus. Smolensk est tombée, puis Kiev : défaite la plus cuisante de toute la guerre. Léningrad était encerclée. Un vieil homme a demandé aux soldats « D’où vous retranchez-vous ? » Le chaos régnait partout. Mais, dans des lieux comme la forteresse de Brest-Litovsk, ainsi que dans des centaines de bois, de champs, de jonctions routières, de villes et de villages anonymes, l’Armée Rouge s’est battue jusqu’au bout. Elle a réussi à éviter l’encerclement et a pu rejoindre ses propres lignes ou bien disparaître dans les forêts ou les marais de Biélorussie et du nord de l’Ukraine, s’organisant en unités de résistance pouvant mener des raids contre l’arrière-garde allemande. À la fin de 1941, les pertes militaires soviétiques s’élevaient à 3 millions (la majorité étant des prisonniers de guerre, tués par des mains allemandes) ; 177 divisions ont été anéanties. Pourtant, L’Armée Rouge continuait de se battre, faisant même reculer les Allemands à Ielnia, au sud-est de Smolensk, à la fin du mois d’août. La Wehrmacht a pu ressentir la morsure d’une Armée Rouge ébranlée mais pas abattue. Les forces allemandes recensaient, en moyenne, dans leurs rangs, 7 000 victimes par jour : une nouveauté pour eux.



A certains endrois comme la forteresse de Litovsk, les soldats de l’Armée Rouge se sont battus jusqu’au dernier.

Sur les traces de la Wehrmacht, les escadrons de la mort SS (Einsatzgruppen) éliminaient les Juifs, les Tziganes, les communistes, les prisonniers de guerre soviétiques ou n’importe quel individu se trouvant sur leur chemin. Ils ont bénéficié de l’assistance de collaborateurs nazis, baltes et ukrainiens, pour ces crimes de masse. Les femmes et enfants soviétiques étaient dépouillés de leurs vêtements et alignés sur le peloton d’exécution. En plein hiver, les soldats allemands abattaient les villageois ou les forçaient à sortir de leur maison, tout de haillons vêtus, leur confisquant leur foyer, vêtements d’hiver et nourriture.

À l’ouest, ceux qui avaient prédit une débâcle russe, les sempiternels soviétophobes, n’eurent pas l’air malin et durent revoir leurs prévisions. L’opinion publique comprit qu’Hitler avait mis là le pied dans un bourbier ; aucune commune mesure avec la campagne de France. Bien que la résistance soviétique bénéficiait du soutien du citoyen anglais, le gouvernement britannique, lui, ne fut pratiquement d’aucune aide. Certains membres de l’exécutif étaient même réticents à considérer l’Union Soviétique comme un allié. Churchill a interdit à la BBC de diffuser le dimanche soir, l’hymne national soviétique, l’Internationale, en compagnie des autres hymnes alliées.



L’opinion publique comprit qu’Hitler avait mis là le pied dans un bourbier ; aucune commune mesure avec la campagne de France.

L’Armée Rouge tout en battant en retraite continuait désespérément de se battre. Ce n’était pas une guerre ordinaire, mais un combat d’une violence exceptionnelle contre un envahisseur cruel, pour la défense de sa maison, de sa famille, de son pays, et de sa vie elle-même. En novembre, l’Armée Rouge, largua un pamphlet au dessus des lignes allemandes citant Carl von Clausewitz, le stratège militaire prussien : « Il est impossible d’occuper la Russie ou de la conquérir ». Bien que tentative d’intimiditation, vu les circonstances ; cette assertion n’était pas moins vraie. Finalement, aux portes de Moscou, en décembre 1941, l’Armée Rouge, sous le commandement de Gueorgui Joukov repoussa une Wehrmacht épuisée, environ trois cents kilomètres plus au sud. Le mythe de l’invincibilité nazie volait en éclat. « Barberousse » était trop ambitieux, l’offensive éclair (blitzkrieg) avait échoué, et la Wehrmacht subissait son premier échec sur le plan stratégique. À Londres, Churchill accepta, à contrecœur, de laisser jouer l’hymne soviétique par la BBC.



Le mythe de l’invincibilité nazie volait en éclat.

En 1942, l’Armée Rouge continuait de subir des défaites et d’énormes pertes, dans la mesure où elle était livrée à elle-même. Cependant, en novembre de cette année, à Stalingrad, sur la Volga, l’Armée Rouge lança une contre offensive qui se conclut par une victoire historique et par la retraite de la Wehrmacht, en ce printemps 1942, à sa position d’origine ; exception faite pour le 6e corps d’armée allemande, pris au piège dans le chaudron de Stalingrad. Là, 22 divisions allemandes, parmi les meilleures, furent détruites. Stalingrad fut le Verdun de la Seconde Guerre mondiale. « Mais c’est un véritable enfer ! » ; « Non… C’est dix fois pire ! ». À la fin de la campagne hivernale de 1943, du côté de l’Axe, les pertes se démultipliaient : une centaine de divisions allemandes, italiennes, roumaines, hongroises étaient anéanties ou ravagées. Le président des États-Unis, Franklin Roosevelt, reconnut que le conflit venait de basculer : la dernière heure de la grande Allemagne avait sonné.



Des femmes au front lors de la bataille de Stalingrad.

Février 1943. Pas une seule division britannique, états-unienne ou canadienne ne se bat en Europe contre la Wehrmacht, seize mois avant le débarquement en Normandie. Les Britanniques et les États-uniens combattaient alors 2 ou 3 divisions allemandes en Afrique du Nord : un divertissement comparé au front russe. L’opinion publique occidentale savait qui portait à lui seul tout le fardeau de la guerre contre la Wehrmacht. En 1942, 80 % des divisions de l’Axe étaient engagées dans le combat contre l’Armée Rouge. Au début de 1943, il y avait 207 divisions allemandes postées sur le front est. Les Allemands jouant leur va tout, lancèrent une dernière offensive contre la « citadelle » de Koursk en juillet 1943. L’opération sera un échec. L’Armée Rouge lancera une contre offensive à travers l’Ukraine conduisant à la libération de Kiev en novembre. Plus au nord, Smolensk avait été libérée un mois auparavant.

L’état d’esprit des Soviétiques était admirable, ainsi que leur Armée Rouge. Le correspondant de guerre Vasilii Semenovich Grossman en a capturé l’essence dans son journal intime, Nuit, tempête de neige. Il écrit en 1942, « Les véhicules, l’artillerie, avancent en silence. Soudain, une voix rauque se fait entendre. "Hé, quel est le chemin pour se rendre à Berlin ?". Éclat de rire. »



L’opinion publique occidentale savait qui portait à lui seul tout le fardeau de la guerre contre la Wehrmacht.

Les soldats n’étaient pas toujours braves. Parfois, ils désertaient. « Un chef de bataillon armés de deux revolvers se mit à hurler, "Où courez-vous comme ça, sales fils de ***. En avant marche, pour la Mère patrie, pour Jésus-Christ, bande d’enc*** ! Pour Staline, merdeux !..." » Ils retournèrent à leur poste. Ces types furent chanceux ; l’officier aurait pu les abattre. Ça arrivait parfois. Un soldat s’est porté volontaire pour exécuter un déserteur. « Avez-vous ressenti de la pitié pour lui ? » demanda Grossman. « Comment peut-on parler de pitié ?! » répondit le soldat. À Stalingrad, sept Ouzbeks ont été accusés d’auto-mutilation. Ils ont tous été exécutés. Grossman lit une lettre retrouvée dans la poche d’un soldat soviétique mort. « Tu me manques beaucoup. Viens me rendre visite, s’il te plait… À l’instant où j’écris ces mots, mes larmes coulent sur le papier. Papa, s’il te plait, viens me voir... »

Les femmes ont combattu aux côtés des hommes en tant que snipers, armurières, conductrice de tanks, pilotes, infirmières, dans les mouvements de résistance. Elles ont aussi apporté de l’aide aux armées postées en Russie. « Les villages sont devenus le royaume des femmes » écrit Grossman « Elles conduisaient des tracteurs, gardaient les entrepôts, les écuries… Les femmes assumaient une énorme charge de travail. Elles prenaient toutes sortes de responsabilités, expédiaient du pain, des avions, des armes et des munitions au front. » Quand les combats ont fait rage sur la Volga, elles n’ont pas reproché à leurs hommes d’avoir céder tant de terrain. « Un regard mais pas un mot » écrit Grossman, « … pas une pointe d’amertume. » Bien que parfois, dans les villages près du front, ce soit arrivé.



La fin de l’Allemagne nazie n’était plus qu’une question de temps.

Pendant ce temps, les alliés occidentaux attaquèrent l’Italie. Staline a longtemps exigé un second front en France, mais Churchill s’y opposa. Il voulait attaquer l’Axe en son point faible, non pas pour aider l’Armée Rouge, mais pour contrecarrer son avancée dans les Balkans. L’idée était de traverser rapidement le nord de la péninsule italienne, puis les Balkans, afin de de stopper la progression de l’Armée Rouge. Cependant, Berlin se trouvait au nord-nord est. Le plan de Churchill était un fiasco ; les Alliés occidentaux ne sont pas entrés dans Rome avant juin 1944. Il y avait approximativement 20 divisions allemandes en Italie se battant contre des forces alliées plus conséquentes. À l’est, il restait encore plus deux cents divisions de l’Axe, soit dix fois plus qu’en Italie. Le 6 juin 1944, quand l’opération Overlord débuta en Normandie, l’Armée Rouge stationna sur les frontières polonaises et roumaines. Une quinzaine de jours après le débarquement en Normandie, l’Armée Rouge lança l’opération Bagration, une offensive massive qui aboutit à une percée en plein milieu de la ligne de front allemande à l’est et à une avancée de plus de 500 kilomètres vers l’ouest, pendant que les alliés occidentaux restaient bloqués dans la péninsule du Cotentin, en Normandie. L’Armée Rouge était irrésistible. La chute de l’Allemagne nazie n’était plus qu’une question de temps. Quand le conflit prit fin en mai 1945, il s’avéra que l’Armée Rouge avait été responsable de 80 % des pertes de la Wehrmacht et plus si on considère la période qui précède le débarquement en Normandie. « Ceux qui n’ont pu vivre la rudesse de l’été 1941 » écrit Vasily Grossman, « ne pourront apprécier complétement la joie procurée par cette victoire ». Les troupes comme le peuple chantaient de nombreux hymnes pour garder le morale. Sviashchennaia voina, « sacrée guerre » était une des plus populaires. Les Russes se lèvent toujours lorsqu’ils l’entendent.

Une polémique persiste chez les historiens. Quel est le moment clé de la guerre en Europe ? Certains proposent le 22 juin 1941, le jour où la Wehrmacht a franchi la frontière soviétique. D’autres mettent le doigt sur les batailles de Moscou, Stalingrad ou Koursk. Durant la guerre, l’opinion publique occidentale semblait plus acquise à la cause de l’Armée Rouge que certains dirigeants occidentaux, comme Winston Churchill. Roosevelt, lui, qui était un dirigeant politique bien plus pragmatique, a volontiers reconnu le rôle prépondérant joué par les Soviétiques dans la guerre contre l’Allemagne nazie. L’Armée rouge, déclarait-il à un général dubitatif en 1942, a tué plus de soldats allemands et détruit plus de chars allemands que tout le reste de la coalition alliée réunie. Roosevelt savait que l’Union Soviétique était la clé de voûte de la grande coalition contre l’Allemagne nazie. J’appelle FDR (Franklin Delano Roosevelt) : le parrain de la « grande alliance ». Néanmoins, les principaux détracteurs de l’Union soviétique restaient tapis dans l’ombre attendant le bon moment pour refaire surface. Plus la victoire sur l’Allemagne nazie semblait assurée, plus les opposants à la grande alliance se faisaient entendre.

Les États-uniens peuvent être un peu « soupe au lait » lorsque l’on évoque le rôle essentiel joué par l’Armée rouge dans la destruction de la Wehrmacht. « Que faites-vous du prêt-bail ? » répondent-ils, « sans notre soutien logistique, l’Union soviétique n’aurait pas battu les Allemands. » En réalité, la plupart du matériel fourni dans le cadre du prêt-bail n’arriva en URSS qu’après Stalingrad. Les soldats de l’Armée Rouge, facétieux, aimaient appelés les boites de conserve, reçues par le biais du prêt-bail, « le deuxième front » dans la mesure où le vrai se faisait un peu tardif. En 1942, l’industrie soviétique produisait déjà bien plus d’armes que l’Allemagne nazie. Le T-34 était-il un char états-unien ou russe ? Staline a toujours su être reconnaissant envers le gouvernement US pour les Jeeps et les camions Studebaker. Ils ont accru la mobilité de l’Armée rouge. Vous avez fourni l’aluminium, aiment à répondre les Russes, nous avons fourni… le sang. Des rivières de sang...



Tout un chacun, en Europe et aux États-Unis, savaient très bien à qui attribuer le succès contre la Wehrmacht.

À peine la guerre fut-elle terminée que le Royaume-Uni et les États-Unis commencèrent à envisager une autre guerre, cette fois contre l’Union Soviétique. En mai 1945, le haut commandement britannique élabore le plan « unthinkable » (impensable), une offensive top-secrète, avec le renfort des prisonniers de guerre allemands, contre l’Armée Rouge. Les salauds ! Les ingrats ! En septembre 1945, les États-uniens envisagèrent l’utilisation de 204 bombes atomiques afin de rayer l’Union Soviétique de la carte. Le président Roosevelt venait de décéder en avril et en quelques semaines les États-uniens soviétophobes appliquaient déjà une politique diamétralement opposée. La Grande Alliance n’était qu’une trêve au milieu de la guerre Froide, qui avait pour origine la prise du pouvoir par les Bolcheviks en novembre 1917 ; cette dernière redevenait d’actualité en 1945 maintenant le conflit terminé.

À ce moment là, les gouvernements états-uniens et britanniques avaient toujours l’opinion publique contre eux. Tout un chacun, en Europe et aux États-Unis, savaient très bien à qui attribuer le succès contre la Wehrmacht. Il n’était pas possible d’adopter à nouveau, comme si de rien n’était, la stratégie éculée de la haine envers l’Union Soviétique sans faire oublier le rôle prépondérant de l’Armée Rouge dans la victoire commune contre l’Allemagne hitlérienne. Les Occidentaux ont donc ressorti le dossier sur le pacte de non-agression d’août 1939 entre Hitler et Staline en omettant volontairement de mentionner certains faits antécédents, comme l’opposition franco-anglaise à la proposition soviétique d’un traité de sécurité collective contre l’Allemagne nazie et, surtout, la trahison envers la Tchécoslovaquie, livrée aux Allemands (Accords de Munich, 1938). Comme des cambrioleurs en pleine nuit, Londres et Washington s’attribuèrent le crédit de la victoire contre l’Allemagne nazie.

Déjà en décembre 1939, les Britanniques prévoyaient de publier un livre blanc attribuant la responsabilité de l’échec des négociations (printemps-été 1939) à Moscou en vue d’une alliance entre Anglais, Français et Soviétiques. Les Français se sont opposés à ce projet car le livre blanc risquait de permettre à l’opinion publique de prendre conscience du caractère effectif de la résistance soviétique contre le nazisme, ce qui n’a pas été le cas côté anglais ou français. Ainsi, le livre blanc a terminé sur une étagère. En 1948, Le département d’État états-unien a diffusé une série de documents attribuant la responsabilité de la Seconde Guerre mondiale à Hitler et Staline. Moscou a riposté en publiant à son tour des documents mettant en évidence les liens étroits entre le monde occidental et le régime nazi. Beaucoup d’énergie fut déployée pour que l’on se souvienne de l’Union Soviétique comme signataire du pacte de non-agression et non comme le principal responsable de la destruction de la Wehrmacht.



Les Occidentaux ont ressorti le dossier sur le pacte de non-aggression d’août 1939 entre Hitler et Staline.

Qui n’a pas vu un de ces films hollywoodiens dans lesquels le débarquement en Normandie est présenté comme un tournant de la guerre ? « Que serait-il advenu si le débarquement avait échoué ? » entend-on souvent « Oh…, pas grand-chose... » est la réponse qui convient. La guerre aurait duré plus longtemps, et l’Armée Rouge, venant de l’Est, aurait planté ses étendards sur les plages de Normandie. Puis, il y a les films qui présentent la campagne de bombardement de l’Allemagne par les alliés comme le facteur décisif dans la victoire de ces derniers. Dans les films hollywoodiens sur la Seconde Guerre mondiale, l’Armée Rouge est invisible. C’est comme si les États-uniens (et les Britanniques) se couronnaient de lauriers qu’ils ne méritaient pas.

J’aime posé cette question à mes étudiants lorsque l’on aborde la Seconde Guerre mondiale : qui a entendu parler de l’opération Overlord ? Tout le monde lève le main. Puis je demande : qui a entendu parler de l’opération Bagration ? Quasiment personne ne se manifeste. Je demande, facétieux, qui a gagné la guerre contre l’Allemagne nazie et la réponse est évidemment : « les Américains ». Seuls quelques étudiants, en général ceux qui ont eu d’autres cours avec moi, répondent : l’Union Soviétique.

Difficile pour la vérité de se frayer un chemin vers la lumière dans un monde occidental où les « fakes news » (mensonges) sont la norme. L’OSCE (l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) et le Parlement européen attribuent la responsabilité de la guerre à l’Union Soviétique, sous-entendant la Russie et le président Vladimir Poutine. Hitler est quasiment omis dans ce tohu-bohu d’accusations sans fondements. Soutiennent cette version malhonnête des faits historiques : les États baltes, la Pologne et l’Ukraine, vociférant leur haine de la Russie. Les Baltes et les Ukrainiens célèbrent aujourd’hui, comme gloire nationale, les collaborateurs nazis et leurs agissements. En Pologne, la pilule est dure à avaler pour certains ; ils se souviennent trop bien des collaborateurs nazis ukrainiens qui ont assassiné des dizaines de milliers de Polonais en Volhynie. Malheureusement, de tels souvenirs n’ont pas empêché les hooligans polonais de vandaliser les monuments aux morts de l’Armée Rouge, ainsi que de profaner les cimetières de guerre soviétiques. Les nationalistes polonais ne veulent pas se souvenir de l’Armée Rouge libérant la Pologne de l’Allemagne nazie.



Les vétérans, de moins en moins nombreux chaque année, continuent de porter des uniformes qui ne leur vont plus guère ou des treillis usés, parsemés de médailles et de récompenses diverses.

En Russie, cependant, la propagande mensongère des Occidentaux n’a aucun effet. L’Union Soviétique, ainsi que la Fédération de Russie, a produit ses propres films sur la Seconde Guerre mondiale, les plus récents sur la défense de la forteresse de Brest-Litovsk et de Sébastopol, et sur la bataille de Stalingrad. Le 9 mai, chaque Russe a une pensée pour les les millions de soldats qui se sont battus et ont perdu la vie ainsi que pour les millions de civils qui ont souffert et sont morts entre les mains de l’envahisseur nazi. Les vétérans, de moins en moins nombreux chaque année, continuent de porter des uniformes qui ne leur vont plus guère ou des treillis usés, parsemés de médailles et de récompenses diverses. « Traitez-les avec tact et respect » écrit Youkov dans ses mémoires : « C’est le moins que vous puissiez faire après ce qu’ils ont fait pour vous entre 1941 et 1945. » Lorsque je les observais en ce jour de commémoration, il y a quelques années, je me demandais comment ils ont pu composer avec la menace de mort permanente, la désolation et toutes ces épreuves.



Une marche des « immortels » à Moscou.

De nos jours, chaque année en ce 9 mai, le régiment des « immortels » défile. Les Russes, aux quatre coins du pays et à l’étranger, marchent ensemble en portant des photographies grand format de membres de leur famille, hommes ou femmes, qui se sont battus pendant la guerre. « Nous ne vous oublions pas » , ils semblent dire « et ne vous oublierons jamais. »

Michael Jabara Carley

Traduction Jean-Marc Chicot      Source Strategic Culture Foundation (Russie)

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AJOUTS PERSONNELS

 

Deux jour après le lancement de l'opération Barbarossa par les nazis allemands et leurs alliés européens, le 24 juin 1941, Harry s. Truman (futur président des USA), déclarait:

"Si nous voyons l'Allemagne gagner, nous devrions aider la Russie et, si la Russie est en train de gagner, nous devrions aider l'Allemagne, pour que le plus grand nombre périsse des deux côtés."



Si l'on veut comprendre, a minima, la guerre à l'Est, voir le film d'Elem KLIMOV, Requiem pour un massacre, de 1985. L'action se déroule sur le territoire de la Biélorussie soviétique en 1943. En France, on connait le massacre d'Oradour-sur-Glane, commis par la division SS Das Reich. Elle a opéré avec d'autres en Biélorussie, où il eut 600 villages massacrés de la sorte...600 Oradour-sur-Glane.

dimanche 28 juillet 2024

Más migrantes mueren en el Sahara que al cruzar el Mediterráneo

 Fuente: https://ipsnoticias.net/2024/07/mas-migrantes-mueren-en-el-sahara-que-al-cruzar-el-mediterraneo/#google_vignette

Autoridades registran el hallazgo de 20 cadáveres de migrantes en la región de Agadez, una zona del desierto del Sahara en el centro de Malí. Cada año miles de personas perecen en esas difíciles travesías por el norte de África, en camino hacia las costas del Mediterráneo para tratar de llegar al sur de Europa. Imagen: Ibrahim Belsan / KAS

GINEBRA – El número de migrantes que, rumbo a Europa, mueren cada año al atravesar el desierto del Sahara en el norte de África, probablemente supera el de quienes perecen en el mar Mediterráneo tratando de alcanzar el mismo destino, indicó un informe divulgado por agencias de las Naciones Unidas este viernes 5.

Bram Frouws, director del Centro de Migración Mixta, dijo que “sabemos, aunque no disponemos de cifras totalmente precisas y, de hecho es una subestimación, que muchas personas mueren en las rutas terrestres, hasta la costa mediterránea, posiblemente incluso más que en el mar”.

Ese centro elaboró el informe titulado “En este viaje, a nadie le importa si vives o mueres”, sobre la migración que cruza el Sahara, junto con la Agencia de las Naciones Unidas para los Refugiados (Acnur) y la Organización Internacional para las Migraciones (OIM).

En el estudio se documentaron 1206 muertes de personas migrantes que intentaban cruzar el Sahara, entre enero de 2020 y mayo de 2024, pero se estima que la cifra real es mucho mayor y se presume que incluso duplica los decesos en el Mediterráneo.

En ese mar, al naufragar los frágiles botes y viejas barcazas en que viajaban, en el año 2023 perecieron 3129 migrantes y refugiados, en su mayoría provenientes de las costas norafricanas. En 2024, hasta mediados de junio, murieron o desaparecieron en sus aguas al menos 800 personas, según la OIM.

Entre las muertes registradas en el desierto, 24 % se debieron a la exposición, la deshidratación y la inanición relacionadas con las duras condiciones ambientales, 38 % a accidentes de tráfico, y 13 % a hechos de violencia.

También seis por ciento a enfermedades y falta de acceso a la atención sanitaria, tres por ciento a muertes accidentales, y 16 % a razones mixtas o desconocidas.

“Independientemente de su estatus, los migrantes y refugiados se enfrentan a graves violaciones de sus derechos humanos y abusos a lo largo de la ruta. No podemos perder nuestra capacidad de indignarnos por este nivel de violencia”, afirmó Vincent Cochetel, enviado especial de Acnur para el Mediterráneo central y occidental.

El informe señaló que las rutas por las que se trafica con personas se están desplazando hacia zonas más remotas, evitando las de conflicto activo o controles fronterizos por parte de actores estatales y no estatales, lo que expone a las personas en movimiento a riesgos aún mayores.

Los tipos de abusos denunciados incluyen tortura, violencia física, detención arbitraria, muerte, secuestro para pedir rescate, violencia y explotación sexual, esclavitud, trata de personas, trabajo forzado, extracción de órganos, robo, detención arbitraria, expulsiones y devoluciones colectivas.

El estudio acopió datos durante tres años, incluyendo entrevistas a unos 31 000 migrantes y refugiados procedentes de África, y permitió comprobar los llamados “factores de expulsión”, que impulsan a las personas a huir de sus lugares de origen.

Entre ellos destaca el deterioro de la situación en los países de origen y de acogida, como es el caso de los nuevos conflictos armados en Sudán y en países del Sahel, la franja semiárida que cruza África de este a oeste y se interpone entre el desierto y la zona de bosques en el centro del continente.

El estudio agrega “el impacto devastador del cambio climático”, los desastres y emergencias prolongadas en el este de África, así como el racismo y la xenofobia hacia los refugiados y migrantes.

Una vez que cruzan el Sahara y llegan a los países costeros del Mediterráneo (Libia y Túnez, principalmente), los migrantes se encuentran con “enormes lagunas en materia de protección y asistencia”, lo que los empuja a emprender viajes peligrosos, subraya el informe.

El apoyo y el acceso a la justicia para los supervivientes de diversas formas de abuso rara vez están disponibles en los puntos de las rutas, según indica el informe, que cita la financiación insuficiente y las restricciones al acceso humanitario.

Eso es particularmente cierto en lugares clave como los centros de detención informales y las instalaciones de detención establecidas tanto en países del norte africano como del sur europeo.

“Los grupos criminales y los traficantes son a menudo responsables de abusos terribles, pero los funcionarios estatales, como la policía, los militares y los guardias fronterizos, también desempeñan un papel”, observó Frouws.

El estudio dice que Acnur, la OIM y las organizaciones no gubernamentales con las que se asocian han intensificado sus servicios de protección y asistencia vitales, “pero la acción humanitaria no es suficiente”.

Laurence Hart, de la oficina de coordinación de la OIM en el Mediterráneo, dijo que “es importante estudiar cómo regularizar o legalizar a los migrantes en los países de tránsito, si es necesario, pero también más allá, en los países europeos que responden a la necesidad de talentos y de mano de obra”.

En todo el mundo murieron o desaparecieron en 2023 al menos 8565 personas migrantes, en peligrosas travesías por mar y tierra. Y, en los últimos 10 años, al menos 63 000.

A-E/HM

 

mercredi 26 juin 2024

Sur le Pacte germano-soviétique: la WWII réécrite par l’UE

Les "guerres de l'histoire"
 
 Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux 
(Guy Debord, La Société du spectacle, thèse nº 9)

L'effondrement de l'URSS a donné naissance à des forces intéressées par la révision des origines, du déroulement et de l'issue de la 2nde GM. La période actuelle de développement de la communauté mondiale se caractérise par une activité accrue dans la sphère historique. Nous pourrions dire sans hésiter que le but n’est autre que de tromper les populations, et manipuler aisément les générations à venir.

Il existe donc désormais, en dépit des faits, des sources et des pièces historiques irréfutables, des « guerres de l'histoire » ! Ces démarches, essentiellement d’origine anglo-saxonnes, visent à déformer l'histoire et à falsifier le rôle primordial de l'URSS dans la victoire sur le nazisme et la création du système moderne des relations internationales qui ont dès lors, pris un nouvel élan. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

Environ 416.000 américains sont morts au cours de cette guerre pendant que 12 millions de soldats soviétiques y ont laissé leurs jeunes vies, soit 29 fois plus!
 
Cette révision cynique, injuste, et mensongère de l'histoire, vise à échanger la place de l'agresseur, qui a déclenché la plus grande guerre de l'histoire de l'humanité et incarné l'idéologie de la supériorité raciale, contre un État membre de la coalition anti-hitlérienne, qui a contribué de manière décisive et exemplaire à la victoire. Elle vise surtout à spolier le mérite et le sacrifice inégalé à ce jour, de l’armée soviétique qui nous a tous délivrés du fascisme allemand et de ses alliés nombreux. 

La collaboration avec l’Allemagne nazie est loin de se limiter aux gouvernements des pays annexés et de groupes de citoyens adhérents à cette idéologie. De nombreux pays ont également collaboré avec la Wehrmacht, grâce à l’initiative de certains partis politiques ou organisations.
 
Parmi ceux-ci nous pouvons noter l’Ukraine, dont une partie significative a suivi son héros fasciste Stéphan Bandéra. Il est toujours largement honoré dans l’Ukraine actuelle et ceci explique les dizaines de milliers de bataillons bandéristes qui portent fièrement leurs symboles nazis et ont été élevés par Zelensky au rang de héros.

La Bulgarie, la Finlande, la Roumanie, la Hongrie, ainsi que des états « neutres » ont également collaboré à des degrés divers, comme la Suisse, la Suède, le Portugal… Il s’agit ensuite de rajouter à ces collaborateurs, ceux, nombreux aux USA en particulier mais pas seulement, qui ont largement financé l’effort de guerre nazi, et enfin ne pas oublier les alliés officiels : Italie, Japon, puis gouvernement de Vichy en France. Parmi les pays occupés, ou pas, des nuances sont évidemment nécessaires sur la collaboration, contrainte ou choisie, zélée ou pas…

Le procès de Nuremberg est devenu la source la plus reconnue de l'histoire de la 2ème GM pour juger ces nombreux criminels de guerre. À cette occasion, le monde entier a pu accéder à des documents jusqu’alors secrets de l'État agresseur, et « déclassifiés», prendre connaissance des techniques et méthodes utilisées par les fascistes allemands pour préparer la guerre. Le tribunal de Nuremberg a condamné les criminels politiques et de guerre nazis, ainsi que les collaborateurs de tous genres.

Malheureusement, une immense majorité de ces criminels de hauts rangs, ont non seulement échappé à la sentence, mais pis encore, ils ont officiellement été recrutés à des postes clés dans l’appareil policier allemand d’après guerre et surtout par la CIA… Le témoignage du maréchal F. Paulus, témoin clé du procès, a brisé le mythe de l'attaque préventive : « Les objectifs fixés étaient de conquérir les territoires russes à des fins de colonisation. L'utilisation et le pillage de ces territoires auraient mis fin à la guerre à l'Ouest et auraient définitivement établi la domination sur l'Europe ».

En Allemagne de l'Ouest, la critique acerbe du procès de Nuremberg a été lancée. Le but était de réhabiliter les nazis qui avaient été au service de Bonn. L'un d'entre eux, K. Kiesinger, chancelier fédéral de l'Allemagne (1966-1969), était membre du NSDAP et travaillait au ministère de la propagande de Goebels, il serait très long de citer tous les autres… On pourrait donc considérer que ce but funeste a été largement atteint.

Ces nazis, immédiatement réhabilités et exerçant à des postes décisionnels dans de nombreux pays occidentaux, laissent légitimement penser, que leurs descendances actuelles, élevées dans ces idéaux ignobles sont aujourd’hui à la tête d’organisations internationales particulièrement influentes…

Pour les plus curieux d’entre vous, il est aujourd’hui aisé de trouver l’arbre généalogique de certaines élites occidentales ayant eu des grands-parents gradés dans le régime nazi d’Hitler… Devant ces faits, lors de la commémoration du débarquement de Normandie, la France et ses alliés trouvent opportun de ne pas inviter la Russie… 

Engels a écrit que « ...c'est le propre de la bourgeoisie de falsifier n'importe quelle marchandise et même l'histoire. Après tout, il est plus payant d'écrire la dissertation dans laquelle la falsification de l'histoire correspond le mieux aux intérêts de la bourgeoisie ». 
 
Dans sa résolution de 2019, le Parlement européen a accusé l'URSS d'avoir déclenché la Seconde Guerre mondiale sur un pied d'égalité avec l'Allemagne hitlérienne. Désormais, toute mention des soldats-libérateurs soviétiques est interprétée comme une "distorsion de l'histoire". La Russie est une nouvelle fois invitée à se "repentir" - désormais pour avoir libéré l'Europe du nazisme.

En blâmant l'URSS pour le traité germano-soviétique de 1939, les politiciens européens, par tradition, dissimulent un autre traité (ou pacte ?), sans lequel le premier n'aurait peut-être pas eu lieu. Le Pacte de Munich de 1938, qui a décidé du sort de la Tchécoslovaquie sans ses représentants, est devenu une honte indélébile pour les représentants des démocraties européennes. 

Les hommes politiques anglais et français, garants de l'inviolabilité du "système de Versailles" – la politique de sécurité collective en Europe – ont en fait autorisé le début de la liquidation définitive par le Troisième Reich de l'indépendance de la Tchécoslovaquie et de son énorme industrie militaire. 

Aux côtés de l'Allemagne, la Pologne et la Hongrie participent au partage en s'emparant respectivement de la région de Teshinska et de Podkarpackie Rus. L'historien allemand Freund souligne que « Munich a été une grande capitulation de l'Occident. L'exclusion de l'URSS du concert européen des puissances signalait l'intention de laisser les mains libres à Hitler à l'Est ». 

Churchill, s'adressant au Premier ministre Chamberlain, déclare : « Vous aviez le choix entre la guerre et l'ignominie. Vous avez choisi le déshonneur et maintenant vous avez la guerre ». En Grande-Bretagne, cet accord a été appelé "la vente de Munich".
 
La trahison effective de la Tchécoslovaquie par les hommes politiques anglais et français a sapé la confiance de l'URSS à leur égard. La logique de Staline en la matière est claire : si les Britanniques et les Français renonçaient aussi facilement à leurs obligations d'alliés envers la Tchécoslovaquie, qui leur était idéologiquement proche, ils "abandonneraient" l'URSS en un clin d'œil.

Pour l'URSS, il est devenu évident qu'en matière de sécurité en Europe, chacun agit pour soi, et la politique de Munich a été perçue comme un apaisement de l'agresseur afin de le dresser contre l'URSS. Dans cette situation, les dirigeants soviétiques sont allés signer un traité de non-agression avec l'Allemagne, proposé par Hitler, et promettant une paix, bien que temporaire. Cette démarche s'inscrit dans le contexte du danger réel d'une guerre sur deux fronts - avec l'Allemagne à l'ouest et avec le Japon à l'est, où des combats intenses se déroulaient déjà sur la rivière Khalkhin-Gol. 

L'URSS est le dernier d'une série de pactes de non-agression conclus par les pays européens avec l'Allemagne. La Pologne a été la première à signer un pacte de non-agression avec Hitler en 1934. La Grande-Bretagne a signé un pacte similaire au lendemain de la conspiration de Munich, la France le 6 décembre 1938, la Lettonie et l'Estonie en juin 1939, dans l'espoir de protéger leurs pays de l'agression allemande.

En fait, à la conférence de Munich, les chefs de gouvernement de Grande-Bretagne (N. Chamberlain), de France (E. Daladier), d'Allemagne (A. Hitler) et d'Italie (B. Mussolini) ont créé un bloc antisoviétique - le prototype de l'OTAN, qui a été détruit par une brillante initiative de l'URSS : le traité germano-soviétique. Staline a réussi à briser le jeu européen.

Le traité germano-soviétique de 1939 a permis à l'URSS de gagner 2 ans pour renforcer la défense du pays, augmenter les effectifs de l'armée, reporter l'entrée dans la 2GM et restituer les territoires perdus à la suite de l'agression polonaise de 1920. Plus de 160 000 soldats de l'Armée rouge se sont retrouvés en captivité en Pologne, dont, selon diverses estimations, 60 à 80 000 sont morts de faim et de froid.

De 1918 à 1922, le territoire de la République soviétique a fait l'objet d'une intervention militaire des alliée de la 1GM: 14 pays désireux de s'enrichir aux dépens d'un allié affaibli. Le jeune État se trouvait encerclé de fronts. L'été 1919 était critique pour l'Armée rouge, qui a subit des défaites sur tous les fronts: la question de la survie du pays se posa. 

En 1919, le Conseil suprême de guerre recommanda la "ligne Curzon" comme frontière orientale de la Pologne. Cette ligne correspondait au principe ethnique : à l'ouest de cette ligne se trouvaient des terres majoritairement polonaises, à l'est des terres non polonaises : lituaniennes, biélorusses, ukrainiennes. L'État polonais nouvellement créé, rêvant de son ancienne puissance vola tous ses voisins: l'Allemagne, la Lituanie, la Russie soviétique, en s'emparant de l'Ukraine occidentale et de la Biélorussie occidentale, qui avaient autrefois fait partie de l'Empire russe.

Après avoir massacré la Tchécoslovaquie, Hitler posa une autre revendication territoriale à son récent complice dans le partage de la Tchécoslovaquie: la Pologne. L'occasion était aussi l'héritage de Versailles, le sort du "corridor de Dantzig". La tragédie, qui a suivi pour la Pologne est entièrement imputable à la conscience des dirigeants polonais de l'époque, qui ont empêché la création de l'alliance militaire anglo-franco-soviétique, exposant ainsi leur peuple à la machine de destruction hitlérienne.
 
 La nature suicidaire de la politique étrangère polonaise s'est déjà manifestée le 21 mars 1939, lorsque la Pologne a refusé la demande allemande de lui céder Dantzig (Gdansk) et d'ouvrir un "corridor polonais" pour les routes et les chemins de fer extra-territoriaux en Prusse orientale. La Grande-Bretagne déclara explicitement que la Pologne serait tenue  responsable si la guerre éclate à propos du couloir de Dantzig. Le 3 avril, Hitler ordonna le plan “Weiss” : un plan d'attaque de la Pologne. 

La Pologne a également réagi en refusant les offres (du 10 mai et du 14 août) d'assistance de l'URSS en cas d'attaque allemande, comptant apparemment sur l'aide de ses alliés, l'Angleterre et la France.

Le 1er septembre 1939, l'Allemagne et la Slovaquie attaquèrent la Pologne. En frappant avec ses principales forces et en “dénudant”, ainsi le front occidental. L'Allemagne supposait que les Alliés n’interviendraient pas. 

Le 1er septembre, le président Moscicki quitta la Pologne et le 5 septembre, ce fut le cas du gouvernement de Varsovie. Dès le 8 septembre, les combats pour Varsovie commencèrent. Le 10 septembre, les troupes allemandes occupèrent la partie occidentale de la Pologne. Le plan “Weiss” pour la conquête de la Pologne ne supposait aucune action de l'Armée rouge. 

La menace de voir l'Allemagne s'emparer des territoires de la Biélorussie occidentale et de l'Ukraine occidentale était réelle, ce qui aurait directement menacé l'URSS. Le 17 septembre, l'ambassadeur polonais à Moscou a été informé de l’arrivée de troupes soviétiques pour protéger la population dans ces régions. Le commandant en chef suprême de l'armée polonaise, Rydz-Smigly, ordonna une retraite générale vers la Roumanie et la Hongrie et l'arrêt des combats avec l'Armée rouge. 

Le 17 septembre, alors que le gouvernement polonais et les hauts responsables militaires avaient abandonnés le pays à son sort, les troupes soviétiques pénétrèrent en Pologne et atteignirent la frontière, la "ligne Curzon". Les troupes soviétiques avancèrent en colonnes avec une résistance militaire minimale de la part des polonais. L’Armée rouge ne participa donc pas à la défaite de l'armée polonaise. 

Dans de nombreux endroits, la population accueillit les soldats soviétiques avec des fleurs. En Pologne, il y avait une ségrégation nationale: les ukrainiens et les biélorusses étaient considérés comme des personnes de classe inférieure et ne jouissaient pas des mêmes droits. Les formations militaires de l'Est de la Pologne, constituant un pourcentage élevé de la population locale, ont volontairement rendu les armes.

La Grande-Bretagne et la France n'ont pas qualifié l'invasion soviétique de la Pologne d'agression et ne lui ont pas déclaré la guerre. Le ministre anglais des Affaires étrangères, Halifax, a déclaré : "...Il convient de rappeler  que l'action du gouvernement soviétique a consisté à déplacer la frontière essentiellement sur la ligne recommandée lors de la conférence de Versailles par Lord Curzon. "

Le célèbre homme politique britannique Lloyd George a souligné : "Les armées russes ont occupé des territoires qui ne sont pas polonais et qui ont été pris de force par la Pologne après la Première Guerre mondiale... Ce serait un acte de folie criminelle que de mettre l'avancée russe sur le même pied d’égalité que celle des Allemands. "

De juillet à octobre 1941, les bureaux du gouvernement russes ont été évacués vers la ville de Samara, située à 862 km vol d’oiseau au Sud-Est de Moscou. Le 8 août 1941, Staline a été nommé commandant en chef suprême. Pendant toute la durée de la guerre, le quartier général du commandant en chef suprême est resté situé à Moscou.

Le déplacement de la frontière de 200 kilomètres a permis en 1941 de contrecarrer la guerre éclair visant à s'emparer de l'URSS. Ce n'est que le 30 novembre que les Allemands ont été arrêtés à 17 kilomètres de Moscou.