Affichage des articles dont le libellé est Hégémon. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Hégémon. Afficher tous les articles

jeudi 12 septembre 2024

Comment Israël a aidé à la mise en place – et continue de soutenir – le régime brutal de la Guinée équatoriale

 SOURCE SECONDAIRE: https://www.les-crises.fr/comment-israel-a-aide-a-la-mise-en-place-et-continue-de-soutenir-le-regime-brutal-de-la-guinee-equatoriale/

Israël a aidé de nombreuses dictatures impitoyables. Mais il est encore difficile de comprendre son rôle en Guinée équatoriale.

Source : Haaretz, Eitay Mack
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le premier président de la Guinée équatoriale, Francisco Macías Nguema, sur une photo non datée. « Schizophrène et aux réactions imprévisibles », selon un diplomate américain. Crédit : Sigfrid Casals/Cover/Getty Images

La République de Guinée équatoriale, petit pays situé sur la côte ouest de l’Afrique et peuplé d’environ 1,5 million d’habitants, est l’une des dictatures les plus connues au monde. Depuis que le pays s’est libéré de la domination coloniale espagnole et qu’il a obtenu son indépendance le 12 octobre 1968, la Guinée équatoriale est un État policier brutal qui ne respecte aucun des droits humains et civils, même les plus élémentaires. Les gens sont régulièrement arrêtés sans aucune forme de procès et les militants des droits humains, les journalistes, les personnalités de l’opposition ou toute autre personne que les forces de sécurité considèrent comme faisant partie de ces catégories courrent le risque d’être torturés, voire assassinés. La liberté d’expression, la liberté de la presse et la liberté d’association y sont inexistantes. Le président du pays, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, est le plus ancien dictateur au monde. Il est au pouvoir depuis 1979, date à laquelle il a déposé son oncle, Francisco Macías Nguema, lors d’un coup d’État sanglant.

Et donc, comment la Guinée équatoriale est-elle devenue l’un des meilleurs amis d’Israël en Afrique, annonçant même, en 2021, son intention de transférer son ambassade à Jérusalem ? L’une des raisons possibles est que la Guinée équatoriale est l’un des cinq plus grands exportateurs de pétrole d’Afrique, ce qui lui confère un intérêt économique aux yeux d’Israël. Mais des dossiers déclassifiés du ministère des affaires étrangères révèlent qu’Israël a soutenu le gouvernement de la Guinée équatoriale des décennies avant de devenir dépendant de son pétrole, et que déjà alors, Israël a contribué à la mise en place de l’infrastructure de son État policier.

Israël a adopté cette ligne de conduite en dépit d’un nombre incalculable d’éléments indiquant que le président Macías n’était pas sain d’esprit et qu’il souffrait de paranoïa et de schizophrénie. Dans le but d’obtenir le soutien de la Guinée équatoriale dans les forums internationaux, Israël n’a tenu aucun compte de l’état mental de Macías et de sa cruauté à l’encontre de ses opposants réels ou supposés.

Selon des câbles du ministère des affaires étrangères, qui sont maintenant accessibles depuis deux ans, Israël n’a apparemment pas fourni d’armes aux forces de sécurité de Macías, son régime n’avait pas les moyens de les payer et disposait de toute façon de suffisamment de fusils laissés derrière eux par les colonisateurs espagnols. En revanche, Israël a aidé le président dans ce qui était le plus important pour lui : la formation et la réorganisation des forces de sécurité intérieure, qui étaient dans un état de délabrement total après le départ de tout le réseau de commandement espagnol. Si Israël n’a aucun intérêt à donner des armes gratuitement, l’envoi de consultants et de formateurs est considéré comme un « cadeau » bon marché, puisqu’il suffit de payer les salaires de ceux-ci et de leur verser quelques indemnités.

Voilà comment, dans une revue du ministère des affaires étrangères en septembre 1986, les années du président Macías ont été résumées, sans qu’il soit fait mention de l’aide israélienne apportée pour l’aider à établir son État policier : « La Guinée équatoriale, lointaine colonie espagnole, n’a obtenu son indépendance qu’en 1968, mais quelques mois plus tard, Macías, élu, prenait le pouvoir. […] Le régime de terreur meurtrier a réduit la population (selon les estimations) d’un tiers, le pays est devenu l’un des pays les plus arriérés d’Afrique. »

Macías a chaleureusement remercié Israël pour son aide. Un câble envoyé au ministère des Affaires étrangères le 3 juin 1969 par Shlomo Havilio, l’ambassadeur au Cameroun, également accrédité auprès de la Guinée équatoriale, note que le président « a insisté sur sa plus chaleureuse amitié à l’égard d’Israël, il comprend l’importance de notre lutte contre les Arabes et il est de notre côté ». Dans un câble envoyé à Jérusalem en mars 1970, le successeur de Havilio, le Dr. Shaul Levin, rapporte qu’il a rencontré Macías, qui lui a fait part de sa confiance en déclarant : « Les liens d’amitié qui nous unissent continueront à se renforcer autant qu’il en aura besoin, comme le prouve notre volonté de l’aider à o;rganiser ses forces armées. »

Levin a écrit que « Macías a bondi de sa chaise, m’a serré dans ses bras et m’a embrassé à plusieurs reprises, en disant : « Vous savez, Israël est notre ami le plus sincère et le plus loyal, nous savons que vous ne prêterez jamais main forte à des manigances à notre encontre. Il a ajouté : Chaque nuit, je prie pour le bien d’Israël. » Dans le même câble, l’ambassadeur note qu’il a également rencontré un représentant des Etats-Unis sur place, qui lui a confié : « Le régime impose la terreur et la police fait un carnage dans les rues. »

Le président déchu Francisco Macías Nguema, lors de son procès, le 10 avril 1979. Il a été exécuté le même jour et son neveu a pris sa place. Credit : AFP

Les accolades et les baisers du président s’expliquent apparemment par l’extrême paranoïa dont il souffre, celle-ci le pousse à croire que d’innombrables complots visant à le destituer se tramaient et que seul Israël était prêt à l’aider à les déjouer. Dans deux câbles adressés au ministère des Affaires étrangères en 1969, Havilio rapporte que, selon Macías, une tentative de coup d’État ratée contre lui avait été préparée le 4 mars de cette année-là par le ministre des Affaires étrangères du pays. C’est ce qui a servi de prétexte au président pour liquider physiquement « ses principaux rivaux », dont l’ambassadeur du pays auprès des Nations unies, « mort sous la torture », le ministre des affaires étrangères lui-même et « des dizaines, voire des centaines de prisonniers politiques, parmi lesquels la plupart des membres du personnel du ministère des affaires étrangères ».

Le 25 février 1970, un câble de l’ambassadeur Levin indique que le président Macías prétend qu’il y a eu une nouvelle tentative de coup d’État à son encontre et qu’il a renforcé la « surveillance policière » ; il serait sujet à de « fréquentes sautes d’humeur » et aurait apparemment fait une « crise de nerfs ». Deux semaines plus tard, le 6 mars, un conseiller de l’ambassade d’Israël à Washington, Yohanan Bein, rapporte à Jérusalem que le directeur adjoint de la section Afrique de l’Ouest du Département d’Etat lui a dit que Macías était « schizophrène et avait des réactions imprévisibles ». Il a ajouté que le président de la Guinée Équatoriale avait accusé le New York Times d’être « un journal fasciste dirigé par des Juifs dans un pays fasciste ».

Yaakov Keinan, représentant de l’ambassade d’Israël au Cameroun, pays voisin, a informé Jérusalem dans un câble du 18 mai 1970 que l’ambassadeur de Guinée équatoriale au Cameroun lui avait fait savoir que « le président n’est pas sain d’esprit et gouverne sa population et son administration en tyran ». Six mois plus tard, le 23 novembre 1970, l’ambassadeur Levin informe le ministère des Affaires étrangères que « l’état mental du président Macías est proche de la dépression nerveuse et il souffre d’un délire de persécution ». S’en sont suivies des arrestations en masse, cette fois au sein de sa propre tribu, et de nombreux ministres et gouverneurs de district ont également été emprisonnés, tout cela en raison de la défiance pathologique du chef de l’État.

Le 17 septembre 1971, l’ambassadeur d’Israël au Congo, Haïm Yaari, rapporte au ministère des Affaires étrangères que l’ambassadeur américain lui a dit que Macías souffrait de « paranoïa » et qu’il « pense que des complots divers et variés sont ourdis pour l’assassiner ou le déposer, il est de plus convaincu que des diplomates étrangers en sont également à l’origine ». Dans la foulée, « des personnes sont arrêtées, torturées et exécutées sans jugement […] En fait, personne ne reste fidèle à Macías, mais son système de terreur ne permet pas actuellement de le déposer ou de le liquider ».

Loin de considérer les rapports sur l’état mental du président comme un signal d’alarme, Israël y a vu une opportunité. Dans un câble daté du 28 mars 1969, l’ambassadeur Havilio déclare que Macías a demandé une aide immédiate à Israël « pour préparer une force de police destinée à maintenir l’ordre ». Six semaines plus tard, le 13 mai, Havilio recommande à Israël d’accéder à cette demande, car une telle aide « revêt une dimension pragmatique et psychologique qui dépassera de loin tout autre aspect du point de vue de nos relations avec le président ».

À cette fin, le mois suivant, Israël a envoyé en Guinée équatoriale un officier de police ayant le grade de commandant pour préparer une étude sur l’état des forces de sécurité intérieure du pays. L’officier a formulé des recommandations pour réorganiser celles-ci et renforcer encore le contrôle du président, en lui transférant la responsabilité de toutes les enquêtes de police, lesquelles étaient jusqu’alors partiellement supervisées par le ministère de l’intérieur. Il a également préconisé qu’Israël apporte son aide à la réorganisation, la formation et l’équipement de l’unité de contrôle aux frontières, ainsi qu’à la modernisation de la garde présidentielle, de la police et de la garde nationale.

Le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo lors de la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance de son pays, en 2018. Crédit : Arda Kucukkaya/Anadolu via AFP

Au terme de discussions menées à Jérusalem à la fin de 1969, il a été décidé d’envoyer dans le pays une équipe de six personnes (comptant des représentants de la police, de l’armée, du service de sécurité Shin Bet et du Mossad) pour jouer le rôle de conseillers et d’instructeurs, mais aussi un officier supplémentaire « pour réorganiser la Garde présidentielle » et fournir à la police du matériel de communication, à la Garde présidentielle quelques jeeps et motos ainsi que quelques armes, en plus de formations policières dispensées en Israël. En fin de compte, selon les câbles, alors que les missions de formation et de conseil ont été menées à bien, les seuls équipements que Macías a reçus sont deux Jeeps Land Rover et six motos Honda arborant des logos de la police et de l’équipement, le tout accompagné d’uniformes et de bérets au bénéfice de 120 officiers de police. En mai 1970, Israël a approuvé une mission de deux ans d’un commandant de police auprès de la Guinée équatoriale, afin d’agir en tant que conseiller et de « constituer » une force de police locale.

En octobre 1973, au lendemain de la guerre du Kippour, la Guinée équatoriale a rejoint la plupart des autres pays du continent africain en rompant ses relations avec Israël. Cependant, entre 1979 et 1985, la Guinée équatoriale a décidé de s’absenter ou de s’abstenir lors des votes des Nations unies concernant Israël, plutôt que de voter contre, ce qui a constitué une évolution positive du point de vue d’Israël. En mai 1985, des négociations officielles ont été entamées afin de renouer les relations bilatérales ; à ce moment-là, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo était le dirigeant du pays, ayant renversé son oncle, Macías, six ans plus tôt. Israël était parfaitement au courant du fait que ce dernier était également un dictateur. Selon un profil dressé par le ministère des affaires étrangères et datant de 1986, Obiang dirigeait le pays avec l’aide d’un Conseil militaire suprême et jouissait du pouvoir de promulguer des ordonnances légales ; la Cour suprême ne constituait qu’un simple organe consultatif, et il était interdit d’organiser des partis.

Le 16 mai 1986, Yitzhak Tzarfati, ambassadeur d’Israël au Congo, arrive à Malabo, capitale de la Guinée Equatoriale, pour une première rencontre avec le président Obiang. Le président, a-t-il rapporté dans un câble adressé au ministère des Affaires étrangères, a demandé à Israël de fournir une aide, dans le prolongement de laquelle « les relations diplomatiques se développeront tout naturellement ». Un mois plus tard, le président Chaim Herzog a envoyé à Obiang un message personnel à l’occasion de son anniversaire, célébré comme « fête nationale » dans le pays. En juin 1986, le ministre des affaires étrangères de la Guinée équatoriale s’est rendu en Israël et a rencontré le premier ministre et ministre des affaires étrangères par intérim, Shimon Peres. À sa demande de soutien israélien pour développer les infrastructures dévastées de son pays et pour obtenir une aide militaire, Peres a répondu qu’Israël enverrait une délégation en Guinée équatoriale pour en étudier la faisabilité.

Les câbles et les dossiers du ministère des affaires étrangères qui ont suivi sont encore classifiés, cependant les relations ont été renouées et Israël est devenu le principal protecteur du régime du président Obiang, lequel interdit toute activité d’opposition. Sous Obiang, la majorité des citoyens du pays vivent dans une pauvreté abjecte, tandis qu’une petite élite profite des bénéfices du pétrole.

Ce sont ces bénéfices qui ont permis à la Guinée équatoriale d’acheter des armes à Israël. En juin 2005, Yossi Melman a révélé dans Haaretz que des marchands d’armes et des sociétés de sécurité israéliennes négociaient un contrat de formation de la Garde présidentielle. Trois ans plus tard, l’émission télévisée d’investigation « Uvda » (Les Faits) révélait qu’Israël avait vendu des bâtiments de guerre, corvettes et patrouilleurs à la Guinée équatoriale. L’agence d’information officielle du pays a confirmé en 2011 que des Israéliens avaient formé des soldats des forces terrestres de l’armée. Le 17 janvier 2018, Guy Lieberman a rapporté dans Yedioth Ahronoth que le ministère israélien de la Défense avait également approuvé la vente à ce pays de dispositifs de défense pour équiper les avions, d’un système de surveillance des téléphones portables, de véhicules blindés, de munitions, de véhicules de dispersion des foules, de fusils, d’uniformes et de tentes – à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros. On a également appris que d’anciens membres des unités de combat des forces de défense israéliennes avaient formé des unités d’élite de l’armée et de la police du régime.

Selon des informations provenant de sources et de publications officielles du régime de Guinée équatoriale à partir de 2020, des citoyens israéliens ont non seulement formé les forces de sécurité, mais ont également servi en personne dans la garde présidentielle tout en portant des armes de fabrication israélienne. À la mi-juillet 2021, Teodoro Nguema Obiang Mangue, premier vice-président de la Guinée équatoriale et fils du président, dont les responsabilités incluent la défense et la sécurité nationales, s’est rendu en Israël. Le gouvernement de Naftali Bennett et Yair Lapid a profité de cette visite pour annoncer en grande pompe que la Guinée équatoriale avait décidé de transférer son ambassade à Jérusalem. Sans surprise, la contrepartie de cette décision s’est avérée être un nouvel accord portant sur des armes létales et des services de sécurité. (L’ambassade reste pour l’instant à Herzliya).

Le régime de Guinée équatoriale a déclaré que l’essentiel de la visite et de l’accord signé concernait l’aide israélienne en matière de sécurité militaire et intérieure, ajoutant que le deuxième jour de sa visite, le vice-président et son équipe avaient tenu des « réunions de travail » dans des entreprises de sécurité en Israël, y compris des entreprises qui fabriquent des drones « suicides ». Le 27 avril 2023, le régime de Guinée équatoriale a de nouveau publié des informations concernant les formations dispensées par des Israéliens. Le même jour, le vice-président Nguema a effectué une visite sur une base militaire en Guinée équatoriale et a pu observer comment des Israéliens entraînaient les forces spéciales de son pays au tir de précision et au combat tactique.

Israël a donc été le protecteur du régime du président Macías, est aujourd’hui le protecteur du régime du président Teodoro Obiang et sera probablement aussi le protecteur du régime de son fils, Teodoro Nguema, si et quand il prendra la succession de son père.

Eitay Mack, avocat israélien est militant des droits humains, et il a sans succès tenté de mettre un terme à la formation militaire dispensée par Israël et à ses exportations vers la Guinée équatoriale.

Source : Haaretz, Eitay Mack, 09-08-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

 

 

Le récit du « jour de la Victoire » des Russes (ou l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale rarement évoquée en Occident)

 SOURCE SECONDAIRE: https://brigittebouzonnie.substack.com/p/le-recit-du-jour-de-la-victoire

Article rédigé 11 mai 2018 par Michael Jabara Carley pour le site Réseau Voltaire

Professeur d'histoire contemporaine à l'université de Montréal, Michael, Jabara Carley raconte ici le rôle de l'Union soviétique contre le nazisme. Puis il analyse la manière dont cette histoire a été volontairement déformée par les Anglo-Saxons et est malhonnêtement enseignée dans le monde occidental (l'Hégémon).

 Chaque année, le 9 mai, la Fédération de Russie commémore un événement historique majeur : le jour de la Victoire. Ce même jour de l’année 1945, le maréchal Georgy Konstantinovich Youkov, commandant du 1er front biélorusse, qui avait pris d’assaut Berlin, recevait l’acte de reddition inconditionnelle des Allemands. Au final, la Grande Guerre patriotique aura duré 1418 jours, d’un niveau inimaginable de violence, de destruction et de brutalité. De Stalingrad et du Caucase septentrional en passant par le Nord-Ouest de la périphérie de Moscou aux frontières occidentales de l’Union Soviétique, à Sébastopol au sud et jusqu’à Léningrad et la frontière finnoise au nord : le pays a été ravagé. On estime à 17 millions les pertes civiles — hommes, femmes et enfants — bien qu’il soit impossible de déterminer le chiffre exact. De nombreuses villes et villages ont été détruits ; des familles entières ont disparues sans personne pour se souvenir de leurs membres ou les regretter.



La plupart des citoyens russes ont perdu de la famille durant la guerre. Personne n’a été épargné.

Plus de dix millions de soldats russes ont péri dans les combats visant à repousser le terrible envahisseur nazi et dans l’offensive finale conduisant à l’occupation de Berlin à la fin d’avril 1945. Les soldats de l’Armée Rouge morts au combat, ont été abandonnés sans sépulture — ou dans des fosses anonymes — lors de la marche vers l’Ouest, faute de temps. La plupart des citoyens russes ont perdu de la famille durant la guerre. Personne n’a été épargné.

La Grande Guerre patriotique a débuté le 22 juin 1940 à 3h30 du matin, quand la Wehrmacht a envahi l’Union Soviétique sur le front qui s’étend de la mer Baltique à la mer Noire avec 3,2 millions de soldats, répartis en 150 divisions, accompagnés par 3 350 tanks, 7 184 pièces d’artillerie, 600 000 camions et 2 000 avions de guerre. Les armées finnoises, italiennes, roumaines, hongroises, espagnoles, et slovaques, entre autres, ont rejoint l’armée allemande. Le Haut Commandement allemand a estimé que l’opération « Barberousse » aboutirait à la capitulation de l’Union Soviétique dans un délai de 4 à 6 semaines. À l’ouest, les états majors états-uniens et britanniques validaient ces prédictions. De surcroit, quelle armée pouvait se targuer d’avoir défait la Wehrmacht ? L’Allemagne nazie était un colosse invincible. La Pologne avait été balayée en quelques jours. La tentative franco-anglaise visant à défendre la Norvège avait été un fiasco. Quand la Wehrmacht a attaqué à l’ouest, la Belgique se hâta de quitter la zone de combat. La France a rendu les armes en quelques semaines. L’armée britannique a été éconduite de Dunkerque, nue, sans armes ni véhicules. Au printemps 1941, La Yougoslavie et la Grèce ont été éliminé à moindre coût pour les Allemands.



Les pertes au sein de l’Armée Rouge ont été colossales, deux millions de soldats morts au bout de 3 mois et demi de combat.

L’armée allemande a balayé toute résistance en Europe jusqu’à ce qu’elle atteigne la frontière soviétique. L’Armée Rouge a été prise par surprise, partiellement mobilisée, car le dictateur soviétique Joseph Staline n’a pas pris au sérieux les avertissements de ses propres services de Renseignement, ou ne voulait pas provoquer l’Allemagne hitlérienne. Au final, ce fut une catastrophe. Mais contrairement à la Pologne ou à la France, l’Union Soviétique ne s’est pas rendue au bout de 4 à 6 semaines. Les pertes au sein de l’Armée Rouge ont été colossales, deux millions de soldats morts au bout de 3 mois et demi de combat. Les États baltes étaient perdus. Smolensk est tombée, puis Kiev : défaite la plus cuisante de toute la guerre. Léningrad était encerclée. Un vieil homme a demandé aux soldats « D’où vous retranchez-vous ? » Le chaos régnait partout. Mais, dans des lieux comme la forteresse de Brest-Litovsk, ainsi que dans des centaines de bois, de champs, de jonctions routières, de villes et de villages anonymes, l’Armée Rouge s’est battue jusqu’au bout. Elle a réussi à éviter l’encerclement et a pu rejoindre ses propres lignes ou bien disparaître dans les forêts ou les marais de Biélorussie et du nord de l’Ukraine, s’organisant en unités de résistance pouvant mener des raids contre l’arrière-garde allemande. À la fin de 1941, les pertes militaires soviétiques s’élevaient à 3 millions (la majorité étant des prisonniers de guerre, tués par des mains allemandes) ; 177 divisions ont été anéanties. Pourtant, L’Armée Rouge continuait de se battre, faisant même reculer les Allemands à Ielnia, au sud-est de Smolensk, à la fin du mois d’août. La Wehrmacht a pu ressentir la morsure d’une Armée Rouge ébranlée mais pas abattue. Les forces allemandes recensaient, en moyenne, dans leurs rangs, 7 000 victimes par jour : une nouveauté pour eux.



A certains endrois comme la forteresse de Litovsk, les soldats de l’Armée Rouge se sont battus jusqu’au dernier.

Sur les traces de la Wehrmacht, les escadrons de la mort SS (Einsatzgruppen) éliminaient les Juifs, les Tziganes, les communistes, les prisonniers de guerre soviétiques ou n’importe quel individu se trouvant sur leur chemin. Ils ont bénéficié de l’assistance de collaborateurs nazis, baltes et ukrainiens, pour ces crimes de masse. Les femmes et enfants soviétiques étaient dépouillés de leurs vêtements et alignés sur le peloton d’exécution. En plein hiver, les soldats allemands abattaient les villageois ou les forçaient à sortir de leur maison, tout de haillons vêtus, leur confisquant leur foyer, vêtements d’hiver et nourriture.

À l’ouest, ceux qui avaient prédit une débâcle russe, les sempiternels soviétophobes, n’eurent pas l’air malin et durent revoir leurs prévisions. L’opinion publique comprit qu’Hitler avait mis là le pied dans un bourbier ; aucune commune mesure avec la campagne de France. Bien que la résistance soviétique bénéficiait du soutien du citoyen anglais, le gouvernement britannique, lui, ne fut pratiquement d’aucune aide. Certains membres de l’exécutif étaient même réticents à considérer l’Union Soviétique comme un allié. Churchill a interdit à la BBC de diffuser le dimanche soir, l’hymne national soviétique, l’Internationale, en compagnie des autres hymnes alliées.



L’opinion publique comprit qu’Hitler avait mis là le pied dans un bourbier ; aucune commune mesure avec la campagne de France.

L’Armée Rouge tout en battant en retraite continuait désespérément de se battre. Ce n’était pas une guerre ordinaire, mais un combat d’une violence exceptionnelle contre un envahisseur cruel, pour la défense de sa maison, de sa famille, de son pays, et de sa vie elle-même. En novembre, l’Armée Rouge, largua un pamphlet au dessus des lignes allemandes citant Carl von Clausewitz, le stratège militaire prussien : « Il est impossible d’occuper la Russie ou de la conquérir ». Bien que tentative d’intimiditation, vu les circonstances ; cette assertion n’était pas moins vraie. Finalement, aux portes de Moscou, en décembre 1941, l’Armée Rouge, sous le commandement de Gueorgui Joukov repoussa une Wehrmacht épuisée, environ trois cents kilomètres plus au sud. Le mythe de l’invincibilité nazie volait en éclat. « Barberousse » était trop ambitieux, l’offensive éclair (blitzkrieg) avait échoué, et la Wehrmacht subissait son premier échec sur le plan stratégique. À Londres, Churchill accepta, à contrecœur, de laisser jouer l’hymne soviétique par la BBC.



Le mythe de l’invincibilité nazie volait en éclat.

En 1942, l’Armée Rouge continuait de subir des défaites et d’énormes pertes, dans la mesure où elle était livrée à elle-même. Cependant, en novembre de cette année, à Stalingrad, sur la Volga, l’Armée Rouge lança une contre offensive qui se conclut par une victoire historique et par la retraite de la Wehrmacht, en ce printemps 1942, à sa position d’origine ; exception faite pour le 6e corps d’armée allemande, pris au piège dans le chaudron de Stalingrad. Là, 22 divisions allemandes, parmi les meilleures, furent détruites. Stalingrad fut le Verdun de la Seconde Guerre mondiale. « Mais c’est un véritable enfer ! » ; « Non… C’est dix fois pire ! ». À la fin de la campagne hivernale de 1943, du côté de l’Axe, les pertes se démultipliaient : une centaine de divisions allemandes, italiennes, roumaines, hongroises étaient anéanties ou ravagées. Le président des États-Unis, Franklin Roosevelt, reconnut que le conflit venait de basculer : la dernière heure de la grande Allemagne avait sonné.



Des femmes au front lors de la bataille de Stalingrad.

Février 1943. Pas une seule division britannique, états-unienne ou canadienne ne se bat en Europe contre la Wehrmacht, seize mois avant le débarquement en Normandie. Les Britanniques et les États-uniens combattaient alors 2 ou 3 divisions allemandes en Afrique du Nord : un divertissement comparé au front russe. L’opinion publique occidentale savait qui portait à lui seul tout le fardeau de la guerre contre la Wehrmacht. En 1942, 80 % des divisions de l’Axe étaient engagées dans le combat contre l’Armée Rouge. Au début de 1943, il y avait 207 divisions allemandes postées sur le front est. Les Allemands jouant leur va tout, lancèrent une dernière offensive contre la « citadelle » de Koursk en juillet 1943. L’opération sera un échec. L’Armée Rouge lancera une contre offensive à travers l’Ukraine conduisant à la libération de Kiev en novembre. Plus au nord, Smolensk avait été libérée un mois auparavant.

L’état d’esprit des Soviétiques était admirable, ainsi que leur Armée Rouge. Le correspondant de guerre Vasilii Semenovich Grossman en a capturé l’essence dans son journal intime, Nuit, tempête de neige. Il écrit en 1942, « Les véhicules, l’artillerie, avancent en silence. Soudain, une voix rauque se fait entendre. "Hé, quel est le chemin pour se rendre à Berlin ?". Éclat de rire. »



L’opinion publique occidentale savait qui portait à lui seul tout le fardeau de la guerre contre la Wehrmacht.

Les soldats n’étaient pas toujours braves. Parfois, ils désertaient. « Un chef de bataillon armés de deux revolvers se mit à hurler, "Où courez-vous comme ça, sales fils de ***. En avant marche, pour la Mère patrie, pour Jésus-Christ, bande d’enc*** ! Pour Staline, merdeux !..." » Ils retournèrent à leur poste. Ces types furent chanceux ; l’officier aurait pu les abattre. Ça arrivait parfois. Un soldat s’est porté volontaire pour exécuter un déserteur. « Avez-vous ressenti de la pitié pour lui ? » demanda Grossman. « Comment peut-on parler de pitié ?! » répondit le soldat. À Stalingrad, sept Ouzbeks ont été accusés d’auto-mutilation. Ils ont tous été exécutés. Grossman lit une lettre retrouvée dans la poche d’un soldat soviétique mort. « Tu me manques beaucoup. Viens me rendre visite, s’il te plait… À l’instant où j’écris ces mots, mes larmes coulent sur le papier. Papa, s’il te plait, viens me voir... »

Les femmes ont combattu aux côtés des hommes en tant que snipers, armurières, conductrice de tanks, pilotes, infirmières, dans les mouvements de résistance. Elles ont aussi apporté de l’aide aux armées postées en Russie. « Les villages sont devenus le royaume des femmes » écrit Grossman « Elles conduisaient des tracteurs, gardaient les entrepôts, les écuries… Les femmes assumaient une énorme charge de travail. Elles prenaient toutes sortes de responsabilités, expédiaient du pain, des avions, des armes et des munitions au front. » Quand les combats ont fait rage sur la Volga, elles n’ont pas reproché à leurs hommes d’avoir céder tant de terrain. « Un regard mais pas un mot » écrit Grossman, « … pas une pointe d’amertume. » Bien que parfois, dans les villages près du front, ce soit arrivé.



La fin de l’Allemagne nazie n’était plus qu’une question de temps.

Pendant ce temps, les alliés occidentaux attaquèrent l’Italie. Staline a longtemps exigé un second front en France, mais Churchill s’y opposa. Il voulait attaquer l’Axe en son point faible, non pas pour aider l’Armée Rouge, mais pour contrecarrer son avancée dans les Balkans. L’idée était de traverser rapidement le nord de la péninsule italienne, puis les Balkans, afin de de stopper la progression de l’Armée Rouge. Cependant, Berlin se trouvait au nord-nord est. Le plan de Churchill était un fiasco ; les Alliés occidentaux ne sont pas entrés dans Rome avant juin 1944. Il y avait approximativement 20 divisions allemandes en Italie se battant contre des forces alliées plus conséquentes. À l’est, il restait encore plus deux cents divisions de l’Axe, soit dix fois plus qu’en Italie. Le 6 juin 1944, quand l’opération Overlord débuta en Normandie, l’Armée Rouge stationna sur les frontières polonaises et roumaines. Une quinzaine de jours après le débarquement en Normandie, l’Armée Rouge lança l’opération Bagration, une offensive massive qui aboutit à une percée en plein milieu de la ligne de front allemande à l’est et à une avancée de plus de 500 kilomètres vers l’ouest, pendant que les alliés occidentaux restaient bloqués dans la péninsule du Cotentin, en Normandie. L’Armée Rouge était irrésistible. La chute de l’Allemagne nazie n’était plus qu’une question de temps. Quand le conflit prit fin en mai 1945, il s’avéra que l’Armée Rouge avait été responsable de 80 % des pertes de la Wehrmacht et plus si on considère la période qui précède le débarquement en Normandie. « Ceux qui n’ont pu vivre la rudesse de l’été 1941 » écrit Vasily Grossman, « ne pourront apprécier complétement la joie procurée par cette victoire ». Les troupes comme le peuple chantaient de nombreux hymnes pour garder le morale. Sviashchennaia voina, « sacrée guerre » était une des plus populaires. Les Russes se lèvent toujours lorsqu’ils l’entendent.

Une polémique persiste chez les historiens. Quel est le moment clé de la guerre en Europe ? Certains proposent le 22 juin 1941, le jour où la Wehrmacht a franchi la frontière soviétique. D’autres mettent le doigt sur les batailles de Moscou, Stalingrad ou Koursk. Durant la guerre, l’opinion publique occidentale semblait plus acquise à la cause de l’Armée Rouge que certains dirigeants occidentaux, comme Winston Churchill. Roosevelt, lui, qui était un dirigeant politique bien plus pragmatique, a volontiers reconnu le rôle prépondérant joué par les Soviétiques dans la guerre contre l’Allemagne nazie. L’Armée rouge, déclarait-il à un général dubitatif en 1942, a tué plus de soldats allemands et détruit plus de chars allemands que tout le reste de la coalition alliée réunie. Roosevelt savait que l’Union Soviétique était la clé de voûte de la grande coalition contre l’Allemagne nazie. J’appelle FDR (Franklin Delano Roosevelt) : le parrain de la « grande alliance ». Néanmoins, les principaux détracteurs de l’Union soviétique restaient tapis dans l’ombre attendant le bon moment pour refaire surface. Plus la victoire sur l’Allemagne nazie semblait assurée, plus les opposants à la grande alliance se faisaient entendre.

Les États-uniens peuvent être un peu « soupe au lait » lorsque l’on évoque le rôle essentiel joué par l’Armée rouge dans la destruction de la Wehrmacht. « Que faites-vous du prêt-bail ? » répondent-ils, « sans notre soutien logistique, l’Union soviétique n’aurait pas battu les Allemands. » En réalité, la plupart du matériel fourni dans le cadre du prêt-bail n’arriva en URSS qu’après Stalingrad. Les soldats de l’Armée Rouge, facétieux, aimaient appelés les boites de conserve, reçues par le biais du prêt-bail, « le deuxième front » dans la mesure où le vrai se faisait un peu tardif. En 1942, l’industrie soviétique produisait déjà bien plus d’armes que l’Allemagne nazie. Le T-34 était-il un char états-unien ou russe ? Staline a toujours su être reconnaissant envers le gouvernement US pour les Jeeps et les camions Studebaker. Ils ont accru la mobilité de l’Armée rouge. Vous avez fourni l’aluminium, aiment à répondre les Russes, nous avons fourni… le sang. Des rivières de sang...



Tout un chacun, en Europe et aux États-Unis, savaient très bien à qui attribuer le succès contre la Wehrmacht.

À peine la guerre fut-elle terminée que le Royaume-Uni et les États-Unis commencèrent à envisager une autre guerre, cette fois contre l’Union Soviétique. En mai 1945, le haut commandement britannique élabore le plan « unthinkable » (impensable), une offensive top-secrète, avec le renfort des prisonniers de guerre allemands, contre l’Armée Rouge. Les salauds ! Les ingrats ! En septembre 1945, les États-uniens envisagèrent l’utilisation de 204 bombes atomiques afin de rayer l’Union Soviétique de la carte. Le président Roosevelt venait de décéder en avril et en quelques semaines les États-uniens soviétophobes appliquaient déjà une politique diamétralement opposée. La Grande Alliance n’était qu’une trêve au milieu de la guerre Froide, qui avait pour origine la prise du pouvoir par les Bolcheviks en novembre 1917 ; cette dernière redevenait d’actualité en 1945 maintenant le conflit terminé.

À ce moment là, les gouvernements états-uniens et britanniques avaient toujours l’opinion publique contre eux. Tout un chacun, en Europe et aux États-Unis, savaient très bien à qui attribuer le succès contre la Wehrmacht. Il n’était pas possible d’adopter à nouveau, comme si de rien n’était, la stratégie éculée de la haine envers l’Union Soviétique sans faire oublier le rôle prépondérant de l’Armée Rouge dans la victoire commune contre l’Allemagne hitlérienne. Les Occidentaux ont donc ressorti le dossier sur le pacte de non-agression d’août 1939 entre Hitler et Staline en omettant volontairement de mentionner certains faits antécédents, comme l’opposition franco-anglaise à la proposition soviétique d’un traité de sécurité collective contre l’Allemagne nazie et, surtout, la trahison envers la Tchécoslovaquie, livrée aux Allemands (Accords de Munich, 1938). Comme des cambrioleurs en pleine nuit, Londres et Washington s’attribuèrent le crédit de la victoire contre l’Allemagne nazie.

Déjà en décembre 1939, les Britanniques prévoyaient de publier un livre blanc attribuant la responsabilité de l’échec des négociations (printemps-été 1939) à Moscou en vue d’une alliance entre Anglais, Français et Soviétiques. Les Français se sont opposés à ce projet car le livre blanc risquait de permettre à l’opinion publique de prendre conscience du caractère effectif de la résistance soviétique contre le nazisme, ce qui n’a pas été le cas côté anglais ou français. Ainsi, le livre blanc a terminé sur une étagère. En 1948, Le département d’État états-unien a diffusé une série de documents attribuant la responsabilité de la Seconde Guerre mondiale à Hitler et Staline. Moscou a riposté en publiant à son tour des documents mettant en évidence les liens étroits entre le monde occidental et le régime nazi. Beaucoup d’énergie fut déployée pour que l’on se souvienne de l’Union Soviétique comme signataire du pacte de non-agression et non comme le principal responsable de la destruction de la Wehrmacht.



Les Occidentaux ont ressorti le dossier sur le pacte de non-aggression d’août 1939 entre Hitler et Staline.

Qui n’a pas vu un de ces films hollywoodiens dans lesquels le débarquement en Normandie est présenté comme un tournant de la guerre ? « Que serait-il advenu si le débarquement avait échoué ? » entend-on souvent « Oh…, pas grand-chose... » est la réponse qui convient. La guerre aurait duré plus longtemps, et l’Armée Rouge, venant de l’Est, aurait planté ses étendards sur les plages de Normandie. Puis, il y a les films qui présentent la campagne de bombardement de l’Allemagne par les alliés comme le facteur décisif dans la victoire de ces derniers. Dans les films hollywoodiens sur la Seconde Guerre mondiale, l’Armée Rouge est invisible. C’est comme si les États-uniens (et les Britanniques) se couronnaient de lauriers qu’ils ne méritaient pas.

J’aime posé cette question à mes étudiants lorsque l’on aborde la Seconde Guerre mondiale : qui a entendu parler de l’opération Overlord ? Tout le monde lève le main. Puis je demande : qui a entendu parler de l’opération Bagration ? Quasiment personne ne se manifeste. Je demande, facétieux, qui a gagné la guerre contre l’Allemagne nazie et la réponse est évidemment : « les Américains ». Seuls quelques étudiants, en général ceux qui ont eu d’autres cours avec moi, répondent : l’Union Soviétique.

Difficile pour la vérité de se frayer un chemin vers la lumière dans un monde occidental où les « fakes news » (mensonges) sont la norme. L’OSCE (l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) et le Parlement européen attribuent la responsabilité de la guerre à l’Union Soviétique, sous-entendant la Russie et le président Vladimir Poutine. Hitler est quasiment omis dans ce tohu-bohu d’accusations sans fondements. Soutiennent cette version malhonnête des faits historiques : les États baltes, la Pologne et l’Ukraine, vociférant leur haine de la Russie. Les Baltes et les Ukrainiens célèbrent aujourd’hui, comme gloire nationale, les collaborateurs nazis et leurs agissements. En Pologne, la pilule est dure à avaler pour certains ; ils se souviennent trop bien des collaborateurs nazis ukrainiens qui ont assassiné des dizaines de milliers de Polonais en Volhynie. Malheureusement, de tels souvenirs n’ont pas empêché les hooligans polonais de vandaliser les monuments aux morts de l’Armée Rouge, ainsi que de profaner les cimetières de guerre soviétiques. Les nationalistes polonais ne veulent pas se souvenir de l’Armée Rouge libérant la Pologne de l’Allemagne nazie.



Les vétérans, de moins en moins nombreux chaque année, continuent de porter des uniformes qui ne leur vont plus guère ou des treillis usés, parsemés de médailles et de récompenses diverses.

En Russie, cependant, la propagande mensongère des Occidentaux n’a aucun effet. L’Union Soviétique, ainsi que la Fédération de Russie, a produit ses propres films sur la Seconde Guerre mondiale, les plus récents sur la défense de la forteresse de Brest-Litovsk et de Sébastopol, et sur la bataille de Stalingrad. Le 9 mai, chaque Russe a une pensée pour les les millions de soldats qui se sont battus et ont perdu la vie ainsi que pour les millions de civils qui ont souffert et sont morts entre les mains de l’envahisseur nazi. Les vétérans, de moins en moins nombreux chaque année, continuent de porter des uniformes qui ne leur vont plus guère ou des treillis usés, parsemés de médailles et de récompenses diverses. « Traitez-les avec tact et respect » écrit Youkov dans ses mémoires : « C’est le moins que vous puissiez faire après ce qu’ils ont fait pour vous entre 1941 et 1945. » Lorsque je les observais en ce jour de commémoration, il y a quelques années, je me demandais comment ils ont pu composer avec la menace de mort permanente, la désolation et toutes ces épreuves.



Une marche des « immortels » à Moscou.

De nos jours, chaque année en ce 9 mai, le régiment des « immortels » défile. Les Russes, aux quatre coins du pays et à l’étranger, marchent ensemble en portant des photographies grand format de membres de leur famille, hommes ou femmes, qui se sont battus pendant la guerre. « Nous ne vous oublions pas » , ils semblent dire « et ne vous oublierons jamais. »

Michael Jabara Carley

Traduction Jean-Marc Chicot      Source Strategic Culture Foundation (Russie)

*** 

 

AJOUTS PERSONNELS

 

Deux jour après le lancement de l'opération Barbarossa par les nazis allemands et leurs alliés européens, le 24 juin 1941, Harry s. Truman (futur président des USA), déclarait:

"Si nous voyons l'Allemagne gagner, nous devrions aider la Russie et, si la Russie est en train de gagner, nous devrions aider l'Allemagne, pour que le plus grand nombre périsse des deux côtés."



Si l'on veut comprendre, a minima, la guerre à l'Est, voir le film d'Elem KLIMOV, Requiem pour un massacre, de 1985. L'action se déroule sur le territoire de la Biélorussie soviétique en 1943. En France, on connait le massacre d'Oradour-sur-Glane, commis par la division SS Das Reich. Elle a opéré avec d'autres en Biélorussie, où il eut 600 villages massacrés de la sorte...600 Oradour-sur-Glane.

jeudi 29 août 2024

El nuevo SWIFT del BRICS hace temblar a Occidente

FUENTE: https://rebelion.org/el-nuevo-swift-del-brics-hace-temblar-a-occidente/

El Grupo BRICS anunció oficialmente que está a las puertas de poner en funcionamiento un nuevo sistema de mensajería financiera que usará monedas locales para las liquidaciones comerciales y así poner fin a la dependencia del dólar que tienen numerosos países.

El sistema de pagos del BRICS, similar al sistema SWIFT occidental, puede acabar con el dominio global del billete verde y reconfigurar el panorama de comercio mundial.

El SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunications) es una red de mensajería que las instituciones bancarias financieras usan para transmitir información e instrucciones seguras a través de un procedimiento estandarizado de códigos.

Este Sistema Interbancario Internacional tiene alrededor de 11.000 entidades financieras en más de 200 países. Su sede está en Bélgica, pero en su junta directiva hay ejecutivos de bancos estadounidenses. Además, una legislación federal estadounidense permite a Washington sancionar a bancos y reguladores de otras partes del mundo.

Asimismo, Estados Unidos cuenta con una participación especial en el Fondo Monetario Internacional (FMI), cuyos estados miembros poseen una cantidad “equilibrada” de votos en función de su posición relativa en la economía mundial. Washington disfruta del 17,69 % (grandes economías como China y Japón tienen menos del 5 %) y, como todas las decisiones claves deben contar con un apoyo del 85 % en la Junta de Gobernadores, técnicamente el país del Norte es el único con derecho a veto.

Un reciente artículo del portal financiero Bloomberg señala que algunos de los pilares de la hegemonía económica de Estados Unidos son el sistema SWIFT, el dólar y el sistema de casa de limpieza de los pagos interbancarios (Chips).

Tras la operación militar especial lanzada por Rusia para desmilitarizar y desnazificar a Ucrania, Washington y sus aliados Occidentales desconectaron a Moscú del SWIFT (ya lo habían hecho con Irán) y también amenazaron a China con hacerlo. Ante esa situación, esos países y otros bloqueados por Estados Unidos, iniciaron una carrera para crear sistemas alternativos con el propósito de liberarse de ese chantaje en medio de una fuerte guerra financiera.  

Funcionarios del Banco Central de Rusia informaron que desde hace unos años crearon una plataforma alternativa al SWIFT, conocido como Sistema para la Transferencia de Mensajes Financieros (SPFS). Incluso, ampliaron la posibilidad de unirse al Sistema Internacional de Pagos de China (CIPS), análogo al SWIFT para facilitar las operaciones entre las dos naciones.

El vicepresidente de la Duma (Parlamento) estatal, Alexander Babakov dijo que la agenda financiera de los BRICS, similar al SWIFT, tiene como principal iniciativa la construcción de una nueva realidad económica que resuelva un sistema de mensajería financiera propios para el Grupo que compensen las transacciones de las contrapartes de sus miembros y el papel relacionado con los bancos.

De esa forma, el BRICS puede crear un nuevo sistema de pagos sin incorporar el dólar y utilizar sus monedas locales para las liquidaciones comerciales, lo que brindará un apalancamiento a esa alianza integrada actualmente por nueve naciones,(Brasil, Rusia, India, China, Sudáfrica, Arabia Saudita, Egipto, Emiratos Árabes Unidos y Etiopía).

Los encargados con esa tarea en el Grupo han trabajado para que el sistema garantice un alto nivel de seguridad y protección de datos para evitar ataques cibernéticos y acceso no autorizado a la información financiera.

En el caso de Rusia, a quien Estados Unidos y los países occidentales le han impuesto miles de “sanciones”, sus intercambios con monedas nacionales con el BRICS pasaron del 26 % en 2021 al 85 % en 2023, mientras que con China ya alcanza el 92 % de los 240.000 millones en transacciones.

Lo cierto es que Washington con su prepotente política económico-financiera contra otras naciones, esta provocando que cada día el dólar como moneda de intercambio internacional continúe perdiendo espacio. Por eso le tiene tanto pavor al fortalecimiento del BRICS que puede marcar un antes y un después en su ya decadente hegemonía.

Hedelberto López Blanch, periodista, escritor e investigador cubano, especialista en política internacional.

samedi 24 août 2024

La vérité sur nos valeurs

 
Pour celles et ceux qui aimeraient avoir quelques éclaircissements sur ce que sont nos fameuses « valeurs » et la conception de la démocratie qui en découle...

      Ces valeurs ( de démocratie libérale et civilisée ) dont nous allons généreusement instruire (à leurs frais) les masses arriérées d’Orient, d’Afrique et d’ailleurs, en accompagnant nos leçons de morale de sanctions économiques calamiteuses et d’autres arguments encore plus frappants, non moins dommageables pour les populations visées, et d’autant moins qu’elles manifestent quelques réticences sur notre nouvel ordre mondial et civilisé selon les valeurs de l’oncle Sam et de sa « Nation d’exception » …

     Alors pour celles et ceux-là, ils savent que pour ce genre d’éclaircissement, il ne faut pas compter sur notre classe dirigeante, ni sur notre appareil d’idéologique d’exception culturelle française.

     Mais, Heureusement, au pays de l’Oncle Sam précisément, il y en a encore que ça préoccupe .

     Par exemple nos amis de « The GRAYZONE »

 
 

 

vendredi 23 août 2024

Le "changement" en sociologie: une arme culturelle pour l'hégémon

La philanthropie des fondations  Rockefeller et Ford dans les sciences sociales françaises pour "améliorer le contrôle social dans l'intérêt de tous" c'est l'Otan culturelle avant la lettre. Cette petite phrase, on la trouve dans la première des deux recensions ci-dessous de l'ouvrage de Brigitte Mazon, Aux origines de l'École des hautes études en sciences sociales. Le rôle du mécénat américain, 1920-1960 (préface de Pierre Bourdieu, postface de Pierre Morazé; Paris: les Éditions du Cerf, 1988).

 
L'ouvrage  de Brigitte Mazon reste dans les clous et le cercueil de l'Histoire bien riveté. Carrière or not carrière, that's the question. Comme le rappelle le sociologue Jean Duvignaud dans son introduction d'Hérésie et subversion. Essais sur l'anomie (La Découverte, 1986): 
 
"Ces contraintes du métier permettent rarement de s'abandonner à la réflexion errante, de sortir de l'enclos. Si, après la dernière guerre, la sociologie s'est arrachée au silence où la confinait la spécialisation, si elle a pu enfin trouver un public, il semble qu'elle se soit enfermée dans son bunker." ("Introduction: l'écluse", p. 12)
 
 Les fondations en question ont fléché la sociologie dans son développement académique comme instrument de la guerre culturelle, pour la mainmise d'hégémon sur les cerveaux et notamment nuire au développement du marxisme: seule science interdisciplinaire capable de penser le changement dans la plupart des disciplines, dont la sociologie (les Études de genre tiennent lieu d'interdisciplinarité molle, et surtout de bouclier moral à l'industrie de la tuerie de masse).  
 
"Si nous nous y attachons d'un peu près, nous nous rendons compte que la connaissance sociologique ne possède pas les instruments qui lui permettent de comprendre et d'analyser le changement, les mutations sociales. On peut, certes, disserter sur les variations qui interviennent dans les variations de la trame de l'existence collective, en percevoir les déterminations. Ce n'est pas examiner ni analyser le changement, loin de là. Et il est important de rappeler que, si la sociologie est fille de la Révolution française et de l'immense interrogation que cette dernière a formulée concernant la réalité sociale, la plupart de réponses qui ont été apportées vont directement dans un sens opposé: Comte recherche les éléments "positifs" et permanents de la vie collective, Durkheim examine les multiples cristallisations des sociétés, Max Weber interroge les relations constantes qui s'établissent entre deux ordres d'activité contingentes. Seul Marx pose le problème du changement au centre de sa réflexion. Mais il ne nous a laissé aucun concept pour analyser la "révolution", dont il ne peut que sublimer l'apparition, n'ayant lui-même assisté qu'à des mutations avortées.
Et il faut bien constater que, dans la société industrielle moderne, le changement est devenu l'élément fondamental et essentiel de toute vie collective." ("Anomie et mutation sociale", pp. 35-36)
 
 Et v'là-t'y pas que la sociologie étatsunienne a justement une version du "changement" (qui rappelle furieusement la Pax americana d'"un ordre international fondé sur des règles" ou sinon je t'allume):
 
"Assurément, il serait injuste de dire que la sociologie n'a pas tenté de saisir et de comprendre le changement. Ce serait oublier qu'un domaine important de la recherche américaine, par exemple, et qui remonte à la publication en 1922 du livre de William F. Ogburn, Social Change, porte précisément ce nom. Mais, conformément à l'esprit général de la science américaine de cette période (mis à part C. Wright Mills), le changement est ici perçu comme une distance entre un modèle économique et social considéré comme supérieur et valable pour le genre humain tout entier et divers "retards culturels" observables. Qui ne voit que cette définition normative du changement se retourne contre le changement lui-même?". ("Anomie et...", p. 37)
 
 


 

Gaza denuncia que Israel usa armas capaces de evaporar cadáveres


Cerca de 1.760 cuerpos han desaparecido sin dejar rastro debido al uso de armas capaces de evaporar cadáveres por parte de las fuerzas israelíes en la Franja de Gaza, reportó este domingo la Defensa Civil del enclave.

Adicionalmente, unas 10.000 personas siguen desaparecidas bajo los escombros de edificios destruidos. La Defensa Civil señaló que los continuos ataques del país hebreo impiden su búsqueda.

Alrededor de 8.240 personas fueron víctimas de desaparición forzada por parte de las tropas israelíes, mientras que unos 2.210 cuerpos han desaparecido de fosas en Gaza.

Según los últimos datos del Ministerio de Salud gazatí, 40.099 personas han muerto por los bombardeos israelíes desde el pasado 7 de octubre, mientras que otras 92.609 han resultado heridas. La Defensa Civil estima que la cifra de víctimas mortales en realidad es mucho mayor, teniendo en cuenta a los desaparecidos.

(Tomado de RT en Español)

«Amazon, Google y Microsoft son la columna vertebral tecnológica de este genocidio»


No Tech for Apartheid denuncia “la depravación moral y la especulación genocida” de las multinacionales de Silicon Valley, que proveen servicios con los que Israel desarrolla un genocidio desde hace diez meses.AWS es la nube de Amazon, fundamental para la campaña de exterminio de las FDI israelíes.

Empleadas de tres de las llamadas GAFAM, Amazon, Google y Microsoft, han denunciado hoy, 7 de agosto, el uso que el ejército israelí (FDI) está haciendo de los servicios provistos por estas grandes tecnológicas. Lo hacen a raíz de la investigación de +972 Mag y Local Call publicada esta semana sobre el uso de la nube para seleccionar objetivos en la campaña de exterminio lanzada por Israel hace hoy diez meses, en la que más de 40.000 personas han sido asesinadas.

“De manera similar a la asistencia que brindó IBM a la Alemania nazi para vigilar, calcular y asignar la muerte al pueblo judío durante el Holocausto, hoy las grandes corporaciones tecnológicas están ayudando directamente al ejército israelí en su campaña genocida. Amazon, Google y Microsoft son la columna vertebral tecnológica de este genocidio”, señala la plataforma No Tech for Apartheid que, desde hace años, primero contra el apartheid y la ocupación de tierras y ahora contra el genocidio, ha denunciado los negocios de estas multinacionales con el Estado de Israel.

Según la investigación, y a pesar de la insistencia con la que empresas como Google ha tratado de negarlo, el tzahal, el ejército israelí, usa servicios de almacenamiento en la nube y de inteligencia artificial proporcionados por las grandes tecnológicas estadounidenses para “participar y colaborar directamente” en la campaña de exterminio que Israel sostiene contra Gaza desde el 7 de octubre de 2023.

“La facilidad con la que Amazon, Google y Microsoft permiten a la inteligencia militar israelí acceder a servicios de almacenamiento de datos para guardar y recuperar grandes cantidades de datos de inteligencia ha sido comparada con la facilidad con la que los consumidores de todo el mundo pueden hacer pedidos a Amazon”, explica este grupo de trabajadores contra el genocidio.

Los trabajadores de GAFAM, que ya en el pasado han organizado acciones de protestas y boicot contra esta complicidad, han denunciado esta colaboración, que se enmarca en acuerdos como el Proyecto Nimbus y han anunciado nuevas formas de organización contra esa complicidad: “No dejaremos de organizarnos hasta que nuestras empresas dejen de impulsar este genocidio y hasta que Palestina sea libre. Hacemos un llamamiento a todos los trabajadores tecnológicos con conciencia a que se unan a nuestra lucha”.

 @pelorduy

Fuente: https://www.elsaltodiario.com/genocidio/amazon-google-microsoft-son-columna-vertebral-tecnologica-genocidio

Gaza 2035: le plan immobilier post-anéantissement

SOURCE: https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/gaza-2035-table-rase-998426.html

Les autorités israéliennes ont lancé « Gaza 2035 », une zone de libre-échange ambitieuse visant à transformer Gaza en un hub industriel et technologique de premier plan. Ce projet a pour objectif de renforcer les liens entre la Méditerranée et le Golfe Persique, tout en offrant une alternative stratégique face à l'influence chinoise en connectant l'Inde à l'Europe. Par Michel Santi, économiste (*).
(Crédits : DR)

Israël et les États-Unis planchent sur une route qui permettrait aux poids lourds d'aller vers les Émirats arabes unis à travers la Jordanie et l'Arabie Saoudite. En parallèle, la normalisation des relations entre ces pays sera couronnée par un projet de chemin de fer (à l'étude depuis 2017) reliant le port israélien de Haïfa aux États du Golfe.

Ce trajet historique viendra s'appuyer et compléter celui à l'étude par le Conseil de Coopération du Golfe prévoyant une ligne de plus de 2.000 km qui reliera le Kuwait au Sultanat d'Oman à travers l'Arabie et le Bahreïn. Une extension du tracé ferroviaire autorisera enfin une liaison entre Alexandrie et la ville avant-gardiste de NEOM rêvée par le Prince héritier d'Arabie et qui se trouve à 200 km de la ville palestinienne de Rafah. La combinaison de ces projets accomplira par ailleurs un objectif stratégique majeur consistant à rapprocher la Méditerranée et le Golfe Persique.


gaza neom

C'est dans ce contexte en pleine effervescence que les autorités israéliennes au plus haut niveau, assistées de leur intelligence artificielle, ont conçu « Gaza 2035 » destinée à devenir une zone de libre-échange grande comme 3,5 Paris intra-muros, soit environ 37.000 hectares. Elle s'étendra depuis la ville de Sdredot située de Gaza jusqu'au port égyptien d'Al Arish, dans la péninsule du Sinaï au sud de Gaza. Netanyahu et ses équipes envisagent donc de convertir la Gaza actuelle - ou ce qu'il en reste - en un territoire globalisé, industriel, à vocation largement mercantile, dont les ambitions à terme seraient même, grâce à sa localisation méditerranéenne, de dépasser en prospérité Dubaï.

Les promoteurs de Gaza 2035 espèrent en outre séduire les entreprises de la Tech, et ambitionnent également que cette zone devienne un centre mondial de fabrication de véhicules électriques. Quoiqu'il en soit, c'est des infrastructures massives comme des ports, des chemins de fer et des aéroports qui sont prévues, et qui seront fonctionnelles grâce à une combinaison de panneaux solaires et d'énergie fossile. Avec un slogan facile : remplacer à Gaza la « prospérité par la crise ».

gaza EV

De l'aveu même du Premier ministre, le préalable à Gaza 2035 sera de «reconstruire à partir de rien», afin que le développement économique neutralise les racines politiques des multiples crises et guerres régionales.

Cette vision de Gaza 2035 et de ces investissements lourds en infrastructures semble très sérieuse, et suscite l'adhésion de nombre de nations à travers le monde qui y retrouvent un intérêt commun. La Maison Blanche y prévoit un corridor commercial et des pipelines à hydrogène embrassant des régions allant depuis l'Inde jusqu'en Grèce au port du Pirée. Il s'agit là, pour les Occidentaux, de prendre un avantage considérable sur la Chine en établissant de multiples ponts entre l'Inde et l'Europe, d'intensifier les relations avec le sud global, de renforcer l'Europe et principalement son approvisionnement énergétique vis-à-vis de la Russie, d'autoriser les nations du Golfe à diversifier leurs économies, tout en normalisant définitivement - voire en la banalisant - la situation entre Israël et les États arabes. L'Inde, enfin, pourra se dégager d'une certaine emprise exercée sur elle par la Chine, et ce n'est - selon son Premier ministre Modi qui fait référence à la guerre en cours entre Israël et le Hamas- «aucun évènement ou conflit qui gênera la réalisation de ce «projet intergénérationnel». La France aurait même déjà nommé son haut-commissaire à l'« India-Middle East-Europe Economic Corridor ».

gaza imec

______

(*) Michel Santi est macro-économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et directeur général d'Art Trading & Finance.
Il vient de publier « Fauteuil 37 » préfacé par Edgar Morin. Il est également l'auteur d'un nouvel ouvrage : « Le testament d'un économiste désabusé ».
Sa page Facebook et son fil Twitter.

samedi 27 juillet 2024

TOUT DOIT DISPARAÎTRE: pendant les festivités olympiques, le génocide continue ...

Source secondaire: https://www.librairie-tropiques.fr/2024/07/pendant-les-festivites-la-vente-du-genocide-continue.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail

Source primaire: Eva Bartlett @ evakbartlett
publié initialement par RT international

Les attaques israéliennes ont probablement fait bien plus que les 40 000 victimes déjà recensées, et plus encore risquent de périr.

 
Les innombrables victimes de Gaza : pourquoi on laisse des centaines de milliers de personnes mourir

 

Plus tôt ce mois-ci, le Lancet a publié un article estimant que le nombre total de morts civiles palestiniennes causées directement et indirectement par les attaques israéliennes depuis octobre 2023 pourrait être près de cinq fois supérieur au bilan officiel, et pourrait atteindre « jusqu’à 186 000, voire même plus." 

Il a noté que  « cela se traduirait par 7,9 % de la population totale de la bande de Gaza ». 

Selon l'article, le dernier décompte disponible de Palestiniens tués – 37 396 – est beaucoup trop faible, car on ne sait toujours pas combien d'autres se trouvent sous les décombres, combien sont portés disparus mais ne sont pas comptabilisés parmi les morts, et combien périront à cause de la faim, de la déshydratation ou des maladies.

« Même si le conflit prend fin immédiatement, il y aura encore de nombreux décès indirects dans les mois et années à venir, dus à des causes telles que les maladies reproductives, transmissibles et non transmissibles », note-t-il.

Cependant, même cette estimation du Lancet de près de 200 000 morts pourrait ne représenter que la moitié du nombre réel de Palestiniens tués, selon certains décomptes.

Le Norvégien Mads Gilbert, qui a beaucoup travaillé depuis Gaza au fil des ans – notamment à l'époque où Israël menait des guerres contre l'enclave palestinienne – a récemment souligné les multiples conditions évitables qui contribuent à ces décès « indirects » , estimant le nombre de morts ou de décès imminents. le nombre de morts pourrait être supérieur à 500 000.

Comme causes de décès indirects, il détaille « le manque de nourriture entrant à Gaza et la destruction de l’agriculture, de la pêche, de la volaille, des fermes laitières, etc. Le manque d’eau, qui entraîne déshydratation et infections.

La troisième composante du « triangle de la mort » concerne les maladies courantes, note Gilbert. « Il y a peut-être au moins 10 000 patients atteints de cancer à Gaza. L’armée israélienne a bombardé l’hôpital de Rantisi pour enfants atteints de cancer et l’hôpital de l’amitié turque pour patients adultes atteints de cancer. Ils n’autorisent pas l’entrée de médicaments contre le cancer.

Selon lui, plus de 1,2 million de personnes sont infectées en raison des mauvaises conditions d'hygiène .

Gilbert souligne que dans les températures élevées qui règnent actuellement à Gaza, les ordures non ramassées, les pompes à eaux usées détruites et les rues inondées d’eaux usées qui en résultent, « cela crée un enfer de parasites qui peuvent propager des maladies ».

Ensuite, il y a les femmes enceintes qui accouchent dans des conditions insalubres, le corps affaibli par la faim. Il estime que plus de 50 000 enfants sont nés à Gaza depuis le 7 octobre 2023, ajoutant que  « toutes ces femmes ont besoin d’eau potable et de bonne nourriture pour pouvoir prendre soin de leurs enfants. Il y a une surmortalité massive chez les femmes enceintes qui ont des accouchements difficiles et qui ont besoin d’une césarienne.

Les près de 40 000 morts constituent déjà un chiffre effroyable, mais ces récentes estimations sont absolument horrifiantes

Famine et maladies planifiées

Ayant vécu trois ans à Gaza (entre fin 2008 et début 2013), j'ai vu (et vécu) la brutalité du siège israélien, les graves coupures de courant (16 à 22 heures par jour lorsque j'y vivais) après la destruction par Israël. la seule centrale électrique et l'impact de ces coupures de courant sur les hôpitaux (fonctionnement des salles de dialyse et des urgences ; incubateurs ; réfrigération pour les médicaments, etc.).

Les pannes de courant ont eu un impact sur la capacité de traiter les eaux usées, ou du moins de les rejeter dans la mer. Lorsque les eaux usées s’accumulent en excès, elles se déversent dans les rues (y compris au moins un cas horrible où cinq civils se sont noyés dans un village du nord de Gaza lorsque les eaux usées ont débordé).

Le confinement imposé par Israël restreint sévèrement ce qui est autorisé à entrer à Gaza, notamment les médicaments, le gaz de cuisine, le carburant, les produits alimentaires, le bétail, les semences, les engrais et bien plus encore. De même, cela limite considérablement les exportations, contribuant ainsi à détruire l’économie.

Comme je l’ai écrit il y a quelques années, les pannes d’électricité, les pénuries de carburant et de gaz de cuisine, l’insécurité alimentaire dramatique , le retard de croissance des enfants, le chômage à 50 % et l’eau non potable à 96 % sont la réalité de Gaza depuis des années.

En fait, déjà en 2008, j’écrivais (depuis Gaza) sur le manque d’aide alimentaire autorisée dans l’enclave : 

« Les chiffres de l'ONU révèlent qu'en moyenne moins de cinq camions par jour ont été autorisés à entrer, contre 123 en octobre et 475 en mai de l'année dernière. Le 27 novembre, l’ONU a annoncé qu’elle était à court de vivres et de produits de première nécessité à Gaza. »

À l’époque, il y avait déjà une grave pénurie de  « 300 types de médicaments différents, dont 95 (y compris des médicaments contre le cancer) ne sont plus disponibles à Gaza ». 220 machines utilisées pour la dialyse et d’autres procédures vitales, comme les tomodensitogrammes, n’étaient pas utilisables.

De même, les attaques israéliennes incessantes contre les agriculteurs et les pêcheurs palestiniens , tués et mutilés par des balles et des obus, les enlèvements de pêcheurs et le vol de leurs bateaux, durent depuis plus d'une quinzaine d'années, ce qui a de graves conséquences sur la capacité des Palestiniens à se développer. ou attraper leur propre nourriture.

D'autres tactiques de l'armée israélienne incluent  l'incendie des récoltes palestiniennes , l'abattage ou la destruction d'oliviers et la démolition de fermes dans toutes les régions frontalières. Le gouvernement israélien est allé jusqu’à calculer  le nombre minimum de calories nécessaire pour que les Palestiniens ne meurent pas complètement de faim.

En 2010, j'ai écrit sur la destruction systématique des puits et des citernes par Israël du sud-est au nord, en rendant visite aux agriculteurs et en étant témoin de la destruction. Beaucoup ont essayé d'irriguer leurs terres via une charrette à âne avec des cruches d'eau. Depuis plus d'une décennie, 95 % de l'eau de l'unique aquifère de Gaza est impropre à la consommation humaine .

Ajoutez les nombreuses guerres israéliennes contre Gaza au siège incessant, et vous verrez comment Israël a depuis longtemps préparé le terrain pour les maladies chroniques, les retards de croissance, l’anémie et bien d’autres maladies et afflictions – bien avant le 7 octobre 2023.

Rappelez-vous qu'en octobre, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, avait déclaré : « J'ai ordonné un siège complet de la bande de Gaza. Il n’y aura pas d’électricité, pas de nourriture, pas de carburant, tout est fermé. Nous combattons les animaux humains et nous agissons en conséquence.

Rappelez-vous également comment les forces israéliennes ont tiré à plusieurs reprises sur des Palestiniens affamés alignés pour que la maigre aide alimentaire soit entrée à Gaza, le pire massacre de ce type en février, tuant au moins 115 civils et en blessant plus de 750.

Quelques mois avant l'avertissement du Lancet, en mars dernier, Ralph Nader avait également remis en question ce qu'il pensait être une grave sous-estimation du nombre de Palestiniens tués à Gaza, écrivant : « À partir de récits de personnes sur le terrain, de vidéos et de photographies d'épisodes meurtriers après épisodes, ainsi que de En raison du nombre de décès résultant du blocage ou de la destruction des biens essentiels à la vie, une estimation plus probable, à mon avis, est qu'au moins 200 000 Palestiniens doivent avoir péri à l'heure actuelle et le bilan s'accélère d'heure en heure.

Plus récemment, le Dr Ahmad Yousaf, médecin de Med Global qui travaille à Deir al-Balah, au centre de Gaza, a déclaré dans une interview

« Cette unité de soins intensifs est pleine de patients diabétiques qui contractent une maladie très traitable, mais ils meurent de la chose la plus simple : parce que l'insuline n'est pas disponible, parce qu'ils ne sont pas autorisés à l'apporter et qu'il n'y a plus de réfrigération. Comme beaucoup d'amputés à cause d'un traumatisme, il existe des amputés atteints de diabète incontrôlé. 

« Les chiffres sont beaucoup plus élevés, je dirais facilement quatre, cinq, six fois plus élevés. Sans parler de ceux qui mourront dans les décennies à cause à la fois du traumatisme psychiatrique et des handicaps physiques associés à ce qui s'est passé au cours des neuf derniers mois.

Les « zones de sécurité » ne sont pas sûres

Les Palestiniens torturés à mort dans les prisons israéliennes devraient également être inclus dans le décompte des morts « indirectes » , car Israël a enlevé plus de 4 000 Palestiniens de Gaza, dont des enfants, des journalistes, des médecins et des femmes (cela s'ajoute aux près de 10 000 Palestiniens non-Gaza). en détention israélienne).

Pratiquement aucune couverture dans les médias canadiens traditionnels, et peu de couverture aux États-Unis. En fait, sans surprise, le titre du New York Times efface Israël comme la raison derrière ces décès, avec son titre : « Les combats ne sont pas le seul tueur de Gazaouis au milieu de la guerre, disent les chercheurs », et écrit par ailleurs qu'Israël se dégage de toute responsabilité dans la famine. cela a délibérément provoqué à Gaza.

Il vaut toujours la peine de souligner l’hypocrisie de la presse occidentale et des réactions des têtes parlantes lorsque Israël commet des atrocités, par rapport à l’Occident qui prétend que la Syrie, la Russie ou un autre État aurait fait quelque chose de similaire. Pendant ce temps, Israël continue de massacrer les Palestiniens dans ce qui était censé être des « zones de sécurité »,  notamment les récents bombardements répétés du camp de réfugiés d’al-Masawi (avec au moins 1,5 million de Palestiniens déplacés), tuant au moins 71 civils et en blessant près de 300 autres. Ensuite, Israël a bombardé à nouveau ce même camp quelques jours plus tard. 

Il est ahurissant que ce massacre de civils palestiniens se poursuive, avec quelques crispations et de légères condamnations. Comme l’a écrit Ralph Nader : « Il est très important que le bilan global jusqu’à présent, et ce n’est pas fini, soit trois, quatre, cinq, six fois plus élevé. C’est important pour souligner l’urgence d’un cessez-le-feu permanent.