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samedi 24 août 2024

La vérité sur nos valeurs

 
Pour celles et ceux qui aimeraient avoir quelques éclaircissements sur ce que sont nos fameuses « valeurs » et la conception de la démocratie qui en découle...

      Ces valeurs ( de démocratie libérale et civilisée ) dont nous allons généreusement instruire (à leurs frais) les masses arriérées d’Orient, d’Afrique et d’ailleurs, en accompagnant nos leçons de morale de sanctions économiques calamiteuses et d’autres arguments encore plus frappants, non moins dommageables pour les populations visées, et d’autant moins qu’elles manifestent quelques réticences sur notre nouvel ordre mondial et civilisé selon les valeurs de l’oncle Sam et de sa « Nation d’exception » …

     Alors pour celles et ceux-là, ils savent que pour ce genre d’éclaircissement, il ne faut pas compter sur notre classe dirigeante, ni sur notre appareil d’idéologique d’exception culturelle française.

     Mais, Heureusement, au pays de l’Oncle Sam précisément, il y en a encore que ça préoccupe .

     Par exemple nos amis de « The GRAYZONE »

 
 

 

vendredi 23 août 2024

Le "changement" en sociologie: une arme culturelle pour l'hégémon

La philanthropie des fondations  Rockefeller et Ford dans les sciences sociales françaises pour "améliorer le contrôle social dans l'intérêt de tous" c'est l'Otan culturelle avant la lettre. Cette petite phrase, on la trouve dans la première des deux recensions ci-dessous de l'ouvrage de Brigitte Mazon, Aux origines de l'École des hautes études en sciences sociales. Le rôle du mécénat américain, 1920-1960 (préface de Pierre Bourdieu, postface de Pierre Morazé; Paris: les Éditions du Cerf, 1988).

 
L'ouvrage  de Brigitte Mazon reste dans les clous et le cercueil de l'Histoire bien riveté. Carrière or not carrière, that's the question. Comme le rappelle le sociologue Jean Duvignaud dans son introduction d'Hérésie et subversion. Essais sur l'anomie (La Découverte, 1986): 
 
"Ces contraintes du métier permettent rarement de s'abandonner à la réflexion errante, de sortir de l'enclos. Si, après la dernière guerre, la sociologie s'est arrachée au silence où la confinait la spécialisation, si elle a pu enfin trouver un public, il semble qu'elle se soit enfermée dans son bunker." ("Introduction: l'écluse", p. 12)
 
 Les fondations en question ont fléché la sociologie dans son développement académique comme instrument de la guerre culturelle, pour la mainmise d'hégémon sur les cerveaux et notamment nuire au développement du marxisme: seule science interdisciplinaire capable de penser le changement dans la plupart des disciplines, dont la sociologie (les Études de genre tiennent lieu d'interdisciplinarité molle, et surtout de bouclier moral à l'industrie de la tuerie de masse).  
 
"Si nous nous y attachons d'un peu près, nous nous rendons compte que la connaissance sociologique ne possède pas les instruments qui lui permettent de comprendre et d'analyser le changement, les mutations sociales. On peut, certes, disserter sur les variations qui interviennent dans les variations de la trame de l'existence collective, en percevoir les déterminations. Ce n'est pas examiner ni analyser le changement, loin de là. Et il est important de rappeler que, si la sociologie est fille de la Révolution française et de l'immense interrogation que cette dernière a formulée concernant la réalité sociale, la plupart de réponses qui ont été apportées vont directement dans un sens opposé: Comte recherche les éléments "positifs" et permanents de la vie collective, Durkheim examine les multiples cristallisations des sociétés, Max Weber interroge les relations constantes qui s'établissent entre deux ordres d'activité contingentes. Seul Marx pose le problème du changement au centre de sa réflexion. Mais il ne nous a laissé aucun concept pour analyser la "révolution", dont il ne peut que sublimer l'apparition, n'ayant lui-même assisté qu'à des mutations avortées.
Et il faut bien constater que, dans la société industrielle moderne, le changement est devenu l'élément fondamental et essentiel de toute vie collective." ("Anomie et mutation sociale", pp. 35-36)
 
 Et v'là-t'y pas que la sociologie étatsunienne a justement une version du "changement" (qui rappelle furieusement la Pax americana d'"un ordre international fondé sur des règles" ou sinon je t'allume):
 
"Assurément, il serait injuste de dire que la sociologie n'a pas tenté de saisir et de comprendre le changement. Ce serait oublier qu'un domaine important de la recherche américaine, par exemple, et qui remonte à la publication en 1922 du livre de William F. Ogburn, Social Change, porte précisément ce nom. Mais, conformément à l'esprit général de la science américaine de cette période (mis à part C. Wright Mills), le changement est ici perçu comme une distance entre un modèle économique et social considéré comme supérieur et valable pour le genre humain tout entier et divers "retards culturels" observables. Qui ne voit que cette définition normative du changement se retourne contre le changement lui-même?". ("Anomie et...", p. 37)
 
 


 

lundi 5 août 2024

La vérité sur le Venezuela

SOURCE:
 
 

Si vous voulez avoir une idée à peu près sérieuse de ce qui se passe dans le monde, ne comptez pas vos complotistes francophones habituels, du Monde à Libération en passant par BFMTV, France Radiovision, Mediatarte, Radio Courtoisie, le Figaro, TF1, Blast, Le Media et compagnie … Pour vous en convaincre nous avons traduit cet excellent résumé de BreakThrough News, bien informé et résolument réfractaire à l'idéologie dominante.

      Pour ceux qui veulent approfondir : les réseaux en anglais et singulièrement aux USA ne manquent pas d'excellentes analyses, très pédagogiques, qui à l'inverse de nos médias "et de gauche et de droite" ne se contentent pas de jouer les perroquets de la Voix de son Maître. Comme par exemple, pour ceux qui peuvent se contenter du sous-titrage et traduction automatique youtube, cette très instructive video de Saby Sabs :


 On notera au passage que comme nombre de perspicaces observateurs politiques aux USA et ailleurs, elle y souligne les contradictions au sein des "progressistes" libéraux occidentaux, notamment ceux qui reprennent le discours libéral-belliqueux russophobe et impérialiste des USA tout en condamnant le génocide des palestiniens ... et réciproquement ceux qui légitiment ce génocide tout en condamnant les "agressions" russes visant à débarrasser les ukrainiens de leurs néo-nazis ( porteurs de "nos valeurs libérales et démocratiques" ).

     Noter également au passage que ce dont nos "référents révérends" accusent Maduro relève exactement du type de "complotisme" qu'ils attribuent ...  à Trump - quand ce dernier accuse le "deep state" de fraude électorale - et pour ce qui concerne nos "médias libres", avec des arguments et des "preuves" encore plus grossièrement foireux que ceux de Trump !

   Et si vous avez encore des doutes ( sur l'extravagante mauvaise foi et cuistrerie mensongère de nos médias "de révérence"), encore une couche (toujours en anglais, pas eu le temps de refaire les sous-titres ) :


 


 

vendredi 26 juillet 2024

Entre Tim et la Cassa Depositi e Prestiti , les mains de Petraeus et de l'ex-CIA sur les actifs stratégiques de l'Italie

 La Meloni, qui était une mauvaise post-fasciste avant de se soumettre à l'Otan et de sortir l'Italie des Routes de la Soie, est donc devenue une bonne post-fasciste: elle vend son pays à la découpe comme le fait Macron et le veut "le projet européen" d'origine étatsunienne (voir les travaux d'Annie Lacroix-Riz sur le carcan européen et le Plan Marshall). 

6 Juillet 2024

[TIM est l'opérateur historique de réseaux de télécommunications en Italie. Comme France Télécom, il a été privatisé dans les années 1990 et est aujourd'hui une société cotée en bourse dans laquelle l'État italien détient une participation. Cassa depositi e prestiti est le correspondant italien de la Caisse des dépôts et consignations.]

L'acquisition du réseau de télécommunications italien de TIM par le fonds américain KKR et le fait de confier les activités d'intelligence économique de la Cassa Depositi e Prestiti à Globintech, une société de cybersécurité dirigée par d'anciens cadres de la CIA, soulèvent des questions préoccupantes quant à la souveraineté technologique et à la sécurité nationale de l'Italie. Ces deux événements mettent en lumière une tendance inquiétante : l'influence croissante d'entités étrangères, liées aux services de renseignement et militaires américains, sur les secteurs stratégiques italiens.

L'affaire TIM

L'acquisition du réseau TIM, qui passera par FiberCop puis par Optics BidCo contrôlé par KKR, représente une étape cruciale. Le groupe de réflexion qui soutient KKR dans l'analyse des scénarios géopolitiques et mondiaux, le KKR Global Institute, est dirigé par David H. Petraeus, ancien directeur de la CIA et général ayant fait une longue carrière dans les forces armées américaines.

Petraeus n'est pas seulement un homme d'affaires, sa présence symbolise un lien direct avec les structures de pouvoir et de renseignement des États-Unis. Le réseau de télécommunications est l'une des infrastructures les plus critiques pour une nation, et son contrôle par une entité étrangère, surtout avec de telles connexions, met en péril la sécurité des communications et l'autonomie décisionnelle du pays.

Globintech et l'intelligence économique

Parallèlement, la Cassa Depositi e Prestiti a passé un contrat avec Globintech pour la fourniture de services de renseignement en matière de cybersécurité. Globintech est cofondée par Robert Gorelick, ancien chef de centre de la CIA en Italie, et Alberto Manenti, ancien directeur de la branche extérieure des services secrets italiens (AISE). Bien que cette collaboration promette des services de haute qualité en matière d'intelligence économique et de conseil en matière de risques, elle soulève des inquiétudes quant à la gestion des données sensibles. La présence de personnalités ayant un passé aussi marquant dans les services de renseignement soulève des doutes quant à la possibilité d'une influence étrangère dans la gestion d'informations critiques.

Implications géopolitiques

Ces deux affaires démontrent clairement que l'Italie cède le contrôle de secteurs clés de son économie et de sa sécurité à des entités liées aux États-Unis. L'acquisition du réseau TIM par KKR, avec Petraeus à la barre, pourrait être considérée comme une tentative des États-Unis d'étendre leur influence sur l'infrastructure de communication de l'Italie. Cela place l'Italie dans une position vulnérable, exposée à d'éventuelles pressions et ingérences extérieures.

L'externalisation des activités d'intelligence économique de la CDP à Globintech, dirigée par d'anciens cadres de la CIA, accentue encore cette vulnérabilité. Le traitement de données sensibles par une société ayant des liens étroits avec les services de renseignement américains pourrait compromettre l'autonomie décisionnelle du pays et mettre en péril la sécurité nationale.

Conclusions

L'Italie est confrontée à un défi crucial : protéger sa souveraineté technologique et sa sécurité nationale dans un contexte d'interdépendance mondiale croissante. La vente d'infrastructures critiques à des entités étrangères et l'externalisation de services de renseignement à des entreprises ayant des liens avec les services de renseignement américains constituent une menace sérieuse pour la souveraineté du pays.

Le gouvernement italien doit évaluer soigneusement les implications de ces choix et prendre des mesures pour s'assurer que les infrastructures critiques et les données sensibles sont gérées de manière sûre et indépendante. La protection de la souveraineté technologique est cruciale pour la sécurité nationale et la préservation de l'autonomie décisionnelle du pays. Dans un monde de plus en plus interconnecté, il est essentiel que l'Italie garde le contrôle de ses ressources stratégiques pour assurer sa sécurité et sa prospérité à long terme.

 

mercredi 24 juillet 2024

Des documents israéliens révèlent les pressions exercées sur Washington pour orienter le discours américain sur Gaza

NOTE PERSONNELLE 

Des mois que les médias français ne disent plus rien des massacres de palestiniens, alors que les médias espagnols relatent les massacres quotidiens: 40, 60, 80 par jour. C'est-à-dire que des dizaines et parfois des centaines d'êtres humains sont exterminés quotidiennement depuis des mois et"ça passe" car le gouvernement israélien répond au massacre du 7 octobre (auquel il a contribué par sa doctrine Hannibal). On constate donc en Espagne une ingérence moindre. On peut même mettre à son balcon un drapeau palestinien pour protester contre ces massacres sans être apostasié d'"antisémite". Le lobby sioniste ni a pas la même puissance d'ingérence qu'en France, cependant on y retrouve le même schéma fasciste: la Fundación Hispanojudia a financé ainsi l'extrême-droite (Vox) ou l'extrême-centre (Ciudadanos, avec notamment Manuel Valls).

Les médias français suivent les consignes, celles exposées plus bas, des fondations israéliennes pour dicter aux législateurs étatsuniens une définition de l'"antisémitisme" visant à criminaliser la moindre critique faite contre ces massacres quotidiens.

Hier encore, ces médias adoubaient le massacreur en chef (Netanyahou, de son vrai nom: Mileikowsky) devant le Congrès des États-Unis ("il parle très bien anglais, sans accent" remarque Les Échos), après qu'il ait été applaudi durant trois minutes longues comme une rivière de sang. C'est qu'ils défendent nos valeurs, les mêmes que le massacreur: "la civilisation contre la barbarie", dit avec un super accent. Le massacreur ajoutant qu'il n'y aurait "quasiment aucun civil mort à Gaza" après avoir soutenu chez lui, il y a quelque mois, "qu'il n'y avait pas de civils innocents à Gaza". Les grands médias étatsuniens semblent faire comme les français: taire les massacres. Au vu de cette mascarade criminelle, Congrès peut donc continuer l'envoi de bombes et de munitions étatsuniennes.



 *** 

ARTICLE

SOURCE SECONDAIRE: https://www.les-crises.fr/exclusifs-des-documents-israeliens-revelent-les-pressions-exercees-sur-washington-pour-orienter-le-discours-americain-sur-gaza  

SOURCE PRIMAIRE : The Guardian, Lee Fang, Jack Poulson, 24-06-2024. Traduit par les lecteurs du site Les-Crises. 

Alors que la guerre de Gaza fait rage, sur les campus universitaires américains, des fondations israéliennes font pression pour modifier la définition de l’antisémitisme dans la législation américaine.

Amichai Chikli s’exprime à Cracovie, en Pologne, le 22 janvier 2024. Photographie : Omar Marques/Getty Images

En novembre dernier, quelques semaines seulement après le début de la guerre à Gaza, Amichai Chikli, 42 ans, impétueux ministre du Likoud au sein du gouvernement israélien, a été invité à la Knesset, le parlement israélien, pour expliquer aux législateurs ce qui pouvait être fait face à la montée des manifestations anti-guerre des jeunes aux États-Unis, en particulier dans les universités d’élite.

« Je l’ai déjà dit et je le répète, je pense que nous devrions, surtout aux États-Unis, passer à l’offensive », a déclaré Chikli.

Depuis, Chikli a mené une campagne ciblée pour contrer les critiques à l’encontre d’Israël. Le Guardian a découvert des preuves montrant comment Israël fait renaître une structure controversée dans le cadre d’une vaste campagne de relations publiques visant les campus universitaires américains afin de redéfinir l’antisémitisme dans la législation américaine.

Quelques secondes après la fin d’un signal d’alarme pendant son audition, Chikli a assuré que le budget prévoyait de nouveaux fonds destinés à une campagne de riposte, distincte des relations publiques plus traditionnelles et de la publicité financée par le gouvernement. Cette campagne compte 80 programmes déjà en cours pour des actions de sensibilisation « menées à la manière de Concert », a-t-il déclaré.

Le terme « Concert » désigne le lancement d’un programme tentaculaire controversé du gouvernement israélien, initialement connu sous le nom de Kela Shlomo, conçu pour mener ce qu’Israël appelle des « activités de sensibilisation à grande échelle » destinées principalement aux États-Unis et à l’Europe. Concert, désormais connu sous le nom de Voices of Israel [Les Voix d’Israël, NdT], collaborait auparavant avec des organismes menant campagne pour faire adopter des lois d’état dites « anti-BDS », [ BDS : boycott, désinvestissement, sanctions, NdT] destinées à pénalise les Américains participant à des boycotts ou manifestations non violentes contre d’Israël.

Son dernier épisode en date s’inscrit dans une stratégie musclée et parfois secrète du gouvernement israélien visant à contrer les manifestations d’étudiants, les organisations de défense des droits humains et d’autres voix dissidentes.

Les dernières activités de Voices ont été menées par l’intermédiaire d’organisations à but non lucratif et d’autres organismes qui, souvent, ne divulguent pas les informations relatives à leurs donateurs. D’octobre à mai, Chikli a supervisé des dépenses à hauteur d’au moins 32 millions de shekels, soit environ 8 millions d’euros, dédiés à la défense des intérêts du gouvernement afin de recadrer le débat public.

Rapidement, une victoire éclatante a été remportée par l’un des groupes de pression américains travaillant en étroite synergie avec le ministère de Chikli, l’Institute for the Study of Global Antisemitism and Policy, ou ISGAP (Institut pour l’étude de l’antisémitisme mondial et de la politique).

En décembre, lors d’une audition au Congrès, largement suivie, concernant l’antisémitisme présumé des étudiants manifestant contre la guerre, plusieurs législateurs Républicains de la Chambre des représentants ont explicitement cité les recherches de l’ISGAP dans leurs questions aux présidents d’université. L’audition s’est terminée par la confrontation devenue virale de la représentante Elise Stefanik avec la présidente de l’université de Harvard de l’époque, Claudine Gay, qui s’est ensuite retirée de ses fonctions après une avalanche médiatique négative.

Lors d’un événement organisé le 7 avril au Palm Beach Country Club, l’ISGAP, qui aurait reçu la majorité de son financement en 2018 de l’agence israélienne qui dirigeait Concert, s’est félicité de son coup d’éclat en matière de relations publiques au Congrès

Elise Stefanik interroge des dirigeants d’université lors d’une audition sur l’antisémitisme à Washington le 5 décembre 2023. Photo : Ken Cedeno/Reuters

« Toutes ces auditions sont le fruit de notre rapport voulant que toutes ces universités, à commencer par Harvard, reçoivent beaucoup d’argent du Qatar », a fanfaronné Natan Sharansky, un ancien membre de la Knesset israélienne (MK) qui a occupé la fonction de Chikli et qui préside aujourd’hui l’ISGAP. Sharansky a déclaré aux partisans rassemblés que les remarques de Stefanik avaient été vues par un milliard de personnes.

L’ISGAP a continué à influencer les enquêtes du Congrès sur les universités qui prétendent que les manifestations contre le bilan d’Israël en matière de droits humains sont motivées par l’antisémitisme, et l’organisation s’est fortement impliquée dans la campagne visant à faire adopter de nouvelles lois qui redéfinissent l’antisémitisme pour y inclure certaines formes de discours critiques à l’égard de la nation d’Israël.

D’autres groupes américains liés à Voices ont lancé une série d’initiatives visant à renforcer le soutien à l’État d’Israël. L’un de ces groupes, officiellement qualifié de partenaire, le National Black Empowerment Council (NBEC), a publié une lettre ouverte de politiciens Démocrates Noirs s’engageant à être solidaires d’Israël. Un autre groupe, CyberWell, un groupe pro-israélien anti-désinformation dirigé par d’anciens responsables du renseignement militaire israélien et de Voices, s’est positionné comme « partenaire de confiance » officiel auprès des plateformes TikTok et Meta, pour aider les deux plateformes sociales à filtrer et à éditer des contenus. Un récent rapport de CyberWell a demandé à Meta de supprimer le slogan en vogue « Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre. »

À l’aube de la guerre à Gaza, après les attaques terroristes du 7 octobre 2023 menées par le Hamas, la firme qui avait à l’origine été créée avec le soutien du ministère des Affaires stratégiques, aujourd’hui supprimé, a été relancée pour la troisième fois. Cette réorganisation a été révélée pour la première fois dans un document budgétaire peu remarqué publié par le gouvernement israélien le 1er novembre, qui indiquait que Voices aller geler toutes ses campagnes en cours afin de se consacrer au soutien aux activités liées à « gagner la guerre relative à la version israélienne de l’histoire. »

L’organisation est désormais placée sous l’administration de Chikli, ministre israélien des Affaires de la diaspora.

« On peine à trouver un parallèle quant à l’influence d’un pays étranger sur le débat politique américain. » Eli Clifton, du Quincy Institute for Responsible Statecraft (Institut Quincy pour Responsible Statecraft).

Haaretz et le New York Times ont récemment révélé que le ministère de Chikli s’était adjoint les services d’une société de relations publiques pour exercer secrètement des pressions sur les législateurs américains. Celle-ci s’est servi de centaines de faux comptes publiant des contenus pro-israéliens ou anti-musulmans sur X (anciennement Twitter), Facebook et Instagram. (Le ministère des Affaires de la diaspora a nié toute implication dans cette campagne, qui aurait versé environ 2 millions de dollars à une société israélienne pour les publications sur les réseaux sociaux).

Mais cette initiative n’est que l’une des nombreuses campagnes de ce type coordonnées par le ministère, qui n’a fait l’objet que d’une couverture médiatique limitée. Le ministère des Affaires de la diaspora et ses partenaires compilent des rapports hebdomadaires à partir d’informations fournies par des groupes d’étudiants américains pro-Israël, dont certains sont financés par des sources gouvernementales israéliennes.

Par exemple, Hillel International, cofondateur du réseau Israel on Campus Coalition [ Coalition d’Israël sur les campus, NdT] qui est aussi l’un des plus grands groupes universitaires juifs au monde, a fait état d’un soutien financier et stratégique de Mosaic United, une organisation d’utilité publique soutenue par le ministère dirigé par Chikli. Ce partenariat de longue date est désormais mis à profit pour orienter le débat politique relatif à la guerre d’Israël. En février, le directeur général de Hillel, Adam Lehman, s’est présenté devant la Knesset pour exposer le partenariat stratégique avec Mosaic et le ministère des Affaires de la diaspora, qui, selon lui, a déjà produit des résultats.

“We are changing administrations. Just last week, MIT, the same president who was lambasted in front of Congress, took the step of fully suspending her Students for Justice in Palestine chapter for crossing lines, and for creating an unwelcoming environment for Jewish students,” said Lehman, referencing the president of the Massachusetts Institute of Technology, Sally Kornbluth.

« Nous assistons à un changement d’administration. Ne serait-ce que la semaine dernière, au MIT, cette même présidente qui avait été critiquée devant le Congrès a pris la décision de suspendre totalement sa section « Étudiants pour la justice en Palestine » pour avoir franchi les limites et créé un environnement peu accueillant pour les étudiants juifs », a déclaré Lehman, faisant référence à la présidente du Massachusetts Institute of Technology, Sally Kornbluth.

Hillel International, CyberWell, le NBEC, le ministère israélien des Affaires de la diaspora et Voices of Israel/Concert n’ont pas répondu à nos demandes de commentaire.

Le présent rapport d’enquête a passé en revue les récentes auditions gouvernementales, les déclarations d’entreprises israéliennes, les documents relatifs aux marchés publics et d’autres documents publics. Alors que les particuliers et les fondations financent surtout nombre des organisations qui défendent les intérêts d’Israël, très probablement sans directives étrangères, les documents indiquent une implication non négligeable du gouvernement israélien dans la politique américaine concernant la guerre à Gaza, la liberté d’expression sur les campus universitaires et la politique israélo-palestinienne.

« Il y a actuellement une obsession qui consiste à contrôler le discours américain sur les relations entre les États-Unis et Israël, même sur les campus universitaires, et ce, depuis Israël, et cela va jusqu’au Premier ministre Netanyahou », a déclaré Eli Clifton, conseiller principal à l’Institut Quincy pour Responsible Statecraft. « On peine à trouver un parallèle quant à l’influence d’un pays étranger sur le débat politique américain. »

Aucun des groupes identifiés dans cet article n’est enregistré au titre de la loi Foreign Agents Registration Act, Fara, sur l’enregistrement des agents étrangers. Cette loi oblige les groupes recevant un financement ou des directives depuis des pays étrangers à communiquer au ministère américain de la justice toute information publique..

Lara Friedman, présidente de la Fondation pour la paix au Moyen-Orient, a déclaré : « Implicitement, on part du principe qu’il n’y a rien de bizarre à considérer les États-Unis comme une sorte de champ libre où Israël peut opérer, qu’il n’y a pas de limites. »

Une grande partie de ce que l’on savait déjà sur Concert a été initialement rapportée par Forward, un média juif américain, et Seventh Eye, un site d’information d’investigation indépendant basé en Israël. L’histoire de Concert remonte à 2017, lorsque le ministère des Affaires stratégiques a commencé à élaborer un programme visant à mener des campagnes secrètes destinées à faire basculer l’opinion publique. Les autorités ont alors imaginé un vecteur « extra-gouvernemental » pour « apporter une réponse rapide et concertée aux tentatives de ternir l’image d’Israël dans le monde entier. »

Avec Concert, le ministre de l’époque, Gilad Erdan, avait imaginé un « commando de relations publiques » capable de lancer secrètement sur les réseaux sociaux des campagnes à grande échelle de dénonciation de célébrités qui critiquaient le gouvernement israélien. Des documents internes obtenus par Seventh Eye ont montré que de nombreux bénéficiaires des fonds de Concert étaient des organisations sionistes chrétiennes américaines, telles que Christians United for Israel, Proclaiming Justice to the Nations et Israel Allies Foundation.

Gilad Erdan s’exprime à l’ONU à New York le 18 avril 2024. Photographie : Eduardo Muñoz/Reuters

L’un des plus grands bénéficiaires américains était l’ISGAP, qui aurait reçu au moins 445 000 dollars, un montant équivalent à 80 % de son revenu total en 2018, dans le cadre d’une promesse de don de 1,3 million de dollars à l’organisation. Le Dr Charles Small, directeur exécutif de l’ISGAP, a contesté ces chiffres lorsqu’il a été interrogé par Forward, bien qu’il ait tenu des propos contradictoires auprès d’un média canadien.

Small a précédemment affirmé que l’ISGAP n’avait pas besoin d’être enregistrée auprès de la Fara parce que son organisation bénéficiait de l’exemption académique prévue par la loi, qui permet aux organisations de recevoir des fonds étrangers tant qu’elles ne s’engagent pas dans des activités de lobbying politique. Pourtant, Yale, qui a déjà hébergé le groupe, a fermé le précurseur de l’ISGAP en 2011 en raison d’inquiétudes concernant sa rigueur scientifique.

L’année dernière, la générale de brigade Sima Vaknin-Gill, ancienne officière de renseignement et agente de liaison avec Concert au sein du gouvernement israélien, est devenu directrice générale de l’ISGAP.

En janvier, Vaknin-Gill et Small ont témoigné devant une commission de la Knesset qui débattait de la réponse appropriéeà apporter aux critiques à l’encontre d’Israël. Au cours de la déposition, plusieurs témoins ont évoqué la nécessité d’encourager les pays à adopter la définition de l’antisémitisme selon l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, qui assimile à l’antisémitisme les critiques acerbes d’Israël et l’antisionisme, y compris les affirmations selon lesquelles l’État d’Israël est une « entreprise raciste. »

De nombreuses critiques, tant à gauche qu’à droite, se sont élevées contre la définition de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), qui, selon elles, bafoue le Premier amendement en limitant la possibilité de critiquer une entité gouvernementale et brandit les considérations relatives à l’antisémitisme comme une arme pour pénaliser les personnes qui critiquent la politique israélienne.

Mais les intervenants ont clairement indiqué que la définition de l’IHRA devrait constituer une priorité stratégique pour l’État d’Israël.

« Le Mouvement de lutte contre l’antisémitisme s’est fait le champion de la définition de l’IHRA », a fait remarquer Vaknin-Gill, en faisant référence à un partenaire de financement occulte de l’ISGAP, de Concert et du ministère des Affaires de la diaspora, qui verse de l’argent sale. (Le Combat Antisemitism Movement est présidé par Sharansky ; Vaknin-Gill est membre du conseil d’administration). « Nous nous sommes recentrés sur le travail au niveau local, a déclaré Vaknin-Gill. Il nous a semblé beaucoup plus facile de travailler avec les maires et les États et de donner corps à la définition. »

En janvier, le gouverneur de Géorgie, Brian Kemp, a signé une loi révisant la législation géorgienne sur les crimes de haine afin d’y inclure la définition de l’antisémitisme de l’IHRA, ce qui permet d’alourdir les peines d’emprisonnement pour certaines critiques à l’égard d’Israël. La Caroline du Sud et le Dakota du Sud ont fait de même en adoptant des lois similaires au cours des derniers mois. Un autre projet de loi connexe en Floride, HB 187, a été adopté par les deux chambres de la législature de l’État et attend la signature du gouverneur, Ron DeSantis. Des courriels obtenus dans le cadre d’une demande de documents montrent que Kennedy Starnes, un fonctionnaire du ministère israélien des Affaires étrangères, a correspondu avec la sénatrice de l’État, Lori Berman, au sujet de la législation.

Sima Vaknin-Gill à Tel Aviv en 2015. Photographie : Nir Elias/Reuters

Le Congrès est allé de l’avant en proposant une législation IHRA similaire. Le mois dernier, la Chambre des représentants a adopté un projet de loi qui intègre la définition de l’antisémitisme de l’IHRA dans les normes du ministère de l’Education. S’il est adopté par le Sénat et promulgué, une loi permettra au gouvernement fédéral de suspendre le financement des établissements d’enseignement supérieur ou d’engager des poursuites pour violation des droits civils à l’encontre des universités qui autorisent certaines critiques à l’encontre d’Israël.

Small a également témoigné lors de multiples auditions à la Knesset, informant les législateurs israéliens de la stratégie de l’ISGAP et de sa lutte pour infléchir le discours sur les campus universitaires.

« Il s’agit d’un moment unique où nous devons accroître notre pouvoir dans des proportions historiques par rapport à l’histoire du peuple juif », a déclaré Small lors de l’audition de janvier. « Et de l’État d’Israël. Il nous faut tous les outils dont ce dernier dispose. » Le mois précédent, il avait témoigné lors d’une autre audition à la Knesset, au cours de laquelle il avait affirmé que l’organisation étudiante Students for Justice in Palestine représentait les « forces armées » des Frères musulmans.

Le mois dernier, Small a rencontré des membres de la commission de surveillance de la Chambre des représentants lors d’une réunion d’information à huis clos sur la question, peu avant que les Républicains de la Chambre n’intensifient leur enquête sur les sources de financement des groupes pro-palestiniens sur les campus. L’ISGAP a également affirmé que le financement qatari du cursus médical de l’université de Cornell avait contribué à influencer les inquiétudes des étudiants concernant le nombre de civils tués par l’armée israélienne à Gaza.

Lors de la rencontre de Palm Beach en avril, Small a affirmé que « l’intersectionnalité est en fait un concept que nous pouvons utiliser » pour « combattre un milliard de musulmans et tous les libéraux du monde occidental », un concept qu’il a appelé « tai chi ». Small a proposé une ligne argumentaire affirmant que l’islam politique « veut tuer les juifs, soumettre les femmes et tuer tous les homosexuels.»

Ni le financement recherche étranger de l’ISGAP ni son site Internet ne révèlent les liens financiers antérieurs de l’organisation avec Israël. Les observateurs notent que les demandes d’exemption académique à Fara ne sont peut-être pas justifiées pour une organisation telle que l’ISGAP qui collabore avec le gouvernement israélien et mène des actions de lobbying auprès du Congrès.

« Bien qu’il existe plusieurs exemptions à l’enregistrement selon la loi Fara, presque toutes les exemptions sont caduques si une personne ou un groupe cherche à influencer la politique et l’opinion publique américaines sur proposition ou à la demande du gouvernement étranger », a déclaré Craig Holman, expert en règles de lobbying auprès de Public Citizen.

Bien que l’on ne connaisse pas toute l’étendue de l’influence du gouvernement israélien sur les institutions américaines, les débats de la Knesset offrent une fenêtre sur la stratégie israélienne et les interactions avec les groupes de pression américains.

La Knesset a organisé plusieurs auditions avec des organisations juives américaines pour envisager une coordination. Margarita Spichko, fonctionnaire du ministère des Affaires de la diaspora de Chikli, a déclaré en décembre que son bureau publiait un rapport hebdomadaire basé sur les informations recueillies auprès de partenaires aux États-Unis, y compris Hillel.

Hadas Lorber, qui travaillait alors en tant qu’assistante du conseil de sécurité nationale d’Israël, a indiqué au cours de la même audition que le bureau du Premier ministre avait rencontré régulièrement des groupes basés à Washington dans le cadre d’une « tentative honnête pour déterminer comment nous pouvons combattre l’antisémitisme, améliorer la législation présentée aux différents membres du Congrès, promouvoir aux États-Unis des lois qui lutteront contre l’antisémitisme et seront efficaces sur les campus ».

En mars, la Knesset a réuni les dirigeants des principaux groupes pro-israéliens du monde entier pour faire le point sur les activités liées à la guerre. Lors de l’audition, les législateurs ont pressé les groupes de défense d’expliquer comment ils s’opposaient aux manifestations sur les campus. Meir Holtz, président de Mosaic United, a indiqué lors de l’audition que le gouvernement israélien investirait cette année 48 millions de shekels, soit environ 12 millions d’euros, en faveur de son organisation pour la sensibilisation des campus.

Le mois dernier, Alon Lavi, représentant du ministère israélien des Affaires étrangères, a exhorté les membres de la Knesset à continuer de soutenir financièrement les campagnes liées à la politique américaine et au monde universitaire. Il a prévenu que l’État d’Israël ne pouvait pas prendre la tête de cette campagne et qu’il devait plutôt s’appuyer sur les organisations non gouvernementales et la société civile au sens large.

« Il nous faut former des coalitions avec des éléments à l’intérieur qui veulent nous aider, et une partie de cela consiste à mobiliser les responsables, la direction de l’université, la direction des étudiants, les maires, les députés à l’échelon local dans les États et les villes », a déclaré Lavi.

L’un des législateurs présents à l’audition, le député Meir Cohen, ne s’est pas laissé impressionner. « Je n’ai pas l’impression que nous soyons dans l’urgence », a déclaré Cohen, précisant que les projets de budget du ministère ne représentaient pas grand-chose.

« Si vous le permettez, Représentant Cohen, je suis tout à fait d’accord avec vous », a répondu Ron Brummer, un représentant du ministère des Affaires de la diaspora qui travaille en étroite collaboration avec Chikli. « Nous avons besoin de 300 millions de shekels, pas de 30 millions de shekels. »

Cet article a été modifié le 3 juillet 2024 pour inclure une réponse de CyberWell reçue après la publication.