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jeudi 12 septembre 2024

Comment Israël a aidé à la mise en place – et continue de soutenir – le régime brutal de la Guinée équatoriale

 SOURCE SECONDAIRE: https://www.les-crises.fr/comment-israel-a-aide-a-la-mise-en-place-et-continue-de-soutenir-le-regime-brutal-de-la-guinee-equatoriale/

Israël a aidé de nombreuses dictatures impitoyables. Mais il est encore difficile de comprendre son rôle en Guinée équatoriale.

Source : Haaretz, Eitay Mack
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le premier président de la Guinée équatoriale, Francisco Macías Nguema, sur une photo non datée. « Schizophrène et aux réactions imprévisibles », selon un diplomate américain. Crédit : Sigfrid Casals/Cover/Getty Images

La République de Guinée équatoriale, petit pays situé sur la côte ouest de l’Afrique et peuplé d’environ 1,5 million d’habitants, est l’une des dictatures les plus connues au monde. Depuis que le pays s’est libéré de la domination coloniale espagnole et qu’il a obtenu son indépendance le 12 octobre 1968, la Guinée équatoriale est un État policier brutal qui ne respecte aucun des droits humains et civils, même les plus élémentaires. Les gens sont régulièrement arrêtés sans aucune forme de procès et les militants des droits humains, les journalistes, les personnalités de l’opposition ou toute autre personne que les forces de sécurité considèrent comme faisant partie de ces catégories courrent le risque d’être torturés, voire assassinés. La liberté d’expression, la liberté de la presse et la liberté d’association y sont inexistantes. Le président du pays, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, est le plus ancien dictateur au monde. Il est au pouvoir depuis 1979, date à laquelle il a déposé son oncle, Francisco Macías Nguema, lors d’un coup d’État sanglant.

Et donc, comment la Guinée équatoriale est-elle devenue l’un des meilleurs amis d’Israël en Afrique, annonçant même, en 2021, son intention de transférer son ambassade à Jérusalem ? L’une des raisons possibles est que la Guinée équatoriale est l’un des cinq plus grands exportateurs de pétrole d’Afrique, ce qui lui confère un intérêt économique aux yeux d’Israël. Mais des dossiers déclassifiés du ministère des affaires étrangères révèlent qu’Israël a soutenu le gouvernement de la Guinée équatoriale des décennies avant de devenir dépendant de son pétrole, et que déjà alors, Israël a contribué à la mise en place de l’infrastructure de son État policier.

Israël a adopté cette ligne de conduite en dépit d’un nombre incalculable d’éléments indiquant que le président Macías n’était pas sain d’esprit et qu’il souffrait de paranoïa et de schizophrénie. Dans le but d’obtenir le soutien de la Guinée équatoriale dans les forums internationaux, Israël n’a tenu aucun compte de l’état mental de Macías et de sa cruauté à l’encontre de ses opposants réels ou supposés.

Selon des câbles du ministère des affaires étrangères, qui sont maintenant accessibles depuis deux ans, Israël n’a apparemment pas fourni d’armes aux forces de sécurité de Macías, son régime n’avait pas les moyens de les payer et disposait de toute façon de suffisamment de fusils laissés derrière eux par les colonisateurs espagnols. En revanche, Israël a aidé le président dans ce qui était le plus important pour lui : la formation et la réorganisation des forces de sécurité intérieure, qui étaient dans un état de délabrement total après le départ de tout le réseau de commandement espagnol. Si Israël n’a aucun intérêt à donner des armes gratuitement, l’envoi de consultants et de formateurs est considéré comme un « cadeau » bon marché, puisqu’il suffit de payer les salaires de ceux-ci et de leur verser quelques indemnités.

Voilà comment, dans une revue du ministère des affaires étrangères en septembre 1986, les années du président Macías ont été résumées, sans qu’il soit fait mention de l’aide israélienne apportée pour l’aider à établir son État policier : « La Guinée équatoriale, lointaine colonie espagnole, n’a obtenu son indépendance qu’en 1968, mais quelques mois plus tard, Macías, élu, prenait le pouvoir. […] Le régime de terreur meurtrier a réduit la population (selon les estimations) d’un tiers, le pays est devenu l’un des pays les plus arriérés d’Afrique. »

Macías a chaleureusement remercié Israël pour son aide. Un câble envoyé au ministère des Affaires étrangères le 3 juin 1969 par Shlomo Havilio, l’ambassadeur au Cameroun, également accrédité auprès de la Guinée équatoriale, note que le président « a insisté sur sa plus chaleureuse amitié à l’égard d’Israël, il comprend l’importance de notre lutte contre les Arabes et il est de notre côté ». Dans un câble envoyé à Jérusalem en mars 1970, le successeur de Havilio, le Dr. Shaul Levin, rapporte qu’il a rencontré Macías, qui lui a fait part de sa confiance en déclarant : « Les liens d’amitié qui nous unissent continueront à se renforcer autant qu’il en aura besoin, comme le prouve notre volonté de l’aider à o;rganiser ses forces armées. »

Levin a écrit que « Macías a bondi de sa chaise, m’a serré dans ses bras et m’a embrassé à plusieurs reprises, en disant : « Vous savez, Israël est notre ami le plus sincère et le plus loyal, nous savons que vous ne prêterez jamais main forte à des manigances à notre encontre. Il a ajouté : Chaque nuit, je prie pour le bien d’Israël. » Dans le même câble, l’ambassadeur note qu’il a également rencontré un représentant des Etats-Unis sur place, qui lui a confié : « Le régime impose la terreur et la police fait un carnage dans les rues. »

Le président déchu Francisco Macías Nguema, lors de son procès, le 10 avril 1979. Il a été exécuté le même jour et son neveu a pris sa place. Credit : AFP

Les accolades et les baisers du président s’expliquent apparemment par l’extrême paranoïa dont il souffre, celle-ci le pousse à croire que d’innombrables complots visant à le destituer se tramaient et que seul Israël était prêt à l’aider à les déjouer. Dans deux câbles adressés au ministère des Affaires étrangères en 1969, Havilio rapporte que, selon Macías, une tentative de coup d’État ratée contre lui avait été préparée le 4 mars de cette année-là par le ministre des Affaires étrangères du pays. C’est ce qui a servi de prétexte au président pour liquider physiquement « ses principaux rivaux », dont l’ambassadeur du pays auprès des Nations unies, « mort sous la torture », le ministre des affaires étrangères lui-même et « des dizaines, voire des centaines de prisonniers politiques, parmi lesquels la plupart des membres du personnel du ministère des affaires étrangères ».

Le 25 février 1970, un câble de l’ambassadeur Levin indique que le président Macías prétend qu’il y a eu une nouvelle tentative de coup d’État à son encontre et qu’il a renforcé la « surveillance policière » ; il serait sujet à de « fréquentes sautes d’humeur » et aurait apparemment fait une « crise de nerfs ». Deux semaines plus tard, le 6 mars, un conseiller de l’ambassade d’Israël à Washington, Yohanan Bein, rapporte à Jérusalem que le directeur adjoint de la section Afrique de l’Ouest du Département d’Etat lui a dit que Macías était « schizophrène et avait des réactions imprévisibles ». Il a ajouté que le président de la Guinée Équatoriale avait accusé le New York Times d’être « un journal fasciste dirigé par des Juifs dans un pays fasciste ».

Yaakov Keinan, représentant de l’ambassade d’Israël au Cameroun, pays voisin, a informé Jérusalem dans un câble du 18 mai 1970 que l’ambassadeur de Guinée équatoriale au Cameroun lui avait fait savoir que « le président n’est pas sain d’esprit et gouverne sa population et son administration en tyran ». Six mois plus tard, le 23 novembre 1970, l’ambassadeur Levin informe le ministère des Affaires étrangères que « l’état mental du président Macías est proche de la dépression nerveuse et il souffre d’un délire de persécution ». S’en sont suivies des arrestations en masse, cette fois au sein de sa propre tribu, et de nombreux ministres et gouverneurs de district ont également été emprisonnés, tout cela en raison de la défiance pathologique du chef de l’État.

Le 17 septembre 1971, l’ambassadeur d’Israël au Congo, Haïm Yaari, rapporte au ministère des Affaires étrangères que l’ambassadeur américain lui a dit que Macías souffrait de « paranoïa » et qu’il « pense que des complots divers et variés sont ourdis pour l’assassiner ou le déposer, il est de plus convaincu que des diplomates étrangers en sont également à l’origine ». Dans la foulée, « des personnes sont arrêtées, torturées et exécutées sans jugement […] En fait, personne ne reste fidèle à Macías, mais son système de terreur ne permet pas actuellement de le déposer ou de le liquider ».

Loin de considérer les rapports sur l’état mental du président comme un signal d’alarme, Israël y a vu une opportunité. Dans un câble daté du 28 mars 1969, l’ambassadeur Havilio déclare que Macías a demandé une aide immédiate à Israël « pour préparer une force de police destinée à maintenir l’ordre ». Six semaines plus tard, le 13 mai, Havilio recommande à Israël d’accéder à cette demande, car une telle aide « revêt une dimension pragmatique et psychologique qui dépassera de loin tout autre aspect du point de vue de nos relations avec le président ».

À cette fin, le mois suivant, Israël a envoyé en Guinée équatoriale un officier de police ayant le grade de commandant pour préparer une étude sur l’état des forces de sécurité intérieure du pays. L’officier a formulé des recommandations pour réorganiser celles-ci et renforcer encore le contrôle du président, en lui transférant la responsabilité de toutes les enquêtes de police, lesquelles étaient jusqu’alors partiellement supervisées par le ministère de l’intérieur. Il a également préconisé qu’Israël apporte son aide à la réorganisation, la formation et l’équipement de l’unité de contrôle aux frontières, ainsi qu’à la modernisation de la garde présidentielle, de la police et de la garde nationale.

Le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo lors de la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance de son pays, en 2018. Crédit : Arda Kucukkaya/Anadolu via AFP

Au terme de discussions menées à Jérusalem à la fin de 1969, il a été décidé d’envoyer dans le pays une équipe de six personnes (comptant des représentants de la police, de l’armée, du service de sécurité Shin Bet et du Mossad) pour jouer le rôle de conseillers et d’instructeurs, mais aussi un officier supplémentaire « pour réorganiser la Garde présidentielle » et fournir à la police du matériel de communication, à la Garde présidentielle quelques jeeps et motos ainsi que quelques armes, en plus de formations policières dispensées en Israël. En fin de compte, selon les câbles, alors que les missions de formation et de conseil ont été menées à bien, les seuls équipements que Macías a reçus sont deux Jeeps Land Rover et six motos Honda arborant des logos de la police et de l’équipement, le tout accompagné d’uniformes et de bérets au bénéfice de 120 officiers de police. En mai 1970, Israël a approuvé une mission de deux ans d’un commandant de police auprès de la Guinée équatoriale, afin d’agir en tant que conseiller et de « constituer » une force de police locale.

En octobre 1973, au lendemain de la guerre du Kippour, la Guinée équatoriale a rejoint la plupart des autres pays du continent africain en rompant ses relations avec Israël. Cependant, entre 1979 et 1985, la Guinée équatoriale a décidé de s’absenter ou de s’abstenir lors des votes des Nations unies concernant Israël, plutôt que de voter contre, ce qui a constitué une évolution positive du point de vue d’Israël. En mai 1985, des négociations officielles ont été entamées afin de renouer les relations bilatérales ; à ce moment-là, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo était le dirigeant du pays, ayant renversé son oncle, Macías, six ans plus tôt. Israël était parfaitement au courant du fait que ce dernier était également un dictateur. Selon un profil dressé par le ministère des affaires étrangères et datant de 1986, Obiang dirigeait le pays avec l’aide d’un Conseil militaire suprême et jouissait du pouvoir de promulguer des ordonnances légales ; la Cour suprême ne constituait qu’un simple organe consultatif, et il était interdit d’organiser des partis.

Le 16 mai 1986, Yitzhak Tzarfati, ambassadeur d’Israël au Congo, arrive à Malabo, capitale de la Guinée Equatoriale, pour une première rencontre avec le président Obiang. Le président, a-t-il rapporté dans un câble adressé au ministère des Affaires étrangères, a demandé à Israël de fournir une aide, dans le prolongement de laquelle « les relations diplomatiques se développeront tout naturellement ». Un mois plus tard, le président Chaim Herzog a envoyé à Obiang un message personnel à l’occasion de son anniversaire, célébré comme « fête nationale » dans le pays. En juin 1986, le ministre des affaires étrangères de la Guinée équatoriale s’est rendu en Israël et a rencontré le premier ministre et ministre des affaires étrangères par intérim, Shimon Peres. À sa demande de soutien israélien pour développer les infrastructures dévastées de son pays et pour obtenir une aide militaire, Peres a répondu qu’Israël enverrait une délégation en Guinée équatoriale pour en étudier la faisabilité.

Les câbles et les dossiers du ministère des affaires étrangères qui ont suivi sont encore classifiés, cependant les relations ont été renouées et Israël est devenu le principal protecteur du régime du président Obiang, lequel interdit toute activité d’opposition. Sous Obiang, la majorité des citoyens du pays vivent dans une pauvreté abjecte, tandis qu’une petite élite profite des bénéfices du pétrole.

Ce sont ces bénéfices qui ont permis à la Guinée équatoriale d’acheter des armes à Israël. En juin 2005, Yossi Melman a révélé dans Haaretz que des marchands d’armes et des sociétés de sécurité israéliennes négociaient un contrat de formation de la Garde présidentielle. Trois ans plus tard, l’émission télévisée d’investigation « Uvda » (Les Faits) révélait qu’Israël avait vendu des bâtiments de guerre, corvettes et patrouilleurs à la Guinée équatoriale. L’agence d’information officielle du pays a confirmé en 2011 que des Israéliens avaient formé des soldats des forces terrestres de l’armée. Le 17 janvier 2018, Guy Lieberman a rapporté dans Yedioth Ahronoth que le ministère israélien de la Défense avait également approuvé la vente à ce pays de dispositifs de défense pour équiper les avions, d’un système de surveillance des téléphones portables, de véhicules blindés, de munitions, de véhicules de dispersion des foules, de fusils, d’uniformes et de tentes – à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros. On a également appris que d’anciens membres des unités de combat des forces de défense israéliennes avaient formé des unités d’élite de l’armée et de la police du régime.

Selon des informations provenant de sources et de publications officielles du régime de Guinée équatoriale à partir de 2020, des citoyens israéliens ont non seulement formé les forces de sécurité, mais ont également servi en personne dans la garde présidentielle tout en portant des armes de fabrication israélienne. À la mi-juillet 2021, Teodoro Nguema Obiang Mangue, premier vice-président de la Guinée équatoriale et fils du président, dont les responsabilités incluent la défense et la sécurité nationales, s’est rendu en Israël. Le gouvernement de Naftali Bennett et Yair Lapid a profité de cette visite pour annoncer en grande pompe que la Guinée équatoriale avait décidé de transférer son ambassade à Jérusalem. Sans surprise, la contrepartie de cette décision s’est avérée être un nouvel accord portant sur des armes létales et des services de sécurité. (L’ambassade reste pour l’instant à Herzliya).

Le régime de Guinée équatoriale a déclaré que l’essentiel de la visite et de l’accord signé concernait l’aide israélienne en matière de sécurité militaire et intérieure, ajoutant que le deuxième jour de sa visite, le vice-président et son équipe avaient tenu des « réunions de travail » dans des entreprises de sécurité en Israël, y compris des entreprises qui fabriquent des drones « suicides ». Le 27 avril 2023, le régime de Guinée équatoriale a de nouveau publié des informations concernant les formations dispensées par des Israéliens. Le même jour, le vice-président Nguema a effectué une visite sur une base militaire en Guinée équatoriale et a pu observer comment des Israéliens entraînaient les forces spéciales de son pays au tir de précision et au combat tactique.

Israël a donc été le protecteur du régime du président Macías, est aujourd’hui le protecteur du régime du président Teodoro Obiang et sera probablement aussi le protecteur du régime de son fils, Teodoro Nguema, si et quand il prendra la succession de son père.

Eitay Mack, avocat israélien est militant des droits humains, et il a sans succès tenté de mettre un terme à la formation militaire dispensée par Israël et à ses exportations vers la Guinée équatoriale.

Source : Haaretz, Eitay Mack, 09-08-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

 

 

mercredi 11 septembre 2024

La OTAN está levantando una base aérea descomunal en Europa. Su ubicación es clave, y hace frontera con Ucrania


Mientras el asedio de Rusia a Ucrania continúa, la OTAN está construyendo una base que supera en mucho a la base aérea de Ramstein 

Miguel Jorge

La situación en Europa en clave militar está siendo, cuanto menos, convulsa. De hecho, la guerra de Ucrania y la incertidumbre de Trump parecían estar empujando al viejo continente a recuperar vestigios del pasado como la mili, o servicio militar obligatorio. Lo cierto es que Putin no está dando tregua en su cruzada con Ucrania y, mientras tanto, no muy lejos de allí, una pequeña población de Rumania se está convirtiendo en una base aérea descomunal.

Primero fue Ramstein. Durante la Guerra Fría, EEUU tenía fijada a la Unión Soviética desde sus bases en Alemania Occidental. Una de estas instalaciones, Ramstein, sigue siendo el centro neurálgico de la OTAN, con unos 50.000 efectivos con sus familias alojadas en la zona circundante de Renania.

Sin embargo, en poco tiempo dejará de ser el espacio principal de la armada aérea. En el transcurso de las próximas dos décadas, otra base en el este de Rumania superará a Ramstein (hasta un 17% más grande), absorbiendo miles de hectáreas de tierras agrícolas para convertirse en la base más grande e imponente de la OTAN en Europa.
Si China o Rusia cortan alguno de los cables submarinos, el internet caería: la OTAN tiene un plan para evitarlo

La base aérea MK. Conocida como la Base Aérea de Mihail Kogălniceanu (un político local), el enclave es una instalación militar ubicada en Rumania. Esta base ha ganado relevancia en los últimos años debido a su papel estratégico en la región, especialmente en el contexto de la OTAN y las relaciones militares entre Estados Unidos y Rumania.

Se encuentra cerca de la ciudad de Constanza, en la costa del Mar Negro, y ha sido utilizada tanto por las Fuerzas Armadas de Rumania como por fuerzas estadounidenses (desde 1999) y de la OTAN. Su ubicación es considerada clave debido a su proximidad a zonas de interés geopolítico, como el mismo Mar Negro y la región de Europa del Este. Además, también se ha utilizado como punto de tránsito para tropas y suministros, especialmente en el contexto de operaciones militares en el Medio Oriente y otras regiones cercanas.

El gran cambio. La transformación de esta base aérea en una especie de fortaleza de la OTAN, una que pueda albergar a 10.000 soldados y bombarderos estadounidenses con capacidad nuclear, se concibió inicialmente como una respuesta a los ataques rusos a Georgia en 2008 y Crimea en 2014, pero el proyecto ha adquirido si cabe mayor importancia desde la invasión total de Ucrania en 2022.

Todo lo necesario. Según le explicó hace unos días a Euronews Nicolae Crețu, el comandante de la base aérea, la instalación ampliada requeriría "hangares de mantenimiento, depósitos de combustible, municiones, equipos, materiales técnicos de aviación, simuladores, instalaciones de alimentación, alojamiento. Todo lo que se necesita para apoyar la operación y las misiones de una base de este tamaño", dijo.

Hablamos de un proyecto de 2.700 millones de dólares donde hay un portaaviones insumergible en el Mar Negro con una segunda pista que se construye en medio de una meseta montañosa y que será el centro de control del sudeste de Europa. De hecho, estos días se espera que un escuadrón de aviones de combate rumanos F-16 comprados a Noruega, así como drones MQ-9 Reaper, llegaran a la base.

Aumento de tropas y aviones. La OTAN anunció a principios de mes que siete aviones de combate F/A-18 Hornet de la Fuerza Aérea finlandesa también habían aterrizado en la base en junio para llevar a cabo "entrenamiento y misiones en el mundo real a lo largo del flanco oriental de la costa del Mar Negro".

"Durante dos meses, los aviones finlandeses se unirán a un destacamento Typhoon de la Real Fuerza Aérea y realizarán tareas de alerta de reacción rápida y volarán junto a ellos y los F-16 rumanos para asegurar colectivamente el espacio aéreo de la OTAN y dar seguridad a la población rumana", explicó el teniente general Rami Lindström, el primer comandante del destacamento finlandés en la base.

No solo eso. La presencia estadounidense en la base también está aumentando, según explicó a la BBC el teniente de vuelo Charlie Tagg, un piloto de la Real Fuerza Aérea del Reino Unido, que agregó que había "mucha más infraestructura, alojamiento, gente y equipo".

Tensión nuclear. Ocurrió en el mes de julio. Aparecieron sobre el cielo dos B-52 estadounidenses, la primera vez que se desplegaban bombarderos pesados ​​con capacidad nuclear en Rumania, escenificando otro punto de conflicto. La ruta de vuelo se acercó peligrosamente al espacio aéreo ruso. Hablamos de bombarderos con base en Luisiana que llegaron a Rumania a través del Ártico, tras descender desde el mar de Barents hasta el mar Negro.

En un momento dado, los B-52 rodearon lugares militares sensibles en la península de Kola, en Rusia, lo que hizo que la fuerza aérea rusa enviara aviones de combate MiG-29 y MiG-31. El Kremlin dijo luego que los B-52, escoltados por aviones de combate finlandeses, se vieron obligados a dar un giro en U, una afirmación que la fuerza aérea estadounidense negó.

Amenaza rusa. ¿Y qué opina Rusia de todo esto? “Cuanto más cerca estén de las fronteras de Rusia, más probabilidades hay de que sea uno de los primeros objetivos de los ataques de represalia”, advirtió Andrei Klimov, senador ruso y vicepresidente del comité de asuntos exteriores. De hecho, la ampliación por parte de Rumania de la base aérea MK, tan cerca de la frontera con Ucrania, ya ha sido denunciada por Rusia como un ejemplo flagrante de la agresión de la OTAN.

"Si a los rumanos les gusta, es asunto suyo, por supuesto, pero el club de suicidas de la OTAN arrastra a civiles comunes a aventuras que pueden acabar muy mal para sus familias y sus hijos", subrayó Klimov. No hay que olvidar que Putin justificó su invasión a Ucrania en parte diciendo que la OTAN se había estado expandiendo agresivamente cada vez más cerca de Rusia durante las últimas décadas, y que desde hace tiempo ha advertido contra una mayor expansión.

Respuesta de la OTAN. A las palabras de Putin, la OTAN no solo no ha hecho caso, sino que ha seguido avanzando hacia el este mientras Finlandia se unía a la OTAN en abril del año pasado y Suecia le seguía en marzo pasado. En este contexto, Putin lanzó nuevas amenazas a Occidente, prometiendo ir "hasta el final" en la guerra con Ucrania.

Fuente: https://www.xataka.com/magnet/otan-...

 

mercredi 28 août 2024

La Silicon Valley et la course à la guerre automatisée

Les sociétés de capital-risque et les startups du secteur militaire de la Silicon Valley ont commencé leur offensive pour promouvoir une version de la guerre robotisée qui utilisera l’intelligence artificielle (IA) à grande échelle. Ces entreprises et leurs PDG se lancent à présent à corps perdu dans cette technologie émergente, en balayant pratiquement tout risque de dysfonctionnements qui pourraient à l’avenir, conduire au massacre de civils, sans parler de la possible émergence de scénarios dangereux dans le cadre de l’escalade entre les grandes puissances militaires. Les raisons de cette fuite en avant tiennent notamment à une confiance mal placée dans les « armes miracles », mais surtout, cette vague de soutien aux technologies militaires émergentes est motivée par l’ultime raison d’être du complexe militaro-industriel : les profits considérables à engranger.

 

Source : TomDispatch, William D Hartung
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Les techno-enthousiastes

Si certains militaires et membres du Pentagone s’inquiètent en effet des risques futurs liés à des armements dotés d’IA, les dirigeants du ministère de la défense sont pleinement satisfaits. Leur engagement résolu en faveur des technologies émergentes a été révélé au monde entier pour la première fois lors d’un discours prononcé en août 2023 par la secrétaire adjointe à la défense, Kathleen Hicks, devant la National Defense Industrial Association, le plus grand groupe commercial de l’industrie de l’armement du pays. Elle a profité de l’occasion pour annoncer ce qu’elle a appelé « l’initiative Replicator », un projet global visant à créer « un nouvel état de l’art – comme l’Amérique l’a fait par le passé – en s’appuyant sur des systèmes attritables [ système à longue portée sans pilote, subsonique et autonomes dans tous les domaines, NdT] – qui sont moins coûteux, qui mettent moins de personnes dans la ligne de mire et qui peuvent être modifiés, mis à jour ou améliorés dans des délais beaucoup plus courts. »

Hicks n’a pas hésité à souligner la principale raison d’être d’une telle course à la guerre robotisée : devancer et intimider la Chine. « Nous devons nous assurer que les dirigeants de la RPC (République populaire de Chine) se réveillent chaque jour, prennent en compte les risques inhérents à une agression et concluent que ce n’est pas le moment – et pas seulement aujourd’hui, mais tous les jours, d’ici 2027, d’ici 2035, d’ici 2049 et au-delà », a-t-elle déclaré.

Le fait que Hick ait une confiance absolue dans la capacité du Pentagone et des fabricants d’armes américains à mener les futures techno guerres a été renforcé par un groupe de militaristes New-Age de la Silicon Valley et au-delà, dont le fer de lance est constitué par des chefs d’entreprise tels que Peter Thiel de Palantir, Palmer Luckey d’Anduril, et des investisseurs en capital-risque tels que Marc Andreessen d’Andreessen Horowitz.

Patriotes ou profiteurs mercantiles ?

Ces entreprises qui encouragent une nouvelle façon de faire la guerre se considèrent également comme une nouvelle génération de patriotes, capables de relever avec succès les défis militaires de l’avenir.

En témoigne « Rebooting the Arsenal of Democracy », un long manifeste publié sur le blog d’Anduril. Il souligne la supériorité des startups de la Silicon Valley sur les mastodontes militaro-industriels de la vieille école, comme Lockheed Martin, quand il s’agit de fournir la technologie indispensable pour gagner les guerres de demain :

« Il est vrai que les plus grandes entreprises de défense comptent dans leurs rangs des patriotes qui n’ont pas l’expertise logicielle ou le modèle commercial nécessaire pour construire la technologie dont nous avons besoin… Ces entreprises ont construit les outils qui ont assuré notre sécurité dans le passé, mais elles ne représentent pas l’avenir de la défense. »

Contrairement à l’approche industrielle qu’il critique, Luckey et ses compatriotes d’Anduril cherchent une toute nouvelle façon de développer et de vendre des armes :

« Les logiciels vont changer la façon dont les guerres sont menées. Le champ de bataille de l’avenir regorgera de dispositifs dotés d’une intelligence artificielle et sans pilote, qui combattront, recueilleront les données de reconnaissance et communiqueront à des vitesses époustouflantes. »

À première vue, il paraît tout à fait inattendu que Luckey ait pu se hisser aussi haut dans les rangs des dirigeants de l’industrie de l’armement. Il a fait fortune en créant l’appareil de réalité virtuelle Oculus, un gadget que les utilisateurs peuvent fixer sur leur tête afin de vivre des expériences en trois dimensions (avec la sensation d’être immergé dans ces scènes). Ses goûts vestimentaires le portent vers les sandales et les chemises hawaïennes, ce qui ne l’empêche pas de se consacrer entièrement à des activités dans le domaine militaire. En 2017, il a fondé Anduril, en partie avec le soutien de Peter Thiel et de sa société d’investissement, Founders Fund. Anduril fabrique actuellement des drones autonomes, des systèmes de commande et de contrôle automatisés et d’autres dispositifs destinés à accélérer la vitesse à laquelle le personnel militaire peut identifier et détruire des cibles.

Thiel, mentor de Palmer Luckey, montre bien en quoi les dirigeants des nouvelles entreprises d’armement diffèrent des titans de l’époque de la guerre froide. Tout d’abord, il est entièrement acquis à Donald Trump. Il fut un temps où les dirigeants des grandes entreprises d’armement comme Lockheed Martin faisaient en sorte de maintenir de bonnes relations tant avec les Démocrates qu’avec les Républicains, en contribuant largement aux campagnes électorales des deux partis et de leurs candidats, et en engageant des lobbyistes disposant de relations dans les deux camps. La logique de cette démarche n’aurait pas pu être plus claire à l’époque. Ils voulaient sceller un consensus bipartisan afin de dépenser toujours plus au profit du Pentagone, l’une des rares choses sur lesquelles la plupart des membres clés des deux partis étaient d’accord. Ils voulaient également entretenir des relations particulièrement fructueuses quel que soit le parti contrôlant la Maison Blanche et/ou le Congrès à tout moment.

Les jeunes pousses de la Silicon Valley et leurs représentants sont également beaucoup plus virulents dans leurs critiques à l’égard de la Chine. Ils sont les plus froids (ou devrais-je dire les plus brûlants ?) des nouveaux combattants de la guerre froide de Washington, employant une rhétorique plus acerbe que celle du Pentagone ou des grands patrons. En revanche, ceux-ci édulcorent généralement leurs critiques à l’encontre de la Chine ainsi que leur soutien aux guerres dans le monde entier, lesquelles ont contribué à arrondir leurs résultats nets grâce aux groupes de réflexion qu’ils ont financés à hauteur de dizaines de millions de dollars chaque année.

L’entreprise principale de Thiel, Palantir, a également été critiquée pour avoir fourni des systèmes qui ont permis aux services d’immigration et de douane américains (ICE) de mener des opérations de répression sévères aux frontières, ainsi que des opérations de « police prédictive ». Cela (et vous n’en serez pas surpris) implique la collecte de grandes quantités de données personnelles sans mandat, en s’appuyant sur des algorithmes intégrant des préjugés raciaux qui conduisent à un ciblage et à une discrimination systématiques et injustes à l’égard des personnes de couleur.

Pour bien comprendre comment les militaristes de la Silicon Valley envisagent la guerre de la prochaine génération, il faut se pencher sur les travaux de Christian Brose, directeur de la stratégie de Palantir. Ce dernier est un spécialiste de la réorganisation militaire depuis longtemps, il est aussi l’ancien collaborateur de feu le sénateur John McCain. Son livre Kill Chain est en quelque sorte la bible des partisans de la guerre automatisée. Son constat principal : le vainqueur d’un combat est celui qui peut le plus efficacement raccourcir la « chaîne de la mort » (le laps de temps qui s’écoule entre l’identification et la destruction d’une cible). Son livre part du principe que l’adversaire le plus probable dans la prochaine guerre technologique sera bel et bien la Chine et il se livre à une exagération des capacités militaires de Pékin, tout en surestimant ses ambitions militaires et en insistant sur le fait que devancer ce pays dans le développement de technologies militaires émergentes est le seul moyen de remporter une victoire dans le futur.

Et attention, il ne faut pas oublier que la stratégie de Brose, qui consiste à raccourcir la chaîne de la mort, présente d’immenses risques. La tentation de faire « sortir les humains de la boucle » ne fera que croître à mesure que le laps de temps pour décider des actions à entreprendre sera raccourci, laissant les décisions de vie ou de mort à des machines dépourvues de sens moral et exposées à des dysfonctionnements catastrophiques, ce qui est inhérent à tout système logiciel complexe.

Une grande partie de la critique de Brose concernant le complexe militaro-industriel actuel est tout à fait pertinente. Quelques grandes entreprises s’enrichissent en fabriquant de gigantesques plates-formes d’armes toujours plus vulnérables, telles que des porte-avions et des chars, tandis que le Pentagone dépense des milliards pour un vaste et onéreux réseau de bases mondiales qui pourrait être remplacé par un dispositif de défense qui aurait une empreinte beaucoup plus limitée et plus dispersée. Sa vision alternative pose malheureusement plus de problèmes qu’elle n’en résout.

Tout d’abord, il n’y a aucune garantie que les systèmes logiciels promus par la Silicon Valley fonctionneront comme annoncé. Après tout, il existe une longue histoire d’« armes miracles » qui ont échoué, depuis le champ de bataille électronique au Viêt Nam jusqu’au désastreux bouclier antimissile Star Wars du président Ronald Reagan [L’Initiative de défense stratégique, dite aussi guerre des étoiles dans les médias, était un projet de défense anti-missile destiné à la protection des États-Unis contre une frappe nucléaire stratégique par des missiles balistiques intercontinentaux et des missiles balistiques lancés par des sous-marins, NdT]. Même lorsqu’il a été possible de trouver et de détruire des cibles plus rapidement, des guerres comme celles d’Irak et d’Afghanistan, menées en utilisant ces mêmes technologies, ont été des échecs pitoyables.

Une récente enquête du Wall Street Journal laisse entendre que la nouvelle génération de technologie militaire est également surévaluée. Le Journal a constaté que les nouveaux petits drones américains haut de gamme fournis à l’Ukraine pour sa guerre défensive contre la Russie se sont révélés bien trop « chaotiques et onéreux », à tel point que, comble de l’ironie, les Ukrainiens ont choisi d’acheter à la place des drones chinois moins chers et plus fiables.

Enfin, l’approche préconisée par Brose et ses acolytes va rendre la guerre toujours plus probable, à mesure que l’hubris technologique incite à croire que les États-Unis peuvent effectivement « battre » une puissance nucléaire rivale comme la Chine dans un conflit, si seulement nous investissons dans une nouvelle force dynamique de haute technologie.

Il en résulte, comme mon collègue Michael Brenes et moi-même l’avons souligné récemment, que des milliards de dollars d’argent privé affluent aujourd’hui dans des entreprises cherchant à repousser les frontières de la techno-guerre. Les estimations vont de 6 à 33 milliards de dollars par an et, selon le New York Times, 125 milliards de dollars au cours des quatre dernières années. Quels que soient les chiffres, le secteur technologique et ses bailleurs de fonds sentent qu’il y a d’énormes sommes d’argent à gagner dans l’armement de nouvelle génération et ils ne laisseront personne se mettre en travers de leur chemin.

Dans le même temps, une enquête menée par Eric Lipton du New York Times a révélé que les sociétés de capital-risque et les startups qui accélèrent déjà le rythme des guerres assistées par IA s’emploient également à recruter et à mettre à leur service d’anciens responsables de l’armée et du Pentagone. L’ancien secrétaire à la défense de Trump, Mark Esper, figure en bonne place sur cette liste. De tels rapprochements peuvent certes être motivés par la ferveur patriotique, mais une motivation plus probable est simplement le désir de s’enrichir. Comme l’a fait remarquer Ellen Lord, ancienne responsable des acquisitions au Pentagone : « Aujourd’hui, on constate un certain panache quant aux liens entre la communauté de la défense et les sociétés de capital-investissement. Mais les investisseurs espèrent aussi pouvoir passer à la caisse et gagner un maximum d’argent. »

Le roi philosophe

Autre acteur central de la construction d’une machine de guerre high-tech, l’ancien PDG de Google, Eric Schmidt, s’intéresse à bien d’autres domaines que la sphère militaire. Il est devenu un véritable philosophe-roi lorsqu’il s’agit de savoir comment les nouvelles technologies vont remodeler la société et, en fait, ce que veut dire être humain. Il réfléchit à ces questions depuis un certain temps et a exposé sa vision dans un livre publié en 2021 et modestement intitulé The Age of AI and Our Human Future (L’âge de l’IA et notre avenir humain), coécrit avec nul autre que le regretté Henry Kissinger. Schmidt est au fait des dangers potentiels de l’IA, mais joue également un rôle central dans les efforts déployés pour promouvoir ses applications militaires. Bien qu’il renonce à l’approche messianique de certaines figures montantes de la Silicon Valley, on peut se demander si son approche apparemment plus réfléchie contribuera au développement d’un monde plus sûr et plus rationnel en matière d’armement avec IA.

Commençons par le plus fondamental : Schmidt pense que l’IA va changer la vie telle que nous la connaissons et ce, d’une manière absolument extraordinaire. Dans leur ouvrage, Kissinger et lui affirment que l’IA provoquera « une altération de l’identité et de la culture humaines à des niveaux jamais atteints depuis l’aube de l’ère moderne », affirmant : « Son fonctionnement laisse augurer un progrès sur la voie de l’essence même des choses, progrès que les philosophes, les théologiens et les scientifiques recherchent, avec un succès mitigé, depuis des millénaires. »

En revanche, le groupe d’experts gouvernementaux sur l’intelligence artificielle au sein duquel Schmidt a siégé a pleinement reconnu les risques que présentent les utilisations militaires de l’IA. La question mérite d’être posée : Va-t-il, au moins, appuyer la mise en place de solides garde-fous contre son utilisation abusive ? Pendant son mandat à la tête du Defense Innovation Board du Pentagone de 2017 à 2020, il a contribué à préparer le terrain pour les directives du Pentagone sur l’utilisation de l’IA lesquelles garantissaient que les humains seraient toujours « dans la boucle » lors du lancement d’armes de nouvelle génération. Mais comme l’a fait remarquer un détracteur de ce secteur, une fois la rhétorique mise de côté, les directives « n’empêchent pas vraiment de faire quoi que ce soit ».

En fait, la sénatrice Elizabeth Warren (Démocrate-Maryland) et d’autres défenseurs de la bonne gouvernance se sont demandé si le rôle de Schmidt à la tête de la Defense Innovation Unit ne représentait pas un potentiel conflit d’intérêts. Après tout, alors qu’il contribuait à l’élaboration des lignes directrices sur les applications militaires de l’IA, il investissait également dans des entreprises susceptibles de tirer profit du développement et de l’utilisation de l’IA. Son entité d’investissement, America’s Frontier Fund, investit régulièrement dans des startups de technologie militaire, et une organisation à but non lucratif qu’il a fondée, le Special Competitive Studies Project, décrit sa mission comme étant de « conforter la compétitivité à long terme de l’Amérique à mesure que l’intelligence artificielle (IA) [remodèle] notre sécurité nationale, notre économie et notre société ». Cette association est en relation avec un grand nombre de dirigeants de l’armée et de l’industrie technologique et milite, entre autres, en faveur d’un assouplissement de la réglementation sur le développement des technologies militaires. En 2023, Schmidt a même fondé une entreprise de drones militaires, White Stork, qui, selon Forbes, a testé secrètement ses systèmes à Menlo Park, dans la banlieue de la Silicon Valley.

La question est maintenant de savoir si l’on peut amener Schmidt à user de toute son influence pour freiner les utilisations les plus dangereuses de l’IA. Malheureusement, son enthousiasme à l’égard de l’utilisation de l’IA pour améliorer les capacités de combat laisse présager le contraire :

« De temps à autre, une nouvelle arme, une nouvelle technologie fait son apparition et change les choses. Dans les années 1930, Einstein a écrit une lettre à Roosevelt pour lui dire que cette nouvelle technologie – les armes nucléaires – pourrait changer la guerre, ce qu’elle a manifestement fait. Je dirais que l’autonomie [assurée par l’IA] et les systèmes décentralisés et en réseaux sont tout aussi puissants.

Compte tenu des risques déjà cités, la comparaison entre l’IA militaire et le développement d’armes nucléaires n’est pas vraiment rassurante. La combinaison des deux – des armes nucléaires contrôlées par des systèmes automatiques sans intervention humaine – a jusqu’à présent été exclue, mais on ne peut pas s’attendre à ce que cela dure. Cela reste une possibilité, en l’absence de garanties solides et contraignantes sur le moment et la manière dont l’IA peut être utilisée.

L’IA arrive, et son impact sur nos vies, que ce soit en temps de guerre ou en temps de paix, risque de défier l’imagination. Dans ce contexte, une chose est claire : nous ne pouvons pas nous permettre de laisser les individus et les entreprises qui profiteront le plus d’une application effrénée de l’IA avoir la mainmise sur les règles d’utilisation de cette technologie.

N’est-il pas temps d’affronter les guerriers de la nouvelle ère ?

William D. Hartung, contributeur habituel de TomDispatch, est maître de recherche au Quincy Institute for Responsible Statecraft et auteur de Prophets of War : Lockheed Martin and the Making of the Military-Industrial Complex (Prophètes de guerre : Lockheed Martin et la naissance du complexe militaro-industriel).