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mercredi 25 septembre 2024

Pourquoi les soldats israéliens violent, torturent et massacrent les Palestiniens

Instiller la peur auprès du peuple palestinien n’est pas le corollaire des brutales violations des droits humains perpétrées par les forces de défense israéliennes. C’est une stratégie.

Source : Common Dream, Ramzy Baroud
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

 
Des groupes d’extrême droite manifestent devant le parquet militaire alors que le tribunal militaire israélien instruit l’affaire de 9 soldats emprisonnés pour avoir torturé sexuellement un prisonnier palestinien dans le centre de détention de Sde Teiman où sont détenus les Palestiniens de Gaza, à Kfar Yona, Israël, le 30 juillet 2024. (Photo par Mostafa Alkharouf/Anadolu via Getty Images)

Le 25 octobre 2023, le responsable politique israélien Moshe Feiglin a déclaré à Arutz Sheva-Israel National News : « Les musulmans n’ont plus peur de nous. »

Il peut sembler étrange que Feiglin considère que la peur soit un élément essentiel au bien-être, voire à la survie même d’Israël.

En réalité, cet élément de peur est directement lié au comportement d’Israël et il est fondamental dans son discours politique.

De tout temps dans l’histoire, Israël a perpétré des massacres avec une stratégie politique bien précise à l’esprit : il s’agit d’instiller la peur requise pour chasser les Palestiniens de leurs terres. Deir Yassin, Tantara et les plus de 70 massacres documentés au cours de la Nakba, ou Catastrophe palestinienne, en sont les exemples.

Israël a également eu recours à la torture, au viol et à d’autres formes d’agression sexuelle pour atteindre des objectifs similaires dans le passé, il s’agissait d’obtenir des informations ou de briser la volonté des prisonniers.

Des experts affiliés à l’ONU ont déclaré dans un rapport publié le 5 août : « Ces pratiques visent à punir les Palestiniens pour avoir résisté à l’occupation et cherchent à les détruire individuellement et collectivement. »

La guerre qu’Israël mène actuellement à Gaza a donné cours à toutes ces stratégies horribles d’une manière sans précédent dans le passé, tant en termes de généralisation que de multiplication.

Pour l’armée israélienne, utiliser la torture est une stratégie concertée.

Dans un rapport intitulé « Bienvenue en enfer », publié le 5 août, le groupe israélien de défense des droits humains, B’tselem, a déclaré : « Les centres de détention israéliens, dont les détenus sont délibérément soumis à de fortes et incessantes douleurs et souffrances, fonctionnent en fait comme des camps de torture. »

Quelques jours plus tard, le groupe de défense des droits des Palestiniens, Addameer, a publié son propre rapport documentant « des cas de torture, de violence sexuelle et de traitements dégradants, ainsi que des sévices systématiques et des violations des droits humains infligés aux détenus de Gaza ».

Si les cas de viols, d’agressions sexuelles et d’autres formes de torture étaient indiqués sur une carte, ils couvriraient une vaste zone géographique, à Gaza, en Cisjordanie et en Israël même, notamment dans le tristement célèbre camp de Sde Teiman.

Compte tenu de la taille et de l’implantation de l’armée israélienne, les preuves bien documentées de viols et de tortures démontrent que ces tactiques ne sont pas liées à une branche spécifique de l’armée. Cela veut dire que l’armée israélienne utilise la torture comme une stratégie concertée.

Une telle stratégie a été associée à des personnalités comme Itamar Ben-Gvir, ministre israélien de la sécurité nationale. Ses déclarations agressives, par exemple celle voulant que les prisonniers palestiniens soient « abattus d’une balle dans la tête au lieu de continuer à être nourris », sont en parfaite adéquation avec ses actions tout aussi violentes : la politique qui consiste à affamer des prisonniers, la normalisation de la torture et l’apologie du viol.

Mais Ben-Gvir n’a pas initié ces politiques tortionnaires. Elles lui sont antérieures de plusieurs décennies et elles ont été utilisées contre des générations de prisonniers palestiniens, qui bénéficient de peu de droits au regard de ceux inscrits dans le droit international, en particulier dans la quatrième convention de Genève.

Mais pourquoi les Israéliens torturent-ils les Palestiniens aussi massivement ?

Les guerres menées par Israël contre les Palestiniens comportent deux éléments : un élément matériel et un élément psychologique. Le premier se manifeste dans le génocide en cours, l’assassinat de dizaines de milliers de personnes, les blessures infligées à des dizaines de milliers d’autres et la quasi-destruction de Gaza.

Le facteur psychologique, quant à lui, vise à briser la volonté du peuple palestinien.

Law for Palestine, un groupe de défense juridique, a publié une base de données de plus de 500 cas montrant que des dirigeants israéliens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahou, ont incité au génocide à Gaza.

La plupart de ces déclarations semblent se focaliser sur la déshumanisation des Palestiniens. Prenons par exemple, la déclaration du 11 octobre du président israélien Yitzhak Herzog qui estime : « Il n’y a pas de civils innocents à Gaza. » Voilà qui a contribué à la condamnation à mort collective qui a rendu l’extermination des Palestiniens moralement justifiable aux yeux des Israéliens.

La sinistre référence biblique inquiétante de Netanyahou lui même, qui a appelé les soldats israéliens à se venger des Palestiniens en déclarant : « Souvenez-vous de ce qu’Amalek vous a fait » [référence aux Amalékites, les ennemis bibliques des Israélites antiques, NdT], était également un blanc-seing pour un massacre de masse.

En choisissant de ne pas considérer les Palestiniens comme des êtres humains, des êtres innocents, dignes de vivre et d’être en sécurité, Israël a donné carte blanche [en français dans le texte] à son armée pour agir comme elle l’entendait à l’encontre de ces « animaux humains », pour reprendre les termes du ministre israélien de la défense, Yoav Gallant.

Les massacres, la famine, les viols et les tortures que subissent les Palestiniens sont le résultat inévitable de cette dialectique choquante. Mais l’objectif global d’Israël n’est pas simplement d’exercer une vengeance, même si cette dernière a joué un rôle important dans le désir de reconstruction nationale d’Israël.

En essayant de briser la volonté des Palestiniens par la torture, l’humiliation et le viol, Israël veut rétablir une autre forme de dissuasion, celle qui lui a échappé le 7 octobre.

À défaut de rétablir une dissuasion militaire ou stratégique, Tel-Aviv investit dans la dissuasion psychologique, c’est-à-dire dans le rétablissement de l’élément de peur qui a été rompu le 7 octobre.

Violer des prisonniers, faire fuiter des vidéos de ces actes horribles et les perpétrer encore et encore, cela fait partie de la stratégie israélienne, à savoir recréer la peur.

Mais Israël échouera, tout simplement parce que les Palestiniens ont déjà réussi à démolir la matrice de 76 ans de domination physique et de torture mentale d’Israël.

La guerre israélienne contre Gaza s’est avérée être la plus destructrice et la plus sanglante de toutes les guerres menées par Israël. Pourtant, la résilience palestinienne ne cesse de se renforcer, simplement parce que les Palestiniens ne sont pas passifs, ils participent activement à l’élaboration de leur propre avenir.

Si la résistance populaire est effectivement le processus de restauration du moi, les Palestiniens de Gaza prouvent que, nonobstant leur indicible douleur et leur affliction, ils ressortent comme un tout, prêts à arracher leur liberté, quel qu’en soit le prix

Notre travail est placé sous licence Creative Commons (CC BY-NC-ND 3.0). N’hésitez pas à le republier et à le partager largement.

Ramzy Baroud est journaliste et rédacteur en chef de Palestine Chronicle.

Source : Common Dream, Ramzy Baroud, 16-08-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

 

Guerre Israël-Hamas : la justice française classe une plainte dénonçant des tortures imputées à un Franco-israélien

SOURCE: https://www.lefigaro.fr/actualite-france/guerre-israel-hamas-la-justice-francaise-classe-une-plainte-denoncant-des-tortures-imputees-a-un-franco-israelien-20240910

Des associations dénonçaient, vidéo à l’appui, des tortures sur des hommes présentés comme des prisonniers palestiniens à Gaza.

Début septembre, le Parquet national antiterroriste (Pnat) a classé une plainte requise par des associations montrant sur la base d’une vidéo les actes de tortures imputées à un Franco-israélien accompagnés d’hommes présentés comme des prisonniers palestiniens dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas, a appris l'AFP ce mardi 10 septembre de source judiciaire.

Cette vidéo daterait de janvier 2024 mais a été relayée en mars sur les réseaux sociaux et aurait été «prise» par ce «supposé soldat franco-israélien, filmant des prisonniers palestiniens dans une situation dégradante et faisant état de tortures», et qui se déroulerait à Gaza. Mais d'après la source judiciaire, la plainte a été classée le 2 septembre.

«Au terme de l'examen de cette procédure, les faits dénoncés apparaissent insuffisamment caractérisés, les éléments versés à l'appui de la plainte n'étant pas suffisants pour établir l'existence d'éventuels actes matériels de complicité», a-t-on précisé. Cette plainte simple contre X, consultée par l'AFP, avait été adressée mi-avril à Paris au Pnat, compétent en matière de crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

«Stupéfaction» des associations

Les signataires sont l'association belge «Le mouvement du 30 mars», la française «Justice et droits sans frontières» (JDSF), et l'«association des Palestiniens de France-AL JALIYA-Union des Associations palestiniennes en France». «C'est avec stupéfaction que nous apprenons ce classement sans suite, alors que la plainte comprenait tous les éléments pour ouvrir une enquête. Nous demanderons l'accès au dossier pour comprendre», ont réagi auprès de l'AFP les avocats des associations.

«Le Pnat montre par cette décision une volonté de ne pas faire la lumière sur l'implication, à Gaza, de bi-nationaux dans des crimes de guerre (...). Cette volonté ne peut être que politique», ont-ils encore ajouté. La plainte retenait les chefs de «tortures» et «complicité de tortures en tant que crime de guerre» dans «le contexte d'un conflit armé international».

Sur la vidéo publiée notamment le 19 mars sur X, on entendait une voix parlant français disant «t’as vu ces enculés, mon neveu ? (...) il s'est pissé dessus. Je vais te montrer son dos, tu vas rigoler, ils l'ont torturé pour le faire parler». «Vous étiez contents le 7 octobre, bande de fils de putes», dit encore la voix, en référence à l'attaque inédite du mouvement islamiste palestinien dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.