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mercredi 9 octobre 2024

325.000 francs (Jean Prat, 1964)

 Scénario : Jean Prat, Roger Vailland / Téléfilm ORTF

Roger Vailland se met en scène comme témoin, et parfois acteur, de l’histoire qu’il raconte. Après son installation à Meillonnas, il se rend fréquemment à Oyonnax, selon lui pour voir des parents. La ville, autrefois spécialisée dans la fabrication de peignes de buis, géant dans le Jura, s’est reconvertie dans l’industrie de la matière plastique. On y fabrique tout en « plastique », des peignes aux chaises en passant par les fleurs et les poubelles.

La famille Busard se partage entre les edelweiss que le père continue à tailler dans le buis et le polissage des montures de lunettes que sa femme et sa fille traitent à domicile pour une usine voisine ; Bernard, quant à lui, a « dit non une fois pour toutes » : il ne s’épuiserait ni sur du buis comme son père, ni sur une presse à injecter comme les autres jeunes de la ville. Sa passion, c’est le vélo, comme Vailland, dont cela le rapproche. Il fait les courses locales et en gagne parfois, mais il est desservi par son impétuosité. Ainsi, dans le « Grand prix de la Droguerie centrale », attaque-t-il trop tôt, chutant de plus à cause d’un gamin qui lui coupe la route, et doit laisser la victoire au ventre jaune (Bressan) Bonnefond.

Or Bernard est très amoureux de Marie-Jeanne, qui le fait languir depuis un an. Elle veut en fait surtout quitter Oyonnax. Une occasion se présente : on propose à Bernard de prendre la gérance d’un Relaisroute. Mais il faut pour cela une mise de fonds, et si son père et Marie-Jeanne mettent la main au pot, il lui manque 325.000 francs.

Il décide alors de rompre son serment de ne jamais travailler sur une presse, et de s'y mettre avec un collègue, par tranche de quatre heures en continu, durant six mois, soit douze heures par jour sans repos hebdomadaire, et sans la majoration des heures supplémentaires, ce qui fait hurler le syndicat. Le collègue, ce sera le ventre jaune Bonnefond, dont il connaît l’endurance.

Bernard s’épuise d’autant plus que les roulements de quatre heures ne ménagent guère la possibilité de dormir, et qu’il continue de voir Marie-Jeanne quatre soirs par semaine. Il ne tient qu’à coups de Maxiton, et l’arrivée d’un nouveau système de refroidissement augmente les cadences.

Ce qui devait arriver bien sûr arrive…

La voix de Roger Vailland prête « aux marxistes » la moralité de sa fable : « On n’échappe pas à sa condition sans transformer la société qui vous a enfermé dans cette condition ». 


Le téléfilm est tourné à Oyonnax, sur les routes de l’Ain et à Meillonnas.

La présence de Roger Vailland, que les premières images montrent à sa table de travail, est émouvante : malade au point d'avoir planifié son suicide, il mourra en mai suivant à Meillonnas.

l'histoire fait partie du cycle: https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Homme_nouveau_(cycle_litt%C3%A9raire) ...Cet « homme nouveau » dont parle Roger Vailland — qu’il appelle aussi souvent le Bolchevik — naît avec la fin de la guerre... 

Et mourir de plaisir/Le Sang et la Rose (Roger Vadim, 1960)

Scénario : Roger Vadim, Roger Vailland, Claude Brulé et Claude Martin d'après la nouvelle de Sheridan Le Fanu, Carmilla (1871)

 
 
La très belle Carmilla et son cousin Leopoldo Karnstein, derniers descendants d’une lignée de réputation maudite (suspectée de vampirisme), habitent une riche demeure de la campagne romaine. La venue de Georgia, la fiancée de Leopoldo, provoque un comportement singulier chez Carmilla. Elle paraît s’identifier chaque jour davantage à son ancêtre Millarka dont elle est la copie conforme du portrait qui trône à la place d’honneur de la résidence. Lors de la soirée costumée donnée en l’honneur des fiançailles, et à la surprise générale, Carmilla apparaît dans la même robe blanche que porte Millarka sur le tableau. La tombe de celle-ci est d’ailleurs la seule à avoir échappé à la profanation perpétrée autrefois par les villageois : la dépouille de Millarka n’a pas eu le cœur transpercé d'un pieu comme le reste de ses ancêtres…