jeudi 24 octobre 2024

"Théorie de l'avant-garde" de Peter Burger (résumé)


Théorie de l'avant-garde de Peter Bürger 
 
Parue en 1974 en Allemagne, la Théorie de l'avant-garde de Peter Bürger a suscité d'importants débats. Elle n'avait pourtant pas été traduite en France jusqu'à présent. Sa publication donne l'occasion d'interroger l'héritage des avant-gardes dites "historiques" (surréalisme, dada, constructivisme russe) dans le contexte de l'art contemporain et, plus largement, de la culture de masse postmoderne, mais aussi de rendre compte de leurs échecs, de leurs "futurs passés" comme de leur réactivation problématique.

Peter Bürger construit un concept d'avant-garde caractérisé par une remise en cause durable de l'idéologie de l'autonomie esthétique et par une attaque massive contre l'institution art en tant que domaine social détaché de la pratique de la vie. Loin de composer un simple récit à propos des mouvements d'avant-garde dans leur diversité, Bürger tente de cerner les conditions de possibilité historique de leur apparition et l'unité sous-jacente de leurs démarches.

S'appuyant sur l'esthétique d'Adorno et, plus largement, sur la théorie de l'école de Francfort, son livre s'inscrit dans une herméneutique critique de la culture, qui prend la mesure des bouleversements introduits par les avant-gardes, tant dans la déconstruction de la "totalité organique" des oeuvres d'art (par le montage, le collage ou le rôle dévolu au hasard) que dans la redéfinition de leur rôle politique - réconcilier utopiquement technique et esthétique, art et praxis.

Les analyses que consacre Peter Bürger au concept d'oeuvre d'art, la distance qu'il prend à l'égard des thèses de Habermas ou de Benjamin, les éclairages historiques qu'il mobilise, comme son souci de distinguer l'autonomie artistique, du point de vue de son histoire et de son ancrage institutionnel, du contenu des oeuvres, font de ce livre un élément majeur pour toute approche des avant-gardes. Son examen de la situation créée par le projet inabouti des avant-gardes, sa description de ce qu'on désigne par "art contemporain" contribuent de façon décisive à la réflexion sur les pratiques artistiques d'aujourd'hui, leur rapport à l'institution art, à la culture et au marché.

À propos de l'auteur

Peter Bürger a enseigné la philosophie et la théorie de la littérature générale et comparée à l'université de Brême. Il est l'auteur de livres traduits dans plusieurs langues, parmi lesquels : Der französische Surrealismus (1971), Zur Kritik der idealistischen Astherik (1983) et La Prose de la modernité (1988), traduit chez Klincksieck en 1995, le seul accessible au lecteur français jusqu'à présent.

"LES ANARCHISTES DANS LA VILLE. Révolution et contre-révolution à Barcelone (1898-1937)" de Chris EALHAM (Recension de Freddy GOMEZ)

 SOURCE: http://acontretemps.org/spip.php?article876&fbclid=IwAR3SbkmBPnz3E8lDS3xG_19k3DYQe2qFegkOHY1-ubTJV8OxVC-1j2BkASQ

Nous avions souligné en son temps [1] l’importance historiographique essentielle de l’ouvrage de Chris Ealham La lucha por Barcelona, version espagnole d’Anarchism in the City : Revolution and Counter-Revolution in Barcelona (1898-1937). Nous en disions – et qu’on nous pardonne de nous citer – que le tableau que tirait l’historien britannique hispanisant de « la conflictualité sociale dans la capitale catalane au cours des quatre premières décennies du XXe siècle » était « impressionnant de pertinence ». Nous insistions également sur le fait que son analyse, « d’une part, de l’organisation de l’espace urbain barcelonais et de la volonté de contrôle des classes dangereuses, théorisée par une bourgeoisie catalaniste ralliée à la “République d’ordre”, et, de l’autre, des stratégies d’action directe mises en place par la CNT pour marquer son territoire, dress[ait] [à partir] d’un recensement détaillé des zones d’implantation de l’anarcho-syndicalisme barcelonais – les quartiers du centre historique (El Raval), ceux de la première périphérie (Sanz), ceux de la seconde périphérie (Hospitalet, San Adrían, Santa Coloma) –, […] une topologie originale d’une CNT où l’affrontement récurrent entre syndicalistes et “faïstes” recoup[ait] très précisément le statut social, mais aussi l’appartenance des militants à tel ou tel espace urbain ». Avant de conclure que tout cela, mais aussi « sa perception du processus révolutionnaire de l’été 1936 comme appropriation du territoire urbain et rupture avec “l’idéologie démocratique de domination” » ouvrait « des perspectives d’analyse tout à fait nouvelles ».

Dans sa préface à l’excellente traduction française que vient de nous donner Agone, Chris Ealham revendique l’influence qu’exerça sur son parcours et son travail de recherche « l’histoire sociale à la Thompson [2], c’est-à-dire “par le bas” (from below) ». Pour le cas, concernant ce livre, il s’agissait, dit-il, « de mettre au premier plan les motivations et les actions des gens ordinaires » en recréant « le monde social et la culture quotidienne de ces personne anonymes et des dépossédés qui se saisirent de l’anarcho-syndicalisme pour défendre leurs intérêts ». Au contraire des thèses d’Eric Hobsbawm qui, fidèle à une certaine orthodoxie marxiste, s’employa à démontrer, sans jamais le prouver, que l’anarchisme espagnol n’avait jamais été rien d’autre qu’une « rébellion primitive », essentiellement paysanne, Ealham perçoit à juste titre l’anarcho-syndicalisme comme relevant d’un mouvement fondamentalement urbain.

Cette histoire « par le bas » se doit, précise l’historien, d’être sociale, politique, culturelle, mais également « inscrite dans l’espace ». Admettant pour le coup l’influence d’Henri Lefebvre, à laquelle il aurait pu ajouter celle des situationnistes, Ealham tisse un maillage subtil entre les luttes proprement ouvrières – celles qui naissent et se propagent à partir des lieux de travail – et celles qui en débordent le cadre (luttes des chômeurs, grèves des loyers, actions de braquage et de réappropriation, « ces petits coups de feu de la guerre de classe » comme disait l’historien James C. Scott). Et, au-delà, il s’attache, brillamment, à démontrer en quoi les projets d’urbanisme bourgeois qui, depuis le « plan Cerdà » de 1854, n’ont cessé de bouleverser Barcelone n’ont eu, malgré leurs présupposés progressistes, d’autre but que de soumettre, contre le peuple, la ville aux seuls intérêts inégalitaires de la bourgeoisie, espagnoliste ou catalaniste, et des propriétaires fonciers. Sur ce plan, sa démonstration est, disons-le, remarquable. Elle atteste en quoi, pour utopique qu’elle soit sur le plan urbanistique, une « politique de rénovation urbaine conçue à des fins avouées de domestication de la population » débouche toujours sur un « cauchemar dystopique » aux conséquences toujours inattendues. 

 Dans le cadre d’une ville aussi rebelle que la Barcelone du premier tiers du XXe siècle – ce temps où la Rosa de foc (la Rose de feu) fut bien la capitale de l’anarcho-syndicalisme –, le doublement, entre 1900 et 1930, de sa population ouvrière avec l’arrivée massive d’une main-d’œuvre venant, pour le plus gros, de Murcie et d’Andalousie ne pouvait qu’augmenter les « paniques morales » des élites bourgeoises. Ealham décrit par le menu cette psychose de la « vie sauvage » des classes dangereuses qu’elles développèrent et les réponses ultra-répressives qu’elles engagèrent pour la « civiliser ». Mais, face à la cherté des loyers – qui augmentèrent en une seule année (1920) de 50 à 150 % – et à l’augmentation constante des denrées de première nécessité que ne compensait aucune mesure sociale, les conditions déplorables d’existence des émigrés de l’intérieur favorisèrent naturellement leur rapprochement presque immédiat avec l’anarcho-syndicaliste CNT, qui eut l’intelligence de comprendre, sans calculer les risques, l’intérêt qu’elle avait à tirer de la conscientisation de ces révoltés de la misère. Nombreux sont, en effet, les exemples que l’auteur nous donne de cette fraternisation en actes qui opéra dans les quartiers pauvres de la ville, les barrios. Organisés en « petites républiques », « par le bas, sans privilège ni hiérarchie, ils constituaient, écrit-il, un ordre socioculturel urbain largement autonome et des espaces assez libres où la police ne pénétrait presque jamais » tant y était faible l’autorité de l’État. D’où la réelle panique que cette convergence objective suscita chez les bourgeois. 

Les Anarchistes dans la ville nous offre, c’est acquis, un très large et fort précis panorama des mutations de la Barcelone du premier tiers du XXe siècle, et plus encore de ses quartiers populaires, le tout en s’attachant à nous instruire sur la vie quotidienne de ceux d’en-bas et les réponses collectives – culturelles, sociales et organisationnelles – qu’ils apportèrent, à partir d’eux-mêmes et pour eux-mêmes, aux défis de la question sociale. Mais ce n’est là qu’un seul de ses apports à l’historiographie générale. L’autre, c’est de nous éclairer sur la manière dont la CNT de ces temps, syndicat ouvrier par excellence, fit jonction naturelle avec des luttes non directement liées au monde du travail, celles des chômeurs et des locataires par exemple, sans se poser d’autres questions que celle de leur légitimité. Et ce faisant, de prendre le risque du conflit interne, notamment quand certains de ses activistes militants défendirent, par exemple, des pratiques de reprise individuelle, dont la gamme pouvait aller du simple vol à l’étalage pour ne pas crever de faim au braquage plus conséquent. L’impression qu’on en retire, c’est que la CNT savait être, dans le feu de l’action, autre chose qu’un syndicat ouvrier au sens strict du terme pour devenir une sorte d’objet non identifiable qui terrorisait l’adversaire précisément pour cela. C’est un peu comme s’il y avait diverses CNT dans la CNT et que son tout faisait unité des multiples pour configurer un mouvement de classe protéiforme capable de faire avancer, par tous moyens, la cause générale de la révolution sociale et de l’auto-émancipation du prolétariat.

Cette perspective est essentielle pour comprendre en quoi les lectures historiques d’une CNT réduite à sa dimension syndicale et aux conflits – idéologiques ou stratégiques – qui la traversèrent, peinent à saisir ce qui, en son sein, était toujours mouvant et induisait, par là-même, une réadaptation permanente de ses formes de luttes à la réalité des conditions d’exploitation et de domination du prolétariat et du sous-prolétariat de son temps. Cette élasticité la plaçait objectivement hors du champ balisé de l’affrontement de classe codifié, et surtout des compromis auxquels il aboutit souvent. Son ambition, elle pouvait la placer ponctuellement dans des victoires partielles, mais sans jamais perdre de vue l’objectif final : tendre le fil de la conflictualité sociale jusqu’à son point de rupture révolutionnaire.  

La fresque que nous offre Ealham atteste que cette « guerre urbaine » que connut la Rosa de foc dans le premier tiers du XXe siècle eut, au moins deux effets prolongés : elle accrut, d’une part, le dispositif général de répression contre le mouvement ouvrier, notamment sous la dictature du général Primo de Rivera (1924-1927), et déplaça, de l’autre, aux premiers temps de la République, du moins en Catalogne, le centre de gravité syndicaliste révolutionnaire de la CNT vers un anarcho-syndicalisme plus offensif sous influence plus nettement anarchiste. 

Corollairement, mal maîtrisée, cette « gymnastique révolutionnaire » qui connut son heure de gloire après l’instauration, en 1931, d’une République dite « de toutes les classes », accumula tant de ratés que, dans un chapitre intitulé « La militarisation de l’anarchisme » (1932-1936), Ealham en pointe les effets négatifs. Son jugement, dépourvu de tout romantisme révolutionnaire, est clair : ayant versé dans une stratégie purement putschiste, « les radicaux remplacèrent les luttes syndicales massives par leur propre violence ». Avant-gardiste jusqu’à la caricature, cette fuite en avant de type blanquiste reposait sur une telle surévaluation des seules capacités de l’anarchisme militant à faire la révolution que, logiquement, toute démarche tendant à favoriser l’unité ouvrière lui semblait inutile. C’est ainsi que, de défaite en défaite, la longue marche de l’insurrectionnalisme vers le communisme libertaire imposé ici ou là par décret et presque aussitôt déposé par la force des Gardes d’assaut releva, nous dit Ealham, d’une « politique du pire » infiniment réitérée et toujours fondée sur l’idée absurde que, plus les choses empireraient, plus la victoire finale serait éclatante. La vague de répression étatique qui s’abattit alors ne frappa pas les seuls acteurs ou partisans de la stratégie insurrectionnaliste, contestée à l’intérieur même de la CNT, mais, indistinctement, tout ce qui, de près ou de loin, pouvait être identifié comme libertaire. 


Il n’en est pas moins vrai, cela dit, que cette parenthèse insurrectionnaliste eut aussi pour effet, à travers les « groupes de défense » qui en furent souvent la pointe combattante, de préparer les esprits et les corps au grand affrontement qui vint, à Barcelone, le 19 juillet 1936 au matin quand, actionnées par les militants cénétistes, les sirènes des usines sonnèrent l’heure de l’assaut final. Il fallut un jour pour que la rébellion fasciste soit réduite, et un peu plus pour que la CNT, assurément dominante dans le combat, s’empare de sa ville. Elle ne le fit pas seule, certes, mais tous les participants à la résistance au fascisme encaserné reconnurent que sans elle, sans le messianisme révolutionnaire qui la caractérisait, la tâche eût été plus ardue.

Ainsi, la révolution sociale tant attendue vint d’une résistance à un coup d’État militaire contre une République qu’il fallait défendre alors qu’elle n’avait cessé de dériver vers l’ordre bourgeois en réservant ses coups les plus durs à ceux qui en contestaient les fondements mêmes. Tel est le premier maillon d’une longue chaîne de contradictions qui allait enserrer à tel point la CNT qu’elle n’en finirait jamais de sortir, au nom de l’unité antifasciste, de la ligne de « collaboration démocratique » que lui imposait l’état national du rapport des forces. A posteriori, il est toujours simple de rejouer le match en pointant les erreurs de tel ou tel de ses protagonistes, mais nous ne mangeons pas de ce pain-là. Une révolution sociale eut bien lieu qui porta si loin le feu de l’espérance qu’elle brille encore dans les révoltes du présent. Il est, finalement, des défaites plus porteuses que les victoires.

Quant à Barcelone, elle demeura la ville par excellence de cette révolution libertaire avant que, en mai 1937, la réaction stalino-républicaine n’y reprenne le pouvoir en y effaçant toutes les traces du bel été de l’anarchie. Les fascistes y arriveront deux ans plus tard pour la plonger, eux, dans une nuit de quarante ans.

Freddy GOMEZ

La Guerre d'Espagne: fausse guerre idéologique, vraie guerre préparant la guerre générale (Annie Lacroix-Riz)

 


Arachnoid (rock progressif français, 1979)

 


Elio Petri (1929-1982) et sa définition de la petite-bourgeoisie

      

Déclaration du réalisateur à Alfredo Rossi (dans Elio Petri, Florence, La Nuova Italia, coll. « Il Castoro Cinema »,

vendredi 18 octobre 2024

Sobre la persistencia de tópicos en la guerra civil. Réplica a Chris Bambery

 FUENTE: https://conversacionsobrehistoria.info/2024/06/21/sobre-la-persistencia-de-topicos-en-la-guerra-civil-replica-a-chris-bambery/

En la entrada anterior se publicó una reseña –traducción de la publicada en Counterfire–sobre el libro de Paul Preston ‘Perfidious Albion’ – Britain and the Spanish Civil War [Pérfida Albión: Gran Bretaña y la Guerra Civil Española], que ha suscitado un pequeño intercambio de correos entre los participantes de Debat polític i social, el grupo de discusión mediante mensajería impulsado en su origen por Espai Marx. Reproducimos a continuación, ligeramente editado, el correo en respuesta a esta reseña del historiador José Luis Martín Ramos.

José Luis Martín Ramos

Universitat Autónoma de Barcelona

 

Parece mentira, pero es así: a estas alturas todavía domina en determinada literatura, más política que historiográfica, un relato de la Guerra civil acuñado en los años cincuenta −los de la Guerra fría, el hecho no es casual− sobre todo a partir de la obra de Bolloten, con toques posteriores de Broué. Para esa literatura no ha existido el trabajo de una ya larga lista de historiadores, fundamentalmente españoles, que ha mejorado muy mucho nuestro conocimiento (últimamente los trabajos de Viñas, Alía Miranda, Moradiellos, Bahamonde, Hernández Sánchez… o los míos sobre Cataluña y el Frente Popular). Debe de ser una mezcla de pereza intelectual y soberbia ideológica. El texto es algo largo, lo advierto.

Empecemos con la sublevación y su derrota. Se inicia el 17 de julio en África y, de acuerdo con el plan de Mola, va extendiéndose por las guarniciones de la Península. En África se impone sin problemas −por eso es allí a donde vuela Franco−, pero no en la Península, donde se enfrenta a una reacción convergente y a veces combinada del movimiento obrero y de fuerzas del orden (guardia civil y guardia de asalto). Allí donde solo intervienen los trabajadores la oposición al golpe es masacrada (ejemplos: Granada, Cáceres, ciudades de Galicia…), mientras que donde se unieron ambas fuerzas la sublevación fue derrotada (Madrid, Barcelona, Bilbao…). En Valencia, la situación no se aclaró hasta después del desenlace de los enfrentamientos en Barcelona, cuando los mandos de la guarnición acataron al gobierno de la República. El mito de la derrota de los militares por los obreros es falso; eso está bien reflejado en las fotos de Centellas, con obreros, policías y guardias civiles luchando codo a codo, o en el episodio del desfile de la guardia civil por Vía Layetana rumbo a Plaza Urquinaona, que es cuando se dio por derrotada la sublevación en Barcelona.

 
Civiles y carabineros en el Carrer Ample de Barcelona. 
Imagen de la exposición ‘Pérez de Rozas. Crónica gráfica de Barcelona’ del AFB

La sublevación solo se impuso parcialmente en la Península y, a excepción de Sevilla y Zaragoza, no lo hizo en ninguna capital importante; triunfó en la España rural, así los sublevados no pasarían hambre, pero no consiguieron el control de la industria, con lo que a medio plazo su superioridad en equipo −el de la Legión y los Regulares− estaba destinada a extinguirse. Durante algunos días hubo una situación de incertidumbre, con el fracaso del intento de asalto a Madrid por parte de Mola, hasta que el apoyo de Mussolini y Hitler proporcionó a Franco la cobertura aérea y marítima y los medios (aviones de transporte de tropas, barcos) para trasladar el ejército de África al Sur de la Península, con lo que un golpe a punto de fracasar se convirtió en guerra civil (algo previsto por Mola, lo de la guerra civil). No se impuso, pero si desestabilizó de manera importante al Estado republicano, que perdió el control parcial o total en algunos territorios: total en Asturias, donde las instituciones republicanas se desvanecieron, y en Vizcaya por el comportamiento «soberanista» del PNV; parcial con un grado diverso de afectación en el resto del territorio republicano. Esa pérdida de control produjo situaciones de conflicto entre una parte del movimiento obrero (CNT y POUM) y las instituciones republicanas.

¿Esa pérdida de control fue una revolución o el inicio de una revolución? El relato tradicional anarquista, trotskista o «poumista» afirma que así fue. Broué lo identificó como una situación de doble poder, haciendo el parangón con la Rusia de 1917. Hay que examinarlo en concreto: en Vizcaya, desde luego, no hubo ninguna revolución; en Madrid tampoco, ni siquiera se produjeron colectivizaciones importantes de las pocas industrias de la capital; en el País Valenciano la situación de incertidumbre se alargó un poco más, y donde la CNT impuso su proyecto de revolución fue únicamente en la provincia de Castellón. ¿Qué pasó en Cataluña? En Cataluña en la noche del 21 la CNT debatió en Barcelona, en asamblea regional improvisada, qué había de hacerse. Durante los combates las organizaciones obreras se adueñaron de las armas y municiones existentes en el Cuartel del Bruc y en los cuarteles de Sant Andreu; Companys, prudentemente, decidió no evitar esa incautación, lo que habría obligado a un enfrentamiento a tiros entre los trabajadores armados y la guardia de asalto y guardia civil, un enfrentamiento sobre el que no tenía garantías de imponerse, y tampoco quería Companys enfrentarse con las organizaciones obreras. Decidió negociar con ellas.

La CNT discutió y rechazó la propuesta de Garcia Oliver de «ir a por todas», es decir, proclamar la revolución social (García Oliver se quedó solo: no lo apoyó Durruti, ni Abad de Santillán, y solo Escorza hizo un comentario críptico que fue en apoyo de García Oliver). La CNT descartó desencadenar la revolución social y acordó pactar con la Generalitat, con Companys, no una dualidad de poder sino una división de funciones en el marco de una nueva correlación en el ejercicio del poder: un Comité Central de Milicias Antifascistas (CCMA), integrado por CNT, FAI, UGT, PSUC (se constituyó el 22-23), POUM, ERC y AC (solo quedó fuera Unió Democrática), asumiría la formación de las columnas de milicias −en las que se integrarían oficiales leales− para dirigirse a tomar Zaragoza y organizar patrullas de vigilancia en Barcelona y resto de ciudades y pueblos; es decir, asumiría la función militar y el Gobierno de la Generalitat mantendría la función de la administración civil, con un detalle importante, la Banca controlada por la UGT quedaría al servicio del Gobierno de la Generalitat y no del CCMA.

 
Primera reunión del Comité Central de Milicias Antifascistas 
de Cataluña el 21 de julio de 1936 (foto: Estel Negre)

Con el control de la calle se produjo también la ocupación de las grandes fábricas y almacenes de venta y de algunos talleres medianos, y la formación de comités de control obrero en el sector industrial y comercial: fue el proceso de «colectivización», que en realidad fue un proceso de incautación por parte de los sindicatos. Esa dualidad de funciones estuvo afectada por los conflictos de poder derivados de la nueva correlación política y sindical, dada la concentración en las dos grandes centrales de toda la representación sindical, a excepción del campo, donde la Unió de Rabassaires siguió siendo mayoritaria.

El verano de 1936 resultó muy agitado en la retaguardia y muy negativo en el frente. Las milicias que sustituyeron necesariamente a un ejército descompuesto por la sublevación no fueron capaces de romper el frente de Aragón ni marchar sobre Zaragoza; se produjo entonces una situación que resultó absolutamente contraproducente para el desarrollo de la guerra: el frente se fragmentó en áreas dominadas por milicias partidistas, sin mando unificado, renunciando de hecho a atacar y centrándose en mantener la línea alejada de Cataluña. El CCMA nunca se impuso como autoridad central real, su autoridad no fue más allá del Barcelonés y territorios cercanos, gestionando los salarios de las empresas colectivizadas, la compra de armas y municiones para las milicias… La confirmación de que sería una guerra larga llevó a poner fin a la dualidad de funciones y a la formación en septiembre de un gobierno de unidad en Cataluña con un programa básico pactado entre CNT-FAI y UGT-PSUC , que incluía los modos y límites de la colectivización, la reorganización de la seguridad interior, la formación de un ejército que sustituiría a las milicias de partido, el reconocimiento de una sola administración y un solo gobierno, con gobiernos locales compartidos por las fuerzas del gobierno de unidad.

Poco antes se había constituido también un gobierno de unidad de la República, presidido por Largo Caballero, con un programa semejante; gobierno que se trasladó a Valencia ante el peligro de la caída de Madrid en poder de Franco. En noviembre la CNT se incorporó al gobierno de Largo Caballero para gran escándalo de los anarquistas “puros”, cono Emma Golden. Las milicias no paraban de retroceder ante la Legión y los Regulares, y desde Talavera de la Reina hubo un retroceso en desbandada.

Con el control de la calle se produjo también la ocupación de las grandes fábricas y almacenes de venta y de algunos talleres medianos, y la formación de comités de control obrero en el sector industrial y comercial: fue el proceso de «colectivización», que en realidad fue un proceso de incautación por parte de los sindicatos. Esa dualidad de funciones estuvo afectada por los conflictos de poder derivados de la nueva correlación política y sindical, dada la concentración en las dos grandes centrales de toda la representación sindical, a excepción del campo, donde la Unió de Rabassaires siguió siendo mayoritaria.

El verano de 1936 resultó muy agitado en la retaguardia y muy negativo en el frente. Las milicias que sustituyeron necesariamente a un ejército descompuesto por la sublevación no fueron capaces de romper el frente de Aragón ni marchar sobre Zaragoza; se produjo entonces una situación que resultó absolutamente contraproducente para el desarrollo de la guerra: el frente se fragmentó en áreas dominadas por milicias partidistas, sin mando unificado, renunciando de hecho a atacar y centrándose en mantener la línea alejada de Cataluña. El CCMA nunca se impuso como autoridad central real, su autoridad no fue más allá del Barcelonés y territorios cercanos, gestionando los salarios de las empresas colectivizadas, la compra de armas y municiones para las milicias… La confirmación de que sería una guerra larga llevó a poner fin a la dualidad de funciones y a la formación en septiembre de un gobierno de unidad en Cataluña con un programa básico pactado entre CNT-FAI y UGT-PSUC , que incluía los modos y límites de la colectivización, la reorganización de la seguridad interior, la formación de un ejército que sustituiría a las milicias de partido, el reconocimiento de una sola administración y un solo gobierno, con gobiernos locales compartidos por las fuerzas del gobierno de unidad.

Poco antes se había constituido también un gobierno de unidad de la República, presidido por Largo Caballero, con un programa semejante; gobierno que se trasladó a Valencia ante el peligro de la caída de Madrid en poder de Franco. En noviembre la CNT se incorporó al gobierno de Largo Caballero para gran escándalo de los anarquistas “puros”, cono Emma Golden. Las milicias no paraban de retroceder ante la Legión y los Regulares, y desde Talavera de la Reina hubo un retroceso en desbandada.

Con el control de la calle se produjo también la ocupación de las grandes fábricas y almacenes de venta y de algunos talleres medianos, y la formación de comités de control obrero en el sector industrial y comercial: fue el proceso de «colectivización», que en realidad fue un proceso de incautación por parte de los sindicatos. Esa dualidad de funciones estuvo afectada por los conflictos de poder derivados de la nueva correlación política y sindical, dada la concentración en las dos grandes centrales de toda la representación sindical, a excepción del campo, donde la Unió de Rabassaires siguió siendo mayoritaria.

El verano de 1936 resultó muy agitado en la retaguardia y muy negativo en el frente. Las milicias que sustituyeron necesariamente a un ejército descompuesto por la sublevación no fueron capaces de romper el frente de Aragón ni marchar sobre Zaragoza; se produjo entonces una situación que resultó absolutamente contraproducente para el desarrollo de la guerra: el frente se fragmentó en áreas dominadas por milicias partidistas, sin mando unificado, renunciando de hecho a atacar y centrándose en mantener la línea alejada de Cataluña. El CCMA nunca se impuso como autoridad central real, su autoridad no fue más allá del Barcelonés y territorios cercanos, gestionando los salarios de las empresas colectivizadas, la compra de armas y municiones para las milicias… La confirmación de que sería una guerra larga llevó a poner fin a la dualidad de funciones y a la formación en septiembre de un gobierno de unidad en Cataluña con un programa básico pactado entre CNT-FAI y UGT-PSUC , que incluía los modos y límites de la colectivización, la reorganización de la seguridad interior, la formación de un ejército que sustituiría a las milicias de partido, el reconocimiento de una sola administración y un solo gobierno, con gobiernos locales compartidos por las fuerzas del gobierno de unidad.

Poco antes se había constituido también un gobierno de unidad de la República, presidido por Largo Caballero, con un programa semejante; gobierno que se trasladó a Valencia ante el peligro de la caída de Madrid en poder de Franco. En noviembre la CNT se incorporó al gobierno de Largo Caballero para gran escándalo de los anarquistas “puros”, cono Emma Golden. Las milicias no paraban de retroceder ante la Legión y los Regulares, y desde Talavera de la Reina hubo un retroceso en desbandada.

 
Jaume Aiguadé (ERC), y los anarquistas Federica Montseny y Juan García Oliver, 
ministros del gobierno de Largo Caballero, en octubre de 1936

En octubre podría haber caído Madrid y con ello se habría precipitado la derrota de la República. No se produjo gracias a la formación de los gobiernos de unidad y el paso de las milicias de partido o sindicato al Ejército Popular de la República. Y gracias también a que por fin la República consiguió ayuda militar exterior, la de la URSS. No es cierto que Stalin dudara en apoyar a la República, lo hizo política y económicamente, con exportaciones de grano y subsistencias; tardó más en hacerlo con tanques, aviones y armas pesadas de combate, a la espera de que Alemania e Italia cesaran la intervención y la Francia del Frente Popular vendiera a la República las armas que esta le pedía. El problema de la URSS era que se cumpliera el sueño húmedo de la derecha británica −no solo de los escasos fascistas de Mosley, sino de la mayoría del Partido Conservador−, el apaciguamiento de Hitler en Europa Occidental mediante el ataque de Alemania a la URSS. Finalmente, ante el peligro inminente de caída de la República y la confirmación de la inacción francesa, Stalin envió los tanques y los aviones que equilibraron la batalla de Madrid y la cronificaron hasta el fin de la guerra. Por cierto, todas las ayudas, tanto las de Alemania e Italia como la soviética fueron remuneradas; la República nunca lo quiso de otra manera y Hitler y Mussolini tampoco lo quisieron. Así, las reservas de oro del Banco de España se destinaron a pagar los suministros y procurando mantenerlas a salvo de una caída de Madrid o de Valencia. Y no solo se transfirieron reservas de oro a Moscú, también se envió una cantidad importante al Sur de Francia, que, como se temía, al final de la guerra fue a parar a manos de Franco.

Resumiendo lo dicho: no hubo revolución, sí descontrol, periodo de incertidumbre y confusión y finalmente, a partir del otoño, implementación de un programa frentepopulista radicalizado con toques de economía de guerra y organización de guerra para una contienda larga.

Vuelvo a Cataluña, para llegar a los hechos de mayo. El programa pactado en octubre solo se cumplió parcialmente. La CNT y el POUM bloquearon la militarización de las milicias y la CNT en particular impidió la llamada a quintas. Un hecho complejo que ahora no puedo explicar sin caer en esquematismos; en esencia la CNT consideraba que para desarrollar una guerra defensiva bastaba con las milicias y, por otra parte, la gente se resistía a ser llamada al frente, ya fuera mediante leva o mediante nuevas campañas de captación de voluntarios, que fueron un fracaso después del verano, cuando se desvaneció la ilusión de una rápida victoria sobre el fascismo. El retorno de héroes del frente se convirtió en retorno de muertos; la fiesta de la redistribución de julio y agosto en la escasez de subsistencias.

 
Otoño de 1936: vendimia en la colectividad de Mas de las Matas (Teruel)
(foto del libro ‘Masinos en la encrucijada social. Mas de las Matas, 1900-1950’, 
de Fermín Escribano Espligares y Miguel Íñiguez)

La reorganización de la seguridad interior no se produjo por la oposición de las patrullas de control de la CNT, el POUM y buena parte de los patrulleros de ERC y ACR. Se deterioró la situación en el campo por el conflicto provocado por las colectivizaciones forzosas, rechazadas por rabasaires, arrendatarios y pequeños campesinos. Conflictos duros en las comarcas del Ebro que culminaron en los incidentes de La Fatarella a finales de enero de 1937 y otros menos conocidos en Centelles, cerca de Vic, en marzo.

Se enconó la pugna entre una CNT que seguía siendo ligeramente mayoritaria, pero de ninguna manera hegemónica, y la UGT que tendía a equilibrar efectivos con CNT, pero siempre por debajo de ella, sobre todo en el sector de la producción y distribución de subsistencias.

La prolongación de la guerra avivó los debates en el seno de unos gobiernos de unidad cada vez más divididos. En Cataluña eso desembocó en diciembre en una remodelación del gobierno que supuso la exclusión del POUM, chivo expiatorio por los incumplimientos de los acuerdos de octubre y por su constante, y pública, oposición a los mismos.

A comienzos de la primavera de 1937, con la resaca de los enfrentamientos campesinos y sindicales y la crisis del gobierno de Valencia por las discusiones sobre la política militar y el hundimiento del frente asturiano, la tensión política en Cataluña se disparó, polarizada entre CNT-FAI y UGT y PSUC.  En el campo anarquista se formó una fronda de protesta, integrada por quienes rechazaban participar en los gobiernos de la Generalitat y de la República, los sindicatos de la administración y el transporte y las patrullas de control que se negaban a disolverse en un nuevo Cuerpo Único de Seguridad Interior; también intervenían los comités de barrio anarquistas, formados a partir de julio de 1936, que competían con los principales sindicatos de la CNT (textil, metal, construcción) por el control de las armas y la supremacía en la organización. Agustí Guillamón sostiene que el líder intelectual de esta red de barrios era Escorza.

Cuando los que discuten van armados es posible que la discusión acabe a tiros. En los últimos días se precipitó la situación. Primero fue el asesinato de Roldán Cortada, cuadro dirigente del PSUC, por u  control anarquista de carreteras, el 25 de abril; dos días más tarde,  el asalto de fuerzas de orden público a Puigcerdá para recuperar el puesto fronterizo de manos de un comité anarquista encabezado por Antonio Martín, muerto en el tiroteo. Y la espiral de acción/reacción no se detuvo; las fuerzas de orden de la Generalitat hicieron una redada en L’Hospitalet en busca de los asesinos de Cortada, con resistencias y tiroteos esporádicos.

 
Barricadas en la Plaça de la República [Sant Jaume], en Barcelona, 3-7 de mayo de 1937 
(foto:  Fons Brangulí / ANC1-42-N-34822)

En esa situación se produjo el incidente de la interferencia de la conversación telefónica entre Azaña y Companys por el comité anarquista que controlaba el edificio central de Telefónica en Barcelona. Era grave y ponía de manifiesto el riesgo de ese control en la situación de guerra. Tarradellas, «primer Conseller», es decir, jefe del gobierno de unidad, decidió lavarse las manos, para no crear un enfrentamiento con los anarquistas y dejó en manos del Conseller de Interior, Artemi Aiguader, de ERC, el manejo del asunto. Aiguader envió al Director General de Seguridad, Rodríguez Salas, del PSUC, al frente de una patrulla de guardias de asalto para tomar el control de la Central Telefónica en nombre del Govern de la Generalitat; los anarquistas se opusieron y entonces se desencadeno una rebelión general de grupos anarquistas, que no exactamente de la CNT-FAI. No hubo «provocación estalinista», sí hubo una situación de tensión ante la que Tarradellas se puso de lado, división interna en la CNT-FAI, y en el desencadenante final imprudencia del comité anarquista de Telefónica –como poco– en la interceptación de la conversación Azaña-Companys. Y finalmente hubo rebelión anarquista, es decir, de determinados grupos y segmentos anarquistas.

Ante eso el POUM se echó al monte no solo sumándose a la rebelión, sino pretendiendo «orientarla políticamente» proponiendo al Comité Regional de la CNT tomar el poder en Cataluña; lo que el CR de la CNT rechazó, aunque quiso aprovechar la situación para presionar por un cambio en el Govern con aumento de la presencia anarquista o un gobierno sindical exclusivo.

La rebelión desbordó a la Generalitat. Companys pidió ayuda de fuerza de orden al Gobierno de la República. Largo Caballero vaciló, por motivos semejantes a los de Tarradellas –no enfrentarse a los anarquistas– y decidió probar una mediación enviando a Barcelona a sus ministros anarquistas: García Oliver y Federica Montseny; fue en balde, los grupos en rebelión no les hicieron caso. Se perdieron tiempo y vidas y finalmente se tuvo que enviar a fuerzas de orden público del Gobierno de la República, con lo que acabó la rebelión.

El episodio tuvo muchas consecuencias (muertos y heridos aparte). La intervención del gobierno de la República significó que el control del orden público en Cataluña pasaba temporalmente a dicho gobierno, de acuerdo con el estatuto. Y, con ello, la intervención del fiscal de la República que abrió diversos expedientes individuales y uno colectivo contra el POUM; no lo hizo contra CNT-FAI porque estas como tales no impulsaron la rebelión… y porque eso habría significado una grave crisis política general en la República. Pagó los platos rotos la dirección del POUM, porque ella sí se comprometió públicamente con la rebelión y llamó desde ella a un cambio de poder en Cataluña por la fuerza.

La vacilación de Largo Caballero se sumó a las disensiones que se venían arrastrando en el Gobierno de la República y en el PSOE-UGT y Azaña, que padeció los hechos de mayo en su residencia del Parque de la Ciudadela en Barcelona, le retiró la confianza a Largo Caballero (léase la Constitución de la República). De las negociaciones salió el encargo de formar nuevo gobierno a Negrín, del ala centrista del PSOE (no de la derecha, que era la de Besteiro) y este quiso formar nuevo gobierno con las mismas formaciones, incluso con Largo Caballero en él. Largo lo rechazó –o jefe de gobierno o nada– y ante ello la UGT, dividida, se abstuvo y la CNT hizo lo mismo. El nuevo gobierno no significó ningún giro derechista y en 1938 los sindicatos volvieron a ingresar en él. En Cataluña también se formó un nuevo gobierno, pero la CNT-FAI, asimismo dividida, no quiso participar y cuando en la segunda mitad de 1938 quiso reintegrarse la oposición del PSUC y de Companys lo impidió. Tampoco hubo giro derechista en Cataluña; es más, el PSUC rechazó la propuesta de ERC de dar marcha atrás en las colectivizaciones e impulsó una nueva ley agraria y una ley de municipalización de la vivienda, cuya ejecución torpedeó Tarradellas.

 
Vicente Uribe, Juan Negrín, Indalecio Prieto, Jesús Hernández y el general Vicente Rojo en el acto de despedida, en Barcelona, de las Brigadas Internacionales (1938)(foto: Emilio Rosenstein/CDMH)

La guerra siguió y la economía y la política de guerra se endureció. Entre mayo de 1937 y marzo de 1939 pasó mucho tiempo y pasaron muchas cosas; pero el publicismo al que responde la interpretación de ese artículo obvia ese tiempo, porque siente que el protagonismo ya no corresponde al POUM, a la disidencia anarquista y a la revolución que se han inventado.

 

Algunas apostillas concretas, por orden de exposición en el texto:

  • el envío de armas soviéticas –no rusas– «nunca llegaron a la escala de lo que Hitler y Mussolini proporcionaron a Franco»; lo sugieren como demérito de la URSS pasando por encima la potencia militar e industrial de unos y otros. En ese tiempo la URSS no podía competir con Alemania y con Italia por separado, y menos si se sumaban. Por otra parte los envíos soviéticos tuvieron que enfrentarse al bloqueo del Mediterráneo por franceses, británicos e italianos, que los dificultaban; se tuvo que inventar una nueva ruta desde el Báltico hasta la costa atlántica francesa, con aviones y armas pesadas por piezas, que entraban en España a través de Portbou, por tren, cuando el gobierno francés hacía la vista gorda. Finalmente en 1938 la URSS tuvo que hacer frente a una pequeña guerra en la frontera chino-siberiana, que Stalin temió que pudiera ser el inicio de una intervención extranjera; toda la disposición de armamento se dejó inmovilizada; cuando se conjuró el peligro se reanudaron los envíos, por la ruta del Báltico porque la del Mediterráneo estaba cerrada; ya no llegaron a tiempo, la traición de Casado, Miaja, Besteiro y Cipriano Mera, es decir, de una parte del mando profesional del ejército republicano, el ala derecha del PSOE y la CNT de la región Centro,  impidió mantener la resistencia en espera de la llegada de los nuevos envíos.
  • afirma que Helen Graham dice: «la política de Negrín era consolidar una economía liberal de mercado y un sistema de gobierno parlamentario»; es por cierto la única referencia historiográfica que se considera, después de que se haya publicado una biografía de Negrín (Moradiellos), la trilogía de Viñas, etc. etc. Pues bien, eso que dice HG es entre inexacto o falso –según la dureza de la crítica que se le quiera hacer–; el objetivo de Negrín era defender la República democrática, constituida en 1931, que era el denominador común de republicanos y antifascistas;  era una República parlamentaria, que no se planteaba el cambio de sistema económico, pero admitía formas de regulación del mercado en función del interés social; en defensa de ese denominador común y contra el aventurerismo de quienes pretendían romper el eje republicano-antifascista por cualquiera de sus partes, Negrín consideró que las transformaciones sociales que habrían de producirse solo se podían impulsar tras la victoria, no obstante aceptó la permanencia de las leyes de colectivización o las leyes agrarias decretadas en Cataluña y discutirlas, en cualquier caso, también después del fin de la guerra.
  • en la batalla de Teruel (febrero de 1938) no se separó Cataluña del resto de la España republicana; eso no ocurrió, por tierra, hasta la toma de Vinarós, en abril; el autor no tiene siquiera la más mínima noción de geografía española.  La batalla del Ebro tenía una razón y un objetivo político que era razonable: presionar a Francia y también a Gran Bretaña –en este caso hasta donde fuera posible– para que pasaran a dar apoyo activo a la República ante la eclosión de la crisis de los Sudetes y la ofensiva expansionista de Hitler. No se alcanzó el objetivo por culpa de la traición de Chamberlain-Daladier. Desde luego, el esfuerzo que se tuvo que hacer fue grande y no se pudieron compensar las pérdidas con el giro político perseguido; pero enfocar la cuestión desde la queja nacionalista –del nacionalismo catalán en este caso– de dejar a Cataluña desprovista de medios militares para impedir su conquista es una manera muy sui generis de analizar la Guerra civil.
  • el rechazo de las ofertas marroquíes es otro de los tópicos. Para empezar, el autor lo sitúa en el contexto de su crítica a Negrín, pero nada tiene que ver con Negrín, fue una cuestión suscitada en 1936 en los primeros meses de la guerra. Y una cuestión exagerada, porque todo sirve al parecer para criticar a Negrín y los malvados comunistas; la fiabilidad de los «nacionalistas» marroquíes era reducida y en efecto la oferta se producía en un momento en que todavía se esperaba un posicionamiento positivo por parte de Francia. Por otra parte el tópico da por hecho que tal rebelión se habría producido con éxito y no habría sido aplastada por el ejército francés y el ejército de Franco, que hubieran compartido un objetivo común.
  • lo de la guerra de guerrillas es una tontería absoluta. Pretender que en la Guerra civil se podía sustituir el enfrentamiento convencional por la guerra de guerrillas es de una ignorancia supina. Decir que no hubo ningún decreto sobre la tierra a los jornaleros de la España del Sur supuestamente para conseguir que se levantaran contra el ejército sublevado, un despropósito absoluto. Por otra parte, la República sí había legislado sobre la tierra y en la guerra civil se aplicó esa legislación con intensidad (reforma agraria); también se legisló en Cataluña, a favor de rabassaires, arrendatarios y pequeños campesinos.
  • que el juicio contra el POUM fue una reedición española de los Juicios de Moscú es mentira y una infamia absoluta, por mucho que lo hayan dicho y escrito Gorkin y otros. El juicio de la dirección del POUM fue un juicio con garantías y ahí están las sentencias para refrendarlo; los documentos falsos sobre  el colaboracionismo del POUM con el fascismo no fueron tomados en cuenta por el tribunal. Mejor se haría reconociendo que en mayo de 1937 el POUM, como partido, violó la legalidad republicana mediante una acción armada en tiempos de guerra. La reacción republicana no estuvo carente de sentido, ni fue arbitraria. Y finalmente el propio gobierno republicano de Negrín puso en libertad a los condenados –todos ellos con penas de cárcel– en el momento de la retirada de Cataluña. Lo de Nin fue otra cosa, y ciertamente fue una intervención extemporánea y criminal de la NKVD, o más precisamente de Orlov. Es mentira que Negrín no hiciese nada, por el contrario intentó averiguar lo que pasaba junto con Zugazagoitia, pero no lo consiguió; la reacción de Negrín fue reorganizar los servicios de información republicanos e impulsar el SIM, dirigido por socialistas, y alejar a los agentes soviéticos del sistema de información republicano.

PD.: Obviamente no había colusión del POUM con el fascismo y los hechos de mayo no fueron un levantamiento fascista, como la propaganda comunista de la época sostuvo. Pero sí había en Cataluña una «quinta columna» y alguien pudo tener intención de pescar en río revuelto. Franco dijo que había tenido agentes en los sucesos; no necesariamente fue una provocación o una baladronada, entre los heridos en Barcelona La Vanguardia cita a un tal Trillo-Figueroa, tío de Federico Trillo-Figueroa, miembro activo del régimen como toda su familia en la postguerra. Cuando lo intenté no pude acceder a archivos del Servicio de Información franquista, y ya no le seguí la pista, pero lo cito siempre que puedo, a ver si alguien se anima.

  • Final. Eso de que el desenlace de los hechos de mayo fue una de las razones por las que Barcelona cayó sin lucha es otra infamia, pero también es una cierta confesión de parte, puede ser que inconsciente. Entre mayo del 37 y enero del 39 pasaron muchas otras cosas que explican el desenlace de la decisión de abandonar Barcelona sin lucha, sin pretender repetir en la capital catalana el «No pasarán». Explicarlo sería explicar todos esos meses de guerra: el cansancio de la guerra, el hambre, la constatación de la superioridad franquista en equipo, las maniobras de una parte de los republicanos (empezando por Azaña) y sobre todo de los nacionalistas catalanes (ERC, Tarradellas) para poner fin a la resistencia y pretender una paz «negociada» con Franco  –eso sí que causó desafección y desmoralización de combate en buena parte de la población barcelonesa– y, finalmente, el desgaste sufrido en el combate de la batalla del Ebro, que obligaba a retirarse para reagrupar fuerzas y no a plantarse para entablar una nueva batalla que podría ser la derrota definitiva. La confesión de parte: sí hubo una parte de la militancia anarquista que empezó a considerar que aquella guerra no iba con ellos; fue una consideración miope, como la de Besteiro, como la de Cipriano Mera; para otros también hubo algo de oportunismo, de caer en la trampa de la solidaridad rojinegra frente al comunismo como los que pasaron a aceptar e incluso a colaborar con el régimen franquista tras la derrota de la República.

Referencias:

Martín Ramos, J. L. (2015), El Frente Popular: victoria y derrota de la democracia en España. Pasado & Presente, Barcelona.
— (2018), Guerra y revolución en Cataluña. Crítica, Barcelona

 

Espai Marx 

Fuente: Conversación sobre la historia

jeudi 17 octobre 2024

Pérfida Albión: Gran Bretaña y la Guerra Civil Española

 FUENTE: https://conversacionsobrehistoria.info/2024/06/14/perfida-albion-gran-bretana-y-la-guerra-civil-espanola/


Chris Bambery

 

La mayoría de la gente sabe que una de las razones por las que los fascistas ganaron la Guerra Civil española de 1936-39 fue la enorme cantidad de ayuda directa que su líder, el general Francisco Franco, recibió de sus hermanos de armas, los dictadores fascistas Hitler y Mussolini. La obra maestra de Picasso, “Guernica”, inmortalizó la destrucción alemana de la ciudad vasca, sede de su parlamento. Mussolini envió unos 100.000 soldados que desempeñaron un papel clave en las victorias fascistas.

En su libro de ensayos, Pérfida Albión, Paul Preston comienza analizando hasta qué punto estaba extendido el apoyo a Franco entre la clase dirigente británica, y el papel que desempeñó el gobierno británico en la ayuda directa a la victoria de Franco. Al comienzo de la Guerra Civil, el Primer Ministro Stanley Baldwin fijó su posición de la siguiente manera: “Los ingleses odiamos el fascismo, pero también detestamos el bolchevismo. Así que, si éste es un país en el que fascistas y bolcheviques pueden matarse unos a otros, ello redundará en beneficio de la humanidad” (p.17).

En realidad, eso no era del todo cierto. Ese mismo mes, julio de 1936, el gobernador de Gibraltar advirtió a sus señores de las nefastas consecuencias si el gobierno “prácticamente comunista” del Frente Popular en Madrid vencía la sublevación militar, añadiendo: “todo el mundo espera ansiosamente el resultado del golpe del general Franco” (p.17).

Cuando comenzó la Guerra Civil en España, el gobierno de centro-izquierda de Leon Blum en Francia acordó proporcionar armas y aviones al gobierno legítimo y elegido de Madrid, pero el gobierno tory de Gran Bretaña presionó a Blum para que retirara esa ayuda. En su lugar, Gran Bretaña y Francia decidieron una política de “no injerencia”, por la que ellos, Alemania, Italia y Portugal, una dictadura semifascista, acordaron no suministrar armas ni intervenir militarmente en España. Las dictaduras simplemente mintieron. Se encargó a buques de guerra alemanes e italianos que patrullaran la costa mediterránea de España para impedir la entrada de armas, sin hacer nada, por supuesto, para impedir que buques con sus banderas trajeran armamento y “voluntarios”.

Los buques de guerra británicos y franceses no hicieron nada cuando los submarinos italianos hundieron barcos que se dirigían a Barcelona y Valencia o cuando los buques de guerra fascistas bombardearon columnas de refugiados aterrorizados que huían de Málaga. Con las fuerzas fascistas acorralando la principal ciudad vasca de Bilbao, los británicos aceptaron a pies juntillas las afirmaciones fascistas de que habían minado su entrada y que sus buques de guerra hundirían cualquier barco que se dirigiera allí y que estuviera dentro de las aguas territoriales españolas. El gobierno británico aceptó esta amenaza ilegal. Un capitán galés demostró la falsedad de las amenazas de Franco llevando su barco, que transportaba alimentos que se necesitaban desesperadamente, a Bilbao.

17 de marzo de 1937: un grupo de observadores británicos encabezados por el capitán 
A.H. Smyth (con bufanda blanca) a punto de partir de la estación de Waterloo para 
desempeñar funciones de supervisión en España, siguiendo el mandato del Comité 
de No Intervención (foto: Media Storehouse).

Dependencia de Stalin

La no intervención jugó en contra del Gobierno legal de la República Española, que no podía comprar armas a las democracias occidentales. Se vieron obligados a recurrir a Rusia. Su dictador, Stalin, dudaba porque deseaba una alianza con Gran Bretaña y Francia contra Hitler, y no quería que nada alterara esa situación. Sin embargo, consciente de que una victoria fascista dañaría la credibilidad de Rusia, accedió a enviar armas y asesores. Había que pagarlos -las reservas de oro de España se embarcaron rumbo a Rusia- y nunca llegaron a la escala de lo que Hitler y Mussolini proporcionaron a Franco.

La dependencia de la República respecto a Rusia tuvo un precio político. El ala derecha del Partido Socialista Español y el Partido Comunista estaban de acuerdo en que había que estrangular la revolución que había estallado en respuesta al golpe fascista de julio de 1936 (sobre todo en Cataluña). Finalmente, en mayo de 1937, se formó un “Gobierno de la Victoria” bajo el socialista de derechas Juan Negrín, con el apoyo entusiasta de los comunistas.

Una de las colegas cercanas de Preston, Helen Graham (a quien admiro mucho, como a él), ha escrito que la política de Negrín era “consolidar una economía liberal de mercado y un sistema de gobierno parlamentario en la España republicana”[1].

El propio Paul escribe:

“Dirigentes socialistas como Indalecio Prieto [Ministro de la Guerra 1937-1938] y Juan Negrín [Primer Ministro 1937-1939] vieron que un estado convencional, con control central de la economía y los instrumentos institucionales de movilización de masas, era la base crucial de un esfuerzo de guerra eficaz. Los comunistas y los asesores soviéticos estaban de acuerdo. Esto no sólo era de sentido común, sino que la minimización de las actividades revolucionarias de los anarquistas y del antiestalinista Partido Obrero de Unificación Marxista [POUM] era necesaria para tranquilizar a las democracias burguesas con las que la Unión Soviética (y el gobierno republicano español) buscaban entenderse” (p. 207).

Lo que Negrín y los comunistas querían era un ejército convencional para librar una guerra convencional. El problema era que Franco tenía ventaja en cuanto a efectivos y potencia de fuego. El ejército republicano lanzó una serie de ofensivas bien concebidas que al principio fueron bien, pero luego Franco envió hombres y artillería, además de bombarderos, y no sólo hizo retroceder a los republicanos, sino que en Teruel separó Cataluña del resto de la España republicana y luego la batalla del Ebro fue testigo de una derrota final que dejó a Cataluña desprovista de los medios militares para impedir su conquista.

La preocupación por no enemistarse con británicos y franceses hizo que el gobierno republicano rechazara las ofertas de los nacionalistas marroquíes de rebelarse allí, una importante base nacionalista, si se les prometía la independencia. Como la mayor parte de Marruecos era colonia francesa, la respuesta fue negativa.

Entrevista entre Leon Blum y Anthony Eden en Ginebra, 1936 (foto: agencia Meurisse/BNF)

La alternativa revolucionaria

En el país que inventó la guerra de guerrillas cuando Napoleón ocupó España no hubo ningún intento serio de lanzar una guerra de este tipo en las zonas controladas por los nacionalistas, porque se temía que las cosas se descontrolaran y alteraran las relaciones de propiedad burguesas. Por ello, no hubo ningún decreto que diera la tierra a los jornaleros sin tierra en las grandes fincas del sur de España.

Preston pinta un cuadro de cómo las milicias populares formadas en el verano de 1936 fueron ineficaces, pero, en primer lugar, derrotaron la sublevación militar en Barcelona, Madrid y Valencia, y en segundo lugar, el avance anarcosindicalista en Aragón obtuvo la mayor ganancia de la guerra, en gran parte porque colectivizó la tierra. La contraposición de guerra y revolución pasa por alto la posibilidad de una guerra revolucionaria, como demostró Cromwell en la Guerra Civil Inglesa, y como hicieron los jacobinos en las Guerras Revolucionarias Francesas, Toussaint L’Ouverture en Haití, Abraham Lincoln (finalmente) en la Guerra Civil Americana, y por supuesto León Trotsky y el Ejército Rojo en la Guerra Civil Rusa que siguió a la Revolución Bolchevique.

En todos estos casos se trataba de ejércitos centralizados, pero motivados por objetivos revolucionarios, lo que significaba que superaban al enemigo. Por supuesto, Negrin y Stalin no querían saber nada de eso. Preston conoce estos argumentos pero no los aborda.

El principal objetivo de dos de los seis ensayos es el escritor inglés George Orwell y su relato del servicio militar en la milicia de POUM, Homenaje a Cataluña. Para Preston, esto ofrece una visión “a ojo de gusano” de lo que ocurrió en Cataluña en mayo de 1937, cuando las fuerzas de seguridad comunistas provocaron y luego aplastaron un levantamiento anarcosindicalista en Barcelona. El control obrero de las fábricas, las milicias populares y el comité de barrio fueron entonces liquidados. Esta debacle se conoció como los “días de mayo”.

Dudo en cruzarme con Preston, que me cae bien y es el mejor historiador contemporáneo de la España moderna, pero su acusación es que Orwell ignoró por qué perdió la República: por el apoyo alemán e italiano. Según Preston, la estrategia del Frente Popular de la Internacional Comunista de construir alianzas antifascistas con liberales y demás, y dejar de hablar de revolución, por si les asustaba, era la única opción posible.

Sin embargo, antes de ir a España, Orwell fue muy crítico con la estrategia del Frente Popular de la Internacional Comunista: “… que… no tendrá un carácter genuinamente socialista, sino que será simplemente una maniobra contra el Fascismo alemán e italiano (no contra el inglés), por lo que hay que ahuyentar a los Liberales melindrosos que quieren destruir el fascismo extranjero para poder seguir cobrando sus dividendos pacíficamente, el tipo de patán que aprueba resoluciones ‘contra el fascismo y el comunismo’, es decir, contra las ratas y el veneno para ratas”.

Continuó argumentando: “En los próximos años, o conseguimos ese partido socialista eficaz que necesitamos, o no lo conseguiremos. Si no lo conseguimos, entonces el fascismo llegará…”[2]. En lugar del Frente Popular, Orwell buscaba un frente obrero antifascista; la derrota del fascismo mediante la revolución y un nuevo partido socialista. Este punto de vista permaneció con él al menos hasta principios de la década de 1940.

Brigadistas internacionales británicos hechos prisioneros en la batalla del Jarama (1937). 
(Foto: Movietone News con identificación en richardbaxell.info)

Orwell y el legado de España

Su estancia en España fue la experiencia más importante de la vida de Orwell. Allí vio “cosas maravillosas y por fin creí realmente en el socialismo, cosa que nunca antes había creído”. En Barcelona vio que “la clase obrera estaba en la silla de montar” y que “las clases adineradas prácticamente habían dejado de existir”. Era “una situación por la que valía la pena luchar”.

La conclusión que sacó de España fue que los partidos comunistas eran agentes de la política exterior de Stalin más que agentes de la revolución socialista. En 1946, escribió que fueron sus experiencias en España las que “dieron la vuelta a la balanza y a partir de entonces supe a qué atenerme. Cada línea de trabajo serio que he escrito desde 1936 ha sido escrita directa o indirectamente contra el totalitarismo y a favor del socialismo democrático”.

Las Jornadas de Mayo fueron importantes. Una de las razones por las que Barcelona acabó cayendo sin luchar fue la desmoralización que crearon. Al hablar contra lo que habían hecho los comunistas, Orwell nadaba contra corriente. Pero decía la verdad.

El lider del POUM, Andreu Nin, como afirma Preston, fue asesinado por agentes del NKVD, vestidos con uniformes franquistas para intentar crear la mentira de que habia sido atrapado por los fascistas y llevado a su capital en Salamanca. Los restantes dirigentes del POUM fueron juzgados en lo que los comunistas esperaban que fuera una reedición española de los Juicios de Moscú. No fue así.

La acusación presentó pruebas falsas para demostrar que el POUM estaba aliado con los fascistas. La defensa pudo presentar testigos para desacreditar estas falsificaciones, incluido el líder socialista, Largo Caballero, que ocupaba el cargo en la época de las Jornadas de Mayo. Los poumistas fueron absueltos de estar aliados con los fascistas, pero declarados culpables de insurrección, con cuatro de los acusados condenados a quince años, uno a once años y dos declarados inocentes. El proceso no fue un juicio espectáculo, pero el gobierno de Negrín quería un veredicto de culpabilidad porque ayudaría a su labor de reconstrucción del Estado burgués.

Negrín aceptó la prohibición del POUM y la detención de cientos de sus miembros, incluidos los combatientes de su milicia. Tampoco hizo nada contra las acciones de la policía secreta dirigida por los comunistas, que torturaron a Nin antes de su ejecución. Esto se debió a que los oficiales comunistas eran fundamentales en el nuevo ejército republicano y a que tanto él como ellos estaban de acuerdo en que había que liquidar los logros revolucionarios del verano de 1936.

¿Estuvo Orwell en peligro tras las Jornadas de Mayo? Su amigo y comandante, Georges Kopp, fue detenido, le interrogaron 27 veces y, en una ocasión, le mantuvieron aislado en la oscuridad sin comida durante doce días. Bob Smillie, nieto del líder de los mineros escoceses, murió en prisión por lo que Orwell y muchos otros creyeron que era una negligencia médica deliberada. Orwell, que se estaba recuperando de una operación en el cuello y ya sufría de mala salud, probablemente no habría sobrevivido a tal tratamiento.

Centuria de voluntarios del POUM en el Cuartel Lenin de Barcelona, 
antiguo cuartel de caballería Montesa (c/ Tarragona). 
El miliciano más alto de la formación ha sido identificado como George Orwell.

Orwell y el socialismo

 Orwell nunca se consideró marxista. En el verano de 1940 confiaba en una versión del frente obrero antifascista para derrotar una invasión nazi, y creía que la revolución era inminente. En otoño de 1942, en su Looking Back on the Spanish War, seguía buscando inspiración en su estancia en España, recordando “al miliciano italiano que me estrechó la mano en el cuarto de guardia el día que me alisté en la milicia”.

Continuó, comentando la cara del miliciano: “… que sólo vi durante un minuto o dos, permanece conmigo como una especie de recordatorio visual de lo que fue realmente la guerra. Simboliza para mí la flor y nata de la clase obrera europea, acosada por la policía de todos los países, la gente que llena las fosas comunes de los campos de batalla españoles y que ahora, por varios millones, se pudre en campos de trabajos forzados… La cuestión es muy simple. ¿Deberá permitirse a personas como ese soldado italiano vivir la vida decente y plenamente humana que ahora es técnicamente alcanzable, o no? ¿Se debe empujar al hombre común de nuevo al fango, o no? Yo mismo creo, tal vez por motivos insuficientes, que el hombre común ganará su lucha tarde o temprano, pero quiero que sea pronto y no tarde: en algún momento dentro de los próximos cien años, digamos, y no en algún momento dentro de los próximos diez mil. Esa fue la verdadera cuestión de la guerra española, y de la guerra actual, y tal vez de otras guerras aún por venir”. Sus esperanzas aumentaron con la aplastante victoria de los laboristas en las elecciones de agosto de 1945, pero luego llegó la desilusión.

Preston acusa a Orwell de ser un guerrero de la Guerra Fría. Desde su huida de Cataluña, había sido muy hostil al estalinismo y a su influencia en la izquierda. Con el inicio de la Guerra Fría, a pesar de sus agudas críticas a los Estados Unidos, veía a la URSS como el mal mayor. Eso le llevó a colaborar con el Departamento de Investigación Informativa de los servicios secretos británicos. Fue un grave error. Hay que tener en cuenta que Orwell era ya un hombre muy enfermo, y la tuberculosis le llevaría a una muerte prematura. Sin embargo, sería un error pensar que Homenaje a Cataluña, escrito en 1937-8, cuando Orwell estaba claramente en la izquierda antiestalinista (una corriente muy minoritaria) era de alguna manera un libro de la Guerra Fría, cuando ésta sólo comenzó una década más tarde.

En 1947, escribió en la revista americana de izquierdas Partisan Review: “El socialismo no existe en ninguna parte, pero incluso como idea sólo es válido actualmente en Europa. Por supuesto, no puede decirse propiamente que el socialismo esté establecido hasta que sea mundial, pero el proceso debe comenzar en alguna parte, y no puedo imaginar que comience excepto a través de la federación de los estados europeos occidentales, transformados en repúblicas socialistas sin dependencias coloniales. Por lo tanto, unos Estados Unidos Socialistas de Europa me parecen el único objetivo político que merece la pena hoy en día”.

Se esté de acuerdo o no, Orwell buscaba una alternativa a la simple elección entre Washington y Moscú. Preston está escribiendo aquí una polémica en dos capítulos, uno sobre Orwell directamente, el otro sobre él y otros testigos antiestalinistas, ¡y le encanta la polémica! Como con todo lo que escribe Preston, yo recomendaría Pérfida Albión. Hay un capítulo brillante sobre los miembros de los Servicios Médicos de las Brigadas Internacionales, y a lo largo de todo el libro se centra en la complicidad británica con el fascismo español.

Notas

[1] Helen Graham, The Spanish Republic at War 1936-1939, (Cambridge University Press, 2002), p.338.

[2] George Orwell, The Road to Wigan Pier, (Penguin, 2001), pp. 194-5 y p. 203.

 

*Chris Bambery es autor, activista político y comentarista, y simpatizante de RISE, la coalición de izquierda radical de Escocia. Entre sus libros figuran A People’s History of Scotland y The Second World War: A Marxist Analysis.

Reseña del libro de Paul Preston, Perfidious Albion: Brttain and the Spanish Civil War (Clapton Press, 2024)

Fuente: Counterfire 17 de mayo de 2024

Traducción: Antoni Soy Casals en Sin Permiso 23 de mayo de 2024