Parue en 1974 en Allemagne, la Théorie de l'avant-garde de Peter Bürger a
suscité d'importants débats. Elle n'avait pourtant pas été traduite en
France jusqu'à présent. Sa publication donne l'occasion d'interroger
l'héritage des avant-gardes dites "historiques" (surréalisme, dada,
constructivisme russe) dans le contexte de l'art contemporain et, plus
largement, de la culture de masse postmoderne, mais aussi de rendre
compte de leurs échecs, de leurs "futurs passés" comme de leur
réactivation problématique.
Peter Bürger construit un concept
d'avant-garde caractérisé par une remise en cause durable de l'idéologie
de l'autonomie esthétique et par une attaque massive contre
l'institution art en tant que domaine social détaché de la pratique de
la vie. Loin de composer un simple récit à propos des mouvements
d'avant-garde dans leur diversité, Bürger tente de cerner les conditions
de possibilité historique de leur apparition et l'unité sous-jacente de
leurs démarches.
S'appuyant sur l'esthétique d'Adorno et,
plus largement, sur la théorie de l'école de Francfort, son livre
s'inscrit dans une herméneutique critique de la culture, qui prend la
mesure des bouleversements introduits par les avant-gardes, tant dans la
déconstruction de la "totalité organique" des oeuvres d'art (par le
montage, le collage ou le rôle dévolu au hasard) que dans la
redéfinition de leur rôle politique - réconcilier utopiquement technique
et esthétique, art et praxis.
Les analyses que consacre Peter
Bürger au concept d'oeuvre d'art, la distance qu'il prend à l'égard des
thèses de Habermas ou de Benjamin, les éclairages historiques qu'il
mobilise, comme son souci de distinguer l'autonomie artistique, du point
de vue de son histoire et de son ancrage institutionnel, du contenu des
oeuvres, font de ce livre un élément majeur pour toute approche des
avant-gardes. Son examen de la situation créée par le projet inabouti
des avant-gardes, sa description de ce qu'on désigne par "art
contemporain" contribuent de façon décisive à la réflexion sur les
pratiques artistiques d'aujourd'hui, leur rapport à l'institution art, à
la culture et au marché.
À propos de l'auteur
Peter Bürger a enseigné la philosophie et la théorie de la littérature
générale et comparée à l'université de Brême. Il est l'auteur de livres
traduits dans plusieurs langues, parmi lesquels : Der französische
Surrealismus (1971), Zur Kritik der idealistischen Astherik (1983) et La
Prose de la modernité (1988), traduit chez Klincksieck en 1995, le seul
accessible au lecteur français jusqu'à présent.
Nous avions souligné en son temps [1] l’importance historiographique essentielle de l’ouvrage de Chris Ealham La lucha por Barcelona, version espagnole d’Anarchism in the City : Revolution and Counter-Revolution in Barcelona (1898-1937).
Nous en disions – et qu’on nous pardonne de nous citer – que le tableau
que tirait l’historien britannique hispanisant de « la conflictualité
sociale dans la capitale catalane au cours des quatre premières
décennies du XXe siècle » était « impressionnant de pertinence ». Nous
insistions également sur le fait que son analyse, « d’une part, de
l’organisation de l’espace urbain barcelonais et de la volonté de
contrôle des classes dangereuses, théorisée par une bourgeoisie
catalaniste ralliée à la “République d’ordre”, et, de l’autre, des
stratégies d’action directe mises en place par la CNT pour marquer son
territoire, dress[ait] [à partir] d’un recensement détaillé des zones
d’implantation de l’anarcho-syndicalisme barcelonais – les quartiers du
centre historique (El Raval), ceux de la première périphérie (Sanz),
ceux de la seconde périphérie (Hospitalet, San Adrían, Santa Coloma) –,
[…] une topologie originale d’une CNT où l’affrontement récurrent entre
syndicalistes et “faïstes” recoup[ait] très précisément le statut
social, mais aussi l’appartenance des militants à tel ou tel espace
urbain ». Avant de conclure que tout cela, mais aussi « sa perception du
processus révolutionnaire de l’été 1936 comme appropriation du
territoire urbain et rupture avec “l’idéologie démocratique de
domination” » ouvrait « des perspectives d’analyse tout à fait
nouvelles ».
Dans sa préface à l’excellente traduction française que vient de nous
donner Agone, Chris Ealham revendique l’influence qu’exerça sur son
parcours et son travail de recherche « l’histoire sociale à la Thompson [2], c’est-à-dire “par le bas” (from below) ».
Pour le cas, concernant ce livre, il s’agissait, dit-il, « de mettre au
premier plan les motivations et les actions des gens ordinaires » en
recréant « le monde social et la culture quotidienne de ces personne
anonymes et des dépossédés qui se saisirent de l’anarcho-syndicalisme
pour défendre leurs intérêts ». Au contraire des thèses d’Eric Hobsbawm
qui, fidèle à une certaine orthodoxie marxiste, s’employa à démontrer,
sans jamais le prouver, que l’anarchisme espagnol n’avait jamais été
rien d’autre qu’une « rébellion primitive », essentiellement paysanne,
Ealham perçoit à juste titre l’anarcho-syndicalisme comme relevant d’un
mouvement fondamentalement urbain.
Cette histoire « par le bas » se doit, précise l’historien, d’être
sociale, politique, culturelle, mais également « inscrite dans
l’espace ». Admettant pour le coup l’influence d’Henri Lefebvre, à
laquelle il aurait pu ajouter celle des situationnistes, Ealham tisse un
maillage subtil entre les luttes proprement ouvrières – celles qui
naissent et se propagent à partir des lieux de travail – et celles qui
en débordent le cadre (luttes des chômeurs, grèves des loyers, actions
de braquage et de réappropriation, « ces petits coups de feu de la
guerre de classe » comme disait l’historien James C. Scott). Et,
au-delà, il s’attache, brillamment, à démontrer en quoi les projets
d’urbanisme bourgeois qui, depuis le « plan Cerdà » de 1854, n’ont cessé
de bouleverser Barcelone n’ont eu, malgré leurs présupposés
progressistes, d’autre but que de soumettre, contre le peuple, la ville
aux seuls intérêts inégalitaires de la bourgeoisie, espagnoliste ou
catalaniste, et des propriétaires fonciers. Sur ce plan, sa
démonstration est, disons-le, remarquable. Elle atteste en quoi, pour
utopique qu’elle soit sur le plan urbanistique, une « politique de
rénovation urbaine conçue à des fins avouées de domestication de la
population » débouche toujours sur un « cauchemar dystopique » aux
conséquences toujours inattendues.
Dans le cadre d’une ville aussi rebelle que la Barcelone du premier tiers du XXe siècle – ce temps où la Rosa de foc
(la Rose de feu) fut bien la capitale de l’anarcho-syndicalisme –, le
doublement, entre 1900 et 1930, de sa population ouvrière avec l’arrivée
massive d’une main-d’œuvre venant, pour le plus gros, de Murcie et
d’Andalousie ne pouvait qu’augmenter les « paniques morales » des élites
bourgeoises. Ealham décrit par le menu cette psychose de la « vie
sauvage » des classes dangereuses qu’elles développèrent et les réponses
ultra-répressives qu’elles engagèrent pour la « civiliser ». Mais, face
à la cherté des loyers – qui augmentèrent en une seule année (1920) de
50 à 150 % – et à l’augmentation constante des denrées de première
nécessité que ne compensait aucune mesure sociale, les conditions
déplorables d’existence des émigrés de l’intérieur favorisèrent
naturellement leur rapprochement presque immédiat avec
l’anarcho-syndicaliste CNT, qui eut l’intelligence de comprendre, sans
calculer les risques, l’intérêt qu’elle avait à tirer de la
conscientisation de ces révoltés de la misère. Nombreux sont, en effet,
les exemples que l’auteur nous donne de cette fraternisation en actes
qui opéra dans les quartiers pauvres de la ville, les barrios.
Organisés en « petites républiques », « par le bas, sans privilège ni
hiérarchie, ils constituaient, écrit-il, un ordre socioculturel urbain
largement autonome et des espaces assez libres où la police ne pénétrait
presque jamais » tant y était faible l’autorité de l’État. D’où la
réelle panique que cette convergence objective suscita chez les
bourgeois.
Les Anarchistes dans la ville nous offre, c’est acquis, un très
large et fort précis panorama des mutations de la Barcelone du premier
tiers du XXe siècle, et plus encore de ses quartiers populaires, le tout
en s’attachant à nous instruire sur la vie quotidienne de ceux d’en-bas
et les réponses collectives – culturelles, sociales et
organisationnelles – qu’ils apportèrent, à partir d’eux-mêmes et pour
eux-mêmes, aux défis de la question sociale. Mais ce n’est là qu’un seul
de ses apports à l’historiographie générale. L’autre, c’est de nous
éclairer sur la manière dont la CNT de ces temps, syndicat ouvrier par
excellence, fit jonction naturelle avec des luttes non directement liées
au monde du travail, celles des chômeurs et des locataires par exemple,
sans se poser d’autres questions que celle de leur légitimité. Et ce
faisant, de prendre le risque du conflit interne, notamment quand
certains de ses activistes militants défendirent, par exemple, des
pratiques de reprise individuelle, dont la gamme pouvait aller du simple
vol à l’étalage pour ne pas crever de faim au braquage plus conséquent.
L’impression qu’on en retire, c’est que la CNT savait être, dans le feu
de l’action, autre chose qu’un syndicat ouvrier au sens strict du terme
pour devenir une sorte d’objet non identifiable qui terrorisait
l’adversaire précisément pour cela. C’est un peu comme s’il y avait
diverses CNT dans la CNT et que son tout faisait unité des multiples
pour configurer un mouvement de classe protéiforme capable de faire
avancer, par tous moyens, la cause générale de la révolution sociale et
de l’auto-émancipation du prolétariat.
Cette perspective est essentielle pour comprendre en quoi les lectures
historiques d’une CNT réduite à sa dimension syndicale et aux conflits –
idéologiques ou stratégiques – qui la traversèrent, peinent à saisir ce
qui, en son sein, était toujours mouvant et induisait, par là-même, une
réadaptation permanente de ses formes de luttes à la réalité des
conditions d’exploitation et de domination du prolétariat et du
sous-prolétariat de son temps. Cette élasticité la plaçait objectivement
hors du champ balisé de l’affrontement de classe codifié, et surtout
des compromis auxquels il aboutit souvent. Son ambition, elle pouvait la
placer ponctuellement dans des victoires partielles, mais sans jamais
perdre de vue l’objectif final : tendre le fil de la conflictualité
sociale jusqu’à son point de rupture révolutionnaire.
La fresque que nous offre Ealham atteste que cette « guerre urbaine » que connut la Rosa de foc
dans le premier tiers du XXe siècle eut, au moins deux effets
prolongés : elle accrut, d’une part, le dispositif général de répression
contre le mouvement ouvrier, notamment sous la dictature du général
Primo de Rivera (1924-1927), et déplaça, de l’autre, aux premiers temps
de la République, du moins en Catalogne, le centre de gravité
syndicaliste révolutionnaire de la CNT vers un anarcho-syndicalisme plus
offensif sous influence plus nettement anarchiste.
Corollairement, mal maîtrisée, cette « gymnastique révolutionnaire » qui
connut son heure de gloire après l’instauration, en 1931, d’une
République dite « de toutes les classes », accumula tant de ratés que,
dans un chapitre intitulé « La militarisation de l’anarchisme »
(1932-1936), Ealham en pointe les effets négatifs. Son jugement,
dépourvu de tout romantisme révolutionnaire, est clair : ayant versé
dans une stratégie purement putschiste, « les radicaux remplacèrent les
luttes syndicales massives par leur propre violence ». Avant-gardiste
jusqu’à la caricature, cette fuite en avant de type blanquiste reposait
sur une telle surévaluation des seules capacités de l’anarchisme
militant à faire la révolution que, logiquement, toute démarche tendant à
favoriser l’unité ouvrière lui semblait inutile. C’est ainsi que, de
défaite en défaite, la longue marche de l’insurrectionnalisme vers le
communisme libertaire imposé ici ou là par décret et presque aussitôt
déposé par la force des Gardes d’assaut releva, nous dit Ealham, d’une
« politique du pire » infiniment réitérée et toujours fondée sur l’idée
absurde que, plus les choses empireraient, plus la victoire finale
serait éclatante. La vague de répression étatique qui s’abattit alors ne
frappa pas les seuls acteurs ou partisans de la stratégie
insurrectionnaliste, contestée à l’intérieur même de la CNT, mais,
indistinctement, tout ce qui, de près ou de loin, pouvait être identifié
comme libertaire.
Il n’en est pas moins vrai, cela dit, que cette parenthèse
insurrectionnaliste eut aussi pour effet, à travers les « groupes de
défense » qui en furent souvent la pointe combattante, de préparer les
esprits et les corps au grand affrontement qui vint, à Barcelone, le 19
juillet 1936 au matin quand, actionnées par les militants cénétistes,
les sirènes des usines sonnèrent l’heure de l’assaut final. Il fallut un
jour pour que la rébellion fasciste soit réduite, et un peu plus pour
que la CNT, assurément dominante dans le combat, s’empare de sa ville.
Elle ne le fit pas seule, certes, mais tous les participants à la
résistance au fascisme encaserné reconnurent que sans elle, sans le
messianisme révolutionnaire qui la caractérisait, la tâche eût été plus
ardue.
Ainsi, la révolution sociale tant attendue vint d’une résistance à un
coup d’État militaire contre une République qu’il fallait défendre alors
qu’elle n’avait cessé de dériver vers l’ordre bourgeois en réservant
ses coups les plus durs à ceux qui en contestaient les fondements mêmes.
Tel est le premier maillon d’une longue chaîne de contradictions qui
allait enserrer à tel point la CNT qu’elle n’en finirait jamais de
sortir, au nom de l’unité antifasciste, de la ligne de « collaboration
démocratique » que lui imposait l’état national du rapport des forces. A posteriori,
il est toujours simple de rejouer le match en pointant les erreurs de
tel ou tel de ses protagonistes, mais nous ne mangeons pas de ce
pain-là. Une révolution sociale eut bien lieu qui porta si loin le feu
de l’espérance qu’elle brille encore dans les révoltes du présent. Il
est, finalement, des défaites plus porteuses que les victoires.
Quant à Barcelone, elle demeura la ville par excellence de cette
révolution libertaire avant que, en mai 1937, la réaction
stalino-républicaine n’y reprenne le pouvoir en y effaçant toutes les
traces du bel été de l’anarchie. Les fascistes y arriveront deux ans
plus tard pour la plonger, eux, dans une nuit de quarante ans.
En la entrada anterior se publicó una reseña –traducción de la publicada en Counterfire–sobre el libro de Paul Preston ‘Perfidious Albion’ – Britain and the Spanish Civil War [Pérfida Albión: Gran Bretaña y la Guerra Civil Española],
que ha suscitado un pequeño intercambio de correos entre los
participantes de Debat polític i social, el grupo de discusión mediante
mensajería impulsado en su origen por Espai Marx. Reproducimos a
continuación, ligeramente editado, el correo en respuesta a esta reseña
del historiador José Luis Martín Ramos.
José Luis Martín Ramos
Universitat Autónoma de Barcelona
Parece mentira, pero es así: a estas
alturas todavía domina en determinada literatura, más política que
historiográfica, un relato de la Guerra civil acuñado en los años
cincuenta −los de la Guerra fría, el hecho no es casual− sobre todo a
partir de la obra de Bolloten, con toques posteriores de Broué. Para esa
literatura no ha existido el trabajo de una ya larga lista de
historiadores, fundamentalmente españoles, que ha mejorado muy mucho
nuestro conocimiento (últimamente los trabajos de Viñas, Alía Miranda,
Moradiellos, Bahamonde, Hernández Sánchez… o los míos sobre Cataluña y
el Frente Popular). Debe de ser una mezcla de pereza intelectual y
soberbia ideológica. El texto es algo largo, lo advierto.
Empecemos con la sublevación y su
derrota. Se inicia el 17 de julio en África y, de acuerdo con el plan de
Mola, va extendiéndose por las guarniciones de la Península. En África
se impone sin problemas −por eso es allí a donde vuela Franco−, pero no
en la Península, donde se enfrenta a una reacción convergente y a veces
combinada del movimiento obrero y de fuerzas del orden (guardia civil y
guardia de asalto). Allí donde solo intervienen los trabajadores la
oposición al golpe es masacrada (ejemplos: Granada, Cáceres, ciudades de
Galicia…), mientras que donde se unieron ambas fuerzas la sublevación
fue derrotada (Madrid, Barcelona, Bilbao…). En Valencia, la situación no
se aclaró hasta después del desenlace de los enfrentamientos en
Barcelona, cuando los mandos de la guarnición acataron al gobierno de la
República. El mito de la derrota de los militares por los obreros es
falso; eso está bien reflejado en las fotos de Centellas, con obreros,
policías y guardias civiles luchando codo a codo, o en el episodio del
desfile de la guardia civil por Vía Layetana rumbo a Plaza Urquinaona,
que es cuando se dio por derrotada la sublevación en Barcelona.
Civiles
y carabineros en el Carrer Ample de Barcelona.
Imagen de la exposición
‘Pérez de Rozas. Crónica gráfica de Barcelona’ del AFB.
La sublevación solo se impuso
parcialmente en la Península y, a excepción de Sevilla y Zaragoza, no lo
hizo en ninguna capital importante; triunfó en la España rural, así los
sublevados no pasarían hambre, pero no consiguieron el control de la
industria, con lo que a medio plazo su superioridad en equipo −el de la
Legión y los Regulares− estaba destinada a extinguirse. Durante algunos
días hubo una situación de incertidumbre, con el fracaso del intento de
asalto a Madrid por parte de Mola, hasta que el apoyo de Mussolini y
Hitler proporcionó a Franco la cobertura aérea y marítima y los medios
(aviones de transporte de tropas, barcos) para trasladar el ejército de
África al Sur de la Península, con lo que un golpe a punto de fracasar
se convirtió en guerra civil (algo previsto por Mola, lo de la guerra
civil). No se impuso, pero si desestabilizó de manera importante al
Estado republicano, que perdió el control parcial o total en algunos
territorios: total en Asturias, donde las instituciones republicanas se
desvanecieron, y en Vizcaya por el comportamiento «soberanista» del PNV;
parcial con un grado diverso de afectación en el resto del territorio
republicano. Esa pérdida de control produjo situaciones de conflicto
entre una parte del movimiento obrero (CNT y POUM) y las instituciones
republicanas.
¿Esa pérdida de control fue una
revolución o el inicio de una revolución? El relato tradicional
anarquista, trotskista o «poumista» afirma que así fue. Broué lo
identificó como una situación de doble poder, haciendo el parangón con
la Rusia de 1917. Hay que examinarlo en concreto: en Vizcaya, desde
luego, no hubo ninguna revolución; en Madrid tampoco, ni siquiera se
produjeron colectivizaciones importantes de las pocas industrias de la
capital; en el País Valenciano la situación de incertidumbre se alargó
un poco más, y donde la CNT impuso su proyecto de revolución fue
únicamente en la provincia de Castellón. ¿Qué pasó en Cataluña? En
Cataluña en la noche del 21 la CNT debatió en Barcelona, en asamblea
regional improvisada, qué había de hacerse. Durante los combates las
organizaciones obreras se adueñaron de las armas y municiones existentes
en el Cuartel del Bruc y en los cuarteles de Sant Andreu; Companys,
prudentemente, decidió no evitar esa incautación, lo que habría obligado
a un enfrentamiento a tiros entre los trabajadores armados y la guardia
de asalto y guardia civil, un enfrentamiento sobre el que no tenía
garantías de imponerse, y tampoco quería Companys enfrentarse con las
organizaciones obreras. Decidió negociar con ellas.
La CNT discutió y rechazó la propuesta
de Garcia Oliver de «ir a por todas», es decir, proclamar la revolución
social (García Oliver se quedó solo: no lo apoyó Durruti, ni Abad de
Santillán, y solo Escorza hizo un comentario críptico que fue en apoyo
de García Oliver). La CNT descartó desencadenar la revolución social y
acordó pactar con la Generalitat, con Companys, no una dualidad de poder
sino una división de funciones en el marco de una nueva correlación en
el ejercicio del poder: un Comité Central de Milicias Antifascistas
(CCMA), integrado por CNT, FAI, UGT, PSUC (se constituyó el 22-23),
POUM, ERC y AC (solo quedó fuera Unió Democrática), asumiría la
formación de las columnas de milicias −en las que se integrarían
oficiales leales− para dirigirse a tomar Zaragoza y organizar patrullas
de vigilancia en Barcelona y resto de ciudades y pueblos; es decir,
asumiría la función militar y el Gobierno de la Generalitat mantendría
la función de la administración civil, con un detalle importante, la
Banca controlada por la UGT quedaría al servicio del Gobierno de la
Generalitat y no del CCMA.
Primera reunión del Comité Central de Milicias Antifascistas de Cataluña el 21 de julio de 1936 (foto: Estel Negre)
Con el control de la calle se produjo
también la ocupación de las grandes fábricas y almacenes de venta y de
algunos talleres medianos, y la formación de comités de control obrero
en el sector industrial y comercial: fue el proceso de
«colectivización», que en realidad fue un proceso de incautación por
parte de los sindicatos. Esa dualidad de funciones estuvo afectada por
los conflictos de poder derivados de la nueva correlación política y
sindical, dada la concentración en las dos grandes centrales de toda la
representación sindical, a excepción del campo, donde la Unió de Rabassaires siguió siendo mayoritaria.
El verano de 1936 resultó muy agitado en
la retaguardia y muy negativo en el frente. Las milicias que
sustituyeron necesariamente a un ejército descompuesto por la
sublevación no fueron capaces de romper el frente de Aragón ni marchar
sobre Zaragoza; se produjo entonces una situación que resultó
absolutamente contraproducente para el desarrollo de la guerra: el
frente se fragmentó en áreas dominadas por milicias partidistas, sin
mando unificado, renunciando de hecho a atacar y centrándose en mantener
la línea alejada de Cataluña. El CCMA nunca se impuso como autoridad
central real, su autoridad no fue más allá del Barcelonés y territorios
cercanos, gestionando los salarios de las empresas colectivizadas, la
compra de armas y municiones para las milicias… La confirmación de que
sería una guerra larga llevó a poner fin a la dualidad de funciones y a
la formación en septiembre de un gobierno de unidad en Cataluña con un
programa básico pactado entre CNT-FAI y UGT-PSUC , que incluía los modos
y límites de la colectivización, la reorganización de la seguridad
interior, la formación de un ejército que sustituiría a las milicias de
partido, el reconocimiento de una sola administración y un solo
gobierno, con gobiernos locales compartidos por las fuerzas del gobierno
de unidad.
Poco antes se había constituido también
un gobierno de unidad de la República, presidido por Largo Caballero,
con un programa semejante; gobierno que se trasladó a Valencia ante el
peligro de la caída de Madrid en poder de Franco. En noviembre la CNT se
incorporó al gobierno de Largo Caballero para gran escándalo de los
anarquistas “puros”, cono Emma Golden. Las milicias no paraban de
retroceder ante la Legión y los Regulares, y desde Talavera de la Reina
hubo un retroceso en desbandada.
Con el control de la calle se produjo
también la ocupación de las grandes fábricas y almacenes de venta y de
algunos talleres medianos, y la formación de comités de control obrero
en el sector industrial y comercial: fue el proceso de
«colectivización», que en realidad fue un proceso de incautación por
parte de los sindicatos. Esa dualidad de funciones estuvo afectada por
los conflictos de poder derivados de la nueva correlación política y
sindical, dada la concentración en las dos grandes centrales de toda la
representación sindical, a excepción del campo, donde la Unió de Rabassaires siguió siendo mayoritaria.
El verano de 1936 resultó muy agitado en
la retaguardia y muy negativo en el frente. Las milicias que
sustituyeron necesariamente a un ejército descompuesto por la
sublevación no fueron capaces de romper el frente de Aragón ni marchar
sobre Zaragoza; se produjo entonces una situación que resultó
absolutamente contraproducente para el desarrollo de la guerra: el
frente se fragmentó en áreas dominadas por milicias partidistas, sin
mando unificado, renunciando de hecho a atacar y centrándose en mantener
la línea alejada de Cataluña. El CCMA nunca se impuso como autoridad
central real, su autoridad no fue más allá del Barcelonés y territorios
cercanos, gestionando los salarios de las empresas colectivizadas, la
compra de armas y municiones para las milicias… La confirmación de que
sería una guerra larga llevó a poner fin a la dualidad de funciones y a
la formación en septiembre de un gobierno de unidad en Cataluña con un
programa básico pactado entre CNT-FAI y UGT-PSUC , que incluía los modos
y límites de la colectivización, la reorganización de la seguridad
interior, la formación de un ejército que sustituiría a las milicias de
partido, el reconocimiento de una sola administración y un solo
gobierno, con gobiernos locales compartidos por las fuerzas del gobierno
de unidad.
Poco antes se había constituido también
un gobierno de unidad de la República, presidido por Largo Caballero,
con un programa semejante; gobierno que se trasladó a Valencia ante el
peligro de la caída de Madrid en poder de Franco. En noviembre la CNT se
incorporó al gobierno de Largo Caballero para gran escándalo de los
anarquistas “puros”, cono Emma Golden. Las milicias no paraban de
retroceder ante la Legión y los Regulares, y desde Talavera de la Reina
hubo un retroceso en desbandada.
Con el control de la calle se produjo
también la ocupación de las grandes fábricas y almacenes de venta y de
algunos talleres medianos, y la formación de comités de control obrero
en el sector industrial y comercial: fue el proceso de
«colectivización», que en realidad fue un proceso de incautación por
parte de los sindicatos. Esa dualidad de funciones estuvo afectada por
los conflictos de poder derivados de la nueva correlación política y
sindical, dada la concentración en las dos grandes centrales de toda la
representación sindical, a excepción del campo, donde la Unió de Rabassaires siguió siendo mayoritaria.
El verano de 1936 resultó muy agitado en
la retaguardia y muy negativo en el frente. Las milicias que
sustituyeron necesariamente a un ejército descompuesto por la
sublevación no fueron capaces de romper el frente de Aragón ni marchar
sobre Zaragoza; se produjo entonces una situación que resultó
absolutamente contraproducente para el desarrollo de la guerra: el
frente se fragmentó en áreas dominadas por milicias partidistas, sin
mando unificado, renunciando de hecho a atacar y centrándose en mantener
la línea alejada de Cataluña. El CCMA nunca se impuso como autoridad
central real, su autoridad no fue más allá del Barcelonés y territorios
cercanos, gestionando los salarios de las empresas colectivizadas, la
compra de armas y municiones para las milicias… La confirmación de que
sería una guerra larga llevó a poner fin a la dualidad de funciones y a
la formación en septiembre de un gobierno de unidad en Cataluña con un
programa básico pactado entre CNT-FAI y UGT-PSUC , que incluía los modos
y límites de la colectivización, la reorganización de la seguridad
interior, la formación de un ejército que sustituiría a las milicias de
partido, el reconocimiento de una sola administración y un solo
gobierno, con gobiernos locales compartidos por las fuerzas del gobierno
de unidad.
Poco antes se había constituido también
un gobierno de unidad de la República, presidido por Largo Caballero,
con un programa semejante; gobierno que se trasladó a Valencia ante el
peligro de la caída de Madrid en poder de Franco. En noviembre la CNT se
incorporó al gobierno de Largo Caballero para gran escándalo de los
anarquistas “puros”, cono Emma Golden. Las milicias no paraban de
retroceder ante la Legión y los Regulares, y desde Talavera de la Reina
hubo un retroceso en desbandada.
Jaume
Aiguadé (ERC), y los anarquistas Federica Montseny y Juan García
Oliver,
ministros del gobierno de Largo Caballero, en octubre de 1936
En octubre podría haber caído Madrid y
con ello se habría precipitado la derrota de la República. No se produjo
gracias a la formación de los gobiernos de unidad y el paso de las
milicias de partido o sindicato al Ejército Popular de la República. Y
gracias también a que por fin la República consiguió ayuda militar
exterior, la de la URSS. No es cierto que Stalin dudara en apoyar a la
República, lo hizo política y económicamente, con exportaciones de grano
y subsistencias; tardó más en hacerlo con tanques, aviones y armas
pesadas de combate, a la espera de que Alemania e Italia cesaran la
intervención y la Francia del Frente Popular vendiera a la República las
armas que esta le pedía. El problema de la URSS era que se cumpliera el
sueño húmedo de la derecha británica −no solo de los escasos fascistas
de Mosley, sino de la mayoría del Partido Conservador−, el
apaciguamiento de Hitler en Europa Occidental mediante el ataque de
Alemania a la URSS. Finalmente, ante el peligro inminente de caída de la
República y la confirmación de la inacción francesa, Stalin envió los
tanques y los aviones que equilibraron la batalla de Madrid y la
cronificaron hasta el fin de la guerra. Por cierto, todas las ayudas,
tanto las de Alemania e Italia como la soviética fueron remuneradas; la
República nunca lo quiso de otra manera y Hitler y Mussolini tampoco lo
quisieron. Así, las reservas de oro del Banco de España se destinaron a
pagar los suministros y procurando mantenerlas a salvo de una caída de
Madrid o de Valencia. Y no solo se transfirieron reservas de oro a
Moscú, también se envió una cantidad importante al Sur de Francia, que,
como se temía, al final de la guerra fue a parar a manos de Franco.
Resumiendo lo dicho: no hubo revolución,
sí descontrol, periodo de incertidumbre y confusión y finalmente, a
partir del otoño, implementación de un programa frentepopulista
radicalizado con toques de economía de guerra y organización de guerra
para una contienda larga.
Vuelvo a Cataluña, para llegar a los
hechos de mayo. El programa pactado en octubre solo se cumplió
parcialmente. La CNT y el POUM bloquearon la militarización de las
milicias y la CNT en particular impidió la llamada a quintas. Un hecho
complejo que ahora no puedo explicar sin caer en esquematismos; en
esencia la CNT consideraba que para desarrollar una guerra defensiva
bastaba con las milicias y, por otra parte, la gente se resistía a ser
llamada al frente, ya fuera mediante leva o mediante nuevas campañas de
captación de voluntarios, que fueron un fracaso después del verano,
cuando se desvaneció la ilusión de una rápida victoria sobre el
fascismo. El retorno de héroes del frente se convirtió en retorno de
muertos; la fiesta de la redistribución de julio y agosto en la escasez
de subsistencias.
Otoño
de 1936: vendimia en la colectividad de Mas de las Matas (Teruel)
(foto
del libro ‘Masinos en la encrucijada social. Mas de las Matas,
1900-1950’,
de Fermín Escribano Espligares y Miguel Íñiguez)
La reorganización de la seguridad
interior no se produjo por la oposición de las patrullas de control de
la CNT, el POUM y buena parte de los patrulleros de ERC y ACR. Se
deterioró la situación en el campo por el conflicto provocado por las
colectivizaciones forzosas, rechazadas por rabasaires, arrendatarios y
pequeños campesinos. Conflictos duros en las comarcas del Ebro que
culminaron en los incidentes de La Fatarella a finales de enero de 1937 y
otros menos conocidos en Centelles, cerca de Vic, en marzo.
Se enconó la pugna entre una CNT que
seguía siendo ligeramente mayoritaria, pero de ninguna manera
hegemónica, y la UGT que tendía a equilibrar efectivos con CNT, pero
siempre por debajo de ella, sobre todo en el sector de la producción y
distribución de subsistencias.
La prolongación de la guerra avivó los
debates en el seno de unos gobiernos de unidad cada vez más divididos.
En Cataluña eso desembocó en diciembre en una remodelación del gobierno
que supuso la exclusión del POUM, chivo expiatorio por los
incumplimientos de los acuerdos de octubre y por su constante, y
pública, oposición a los mismos.
A comienzos de la primavera de 1937, con
la resaca de los enfrentamientos campesinos y sindicales y la crisis
del gobierno de Valencia por las discusiones sobre la política militar y
el hundimiento del frente asturiano, la tensión política en Cataluña se
disparó, polarizada entre CNT-FAI y UGT y PSUC. En el campo anarquista
se formó una fronda de protesta, integrada por quienes rechazaban
participar en los gobiernos de la Generalitat y de la República, los
sindicatos de la administración y el transporte y las patrullas de
control que se negaban a disolverse en un nuevo Cuerpo Único de
Seguridad Interior; también intervenían los comités de barrio
anarquistas, formados a partir de julio de 1936, que competían con los
principales sindicatos de la CNT (textil, metal, construcción) por el
control de las armas y la supremacía en la organización. Agustí
Guillamón sostiene que el líder intelectual de esta red de barrios era
Escorza.
Cuando los que discuten van armados es
posible que la discusión acabe a tiros. En los últimos días se precipitó
la situación. Primero fue el asesinato de Roldán Cortada, cuadro
dirigente del PSUC, por u control anarquista de carreteras, el 25 de
abril; dos días más tarde, el asalto de fuerzas de orden público a
Puigcerdá para recuperar el puesto fronterizo de manos de un comité
anarquista encabezado por Antonio Martín, muerto en el tiroteo. Y la
espiral de acción/reacción no se detuvo; las fuerzas de orden de la
Generalitat hicieron una redada en L’Hospitalet en busca de los asesinos
de Cortada, con resistencias y tiroteos esporádicos.
Barricadas en la Plaça de la República [Sant Jaume], en Barcelona, 3-7 de mayo de 1937
(foto: Fons Brangulí / ANC1-42-N-34822)
En esa situación se produjo el incidente
de la interferencia de la conversación telefónica entre Azaña y
Companys por el comité anarquista que controlaba el edificio central de
Telefónica en Barcelona. Era grave y ponía de manifiesto el riesgo de
ese control en la situación de guerra. Tarradellas, «primer Conseller»,
es decir, jefe del gobierno de unidad, decidió lavarse las manos, para
no crear un enfrentamiento con los anarquistas y dejó en manos del
Conseller de Interior, Artemi Aiguader, de ERC, el manejo del asunto.
Aiguader envió al Director General de Seguridad, Rodríguez Salas, del
PSUC, al frente de una patrulla de guardias de asalto para tomar el
control de la Central Telefónica en nombre del Govern de la Generalitat;
los anarquistas se opusieron y entonces se desencadeno una rebelión
general de grupos anarquistas, que no exactamente de la CNT-FAI. No hubo
«provocación estalinista», sí hubo una situación de tensión ante la que
Tarradellas se puso de lado, división interna en la CNT-FAI, y en el
desencadenante final imprudencia del comité anarquista de Telefónica
–como poco– en la interceptación de la conversación Azaña-Companys. Y
finalmente hubo rebelión anarquista, es decir, de determinados grupos y
segmentos anarquistas.
Ante eso el POUM se echó al monte no
solo sumándose a la rebelión, sino pretendiendo «orientarla
políticamente» proponiendo al Comité Regional de la CNT tomar el poder
en Cataluña; lo que el CR de la CNT rechazó, aunque quiso aprovechar la
situación para presionar por un cambio en el Govern con aumento de la
presencia anarquista o un gobierno sindical exclusivo.
La rebelión desbordó a la Generalitat.
Companys pidió ayuda de fuerza de orden al Gobierno de la República.
Largo Caballero vaciló, por motivos semejantes a los de Tarradellas –no
enfrentarse a los anarquistas– y decidió probar una mediación enviando a
Barcelona a sus ministros anarquistas: García Oliver y Federica
Montseny; fue en balde, los grupos en rebelión no les hicieron caso. Se
perdieron tiempo y vidas y finalmente se tuvo que enviar a fuerzas de
orden público del Gobierno de la República, con lo que acabó la
rebelión.
El episodio tuvo muchas consecuencias
(muertos y heridos aparte). La intervención del gobierno de la República
significó que el control del orden público en Cataluña pasaba
temporalmente a dicho gobierno, de acuerdo con el estatuto. Y, con ello,
la intervención del fiscal de la República que abrió diversos
expedientes individuales y uno colectivo contra el POUM; no lo hizo
contra CNT-FAI porque estas como tales no impulsaron la rebelión… y
porque eso habría significado una grave crisis política general en la
República. Pagó los platos rotos la dirección del POUM, porque ella sí
se comprometió públicamente con la rebelión y llamó desde ella a un
cambio de poder en Cataluña por la fuerza.
La vacilación de Largo Caballero se sumó
a las disensiones que se venían arrastrando en el Gobierno de la
República y en el PSOE-UGT y Azaña, que padeció los hechos de mayo en su
residencia del Parque de la Ciudadela en Barcelona, le retiró la
confianza a Largo Caballero (léase la Constitución de la República). De
las negociaciones salió el encargo de formar nuevo gobierno a Negrín,
del ala centrista del PSOE (no de la derecha, que era la de Besteiro) y
este quiso formar nuevo gobierno con las mismas formaciones, incluso con
Largo Caballero en él. Largo lo rechazó –o jefe de gobierno o nada– y
ante ello la UGT, dividida, se abstuvo y la CNT hizo lo mismo. El nuevo
gobierno no significó ningún giro derechista y en 1938 los sindicatos
volvieron a ingresar en él. En Cataluña también se formó un nuevo
gobierno, pero la CNT-FAI, asimismo dividida, no quiso participar y
cuando en la segunda mitad de 1938 quiso reintegrarse la oposición del
PSUC y de Companys lo impidió. Tampoco hubo giro derechista en Cataluña;
es más, el PSUC rechazó la propuesta de ERC de dar marcha atrás en las
colectivizaciones e impulsó una nueva ley agraria y una ley de
municipalización de la vivienda, cuya ejecución torpedeó Tarradellas.
Vicente
Uribe, Juan Negrín, Indalecio Prieto, Jesús Hernández y el general
Vicente Rojo en el acto de despedida, en Barcelona, de las Brigadas
Internacionales (1938)(foto: Emilio Rosenstein/CDMH)
La guerra siguió y la economía y la
política de guerra se endureció. Entre mayo de 1937 y marzo de 1939 pasó
mucho tiempo y pasaron muchas cosas; pero el publicismo al que responde
la interpretación de ese artículo obvia ese tiempo, porque siente que
el protagonismo ya no corresponde al POUM, a la disidencia anarquista y a
la revolución que se han inventado.
Algunas apostillas concretas, por orden de exposición en el texto:
el envío de armas soviéticas –no rusas– «nunca llegaron a la escala
de lo que Hitler y Mussolini proporcionaron a Franco»; lo sugieren como
demérito de la URSS pasando por encima la potencia militar e industrial
de unos y otros. En ese tiempo la URSS no podía competir con Alemania y
con Italia por separado, y menos si se sumaban. Por otra parte los
envíos soviéticos tuvieron que enfrentarse al bloqueo del Mediterráneo
por franceses, británicos e italianos, que los dificultaban; se tuvo que
inventar una nueva ruta desde el Báltico hasta la costa atlántica
francesa, con aviones y armas pesadas por piezas, que entraban en España
a través de Portbou, por tren, cuando el gobierno francés hacía la
vista gorda. Finalmente en 1938 la URSS tuvo que hacer frente a una
pequeña guerra en la frontera chino-siberiana, que Stalin temió que
pudiera ser el inicio de una intervención extranjera; toda la
disposición de armamento se dejó inmovilizada; cuando se conjuró el
peligro se reanudaron los envíos, por la ruta del Báltico porque la del
Mediterráneo estaba cerrada; ya no llegaron a tiempo, la traición de
Casado, Miaja, Besteiro y Cipriano Mera, es decir, de una parte del
mando profesional del ejército republicano, el ala derecha del PSOE y la
CNT de la región Centro, impidió mantener la resistencia en espera de
la llegada de los nuevos envíos.
afirma que Helen Graham dice: «la política de Negrín era consolidar
una economía liberal de mercado y un sistema de gobierno parlamentario»;
es por cierto la única referencia historiográfica que se considera,
después de que se haya publicado una biografía de Negrín (Moradiellos),
la trilogía de Viñas, etc. etc. Pues bien, eso que dice HG es entre
inexacto o falso –según la dureza de la crítica que se le quiera hacer–;
el objetivo de Negrín era defender la República democrática,
constituida en 1931, que era el denominador común de republicanos y
antifascistas; era una República parlamentaria, que no se planteaba el
cambio de sistema económico, pero admitía formas de regulación del
mercado en función del interés social; en defensa de ese denominador
común y contra el aventurerismo de quienes pretendían romper el eje
republicano-antifascista por cualquiera de sus partes, Negrín consideró
que las transformaciones sociales que habrían de producirse solo se
podían impulsar tras la victoria, no obstante aceptó la permanencia de
las leyes de colectivización o las leyes agrarias decretadas en Cataluña
y discutirlas, en cualquier caso, también después del fin de la guerra.
en la batalla de Teruel (febrero de 1938) no se separó Cataluña del
resto de la España republicana; eso no ocurrió, por tierra, hasta la
toma de Vinarós, en abril; el autor no tiene siquiera la más mínima
noción de geografía española. La batalla del Ebro tenía una razón y un
objetivo político que era razonable: presionar a Francia y también a
Gran Bretaña –en este caso hasta donde fuera posible– para que pasaran a
dar apoyo activo a la República ante la eclosión de la crisis de los
Sudetes y la ofensiva expansionista de Hitler. No se alcanzó el objetivo
por culpa de la traición de Chamberlain-Daladier. Desde luego, el
esfuerzo que se tuvo que hacer fue grande y no se pudieron compensar las
pérdidas con el giro político perseguido; pero enfocar la cuestión
desde la queja nacionalista –del nacionalismo catalán en este caso– de
dejar a Cataluña desprovista de medios militares para impedir su
conquista es una manera muy sui generis de analizar la Guerra civil.
el rechazo de las ofertas marroquíes es otro de los tópicos. Para
empezar, el autor lo sitúa en el contexto de su crítica a Negrín, pero
nada tiene que ver con Negrín, fue una cuestión suscitada en 1936 en los
primeros meses de la guerra. Y una cuestión exagerada, porque todo
sirve al parecer para criticar a Negrín y los malvados comunistas; la
fiabilidad de los «nacionalistas» marroquíes era reducida y en efecto la
oferta se producía en un momento en que todavía se esperaba un
posicionamiento positivo por parte de Francia. Por otra parte el tópico
da por hecho que tal rebelión se habría producido con éxito y no habría
sido aplastada por el ejército francés y el ejército de Franco, que
hubieran compartido un objetivo común.
lo de la guerra de guerrillas es una tontería absoluta. Pretender
que en la Guerra civil se podía sustituir el enfrentamiento convencional
por la guerra de guerrillas es de una ignorancia supina. Decir que no
hubo ningún decreto sobre la tierra a los jornaleros de la España del
Sur supuestamente para conseguir que se levantaran contra el ejército
sublevado, un despropósito absoluto. Por otra parte, la República sí
había legislado sobre la tierra y en la guerra civil se aplicó esa
legislación con intensidad (reforma agraria); también se legisló en
Cataluña, a favor de rabassaires, arrendatarios y pequeños campesinos.
que el juicio contra el POUM fue una reedición española de los
Juicios de Moscú es mentira y una infamia absoluta, por mucho que lo
hayan dicho y escrito Gorkin y otros. El juicio de la dirección del POUM
fue un juicio con garantías y ahí están las sentencias para
refrendarlo; los documentos falsos sobre el colaboracionismo del POUM
con el fascismo no fueron tomados en cuenta por el tribunal. Mejor se
haría reconociendo que en mayo de 1937 el POUM, como partido, violó la
legalidad republicana mediante una acción armada en tiempos de guerra.
La reacción republicana no estuvo carente de sentido, ni fue arbitraria.
Y finalmente el propio gobierno republicano de Negrín puso en libertad a
los condenados –todos ellos con penas de cárcel– en el momento de la
retirada de Cataluña. Lo de Nin fue otra cosa, y ciertamente fue una
intervención extemporánea y criminal de la NKVD, o más precisamente de
Orlov. Es mentira que Negrín no hiciese nada, por el contrario intentó
averiguar lo que pasaba junto con Zugazagoitia, pero no lo consiguió; la
reacción de Negrín fue reorganizar los servicios de información
republicanos e impulsar el SIM, dirigido por socialistas, y alejar a los
agentes soviéticos del sistema de información republicano.
PD.: Obviamente no había colusión del
POUM con el fascismo y los hechos de mayo no fueron un levantamiento
fascista, como la propaganda comunista de la época sostuvo. Pero sí
había en Cataluña una «quinta columna» y alguien pudo tener intención de
pescar en río revuelto. Franco dijo que había tenido agentes en los
sucesos; no necesariamente fue una provocación o una baladronada, entre
los heridos en Barcelona La Vanguardia cita a un tal Trillo-Figueroa,
tío de Federico Trillo-Figueroa, miembro activo del régimen como toda su
familia en la postguerra. Cuando lo intenté no pude acceder a archivos
del Servicio de Información franquista, y ya no le seguí la pista, pero
lo cito siempre que puedo, a ver si alguien se anima.
Final. Eso de que el desenlace de los
hechos de mayo fue una de las razones por las que Barcelona cayó sin
lucha es otra infamia, pero también es una cierta confesión de parte,
puede ser que inconsciente. Entre mayo del 37 y enero del 39 pasaron
muchas otras cosas que explican el desenlace de la decisión de abandonar
Barcelona sin lucha, sin pretender repetir en la capital catalana el
«No pasarán». Explicarlo sería explicar todos esos meses de guerra: el
cansancio de la guerra, el hambre, la constatación de la superioridad
franquista en equipo, las maniobras de una parte de los republicanos
(empezando por Azaña) y sobre todo de los nacionalistas catalanes (ERC,
Tarradellas) para poner fin a la resistencia y pretender una paz
«negociada» con Franco –eso sí que causó desafección y desmoralización
de combate en buena parte de la población barcelonesa– y, finalmente, el
desgaste sufrido en el combate de la batalla del Ebro, que obligaba a
retirarse para reagrupar fuerzas y no a plantarse para entablar una
nueva batalla que podría ser la derrota definitiva. La confesión de
parte: sí hubo una parte de la militancia anarquista que empezó a
considerar que aquella guerra no iba con ellos; fue una consideración
miope, como la de Besteiro, como la de Cipriano Mera; para otros también
hubo algo de oportunismo, de caer en la trampa de la solidaridad
rojinegra frente al comunismo como los que pasaron a aceptar e incluso a
colaborar con el régimen franquista tras la derrota de la República.
Referencias:
Martín Ramos, J. L. (2015), El Frente Popular: victoria y derrota de la democracia en España. Pasado & Presente, Barcelona.
— (2018), Guerra y revolución en Cataluña. Crítica, Barcelona
La mayoría de la gente sabe que una de
las razones por las que los fascistas ganaron la Guerra Civil española
de 1936-39 fue la enorme cantidad de ayuda directa que su líder, el
general Francisco Franco, recibió de sus hermanos de armas, los
dictadores fascistas Hitler y Mussolini. La obra maestra de Picasso,
“Guernica”, inmortalizó la destrucción alemana de la ciudad vasca, sede
de su parlamento. Mussolini envió unos 100.000 soldados que desempeñaron
un papel clave en las victorias fascistas.
En su libro de ensayos, Pérfida Albión,
Paul Preston comienza analizando hasta qué punto estaba extendido el
apoyo a Franco entre la clase dirigente británica, y el papel que
desempeñó el gobierno británico en la ayuda directa a la victoria de
Franco. Al comienzo de la Guerra Civil, el Primer Ministro Stanley
Baldwin fijó su posición de la siguiente manera: “Los ingleses odiamos
el fascismo, pero también detestamos el bolchevismo. Así que, si éste es
un país en el que fascistas y bolcheviques pueden matarse unos a otros,
ello redundará en beneficio de la humanidad” (p.17).
En realidad, eso no era del todo cierto.
Ese mismo mes, julio de 1936, el gobernador de Gibraltar advirtió a sus
señores de las nefastas consecuencias si el gobierno “prácticamente
comunista” del Frente Popular en Madrid vencía la sublevación militar,
añadiendo: “todo el mundo espera ansiosamente el resultado del golpe del
general Franco” (p.17).
Cuando comenzó la Guerra Civil en
España, el gobierno de centro-izquierda de Leon Blum en Francia acordó
proporcionar armas y aviones al gobierno legítimo y elegido de Madrid,
pero el gobierno tory de Gran Bretaña presionó a Blum para que
retirara esa ayuda. En su lugar, Gran Bretaña y Francia decidieron una
política de “no injerencia”, por la que ellos, Alemania, Italia y
Portugal, una dictadura semifascista, acordaron no suministrar armas ni
intervenir militarmente en España. Las dictaduras simplemente mintieron.
Se encargó a buques de guerra alemanes e italianos que patrullaran la
costa mediterránea de España para impedir la entrada de armas, sin hacer
nada, por supuesto, para impedir que buques con sus banderas trajeran
armamento y “voluntarios”.
Los buques de guerra británicos y
franceses no hicieron nada cuando los submarinos italianos hundieron
barcos que se dirigían a Barcelona y Valencia o cuando los buques de
guerra fascistas bombardearon columnas de refugiados aterrorizados que
huían de Málaga. Con las fuerzas fascistas acorralando la principal
ciudad vasca de Bilbao, los británicos aceptaron a pies juntillas las
afirmaciones fascistas de que habían minado su entrada y que sus buques
de guerra hundirían cualquier barco que se dirigiera allí y que
estuviera dentro de las aguas territoriales españolas. El gobierno
británico aceptó esta amenaza ilegal. Un capitán galés demostró la
falsedad de las amenazas de Franco llevando su barco, que transportaba
alimentos que se necesitaban desesperadamente, a Bilbao.
Dependencia de Stalin
La no intervención jugó en contra del
Gobierno legal de la República Española, que no podía comprar armas a
las democracias occidentales. Se vieron obligados a recurrir a Rusia. Su
dictador, Stalin, dudaba porque deseaba una alianza con Gran Bretaña y
Francia contra Hitler, y no quería que nada alterara esa situación. Sin
embargo, consciente de que una victoria fascista dañaría la credibilidad
de Rusia, accedió a enviar armas y asesores. Había que pagarlos -las
reservas de oro de España se embarcaron rumbo a Rusia- y nunca llegaron a
la escala de lo que Hitler y Mussolini proporcionaron a Franco.
La dependencia de la República respecto a
Rusia tuvo un precio político. El ala derecha del Partido Socialista
Español y el Partido Comunista estaban de acuerdo en que había que
estrangular la revolución que había estallado en respuesta al golpe
fascista de julio de 1936 (sobre todo en Cataluña). Finalmente, en mayo
de 1937, se formó un “Gobierno de la Victoria” bajo el socialista de
derechas Juan Negrín, con el apoyo entusiasta de los comunistas.
Una de las colegas cercanas de Preston,
Helen Graham (a quien admiro mucho, como a él), ha escrito que la
política de Negrín era “consolidar una economía liberal de mercado y un
sistema de gobierno parlamentario en la España republicana”[1].
El propio Paul escribe:
“Dirigentes
socialistas como Indalecio Prieto [Ministro de la Guerra 1937-1938] y
Juan Negrín [Primer Ministro 1937-1939] vieron que un estado
convencional, con control central de la economía y los instrumentos
institucionales de movilización de masas, era la base crucial de un
esfuerzo de guerra eficaz. Los comunistas y los asesores soviéticos
estaban de acuerdo. Esto no sólo era de sentido común, sino que la
minimización de las actividades revolucionarias de los anarquistas y del
antiestalinista Partido Obrero de Unificación Marxista [POUM] era
necesaria para tranquilizar a las democracias burguesas con las que la
Unión Soviética (y el gobierno republicano español) buscaban entenderse”
(p. 207).
Lo que Negrín y los comunistas querían
era un ejército convencional para librar una guerra convencional. El
problema era que Franco tenía ventaja en cuanto a efectivos y potencia
de fuego. El ejército republicano lanzó una serie de ofensivas bien
concebidas que al principio fueron bien, pero luego Franco envió hombres
y artillería, además de bombarderos, y no sólo hizo retroceder a los
republicanos, sino que en Teruel separó Cataluña del resto de la España
republicana y luego la batalla del Ebro fue testigo de una derrota final
que dejó a Cataluña desprovista de los medios militares para impedir su
conquista.
La preocupación por no enemistarse con
británicos y franceses hizo que el gobierno republicano rechazara las
ofertas de los nacionalistas marroquíes de rebelarse allí, una
importante base nacionalista, si se les prometía la independencia. Como
la mayor parte de Marruecos era colonia francesa, la respuesta fue
negativa.
La alternativa revolucionaria
En el país que inventó la guerra de
guerrillas cuando Napoleón ocupó España no hubo ningún intento serio de
lanzar una guerra de este tipo en las zonas controladas por los
nacionalistas, porque se temía que las cosas se descontrolaran y
alteraran las relaciones de propiedad burguesas. Por ello, no hubo
ningún decreto que diera la tierra a los jornaleros sin tierra en las
grandes fincas del sur de España.
Preston pinta un cuadro de cómo las
milicias populares formadas en el verano de 1936 fueron ineficaces,
pero, en primer lugar, derrotaron la sublevación militar en Barcelona,
Madrid y Valencia, y en segundo lugar, el avance anarcosindicalista en
Aragón obtuvo la mayor ganancia de la guerra, en gran parte porque
colectivizó la tierra. La contraposición de guerra y revolución pasa por
alto la posibilidad de una guerra revolucionaria, como demostró
Cromwell en la Guerra Civil Inglesa, y como hicieron los jacobinos en
las Guerras Revolucionarias Francesas, Toussaint L’Ouverture en Haití,
Abraham Lincoln (finalmente) en la Guerra Civil Americana, y por
supuesto León Trotsky y el Ejército Rojo en la Guerra Civil Rusa que
siguió a la Revolución Bolchevique.
En todos estos casos se trataba de
ejércitos centralizados, pero motivados por objetivos revolucionarios,
lo que significaba que superaban al enemigo. Por supuesto, Negrin y
Stalin no querían saber nada de eso. Preston conoce estos argumentos
pero no los aborda.
El principal objetivo de dos de los seis
ensayos es el escritor inglés George Orwell y su relato del servicio
militar en la milicia de POUM, Homenaje a Cataluña. Para
Preston, esto ofrece una visión “a ojo de gusano” de lo que ocurrió en
Cataluña en mayo de 1937, cuando las fuerzas de seguridad comunistas
provocaron y luego aplastaron un levantamiento anarcosindicalista en
Barcelona. El control obrero de las fábricas, las milicias populares y
el comité de barrio fueron entonces liquidados. Esta debacle se conoció
como los “días de mayo”.
Dudo en cruzarme con Preston, que me cae
bien y es el mejor historiador contemporáneo de la España moderna, pero
su acusación es que Orwell ignoró por qué perdió la República: por el
apoyo alemán e italiano. Según Preston, la estrategia del Frente Popular
de la Internacional Comunista de construir alianzas antifascistas con
liberales y demás, y dejar de hablar de revolución, por si les asustaba,
era la única opción posible.
Sin embargo, antes de ir a España,
Orwell fue muy crítico con la estrategia del Frente Popular de la
Internacional Comunista: “… que… no tendrá un carácter genuinamente
socialista, sino que será simplemente una maniobra contra el Fascismo
alemán e italiano (no contra el inglés), por lo que hay que ahuyentar a
los Liberales melindrosos que quieren destruir el fascismo extranjero
para poder seguir cobrando sus dividendos pacíficamente, el tipo de
patán que aprueba resoluciones ‘contra el fascismo y el comunismo’, es
decir, contra las ratas y el veneno para ratas”.
Continuó argumentando: “En los próximos
años, o conseguimos ese partido socialista eficaz que necesitamos, o no
lo conseguiremos. Si no lo conseguimos, entonces el fascismo llegará…”[2].
En lugar del Frente Popular, Orwell buscaba un frente obrero
antifascista; la derrota del fascismo mediante la revolución y un nuevo
partido socialista. Este punto de vista permaneció con él al menos hasta
principios de la década de 1940.
Orwell y el legado de España
Su estancia en España fue la experiencia
más importante de la vida de Orwell. Allí vio “cosas maravillosas y por
fin creí realmente en el socialismo, cosa que nunca antes había
creído”. En Barcelona vio que “la clase obrera estaba en la silla de
montar” y que “las clases adineradas prácticamente habían dejado de
existir”. Era “una situación por la que valía la pena luchar”.
La conclusión que sacó de España fue que
los partidos comunistas eran agentes de la política exterior de Stalin
más que agentes de la revolución socialista. En 1946, escribió que
fueron sus experiencias en España las que “dieron la vuelta a la balanza
y a partir de entonces supe a qué atenerme. Cada línea de trabajo serio
que he escrito desde 1936 ha sido escrita directa o indirectamente
contra el totalitarismo y a favor del socialismo democrático”.
Las Jornadas de Mayo fueron importantes.
Una de las razones por las que Barcelona acabó cayendo sin luchar fue
la desmoralización que crearon. Al hablar contra lo que habían hecho los
comunistas, Orwell nadaba contra corriente. Pero decía la verdad.
El lider del POUM, Andreu Nin, como
afirma Preston, fue asesinado por agentes del NKVD, vestidos con
uniformes franquistas para intentar crear la mentira de que habia sido
atrapado por los fascistas y llevado a su capital en Salamanca. Los
restantes dirigentes del POUM fueron juzgados en lo que los comunistas
esperaban que fuera una reedición española de los Juicios de Moscú. No
fue así.
La acusación presentó pruebas falsas
para demostrar que el POUM estaba aliado con los fascistas. La defensa
pudo presentar testigos para desacreditar estas falsificaciones,
incluido el líder socialista, Largo Caballero, que ocupaba el cargo en
la época de las Jornadas de Mayo. Los poumistas fueron absueltos de
estar aliados con los fascistas, pero declarados culpables de
insurrección, con cuatro de los acusados condenados a quince años, uno a
once años y dos declarados inocentes. El proceso no fue un juicio
espectáculo, pero el gobierno de Negrín quería un veredicto de
culpabilidad porque ayudaría a su labor de reconstrucción del Estado
burgués.
Negrín aceptó la prohibición del POUM y
la detención de cientos de sus miembros, incluidos los combatientes de
su milicia. Tampoco hizo nada contra las acciones de la policía secreta
dirigida por los comunistas, que torturaron a Nin antes de su ejecución.
Esto se debió a que los oficiales comunistas eran fundamentales en el
nuevo ejército republicano y a que tanto él como ellos estaban de
acuerdo en que había que liquidar los logros revolucionarios del verano
de 1936.
¿Estuvo Orwell en peligro tras las
Jornadas de Mayo? Su amigo y comandante, Georges Kopp, fue detenido, le
interrogaron 27 veces y, en una ocasión, le mantuvieron aislado en la
oscuridad sin comida durante doce días. Bob Smillie, nieto del líder de
los mineros escoceses, murió en prisión por lo que Orwell y muchos otros
creyeron que era una negligencia médica deliberada. Orwell, que se
estaba recuperando de una operación en el cuello y ya sufría de mala
salud, probablemente no habría sobrevivido a tal tratamiento.
Orwell y el socialismo
Orwell nunca se consideró marxista. En
el verano de 1940 confiaba en una versión del frente obrero antifascista
para derrotar una invasión nazi, y creía que la revolución era
inminente. En otoño de 1942, en su Looking Back on the Spanish War,
seguía buscando inspiración en su estancia en España, recordando “al
miliciano italiano que me estrechó la mano en el cuarto de guardia el
día que me alisté en la milicia”.
Continuó, comentando la cara del
miliciano: “… que sólo vi durante un minuto o dos, permanece conmigo
como una especie de recordatorio visual de lo que fue realmente la
guerra. Simboliza para mí la flor y nata de la clase obrera europea,
acosada por la policía de todos los países, la gente que llena las fosas
comunes de los campos de batalla españoles y que ahora, por varios
millones, se pudre en campos de trabajos forzados… La cuestión es muy
simple. ¿Deberá permitirse a personas como ese soldado italiano vivir la
vida decente y plenamente humana que ahora es técnicamente alcanzable, o
no? ¿Se debe empujar al hombre común de nuevo al fango, o no? Yo mismo
creo, tal vez por motivos insuficientes, que el hombre común ganará su
lucha tarde o temprano, pero quiero que sea pronto y no tarde: en algún
momento dentro de los próximos cien años, digamos, y no en algún momento
dentro de los próximos diez mil. Esa fue la verdadera cuestión de la
guerra española, y de la guerra actual, y tal vez de otras guerras aún
por venir”. Sus esperanzas aumentaron con la aplastante victoria de los
laboristas en las elecciones de agosto de 1945, pero luego llegó la
desilusión.
Preston acusa a Orwell de ser un
guerrero de la Guerra Fría. Desde su huida de Cataluña, había sido muy
hostil al estalinismo y a su influencia en la izquierda. Con el inicio
de la Guerra Fría, a pesar de sus agudas críticas a los Estados Unidos,
veía a la URSS como el mal mayor. Eso le llevó a colaborar con el
Departamento de Investigación Informativa de los servicios secretos
británicos. Fue un grave error. Hay que tener en cuenta que Orwell era
ya un hombre muy enfermo, y la tuberculosis le llevaría a una muerte
prematura. Sin embargo, sería un error pensar que Homenaje a Cataluña,
escrito en 1937-8, cuando Orwell estaba claramente en la izquierda
antiestalinista (una corriente muy minoritaria) era de alguna manera un
libro de la Guerra Fría, cuando ésta sólo comenzó una década más tarde.
En 1947, escribió en la revista
americana de izquierdas Partisan Review: “El socialismo no existe en
ninguna parte, pero incluso como idea sólo es válido actualmente en
Europa. Por supuesto, no puede decirse propiamente que el socialismo
esté establecido hasta que sea mundial, pero el proceso debe comenzar en
alguna parte, y no puedo imaginar que comience excepto a través de la
federación de los estados europeos occidentales, transformados en
repúblicas socialistas sin dependencias coloniales. Por lo tanto, unos
Estados Unidos Socialistas de Europa me parecen el único objetivo
político que merece la pena hoy en día”.
Se esté de acuerdo o no, Orwell buscaba
una alternativa a la simple elección entre Washington y Moscú. Preston
está escribiendo aquí una polémica en dos capítulos, uno sobre Orwell
directamente, el otro sobre él y otros testigos antiestalinistas, ¡y le
encanta la polémica! Como con todo lo que escribe Preston, yo
recomendaría Pérfida Albión. Hay un capítulo brillante sobre
los miembros de los Servicios Médicos de las Brigadas Internacionales, y
a lo largo de todo el libro se centra en la complicidad británica con
el fascismo español.
Notas
[1] Helen Graham, The Spanish Republic at War 1936-1939, (Cambridge University Press, 2002), p.338.
[2] George Orwell, The Road to Wigan Pier, (Penguin, 2001), pp. 194-5 y p. 203.
*Chris Bambery es autor, activista político y
comentarista, y simpatizante de RISE, la coalición de izquierda radical
de Escocia. Entre sus libros figuran A People’s History of Scotland y The Second World War: A Marxist Analysis.
Reseña del libro de Paul Preston, Perfidious Albion: Brttain and the Spanish Civil War (Clapton Press, 2024)