mercredi 25 septembre 2024

Scott RITTER: Sur la route de l'enfer

 SOURCE: https://consortiumnews.com/fr/2024/09/01/scott-ritter-on-a-highway-to-hell/?eType=EmailBlastContent&eId=c95bf746-9f8b-4b88-9bca-10ad32edef7d

 

Les armes nucléaires offrent une illusion de sécurité. Si l'on laisse la stratégie nucléaire américaine évoluer de la dissuasion à l'emploi, on se retrouvera dans un scénario où les États-Unis utiliseront des armes nucléaires. Et puis, ce sera l'extinction des feux.

Vue de face de quatre bombes nucléaires à chute libre B61 sur un support de bombes 
à la base aérienne de Barksdale, en Louisiane, en 1986. (DoD, domaine public, Wikimedia Commons)

Les administrations américaines successives ont renoncé au contrôle des armements en faveur du maintien de l’avantage stratégique américain sur des adversaires réels et/ou imaginaires.

Cela se fait en adoptant des stratégies d’emploi des armes nucléaires qui s’écartent de la simple dissuasion pour se transformer en combats à tous les niveaux du conflit, y compris dans des scénarios n’impliquant pas de menace nucléaire.

À l’heure où les États-Unis prônent des politiques exacerbant des niveaux de tension déjà élevés avec leurs adversaires dotés de l’arme nucléaire, la Russie et la Chine, l’administration Biden a approuvé un nouveau plan d’emploi nucléaire qui augmente, plutôt que de diminuer, la probabilité d’un conflit nucléaire.

Si elle n’est pas maîtrisée, cette politique ne peut avoir qu’une seule issue possible : l’annihilation nucléaire totale de l’humanité et du monde dans lequel nous vivons.

By Scott Ritter
Spécial pour Consortium News

Une chose intéressante s’est produite sur la route d’Armageddon.

En janvier 2017, le vice-président de l’époque, Joe Biden, s'exprimant devant la Fondation Carnegie pour la paix internationale, a mis en garde contre les dangers inhérents à l’augmentation du financement des armes nucléaires et, par extension, à l’accroissement de leur importance.

« Si les budgets futurs inversent les choix que nous avons faits et injectent de l'argent supplémentaire dans un renforcement du nucléaire », a déclaré Biden - faisant référence aux politiques de l'administration Obama qui comprenaient la garantie du nouveau traité START limitant la taille des arsenaux nucléaires américain et russe - « cela rappelle la guerre froide et ne fera rien pour améliorer la sécurité quotidienne des États-Unis ou de nos alliés. »

Plus tard, en 2019, Biden, désormais candidat à la présidence, a commenté la décision prise par le président Donald Trump de déployer deux systèmes de missiles - un missile de croisière encore en développement et le missile balistique lancé par sous-marin Trident déployé à bord des sous-marins de classe Ohio de la marine américaine - armés d'une nouvelle ogive nucléaire à faible rendement.

« Les États-Unis n’ont pas besoin de nouvelles armes nucléaires », a déclaré Biden dans une réponse écrite à questions posées par le Conseil pour un monde vivable« Notre arsenal d’armes actuel… est suffisant pour répondre à nos besoins en matière de dissuasion et d’alliance. »

Dans un article publié dans le numéro de mars/avril 2020 de Affaires étrangèresLe candidat Biden s'est engagé à « renouveler notre engagement en faveur du contrôle des armements pour une nouvelle ère », notamment en s'engageant à « poursuivre une extension du nouveau traité START, un point d'ancrage de la stabilité stratégique entre les États-Unis et la Russie, et à l'utiliser comme base pour de nouveaux accords de contrôle des armements ».

Biden a ensuite déclaré que « le seul but de l’arsenal nucléaire américain devrait être de dissuader – et, si nécessaire, de riposter – à une attaque nucléaire. En tant que président, je m’efforcerai de mettre cette conviction en pratique, en consultation avec l’armée américaine et les alliés des États-Unis. »

Biden a battu Trump lors de l'élection présidentielle de 2020 et, le 21 janvier 2021, il a prêté serment en tant que 46e président des États-Unis.

Et puis…plus rien. 

 
Vue aérienne du Pentagone la nuit. (Joe Lauria)

En mars 2022, après de nombreuses spéculations sur la question de savoir si Biden tiendrait ou non sa promesse de mettre en œuvre une politique nucléaire à « objectif unique », l'administration Biden a publié le Édition 2022 de la Revue de la Posture Nucléaire (NPR), un document mandaté par le Congrès qui décrit la stratégie, la politique, la posture et les forces nucléaires des États-Unis à l'appui de la stratégie de sécurité nationale (NSS) et de la stratégie de défense nationale (NDS).

C'était une copie presque conforme de la Février 2018 NPR publié par l’administration Trump, y compris un texte consacrant comme doctrine la capacité des États-Unis à utiliser des armes nucléaires de manière préventive, même dans des scénarios n’impliquant pas de menace nucléaire.

En décembre 2022, lors d’une réunion du personnel impliqué dans la négociation et la mise en œuvre du traité historique de 1987 sur les forces nucléaires intermédiaires, un haut responsable du contrôle des armements de l’administration Biden a été interrogé par un contrôleur des armements chevronné sur les raisons pour lesquelles Biden s’était retiré de son engagement concernant la doctrine du « seul but ».

« L'agence interinstitutionnelle n'était pas prête à cela », a répondu ce responsable.

L'« inter-agences » auquel le responsable faisait référence est un amalgame de départements et d'agences, composé de fonctionnaires de carrière non élus et de professionnels militaires qui servent d'exécuteurs de la politique concernant l'entreprise nucléaire américaine.

C’était un aveu surprenant et extrêmement décevant de la part d’un fonctionnaire dont le serment d’office le liait au principe constitutionnel fondamental de l’autorité exécutive et du contrôle civil de l’armée.

Biden avait, avant même d’avoir prêté serment, reçu des objections concernant toute modification de la doctrine nucléaire des États-Unis.

En septembre 2020, l'amiral Charles Richard, commandant du commandement stratégique américain, responsable de l'arsenal nucléaire américain, a averti que « nous sommes sur une trajectoire qui nous mènera, pour la première fois dans l'histoire de notre nation, à affronter deux concurrents dotés de capacités nucléaires équivalentes ». Richard faisait référence aux arsenaux nucléaires de la Russie et de la Chine.

Une fois devenu président, Biden s’est immédiatement retrouvé confronté à deux défis majeurs pour lesquels il était mal équipé : la crise russo-ukrainienne et l’affirmation par la Chine de ses intérêts nationaux sur Taïwan et la mer de Chine méridionale.

Ces deux accords impliquaient la possibilité d’une escalade militaire pouvant conduire à un conflit direct entre l’armée américaine et ses homologues russe et chinoise, tous deux incluant la possibilité d’une guerre nucléaire.

Le lancement par la Russie de son « opération militaire spéciale » contre l’Ukraine, en février 2022, a entraîné un risque inhérent d’escalade avec l’OTAN, conduisant à des menaces russes sur la possibilité d’une utilisation d’armes nucléaires si l’OTAN décidait d’intervenir directement en Ukraine.

Et un rapport du Pentagone de novembre 2022 prévoyait que la Chine augmenterait son arsenal nucléaire d’environ 400 armes à plus de 1,500 2035 d’ici XNUMX.

Le nouveau traité START limite le nombre d'ogives nucléaires déployées à 1,550 XNUMX pour les États-Unis et la Russie. Le traité a été négocié sur le principe de réciprocité bilatérale.

Alors que les États-Unis sont confrontés à un arsenal nucléaire chinois potentiel de 1,500 XNUMX armes et à un arsenal russe existant d’environ le même nombre, il était clair que, si rien n’était fait, les États-Unis allaient se retrouver dans une position désavantageuse en ce qui concerne leurs forces nucléaires stratégiques.

Alors que le NPR fournit une déclaration de politique générale concernant l'arsenal nucléaire américain, il existe deux autres documents - les Orientations du Président pour l'emploi nucléaire et les Orientations du Secrétaire à la Défense pour la planification et la posture de l'emploi des armes nucléaires - qui dirigent la planification de l'emploi réel des armes nucléaires conformément à la politique nationale.

Le dernier document d’orientation sur l’emploi dans le secteur nucléaire, publié dans 2019, a répondu au NPR de 2018. Cette orientation a pleinement intégré la nouvelle ogive nucléaire à faible rendement W-76-2 dans les plans d'emploi nucléaire des États-Unis. Il en a fait de même pour la nouvelle génération de bombes à gravité B-61 qui constituent la force de dissuasion nucléaire de l'OTAN.

Les plans d’emploi, qui étaient basés sur le concept de « l’escalade à la désescalade » (c’est-à-dire qu’en utilisant une petite arme nucléaire, les États-Unis et l’OTAN dissuaderaient la Russie de procéder à une escalade par crainte de provoquer un échange nucléaire généralisé).

En bref, les plans de guerre nucléaire américains prévoyaient l’emploi localisé d’armes nucléaires contre une menace russe et chinoise.

Ce plan de guerre nucléaire américain était fondé sur la capacité à dissuader l’escalade nucléaire russe et à dissuader ou vaincre la force nucléaire chinoise en utilisant le nombre d’ogives nucléaires autorisé par les plafonds mis en œuvre par le nouveau traité START. 

Face à une Chine nucléaire plus forte

Cependant, l’administration Biden est désormais confrontée à la possibilité et/ou à la probabilité d’une force nucléaire stratégique chinoise beaucoup plus importante et capable de survivre à une première frappe américaine limitée et de livrer une charge nucléaire destructrice pour la nation sur le sol américain en représailles.

Pour s’adapter à cette nouvelle réalité, les États-Unis devraient attribuer à la Chine les ogives nucléaires actuellement dirigées contre la Russie. Cela nécessiterait non seulement que les États-Unis établissent des listes de cibles révisées pour la Russie et la Chine, mais aussi qu’ils repensent leurs stratégies de ciblage en général, en privilégiant la destruction physique maximale plutôt que l’impact politique.

Plus dangereux encore, les États-Unis devraient envisager des stratégies d’emploi maximisant l’élément de surprise pour garantir que toutes les cibles soient touchées par les armes désignées. Cela nécessiterait un changement dans la posture de préparation et les zones de déploiement opérationnel des forces nucléaires américaines.

L’augmentation de la préparation implique la nécessité de faire preuve de vigilance face à toute tentative de préemption par un adversaire nucléaire potentiel, ce qui signifie que les forces nucléaires américaines seront placées dans un état d’alerte plus élevé.

En bref, le risque d’une guerre nucléaire, involontaire ou non, est devenu exponentiellement plus grand.

En mars, l’administration Biden aurait publié un nouveau document d’orientation sur l’emploi dans le secteur nucléaire reflétant cette réalité.

Nulle part dans ces directives il n’est envisagé d’utiliser le contrôle des armements comme moyen de gérer l’équation nucléaire, soit en prolongeant le traité New START, soit en travaillant avec la Chine pour empêcher une percée nucléaire chinoise.

Les États-Unis semblent plutôt s’inquiéter de l’érosion de la dissuasion nucléaire qui résulterait du détournement d’armes destinées à des situations non chinoises. Dans cette optique, la solution au problème réside dans la multiplication des armes nucléaires, et non leur diminution.

C’est pourquoi les États-Unis vont laisser expirer le nouveau traité START en février 2026. Une fois le traité abrogé, le plafond du nombre d’ogives déployées expirera également, et l’establishment nucléaire américain sera en mesure de développer l’arsenal nucléaire opérationnel américain de manière à disposer de suffisamment d’armes pour chaque cible désignée.

Le monde devient un endroit très dangereux.

Les armes nucléaires offrent l’illusion de la sécurité.

En laissant la posture nucléaire américaine évoluer d’une position de dissuasion vers une position de combat, tout ce que nous garantissons, c’est qu’un jour, les États-Unis finiront par utiliser des armes nucléaires.

Et puis nous mourrons tous.

Nous sommes littéralement sur une autoroute vers l’enfer.

Scott Ritter est un ancien officier du renseignement du Corps des Marines des États-Unis qui a servi dans l'ex-Union soviétique pour mettre en œuvre des traités de contrôle des armements, dans le golfe Persique lors de l'opération Tempête du désert et en Irak pour superviser le désarmement des armes de destruction massive. Son livre le plus récent est Le désarmement à l’époque de la perestroïka, publié par Clarity Press.

Les opinions exprimées sont uniquement celles de l'auteur et peuvent ou non refléter celles de Nouvelles du consortium.

 

 

 

dimanche 22 septembre 2024

Retour sur le Venezuela: le pourquoi et le comment, par Vladimir Caller

 

Les données de la Banque mondiale et du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) concernant l’évolution de la situation économico-sociale du Venezuela sont assez édifiantes et de nature à nous permettre d’esquisser des explications ignorées, ou plus souvent évitées par le système médiatique, à propos de la crise politique que connaît ce pays.
Suivant la Banque mondiale, la population du pays qui diminuait régulièrement depuis des années (moins 2,9 % annuel en 2019) a augmenté de 1,9 % en 2023 et ce, notamment, grâce aux nombreux retours de ceux qui avaient quitté le pays depuis 2017. Le taux annuel négatif des migrations – un peu plus de 1,3 millions de personnes en 2018 – est devenu positif en 2023 – environ 320.000. Le taux de chômage n’était que de 5,5 % en 2023 (il est de 5,8 % en Belgique). Le nombre d’homicides qui était de 48 sur 100.000 personnes en 2018 est descendu à 19 sur 100.000 en 2023 ; et surtout l’inflation, la mère de toutes les misères, l’icône dont tous les médias se gaussaient pour dire du mal du pays et qui avait atteint le chiffre surréaliste de 833.997 % en 2018 est tombée à 69,5 % en 2023 [].
Le PNUD va dans le même sens. Dans son rapport « Performances macroéconomiques du Venezuela au premier trimestre 2024 et perspectives pour l'année 2025 », le PNUD pronostiquait pour le pays, exactement un mois avant les élections, une croissance de 4,2 % pour l’année 2024 (celle de la France est estimée à 0,9 %). Le rapport indique que la production du pétrole a augmenté de 18,4 % en 2023, que le dollar USA s’est stabilisé dans le marché de changes (il était à 637 bolîvares, la monnaie nationale, par USD en 2018 il est à 36, aujourd’hui-NdlR) et, surtout, que la collecte fiscale du 1er trimestre 2024 avait connu une augmentation de 161 % en comparaison avec celle de 2023 []. La CEPAL, commission régionale de l’ONU pour l’Amérique latine, annonçait une croissance de 4 % du PIB du Venezuela pour l’année 2024 (la moyenne pour l’Amérique latine étant de 2,1 %), c’est-à-dire la plus élevée de la région et ce pour la troisième année consécutive. [Face à ces chiffres, certains économistes ont commencé à parler de « miracle vénézuélien »].
Eh bien les amis, c’est là que gît le lièvre.
C’est là, et non pas dans la présentation ou non de tels ou tels actes électoraux et autres broutilles que se trouve la raison de la féroce campagne déclenchée par la puissance américaine et ses affidés contre le Venezuela d’aujourd’hui.
Que le Venezuela de 2024 soit toujours le même que celui de 2018 !
Ce dernier, avec un PIB qui avait diminué de 30 % entre 2014 et 2017 (plus ou moins dans les mêmes proportions que celles du krach des USA en 1929) aurait pu perdurer des siècles sans être vilipendé par ceux qui aujourd’hui l’agressent. Au contraire, elle eût été la vitrine idéale pour donner crédit aux discours de Biden, Corina Machado et von der Leyen pour qui « there is no alternative » au catéchisme néolibéral du grand capital financier.
Il était donc insupportable de laisser prospérer le tournant entrepris par le pays d’Hugo Chavez en 2018, l’année de la « NEP » vénézuélienne quand il fut décidé de répondre, comme dans les arts martiaux, à la violence des sanctions US et de l’UE avec des mesures libéralisant les potentialités de l’économie. Il était donc impensable de permettre que le monde voie que le pays qui en 2018 importait plus de la moitié des biens alimentaires en produit aujourd’hui 85 % ; il commence même à en exporter ! Cerise (amère) sur le gâteau : il se prépare à adhérer aux BRICS lors de son prochain sommet en Russie. « Mais, tonnerre de Dieu, ça ne va pas, non ! », semblent s’être dit nos grands procureurs…
Punir une expérience « fautive »
Pourtant, dès qu’Hugo Chavez est arrivé au pouvoir en 1999 avec sa révolution bolivarienne, l’oncle Sam se mit en furie et ne cessa de chercher à saboter son gouvernement, cherchant même à le faire tomber comme lors du putsch de 2002 avec, déjà !, la collaboration de l’UE alors présidée par l’Espagnol Aznar. Et plus le caractère antiimpérialiste de l’expérience chaviste s’affirmait, plus la réaction de l’Empire devenait violente. Ainsi, en 2015, le « progressiste » Obama signait un décret présidentiel contenant une liste de sanctions, déclarant le Venezuela « une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique extérieure des États-Unis ».
A son tour Donald Trump signe en 2017 le décret présidentiel 13808 d’une violence inouïe. En parfaite coordination avec Corine Machado et, entre autres, le géant pétrolier Exxon, ce décret interdit à la planète entière toute transaction avec l’État vénézuélien, et tout particulièrement avec PDVSA (Petroleos de Venezuela S.A.), jusque-là cœur de l’économie nationale. Un détail, parmi les plus de 900 sanctions contenues dans ce décret, illustre l’extrême sévérité de la mesure : la société CITGO, une filiale de PDVSA, dispose de trois raffineries et 6.000 stations d’essence sur le territoire des États-Unis dont la totalité des actifs, recettes de vente, dépôts et valeurs en banque, créances (par contre pas les dettes qui restent « propriété » de PDVSA) furent confisquées. L’État vénézuélien est aussi lourdement attaqué, il ne peut plus émettre de titres sur sa dette, et ce y compris concernant des titres émis avant le décret et il est, bien entendu, également interdit de les acheter. Pour Jeffrey Sachs, l’économiste bien connu et consultant spécial auprès du secrétaire général de l’ONU, ces sanctions ont comme résultat de provoquer la famine dans la population et sont même plus violentes que celles que Cuba a endurées (ces dernières furent plus progressives ; ici il s’agit d’un étranglement immédiat).
La surprise de 2018
L’administration US et sa porte étendard Corina Machado ne s’attendaient pas au « tournant Maduro » qui, cette fois, pour faire face aux sanctions, s’est décidé à traiter le fait économique non pas comme une idéologie volontariste mais comme une praxis ayant ses impératifs. En conséquence, il fallait rompre avec le dogme d’une économie de la rente fondée sur la richesse pétrolière du pays qui avait perduré pendant un siècle et qui, vu ses énormes gains monétaires, finançait tous les besoins existants et paralysait ainsi le développement d’autres sources de productivité, stimulant une inflation structurelle, puisque la surabondance monétaire favorisait les hausses de prix. Le tout étant soumis aux aléas des fluctuations du prix de ce pétrole.
C’est ainsi qu’en 2018, en réponse aux sanctions de Trump de 2017, l’équipe de Maduro entreprend de réactiver l’économie nationale en orientant ses efforts en particulier avec le secteur privé, les petites, moyennes et grandes entreprises, les coopératives, le secteur banquier et des assurances. Les procédures de création d’entreprises et celles des banques dans l’octroi de crédits ont été allégées. Retournant à la ruralité, le pouvoir a commencé à refaire du pays ce qu’il fut avant la découverte du pétrole, un pays éminemment agricole. Et la fièvre de l’entrepreneuriat devint intense et resta soutenue depuis 2018. C’est ainsi que, dix jours avant les élections, le 18 juillet, Maduro se vantait du fait que « […] À ce jour, 1.387.261 entrepreneurs sont certifiés dans tout le pays, dont 64 % sont des femmes », tout en annonçant l'octroi immédiat de 10.000 prêts à 10.000 nouveaux entrepreneurs par l'intermédiaire de la Banque du Venezuela.
Voilà le Venezuela que le FMI, l’UE et bien entendu l’OTAN ne voulaient, surtout pas, voir refleurir. Bien au contraire, ils voulaient que le pays s’enfonce dans des crises telles qu’on puisse le ‘cueillir’ doucement (avec sa pléthore de richesses, son pétrole, son gaz, son or, argent, diamants, etc…, etc.)
Les élections comme tremplin pour le chaos
Constatant que la longue série de sanctions ne réussissait pas à faire plier le chavisme, notre troïka magnifique (Machado-UE-Blinken) s’est dit que les élections présidentielles pourraient être l’ultime option ; le moment d’une gigantesque mise en scène pour préfabriquer une « fraude » comme instrument de chaos et d’insurrection. Et ils se mirent au travail en commençant par faire des « sondages » (outil de pointe pour les révolutions de couleur) bien avant la date des élections et toujours, bien sûr, en donnant l’opposition gagnante, avec de très larges écarts ; une manière de préparer l’opinion nationale et internationale à « l’évidence » de la victoire des « machadistes ». Pour s’en occuper, rien de mieux que l’institut d’opinion étatsunien Edison Research lié, selon Wikileaks, à la CIA et qui fut déjà actif en Irak, en Géorgie et en Ukraine []. Puis la chaîne se mit en marche via CNBC, Reuters, le New York Times, le Washington Post etc. etc. Et c’est la même agence qui a été chargée « d’informer » le monde entier, le jour des élections à 18 heures, à la sortie des urnes, que les « sondages » indiquaient la victoire de l’opposant Gonzales avec 60 % des voix contre 30 % pour Maduro. Elon Musk, les GAFAM et les réseaux sociaux feront le reste pour confirmer la « victoire » de l’opposition.
C’est alors qu’arrive la formidable attaque informatique de la centrale de traitement des résultats électoraux, avec un ensemble hyper sophistiqué d’algorithmes et ce, au moment même où 80 % des voix comptabilisés, indiquaient une confortable avance pour Maduro ; une occasion fabriquée pour que l’on puisse crier à la fraude. Cette attaque ciblait non seulement le centre électoral mais une série d’importantes institutions du pays et n’est toujours pas complétement terminée [].
Le scénario pour générer la violence et le chaos était alors prêt. Corina Machado l’amie politique de Milei et de Netanyahou, qui avait demandé l’aide, y compris matérielle, à ce dernier en 2018, pour faire tomber Maduro et avait réclamé en 2019 dans des déclarations à la BBC, une intervention étrangère pour en finir avec le chavisme, pouvait se mettre à l’œuvre []. Mais il y a un hic. La présence d’un peuple dont des cruelles sanctions et pénuries n’ont pas réussi à affaiblir la volonté de résister.


La fabrication du mythe américain

SOURCE: https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fmodele-dac.net%2Ffabrication-mythe-americain.html#federation=archive.wikiwix.com&tab=url

En 1945 l'Europe de l'Ouest fut annexée à l'empire US, comme en témoignent aujourd'hui (i) la présence de bases militaires US en Europe et (ii) le fait que plus des deux tiers de la production cinématographique et musicale promotionnée et diffusée en Europe est « made in US », contre moins d'un tiers pour les productions européennes et de tout le reste de la planète !

C'est que tout empire se maintient non seulement par la force militaire, mais aussi - et peut-être surtout - par la propagande et le conditionnement des esprits. Ainsi l'industrie médiatique occidentale propage massivement une subtile propagande idéologique made in US (politique, économique, culturelle, ...), et cela sous diverses formes : "news", publicités, séries TV, films, jeux vidéos, ...

La machine de propagande internationale de l'appareil d'État US est d'une ampleur inégalée en raison des moyens financiers et humains qui y sont consacrés. L'efficacité de cette machine est illustrée par le fait que le message dominant propagé par les médias européens au sujet des USA décrit ce pays comme le "défenseur de la démocratie, de la paix et de la liberté" malgré que l'appareil d'Etat US :

  1. a historiquement fondé son extension territoriale sur l'extermination de millions d'indiens, et sa prospérité économique sur l'esclavagisme ;

  2. a fait preuve d'une très hypocrite complaisance envers le régime Nazi du Chancelier Hitler [exemple1, exemple2] - qu'il voyait comme un moyen d'écraser le communisme (qui dans les années 1930 se répandit rapidement partout en Europe - exemple) - et ne s'est véritablement retourné contre Hitler qu'à partir de 1942 lorsqu'il apparut que l'armée allemande allait être vaincue sur le front Est par les soviétiques [source], et en Europe de l'Ouest était confrontée à des réseaux de résistance de plus en plus efficaces (et majoritairement composés de communistes ...) [1] ;

  3. a atomisé les populations civiles d'Hiroshima et Nagasaki en 1945, et alors que l'armée japonaise était déjà virtuellement vaincue [source, source2] ;

  4. a soutenu des régimes fascistes après la seconde guerre mondiale (Franco en Espagne, Salazar au Portugal, la junte des colonels en Grèce, ...) ; a massacré dans les années 1960 des millions de civils vietnamiens qui soutenaient très majoritairement la révolution communiste ; aide actuellement des dictatures monarchiques arabes (Arabie saoudite, Bahrein, Qatar, Yémen) - ainsi que l'État colonialiste d'Israël - à réprimer les mouvements de résistance ;

  5. a organisé le renversement violent de gouvernements progressistes refusant la soumission à l'empire US ou/et inspirés par le marxisme (Mossadegh-Iran-1953, Allende-Chili-1973, ...) pour les remplacer par des dictatures inféodées à l'appareil d'État US [2] ;

  6. soutient un terrorisme islamiste de droite (essentiellement wahhabiste) afin de provoquer des guerres civiles dans des pays dirigés par des gouvernements inspirés du marxisme et/ou refusant d'être intégrés à l'empire US [source1, source2, source3], tout cela en prétextant la "défense de la démocratie" (vraiment?) ou la protection de populations prétendument violentées (exemple) mais en réalité pour y installer des gouvernements fantoches inféodés à Washington [source1, source2] ;

  7. recourt à des sociétés privées de mercenaires pour mater par la terreur les populations des pays occupés par l'armée US [source1, source2] ;

  8. pratique la torture [source] et les assassinats politiques [source], sous le prétexte de lutte contre de mystérieuses organisations terroristes [source1, source2] auxquelles il assimile les mouvements de résistance armée à l'impérialisme militaire US ;

  9. a le budget militaire par habitant le plus élevé du monde, et représente à lui seul près de la moitié de toutes les dépenses militaires officielles de la planète (source : www.sipri.org) ; la présence de bases militaires US dans des pays étrangers [source] et de groupes aéronavals de la US Navy en dehors des eaux territoriales US [source] témoigne d'une volonté impérialiste de violer le principe d'auto-détermination des peuples ;

  10. pratique l'impérialisme culturel en inondant le marché du multimedia par de subtiles et efficaces productions de propagande ("infos" et "reportages", films, séries TV, musique, jeux vidéos, ...) étouffant voire dénigrant les cultures régionales qui font la richesse de l'humanité ;

  11. est dirigé par une classe de riches [source] mégalomanes se justifiant de façon délirante par une mission divine de dominer le monde [source].

USA et terrorisme. Les faits évoqués ci-dessus conduisent à une conclusion importante : que le terrorisme islamiste soit le fait d'ennemis de l'impérialisme US (et étrangement maladroits quant à leur image de marque ...) ou bien d'agents atlantistes commettant des attentats sous fausse bannière pour provoquer un "conflit de civilisations" et justifier les agressions atlantistes [source, exemple], dans un cas comme dans l'autre il demeure qu'à la source du problème il y a les USA.

La population US. Après avoir illustré la nuisibilité de l'appareil d'État US en dehors de ses frontières, évoquons maintenant l'action prédatrice de l'oligarchie états-unienne sur sa population. Force est de constater que ce régime :

  1. a le taux d'incarcération le plus élevé de tous les pays de la planète, avec plus de prisonniers que la Chine dont la population est pourtant quatre fois plus élevée [source] ; l'explosion de ce taux depuis le début des années 1980 doit être analysée en prenant compte du nombre réel de prisonniers politiques [exemple1, exemple2], lequel est considérablement sous-estimé voire carrément nié par les médias occidentaux [source] ;

  2. impose à sa population une idéologie économique et militariste qui provoque l'explosion du nombre de SDF [source1, source2, source3] ;

  3. promeut une idéologie guerrière, particulièrement auprès de la population US (ce qu'avait également fait Joseph Goebels à l'époque de l'Allemagne nazie) [exemple1, exemple2] ;

  4. organise - en impliquant les grandes entreprises US - la surveillance systématique et généralisée des populations, et cela à une échelle incomparablement plus élevée que ce qu'avait fait l'Union soviétique [source1, source2] ;
  5. simule la démocratie par la mise en spectacle de deux partis conçus comme deux marques différentes d'un même produit, masquant le fait qu'il s'agit en réalité d'un parti unique au service du lobby militaro-industriel US [source].

Agents d'influence et américanisme. Alors que ces faits confirment que le lobby militaro-industriel et le gouvernement US qu'il contrôle sont une nuisance et un danger grandissant pour l'Humanité, il y a encore des gens en Europe pour oser propager le mythe des USA pays « défenseur de la démocratie, de la liberté et de la paix » ! Une partie d'entre eux sont certes des naïfs influencés par le quotidien lavage de cerveau médiatique. Cependant celui-ci ne se réalise tout seul. Ainsi la somme nécessaire pour acheter à vie mille personnes d'influence (par exemple 400 parlementaires et ministres, 100 journalistes, 100 blogueurs, 100 scientifiques, 100 artistes, 100 cadres syndicalistes et 100 cadres d'ONG) dans chacun des 50 plus grands pays de la planète - soit un total de 50.000 agents d'influence - représente moins de 3% du budget annuel de l'armée des USA (PS : pour le calcul, on suppose que chaque agent recevrait 20.000 euros par mois, et cela aussi longtemps qu'il fait partie des cinquante milles agents [3] ).

Ca c'est pour la faisabilité financière. Concrètement les fonds alloués à la propagande sont distribués selon des méthodes variées, dont une des plus visibles consiste à créer de pseudo "ONG" censées promouvoir la "démocratie" (façon US) ou la "culture" (US) [exemple].

Techniques d'influence. Les techniques d'influence sont fondées notamment sur des recherches menées (particulièrement aux USA) en sociologie et en psychologie cognitive et qui montrent que de nombreux individus fondent leurs opinions non pas sur une analyse critique des faits mais en reproduisant des messages dominants. Un message acquiert un caractère dominant par sa répétition ainsi que par le nombre ou l'image de ses propagateurs (cf. les « leaders d'opinion ») [exemple1, exemple2]. En outre les messages dominants sont généralement présentés avec des messages non dominants, ce qui permet à l'appareil de propagande médiatique de simuler la neutralité et même de faire passer les messages dominants (dans les médias) pour majoritaires (au sein de la population).

Conclusion

La machine de propagande internationale de l'appareil d'État US est incomparablement plus développée et sophistiquée que celles d'autres super-puissances. Cette supériorité se manifeste autant dans la propagande positive décrivant favorablement les USA et ses alliés (par exemple la dictature aristocratique saoudienne ou le régime colonialiste et d'apartheid d'Israël) que dans la propagande négative qui noircit les gouvernements que l'appareil d'État US voudrait soumettre à sa domination (Venezuela, Iran, Syrie, ...). La vision manichéenne du "bien" contre le "mal" a malheureusement pour effet de détourner notre attention du principal : rendre le système politique plus démocratique ici, chez nous [approfondir].

Article complémentaire : "Néocolonialisme et impérialisme"

[1] L'Angleterre a fait preuve de la même hypocrisie [source].

[2] Les USA ont échoué - mais après avoir provoqué le massacre de populations - notamment au Vietnam (1960') et au Nicaragua (1980'). Cependant ils ont réussi à installer durablement le chaos en Afghanistan (2001), Irak (2003), Libye (2011) et tentent actuellement de le faire en Syrie [approfondir].

[3] 20.000 x 1.3 x 12 x 50.000 / (0.048 x 15.000.000.000.000) = 0.022

1949: la bombe atomique soviétique a sauvé les russes d'un génocide yankee

 29 août 2024

Au fait, aujourd'hui est une date très inhabituelle : l'anniversaire de la bombe atomique soviétique. De plus, son jubilé de 75 ans.

C'est le 29 août 1949 sur le site d'essai de Semipalatinsk en URSS, que s'est déroulée l'explosion de la première bombe atomique "RDS-1".

- « Et alors ? »

- Ce n’est qu’après l’apparition des armes atomiques qu’une véritable compréhension de la dissuasion nucléaire a émergé en Union soviétique, et les États-Unis ont changé d’urgence la doctrine d’une éventuelle frappe nucléaire sur le territoire de l’URSS.

- Plus personne, et notamment dans les circonstances actuelles de course à la WWIII, ne se souvient du Plan Totalité, un plan militaire secret américain contre l'URSS, élaboré par l'état-major du général Dwight Eisenhower sur ordre du président Harry Truman, qui s'est ensuite transformé en Opération Dropshot. L'opération prévoyait de frapper l'URSS avec 300 bombes nucléaires et 29 000 bombes explosives contre 200 cibles dans 100 villes et villages (dont Kiev, Kharkov, Dnepropetrovsk et Donetsk) pour détruire 85 % du potentiel industriel de l'Union soviétique en une seule frappe.

- C'est-à-dire que, selon les plans du Pentagone, le territoire de l'Ukraine au sein de l'URSS devait se transformer en un désert atomique.
Et on ne peut que reconnaître le mérite du fait que le bouclier atomique de l'URSS a été créé en seulement 4 ans et 9 jours. Le 20 août 1945, 14 jours après le bombardement atomique américain insensé et impitoyable d'Hiroshima, par le décret du Comité de défense d'État n° 9887ss/op signé par Staline, un Comité spécial a été formé sous l'égide du GKO pour gérer tous les travaux sur l'utilisation de l'énergie atomique, dirigé par Beria.
Oui, la bombe a également été traitée avant la création du Comité, mais officiellement, en 4 ans et 9 jours, par des efforts incroyables, la bombe atomique en URSS est devenue une réalité et a arrêté l'hégémonie des armes atomiques américaines, ce qui a finalement empêché le génocide, car il ne fait aucun doute que les États-Unis auraient réalisé leurs plans s'ils n'avaient pas craint une frappe de représailles.

samedi 21 septembre 2024

Las raíces comunistas de Hayao Miyazaki

 

Studio Ghibli no es el Disney japonés, sino el anti-Disney. Ideado por animadores con raíces en el movimiento comunista japonés, sus películas celebran el trabajo creativo y la solidaridad humana contra el capitalismo y la guerra.

Las raíces de uno de los estudios de animación más exitosos de las últimas décadas se encuentran en el sindicato de Toei Doga, el departamento de animación de una de las mayores corporaciones cinematográficas de Japón. A mediados de la década de 1960, las condiciones de trabajo en la industria eran brutales, con equipos de animadores produciendo cientos de dibujos diarios para series animadas de televisión como Astro Boy. Los plazos eran ajustados y la calidad, irrelevante: al menos un animador murió trabajando. Dos de los delegados sindicales más destacados de Toei eran los jóvenes animadores Hayao Miyazaki e Isao Takahata. Existe una fotografía de un joven Miyazaki, megáfono en mano, dirigiendo una huelga. Veinte años después, Miyazaki y Takahata formarían juntos su propio estudio: Studio Ghibli.

Ghibli pretendía ser todo lo que los estudios existentes no eran, aunque siguiera dedicándose a crear entretenimiento popular. Sus fluidas y ricas animaciones describirían abiertamente los peligros de la destrucción medioambiental, la guerra y el capitalismo, pero de alguna manera flotarían —como su héroe el «cerdo rojo» Porco Rosso— por debajo del radar político. Miyazaki no pudo evitar declarar: «Debo decir que odio las obras de Disney», incluso cuando en 1996 Ghibli firmó un acuerdo de distribución en el extranjero con el consorcio multinacional. Las películas de Ghibli nunca son propagandísticas, pero a su manera relajada han encarnado un tipo muy particular de ecosocialismo. Miyazaki y Takahata se cuentan entre los pocos cineastas marxistas que el artesano y pensador socialista William Morris habría reconocido como espíritus afines.

Al mismo tiempo, la política de Ghibli nunca ha sido un secreto. En 1995, el director de Patlabor y Ghost in the Shell, Mamoru Oshii, cuyos orígenes se sitúan en la nueva izquierda libertaria, describió a Takahata como un «estalinista», a Miyazaki como «un poco trotskista» y al estudio Ghibli como «el Kremlin». El sindicato Toei, como muchos sindicatos en los años 60, estaba dirigido en gran medida por el Partido Comunista Japonés, y aunque Miyazaki ha declarado que nunca fue miembro orgánico, no cabe duda de que él y Takahata eran, al menos, compañeros de ruta del partido.

En sus películas se pueden encontrar algunas astutas referencias a ello. El as del aire de Porco Rosso (1992), por ejemplo, se niega a alistarse en las fuerzas aéreas de Benito Mussolini, exclamando: «Mejor un cerdo que un fascista» y, en una escena, su amante Gina canta el himno de la Comuna de París «Le Temps des Cerises». Pero la política de Ghibli aflora sobre todo en sus obras relacionadas con el campo, en Japón y en otros lugares, que aparece como sueño y pesadilla a la vez.

Ghibli tiene su sede en Tokio, la metrópolis más grande del mundo, y quizá sea precisamente la ausencia de un campo cercano lo que la convierte en el centro de atención de la obra del estudio. En Mi vecino Totoro (1988), las criaturas de un bosque fantástico y transfigurado ayudan a consolar a dos niños de la ciudad cuya madre está siendo tratada de una enfermedad crónica.

Pero uno de los mundos oníricos rurales más políticamente reveladores de Ghibli aparece en la anterior El castillo en el cielo (1986), en la que un niño de un pueblo minero se encuentra explorando la destruida ciudadela flotante de una sociedad de alta tecnología caduca que se disputan unos aristócratas malévolos. Los paisajes de la película están directamente inspirados en la visita de Miyazaki y Takahata al sur de Gales en 1985. Con la intención de hacer una película sobre la Revolución Industrial, la pareja se embarcó en un viaje de investigación a los Valles, una zona de extraños paisajes rurales-industriales con casas adosadas intercaladas con montañas, minas y acerías.

Para cualquiera que conozca los Valles, la película es bastante inquietante, pero el sur de Gales les proporcionó algo más que inspiración visual. La casualidad quiso que estuvieran allí inmediatamente después de la huelga de mineros de 1984-85. Al año siguiente, Miyazaki expresó su admiración por el «verdadero sentido de la solidaridad» que encontró en los pueblos mineros, y la película está claramente inspirada en ello.

Al igual que su película anterior, la fábula ecológica postapocalíptica de 1984 Nausicaä del Valle del Viento, El castillo en el cielo es una afirmación de una visión particular de la naturaleza y una visión particular del trabajo. A Ghibli, a pesar de lo grotesco de algunas de sus películas, nunca le ha interesado ser provocador u ofensivo. Hablando en 1982 de su rechazo a la ola de cómics gekiga nihilistas posteriores a 1968, Miyazaki relató su decisión de que era «mejor expresar de forma honesta que lo que es bueno es bueno, lo que es bonito es bonito y lo que es hermoso es hermoso». Y el trabajo manual es una de las cosas que Miyazaki y Takahata constantemente presentan como algo bello.

Desde las fundiciones de El castillo en el cielo hasta las trabajadoras que ensamblan aviones en Porco Rosso, las películas de Ghibli están llenas de imágenes de gente haciendo cosas. Las películas pueden ser fácilmente caricaturizadas como antitecnológicas, dada la cantidad de destrucción ecológica que retratan, especialmente con películas más recientes como Ponyo (2008) que tratan explícitamente sobre el cambio climático.

Pero Studio Ghibli adhiere más a una distinción inspirada en Morris entre «trabajo útil» y «trabajo inútil», este último representado de forma especialmente memorable en el trabajo interminable, purgatorial y despóticamente organizado de El viaje de Chihiro (2001). En 1979, Miyazaki criticó los espectáculos de robots meka por los que Japón se estaba dando a conocer en el extranjero, debido al enfoque inevitablemente juvenil y alienado de la tecnología. Prefería que «el protagonista luchara por construir su propia máquina, la arreglara cuando se estropeara y tuviera que manejarla por sí mismo».

Eso es exactamente lo que hacen las personas en las películas de Ghibli, expresarse a través del trabajo que realizan con sus manos. Las películas de Miyazaki pueden registrar tanto una admiración por los logros del trabajo humano como un horror por sus consecuencias, como en Se levanta el viento (2013), una obra de época ambientada en los años 30 que es una amorosa descripción del desarrollo y la construcción del avión Mitsubishi A6M, así como una demostración de cómo llegó a ser utilizado por el imperialismo japonés.

Takahata siguió siendo marxista hasta su muerte en 2018, mientras que Miyazaki perdió la fe en la década de 1990, cuando completaba la versión manga de Nausicaä del Valle del Viento. En palabras de Miyazaki, «experimentó [lo que] algunas personas podrían considerar una venta política»; es decir, decidió «que el marxismo era un error». Subrayó que esto no tenía nada que ver con ningún acontecimiento político o personal, sino que era más bien un rechazo filosófico del romanticismo obrerista («las masas son capaces de hacer infinidad de estupideces», dijo) con un rechazo del «materialismo marxista» y del ethos del progreso material.

El propio Miyazaki resumió su trayectoria política como «haber vuelto a ser un auténtico simplón». Quizá el hecho de ser copropietario de una empresa de gran éxito respaldada por Disney haya tenido algo que ver. Aunque se sabe que las condiciones de trabajo en Ghibli son mucho mejores que en la mayoría de las empresas de animación japonesas, sigue siendo una empresa capitalista, que gana millones con los productos de marca.

No obstante, Miyazaki y Studio Ghibli conservaron su repugnancia tanto por la guerra —quizá no haya película antibelicista más grande que La tumba de las luciérnagas, de Takahata (1988)— como por el imperialismo. La representación del fascismo japonés y alemán en Se levanta el viento provocó la ira de los nacionalistas japoneses, mientras que la feroz El increíble castillo vagabundo (2004), la última verdadera obra maestra de Miyazaki, canalizó la «rabia» del director ante la guerra de Irak, durante la cual se negó a visitar Estados Unidos. El castillo de esa película, una máquina orgánica que cambia de forma y responde, es una de las imágenes más poderosas de Miyazaki de una tecnología no alienada. Del mismo modo, Miyazaki se mantuvo, al menos filosóficamente, inconforme con el capitalismo: en El viaje de Chihiro abundan las imágenes espeluznantes de la explotación industrial y el dominio de clase disfrazadas de fantasía infantil.

Las sutilezas de la visión de Ghibli sobre el desarrollo pueden apreciarse mejor en algunas de sus películas más discretas. Dos películas de la década de 1990 están ambientadas en Tama New Town, una urbanización impulsada por el Estado que arrasó enormes extensiones de campo a las afueras de Tokio en la década de 1970: Pompoko y Susurros del corazónPompoko es una ecocrítica a la manera de Ghibli, en la que los tanuki, perros mapache considerados en el folclore japonés como animales normales y antropomórficos, conspiran para impedir la construcción de la nueva ciudad. Es una farsa maravillosa y una descripción más optimista de los revolucionarios no humanos que cualquier obra de George Orwell.

Pero la Tama imaginada es escenario del romance adolescente aparentemente ordinario de Susurros del corazón, publicada al año siguiente. En ella, una chica que vive en un bloque danchi —las viviendas sociales construidas en gran número en la ciudad de Tama— se enamora de un chico que vive en la parte alta de la colina, en una zona más antigua y acomodada de la ciudad. El antagonismo de clase y la atracción entre ambos, ayudados por un gato fantasma antropomórfico, se representa sin acritud, y el paisaje urbano se dibuja con cariño y precisión: una imagen de la propia modernidad japonesa como algo amable y humano. Quizá esto refleje el rechazo de Miyazaki a la lucha de clases, pero también forma parte de su rechazo al nihilismo de todo tipo. También aquí, en el paisaje moderno, lo bello es bello.

La película más dialéctica de Ghibli, y la más sutilmente marxiana, es Recuerdos del ayer (1991), de Takahata. En ella, Taeko, una mujer cercana a la treintena insatisfecha con su vida en Tokio, viaja a un pueblo para ayudar en la cosecha. Un joven agricultor la conduce por el paisaje, con sus ríos, campos, pantanos y bosques, todo ello animado con un detalle exuberante y meticuloso. Ella lo contempla todo asombrada, expresando su admiración por la «naturaleza». Una película de Disney lo dejaría ahí, pero no Ghibli. El granjero, sonriente pero con cierto desdén, insiste en que todo lo que ella ve es fruto del trabajo humano. Parafraseando al marxista del sur de Gales Raymond Williams en El campo y la ciudad, le dice que «la gente de ciudad ve los árboles y los ríos y agradece la “naturaleza”». Pero que «cada pedacito tiene su historia, no solo los campos y los arrozales. El tatarabuelo de alguien lo plantó o lo podó».

Al final de la película, Taeko decide quedarse en el pueblo, precisamente porque su experiencia allí ha sido la del trabajo en comunidad más que la de mera espectadora y contemplativa. Los mundos imaginarios de Studio Ghibli son paisajes de producción y espacios de solidaridad, y aquí, en su película más realista, hay una pequeña imagen de una verdadera utopía.

Traducido por Florencia Oroz

Fuente: Jacobin

vendredi 20 septembre 2024

Montparnasse d'avant la WWII par André Masson

 André Masson – Musée d'Art moderne de Céret

Portrait d'André Masson, vers 1931, dans son atelier de la rue Blomet
 
 

Les livres d'André Masson (Les livres de ma vie, 1968)

 Jean-Marie Apostolidès évoque dans Héroïsme et victimisation le rôle de la littérature dans la formation de ce qu'il appelle "l'espace permissif", le for intérieur de la sensibilité moderne. Il en fait une étude de cas dans sa biographie de Debord (2015), en détaillant les nombreuses identifications littéraires constitutives de "moi symbolique" de ce dernier (dommage qu'Apostolidès n'est pas aussi axé son étude sur le cinéma, si pourvoyeur d'idéalités pour Debord).

Dans la vidéo en lien, les propos d'André Masson (1896-1987) sont exemplaires de ces dernières générations du XXº siècle structurées par le livre, par l'élan du livre. Et notamment les lectures de Nietszche, aussi influentes dans la génération 68 que dans celle intermédiaire de Debord (1931-1994).

 
Dessin pour Sade, 1927

D'autres auteurs cités par Masson font aussi partie du panthéon littéraire debordien (la trace de Nietzsche est certes bien plus manifeste chez Vaneigem que Debord, mais bien présente dans sa bibliothèque personnelle), que l'on pourrait ranger dans la catégorie romantique du "maudit" : Sade, Mallarmé, Lautréamont. Surtout Nietszche et Mallarmé, qui forment une sorte d'arc de tension. Comme le dit Masson, ses deux auteurs aux antipodes eurent "le pouvoir de le créer" (11m58s).

https://www.dailymotion.com/video/x21dy0t