vendredi 23 août 2024

Gaza denuncia que Israel usa armas capaces de evaporar cadáveres


Cerca de 1.760 cuerpos han desaparecido sin dejar rastro debido al uso de armas capaces de evaporar cadáveres por parte de las fuerzas israelíes en la Franja de Gaza, reportó este domingo la Defensa Civil del enclave.

Adicionalmente, unas 10.000 personas siguen desaparecidas bajo los escombros de edificios destruidos. La Defensa Civil señaló que los continuos ataques del país hebreo impiden su búsqueda.

Alrededor de 8.240 personas fueron víctimas de desaparición forzada por parte de las tropas israelíes, mientras que unos 2.210 cuerpos han desaparecido de fosas en Gaza.

Según los últimos datos del Ministerio de Salud gazatí, 40.099 personas han muerto por los bombardeos israelíes desde el pasado 7 de octubre, mientras que otras 92.609 han resultado heridas. La Defensa Civil estima que la cifra de víctimas mortales en realidad es mucho mayor, teniendo en cuenta a los desaparecidos.

(Tomado de RT en Español)

«Amazon, Google y Microsoft son la columna vertebral tecnológica de este genocidio»


No Tech for Apartheid denuncia “la depravación moral y la especulación genocida” de las multinacionales de Silicon Valley, que proveen servicios con los que Israel desarrolla un genocidio desde hace diez meses.AWS es la nube de Amazon, fundamental para la campaña de exterminio de las FDI israelíes.

Empleadas de tres de las llamadas GAFAM, Amazon, Google y Microsoft, han denunciado hoy, 7 de agosto, el uso que el ejército israelí (FDI) está haciendo de los servicios provistos por estas grandes tecnológicas. Lo hacen a raíz de la investigación de +972 Mag y Local Call publicada esta semana sobre el uso de la nube para seleccionar objetivos en la campaña de exterminio lanzada por Israel hace hoy diez meses, en la que más de 40.000 personas han sido asesinadas.

“De manera similar a la asistencia que brindó IBM a la Alemania nazi para vigilar, calcular y asignar la muerte al pueblo judío durante el Holocausto, hoy las grandes corporaciones tecnológicas están ayudando directamente al ejército israelí en su campaña genocida. Amazon, Google y Microsoft son la columna vertebral tecnológica de este genocidio”, señala la plataforma No Tech for Apartheid que, desde hace años, primero contra el apartheid y la ocupación de tierras y ahora contra el genocidio, ha denunciado los negocios de estas multinacionales con el Estado de Israel.

Según la investigación, y a pesar de la insistencia con la que empresas como Google ha tratado de negarlo, el tzahal, el ejército israelí, usa servicios de almacenamiento en la nube y de inteligencia artificial proporcionados por las grandes tecnológicas estadounidenses para “participar y colaborar directamente” en la campaña de exterminio que Israel sostiene contra Gaza desde el 7 de octubre de 2023.

“La facilidad con la que Amazon, Google y Microsoft permiten a la inteligencia militar israelí acceder a servicios de almacenamiento de datos para guardar y recuperar grandes cantidades de datos de inteligencia ha sido comparada con la facilidad con la que los consumidores de todo el mundo pueden hacer pedidos a Amazon”, explica este grupo de trabajadores contra el genocidio.

Los trabajadores de GAFAM, que ya en el pasado han organizado acciones de protestas y boicot contra esta complicidad, han denunciado esta colaboración, que se enmarca en acuerdos como el Proyecto Nimbus y han anunciado nuevas formas de organización contra esa complicidad: “No dejaremos de organizarnos hasta que nuestras empresas dejen de impulsar este genocidio y hasta que Palestina sea libre. Hacemos un llamamiento a todos los trabajadores tecnológicos con conciencia a que se unan a nuestra lucha”.

 @pelorduy

Fuente: https://www.elsaltodiario.com/genocidio/amazon-google-microsoft-son-columna-vertebral-tecnologica-genocidio

Gaza, perle de l’Orient objet de toutes les convoitises ou, pour les occidentaux, un simple campement pilonné où survivent et meurent quelques millions de réfugiés palestiniens

 

SOURCE PRIMAIRE: https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/gaza-cette-perle-de-l-orient-objet-de-toutes-les-convoitises,7539

Gaza n’est-elle qu’un bout de terre, une enclave, une « bande » comme on la surnomme de nos jours (qita’ en arabe) ? Un simple campement pilonné où survivent et meurent quelques millions de réfugiés palestiniens, une « non-entité » ? Osons un retour sur le passé lointain — dont se réclament les nouveaux conquérants — pour raconter quelques épisodes de l’histoire de cette cité dont la splendeur remonte à l’Antiquité

Trait d’union entre la Méditerranée, l’Afrique et le continent asiatique, point de passage et de contact de plusieurs civilisations, célèbre pour ses vergers dont les produits étaient partout exportés, la cité de Gaza, pourtant maintes fois saccagée, a défié d’immenses conquérants, d’Alexandre le Grand à Napoléon.

« L’histoire de Gaza n’a rien à envier à celle de Bethléem et à Jérusalem », affirmait l’ancienne représentante de la Palestine en France Leïla Shahid sur France Culture en 2000, interviewée à l’occasion de l’exposition « Gaza Méditerranéenne », qui a eu lieu à l’automne de cette année-là à l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris. Des fouilles archéologiques ont en effet montré que la zone abritait des sites remontant à l’âge de bronze ancien — soit entre 3 000 et 1 300 ans av. J.-C. Et de préciser que l’appeler « bande de Gaza » est humiliant et réducteur. « Elle a été un port antique hors pair, sous le nom d’Anthédon.

Elle exportait vers le reste du monde : Rome, Carthage, Byzance, Athènes. « Tout ce que le commerce de l’Orient apportait », sans oublier « ses magnifiques vignobles ». L’exposition de l’IMA permettait alors d’admirer « les amphores, certes d’époque tardive, qui contenait le vin exporté vers le monde ».

Les tunnels d’Alexandre le Grand

Or, voici que dans son entreprise de conquête du monde, Alexandre le Grand a voulu s’emparer de ce port méditerranéen. À l’époque, en 332 av. J.-C., raconte le spécialiste de l’histoire ancienne et de la Méditerranée orientale Maurice Sartre.

« Gaza était la dernière citadelle perse sur le chemin de l’Égypte » et occupait une place hautement stratégique. « Après avoir bataillé pour s’emparer de Tyr (aujourd’hui au Liban), Alexandre a dû assiéger pendant deux ou trois mois Gaza ». Les biographes du Macédonien relatent de façon détaillée son entreprise pour faire plier la cité défendue par sa population. Comment ?

Il avait fait creuser des tunnels non pas pour faire arriver des vivres ou des armes comme les Gazaouis d’aujourd’hui, mais pour saper les murailles de la ville, qui étaient puissamment défendues. Il s’empara de la ville, au bout de deux à trois mois de siège, à la fin de l’année 332. Le butin fut considérable.

Surtout en encens et en myrrhe, relate Maurice Sartre.

Dans son livre sur Gaza, l’historien Jean-Pierre Filiu précise que « le pillage de Gaza remplit dix navires de butin à destination de la Macédoine ». La richesse de la ville antique est telle que Plutarque, le grand historien de la Rome et de la Grèce antiques, qualifie Gaza de « aromatophora », la dispensatrice des parfums. Une belle illustration du rôle économique de ce territoire qui continuera d’être le débouché des produits d’Arabie du Sud et du Yémen, puisque l’encens et la myrrhe viennent essentiellement de cette région. « Gaza reste le débouché des Arabes sur la Méditerranée », poursuit l’historien.

Promue au rang de colonie romaine

Zone de production et zone de transit de marchandises, ces activités ont fait de cette nouvelle polis (cité organisée à la grecque) « la fortune de la Gaza hellénistique et romaine jusqu’au moment de la conquête musulmane », rappelle encore Maurice Sartre. Après la conquête d’Alexandre, Gaza devient pendant presque un millénaire une grande ville grecque, centre économique et intellectuel, avec tous les attributs et dotée d’institutions comme Athènes ou Sparte. Dans les années 1990, des fouilles y ont mis au jour de belles maisons, peintes dans le style grec du IIe siècle av. J.-C. comme à Délos, Ephèse ou dans d’autres villes grecques de cette époque, note le spécialiste de l’Antiquité.

Par deux fois, la ville sera envahie et annexée à un royaume juif vainqueur des successeurs d’Alexandre, poussant sa population à la fuite « parce qu’ils ne voulaient pas devenir juifs ». Plus tard, elle a été incorporée au royaume d’Hérode, mais « cet État était tout sauf juif », plutôt cosmopolite. Plus tard, elle sera incorporée par Rome à la province de Syrie. Pour preuve de son rayonnement et de sa prospérité, Gaza est promue au rang de colonie romaine au IIIe siècle, ce qui permit d’octroyer la citoyenneté romaine à toute sa population.

Y parlait-on l’hébreu ?

Les populations sont très mêlées (Arabes, Phéniciens, Syriens, Grecs) mais réunies par l’usage de la langue. Non pas qu’il n’y ait eu plusieurs langues en usage, mais la langue parlée au quotidien, c’est l’araméen, comme dans toute la Syrie antique. Ce qui ne veut pas dire que l’hébreu a disparu, beaucoup de gens le connaissent, mais la langue de circulation et de communication est l’araméen, bien que le grec lui fasse concurrence.

Le grec était devenu la langue des élites et de l’administration grecque puis romaine, lit-on encore dans le livre d’entretiens entre Maurice Sartre et Jean-Noël Jeanneney, qui se veut comme un « tableau contrasté » des deux époques, l’Antiquité et le monde d’aujourd’hui.

Offerte à Cléopâtre

À cause de son emplacement au carrefour de trois mondes, Gaza a depuis toujours été un enjeu des puissances régionales, des rivalités parfois à l’intérieur des mêmes dynasties. Considérée comme joyau, elle fut offerte à Cléopâtre par son époux, nouveau maître de l’Égypte, le général romain Marc-Antoine. Mais la défaite en – 31 av. J.-C. des armées de ce dernier entraîna brièvement le retour de Gaza dans le royaume d’Hérode, à la veille de l’ère chrétienne, avant qu’elle n’entre pour environ six siècles dans l’empire romain.

Soumise ou contrôlée par les Égyptiens (dans leurs campagnes contre la Syrie), les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs d’Égypte et Rome, et les Arabes (ces derniers depuis l’Antiquité, car Gaza occupait une place stratégique sur la route des caravanes), la cité a subi les contrecoups de son statut de territoire tampon.

Son nom apparaît dans les années 1450 avant notre ère, sous son appellation arabe Ghazza, durant le règne du pharaon Thoutmôsis II, mais son histoire et son identité seront marquées deux siècles plus tard par l’invasion des « peuples de la mer », venus de la Crète, qui s’établissent autour de wadi (vallée) Gaza. Cette région côtière porte le nom de Philistie, d’où la Palestine, et en arabe Filastine. Ces peuples sont eux-mêmes un mélange de Crétois, de Grecs mycéniens, et d’autres venus des rivages de la Méditerranée orientale. Soit « des réfugiés déjà ! pour faire souche dans cette région », explique Maurice Sartre, qui ajoute que « cette zone résiste constamment à la pression du royaume de Jérusalem ». Ainsi, « contrairement à ce que pourraient penser certains, Gaza n’a pratiquement jamais appartenu aux Hébreux, ni ne leur a été soumise à quelque époque que ce soit ».

Aux époques hellénistique puis romaine, Gaza est ornée d’édifices officiels et de temples dédiés à des dieux divers dont le principal est Zeus Marnas (dont l’origine est araméenne et sans doute crétoise). Son effigie orne les pièces de monnaie frappées à Gaza qui circulent du temps de l’empereur romain Hadrien qui la visite en 129-130, et en l’honneur de qui sont organisés des concours.

Plus de six siècles plus tard, les défenseurs romains de Gaza, où habitait une importante population arabe, mais aussi juive, sont vaincus par les soldats musulmans dans les années 630. La région connaîtra bien plus tard d’autres invasions : les croisades, les Mongols, le règne fatimide, le prise de Gaza par Saladin en 1187, le règne des Mamelouks, l’empire Ottoman, jusqu’aux temps modernes.

Un patrimoine menacé

En janvier, une vidéo postée sur Instagram par Eli Escusido, directeur des Antiquités israéliennes, montrant des soldats israéliens dans le dépôt d’antiquités de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem (Ebaf), suscite l’indignation et des rumeurs de pillages. Le dépôt de l’Ebaf, sous la responsabilité de la France, contient des vestiges issus de 28 années de fouilles à Gaza. Si le bâtiment et ce qu’il abrite n’ont pas été détruits par les bombardements, ce n’est pas le cas de beaucoup d’autres.

Au 10 juin 2024, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a constaté par images satellitaires les dommages causés sur 50 sites depuis le 7 octobre

Anthédon est détruit ; le palais historique Al-Bacha de la vieille ville de Gaza, qui abritait un musée et une école, a été bombardé puis aplati par des bulldozers. Les trésors archéologiques qui s’y trouvaient ont-ils été sortis avant sa destruction ? Nul ne le sait.

Le 26 juillet, conscient de la menace qui pèse sur ce patrimoine, l’Unesco inscrit le monastère de Saint Hilarion (IVe siècle), situé dans le centre de la bande de Gaza, sur la liste du patrimoine mondial en même temps que celle du patrimoine mondial en péril lors d’une procédure d’urgence. « Cette décision vient reconnaître à la fois la valeur universelle exceptionnelle de ce site et le devoir de le protéger face aux dangers imminents », explique l’organisation dans un communiqué.

Détruire le patrimoine de la bande de Gaza, c’est aussi vouloir effacer son histoire millénaire. Laissons le dernier mot à Maurice Sartre qui nous aura servi de guide : « Gaza se trouve au commencement de l’histoire de la Palestine, elle est au cœur même de la Falestîne, Philistie. »

Gaza 2035: le plan immobilier post-anéantissement

SOURCE: https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/gaza-2035-table-rase-998426.html

Les autorités israéliennes ont lancé « Gaza 2035 », une zone de libre-échange ambitieuse visant à transformer Gaza en un hub industriel et technologique de premier plan. Ce projet a pour objectif de renforcer les liens entre la Méditerranée et le Golfe Persique, tout en offrant une alternative stratégique face à l'influence chinoise en connectant l'Inde à l'Europe. Par Michel Santi, économiste (*).
(Crédits : DR)

Israël et les États-Unis planchent sur une route qui permettrait aux poids lourds d'aller vers les Émirats arabes unis à travers la Jordanie et l'Arabie Saoudite. En parallèle, la normalisation des relations entre ces pays sera couronnée par un projet de chemin de fer (à l'étude depuis 2017) reliant le port israélien de Haïfa aux États du Golfe.

Ce trajet historique viendra s'appuyer et compléter celui à l'étude par le Conseil de Coopération du Golfe prévoyant une ligne de plus de 2.000 km qui reliera le Kuwait au Sultanat d'Oman à travers l'Arabie et le Bahreïn. Une extension du tracé ferroviaire autorisera enfin une liaison entre Alexandrie et la ville avant-gardiste de NEOM rêvée par le Prince héritier d'Arabie et qui se trouve à 200 km de la ville palestinienne de Rafah. La combinaison de ces projets accomplira par ailleurs un objectif stratégique majeur consistant à rapprocher la Méditerranée et le Golfe Persique.


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C'est dans ce contexte en pleine effervescence que les autorités israéliennes au plus haut niveau, assistées de leur intelligence artificielle, ont conçu « Gaza 2035 » destinée à devenir une zone de libre-échange grande comme 3,5 Paris intra-muros, soit environ 37.000 hectares. Elle s'étendra depuis la ville de Sdredot située de Gaza jusqu'au port égyptien d'Al Arish, dans la péninsule du Sinaï au sud de Gaza. Netanyahu et ses équipes envisagent donc de convertir la Gaza actuelle - ou ce qu'il en reste - en un territoire globalisé, industriel, à vocation largement mercantile, dont les ambitions à terme seraient même, grâce à sa localisation méditerranéenne, de dépasser en prospérité Dubaï.

Les promoteurs de Gaza 2035 espèrent en outre séduire les entreprises de la Tech, et ambitionnent également que cette zone devienne un centre mondial de fabrication de véhicules électriques. Quoiqu'il en soit, c'est des infrastructures massives comme des ports, des chemins de fer et des aéroports qui sont prévues, et qui seront fonctionnelles grâce à une combinaison de panneaux solaires et d'énergie fossile. Avec un slogan facile : remplacer à Gaza la « prospérité par la crise ».

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De l'aveu même du Premier ministre, le préalable à Gaza 2035 sera de «reconstruire à partir de rien», afin que le développement économique neutralise les racines politiques des multiples crises et guerres régionales.

Cette vision de Gaza 2035 et de ces investissements lourds en infrastructures semble très sérieuse, et suscite l'adhésion de nombre de nations à travers le monde qui y retrouvent un intérêt commun. La Maison Blanche y prévoit un corridor commercial et des pipelines à hydrogène embrassant des régions allant depuis l'Inde jusqu'en Grèce au port du Pirée. Il s'agit là, pour les Occidentaux, de prendre un avantage considérable sur la Chine en établissant de multiples ponts entre l'Inde et l'Europe, d'intensifier les relations avec le sud global, de renforcer l'Europe et principalement son approvisionnement énergétique vis-à-vis de la Russie, d'autoriser les nations du Golfe à diversifier leurs économies, tout en normalisant définitivement - voire en la banalisant - la situation entre Israël et les États arabes. L'Inde, enfin, pourra se dégager d'une certaine emprise exercée sur elle par la Chine, et ce n'est - selon son Premier ministre Modi qui fait référence à la guerre en cours entre Israël et le Hamas- «aucun évènement ou conflit qui gênera la réalisation de ce «projet intergénérationnel». La France aurait même déjà nommé son haut-commissaire à l'« India-Middle East-Europe Economic Corridor ».

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(*) Michel Santi est macro-économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et directeur général d'Art Trading & Finance.
Il vient de publier « Fauteuil 37 » préfacé par Edgar Morin. Il est également l'auteur d'un nouvel ouvrage : « Le testament d'un économiste désabusé ».
Sa page Facebook et son fil Twitter.

dimanche 18 août 2024

Origine fantasmée du cinéma supertemporel comme art total: le cri-germe de Raoul Hausmann


 

Autoportrait-montage de Raoul Hausmann criant, les yeux dansant autour de sa bouche béante. Disposé en regard du manifeste, Synthetisches Cino der Malerei (Cinéma synthétique de la peinture). Le texte est de 1918, mais le montage de l'autoportrait pourrait être plus tardif, de 1930 (Cf. Hanne Bergus, "Dada Raoul dans les années cinquante. Reconsidérer Dada").


Pour un film supertemporel, le cri est logique, familier (le premier film de Debord –pas supertemporel, mais quand même inframince par rapport aux attendus d'un film "courant"– s'intitulait Hurlements en faveur de Sade). L'image du cri est plus logique encore que l'allusion au cri: un film supertemporel est un cri sans sons, mais un cri long, réverbérant à chaque fois que le spectateur-créateur pense au film, se met dans le film, et lui apporte une nouvelle couche de plus. Alors, cette image de Haussman, parce que c'est Dada, que c'est premier dans l'art d'avant-garde, je me dois d'en faire ma généalogie: je sors de cette bouche. 

Le poème sonore dada –> le poème sonore lettriste –> le cinéma supertemporel lettriste –> le cinéma supertemporel situationniste

La fameuse quatrième dimension qui allait être percée par le cubisme, le futurisme, le dadaïsme et tous les ismes des années dix-vingt du siècle dernier, l'a réellement été par le cinéma supertemporel situationniste comme socialisation de la quatrième dimension: le film est toujours en train de se faire, ce n'est pas une révolution future mais une invitation permanente aux spectateurs-créateurs de faire le Film, et pour ce qui nous concerne, expérimenter De l'Espagne 95, c'est-à-dire construire l'Hacienda situationniste.

samedi 17 août 2024

La maison de la rue Troubnaya (Boris Barnet, 1928)

 


Sur dailymotion, sous-titres en français: https://www.dailymotion.com/video/x3xzav1

Le cinéma soviétique des années 1920, avec ses héros féminins prolétariens, me démontre à chaque fois que la lutte des classes est forcément féministe. Cela devrait être le cas aujourd'hui, puisqu'un ouvrier est majoritairement une ouvrière, mais depuis des lustres l'Otan culturelle a dans son agenda la rupture de ce lien (le cas Steinem, que je viens de postez, l'illustre bien).

Cette fois-ci c'est une comédie de Boris Barnet, l'héroïne est une servante maltraitée qui retrouve sa dignité en se syndiquant! Cette comédie n'est pas celle où le personnage féminin soit le plus fort par rapport à d'autres de Barnet, mais justement c'est parce qu'elle se syndique qu'elle retrouve des droits et une dignité, et ça le cinéma bourgeois ne le montrera jamais.

Si l'on compare le cinéma soviétique de cette période avec celui de l'Occident, la différence saute aux yeux: dans notre cinéma il est quasiment inconcevable que la femme soit le personnage principale, comme rôle moteur. Elle est le plus souvent confinée à celui de bourgeoise ou de mauvaise fille: comme une semeuse d'embûches. On rejoue la Chute biblique par mille manières, la faute c'est la femme. 

Dans le cinéma de Barnet, ce rôle moteur du personnage féminin est une constante tout au long de sa carrière, et il me tarde de voir les films de son répertoire qui me manquent encore. 

Ce cinéma-là devrait être vu pour nous dessiller les yeux, Eisenstein et ses films épiques c'est bien mais ce n'est pas la vie quotidienne, avec ceux de Barnet -et d'autres réalisateurs soviétiques qui m'étaient inconnus jusqu'à il y a peu- je prends une leçon sur les rapports des femmes et des hommes en Urss.