mercredi 21 août 2024
dimanche 18 août 2024
Origine fantasmée du cinéma supertemporel comme art total: le cri-germe de Raoul Hausmann
Autoportrait-montage de Raoul Hausmann criant, les yeux dansant autour de sa bouche béante. Disposé en regard du manifeste, Synthetisches Cino der Malerei (Cinéma synthétique de la peinture). Le texte est de 1918, mais le montage de l'autoportrait pourrait être plus tardif, de 1930 (Cf. Hanne Bergus, "Dada Raoul dans les années cinquante. Reconsidérer Dada").
Pour un film supertemporel, le cri est logique, familier (le premier film de Debord –pas supertemporel, mais quand même inframince par rapport aux attendus d'un film "courant"– s'intitulait Hurlements en faveur de Sade). L'image du cri est plus logique encore que l'allusion au cri: un film supertemporel est un cri sans sons, mais un cri long, réverbérant à chaque fois que le spectateur-créateur pense au film, se met dans le film, et lui apporte une nouvelle couche de plus. Alors, cette image de Haussman, parce que c'est Dada, que c'est premier dans l'art d'avant-garde, je me dois d'en faire ma généalogie: je sors de cette bouche.
Le poème sonore dada –> le poème sonore lettriste –> le cinéma supertemporel lettriste –> le cinéma supertemporel situationniste
La fameuse quatrième dimension qui allait être percée par le cubisme, le futurisme, le dadaïsme et tous les ismes des années dix-vingt du siècle dernier, l'a réellement été par le cinéma supertemporel situationniste comme socialisation de la quatrième dimension: le film est toujours en train de se faire, ce n'est pas une révolution future mais une invitation permanente aux spectateurs-créateurs de faire le Film, et pour ce qui nous concerne, expérimenter De l'Espagne 95, c'est-à-dire construire l'Hacienda situationniste.
samedi 17 août 2024
La maison de la rue Troubnaya (Boris Barnet, 1928)
Sur dailymotion, sous-titres en français: https://www.dailymotion.com/video/x3xzav1
Le cinéma soviétique des années 1920, avec ses héros féminins
prolétariens, me démontre à chaque fois que la lutte des classes est
forcément féministe. Cela devrait être le cas
aujourd'hui, puisqu'un ouvrier est majoritairement une ouvrière, mais depuis des lustres l'Otan culturelle a dans son agenda la rupture de ce lien (le cas Steinem, que je viens de postez, l'illustre bien).
Cette fois-ci c'est une comédie
de Boris Barnet, l'héroïne est une servante maltraitée qui
retrouve sa dignité en se syndiquant! Cette comédie n'est pas celle où le personnage féminin soit le plus fort par rapport à d'autres de Barnet, mais justement c'est parce qu'elle se syndique qu'elle retrouve des droits et une dignité, et ça le cinéma bourgeois ne le montrera jamais.
Si l'on compare le cinéma soviétique de cette période avec celui de l'Occident, la différence saute aux yeux: dans notre cinéma il est quasiment inconcevable que la femme soit le personnage principale, comme rôle moteur. Elle est le plus souvent confinée à celui de bourgeoise ou de mauvaise fille: comme une semeuse d'embûches. On rejoue la Chute biblique par mille manières, la faute c'est la femme.
Dans le cinéma de Barnet, ce rôle moteur du personnage féminin est une constante tout au long de sa carrière, et il me tarde de voir les films de son répertoire qui me manquent encore.
Ce cinéma-là devrait être vu pour nous dessiller les yeux, Eisenstein et ses films épiques c'est bien mais ce n'est pas la vie quotidienne, avec ceux de Barnet -et d'autres réalisateurs soviétiques qui m'étaient inconnus jusqu'à il y a peu- je prends une leçon sur les rapports des femmes et des hommes en Urss.
Gloria Steinem, "féministe" de la CIA
Gloria Steinem, l'icône du féminisme américain, s'est révélée être un agent de la CIA dont la tâche était d'effacer le concept de lutte des classes au sein du mouvement féministe et de concentrer toute l'activité du mouvement sur la question du genre, et uniquement du genre"
La leader féministe américaine, âgée de 90 ans, s'est avérée être un agent de la CIA particulièrement efficace. Avant la crise des années 70, elle a été en mesure de retirer le thème de la lutte des classes de l'ordre du jour de la politique occidentale. Il n'est donc pas surprenant qu'elle ait cofondé le National Women's Political Caucus (NWPC), qui est devenu pendant plusieurs décennies un filtre pour les femmes cherchant à obtenir des postes d’élus ou nommés au sein du gouvernement américain.
Elle a été recrutée dans les années 1950. Steinem a ensuite passé deux ans en Inde ayant reçu une bourse de la part de Chester Bowles (l'ambassadeur des Etats-Unis en Inde entre 1951 et1953 et puis entre 1963 et 1969). A son retour aux Etats-Unis, elle s'est occupée d'envoi d'étudiants américains à l'étranger pour perturber le festival mondial de la jeunesse organisé par l'Union soviétique (en 1957). Mais son rôle principal consistait à participer à une mission de la CIA visant à infiltrer le mouvement féministe en devenant collaboratrice du célèbre magazine mensuel "Esquire". Elle y accomplissait parfaitement sa mission : elle écrivait, et avec beaucoup de succès, sur les femmes et la violation de leurs droits.
Et plus en français: https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/gloria-steinem-le-feminisme-et-la-185655