NOTE PERSONNELLE
Des mois que les médias français ne disent plus rien des massacres de palestiniens, alors que les médias espagnols relatent les massacres quotidiens: 40, 60, 80 par jour. C'est-à-dire que des dizaines et parfois des centaines d'êtres humains sont exterminés quotidiennement depuis des mois et"ça passe" car le gouvernement israélien répond au massacre du 7 octobre (auquel il a contribué par sa doctrine Hannibal). On constate donc en Espagne une ingérence moindre. On peut même mettre à son balcon un drapeau palestinien pour protester contre ces massacres sans être apostasié d'"antisémite". Le lobby sioniste ni a pas la même puissance d'ingérence qu'en France, cependant on y retrouve le même schéma fasciste: la Fundación Hispanojudia a financé ainsi l'extrême-droite (Vox) ou l'extrême-centre (Ciudadanos, avec notamment Manuel Valls).
Les médias français suivent les consignes, celles exposées plus bas, des fondations israéliennes pour dicter aux législateurs étatsuniens une définition de l'"antisémitisme" visant à criminaliser la moindre critique faite contre ces massacres quotidiens.
Hier encore, ces médias adoubaient le massacreur en chef (Netanyahou, de son vrai nom: Mileikowsky) devant le Congrès des États-Unis ("il parle très bien anglais, sans accent" remarque Les Échos), après qu'il ait été applaudi durant trois minutes longues comme une rivière de sang. C'est qu'ils défendent nos valeurs, les mêmes que le massacreur: "la civilisation contre la barbarie", dit avec un super accent. Le massacreur ajoutant qu'il n'y aurait "quasiment aucun civil mort à Gaza" après avoir soutenu chez lui, il y a quelque mois, "qu'il n'y avait pas de civils innocents à Gaza". Les grands médias étatsuniens semblent faire comme les français: taire les massacres. Au vu de cette mascarade criminelle, Congrès peut donc continuer l'envoi de bombes et de munitions étatsuniennes.
***
ARTICLE
SOURCE SECONDAIRE: https://www.les-crises.fr/exclusifs-des-documents-israeliens-revelent-les-pressions-exercees-sur-washington-pour-orienter-le-discours-americain-sur-gaza
SOURCE PRIMAIRE : The Guardian, Lee Fang, Jack Poulson, 24-06-2024. Traduit par les lecteurs du site Les-Crises.
Alors que la guerre de Gaza fait rage, sur les
campus universitaires américains, des fondations israéliennes font
pression pour modifier la définition de l’antisémitisme dans la
législation américaine.
- Amichai Chikli s’exprime à Cracovie, en Pologne, le 22 janvier 2024. Photographie : Omar Marques/Getty Images
En novembre dernier, quelques semaines seulement après le début de la
guerre à Gaza, Amichai Chikli, 42 ans, impétueux ministre du Likoud au
sein du gouvernement israélien, a été invité à la Knesset, le parlement
israélien, pour expliquer aux législateurs ce qui pouvait être fait face
à la montée des manifestations anti-guerre des jeunes aux États-Unis,
en particulier dans les universités d’élite.
« Je l’ai déjà dit et je le répète, je pense que nous devrions,
surtout aux États-Unis, passer à l’offensive », a déclaré Chikli.
Depuis, Chikli a mené une campagne ciblée pour contrer les critiques à
l’encontre d’Israël. Le Guardian a découvert des preuves montrant
comment Israël fait renaître une structure controversée dans le cadre
d’une vaste campagne de relations publiques visant les campus
universitaires américains afin de redéfinir l’antisémitisme dans la
législation américaine.
Quelques secondes après la fin d’un signal d’alarme pendant son
audition, Chikli a assuré que le budget prévoyait de nouveaux fonds
destinés à une campagne de riposte, distincte des relations publiques
plus traditionnelles et de la publicité financée par le gouvernement.
Cette campagne compte 80 programmes déjà en cours pour des actions de
sensibilisation « menées à la manière de Concert », a-t-il déclaré.
Le terme « Concert » désigne le lancement d’un programme tentaculaire
controversé du gouvernement israélien, initialement connu sous le nom
de Kela Shlomo, conçu pour mener ce qu’Israël appelle des « activités de
sensibilisation à grande échelle » destinées principalement aux
États-Unis et à l’Europe. Concert, désormais connu sous le nom de Voices
of Israel [Les Voix d’Israël, NdT], collaborait auparavant avec des
organismes menant campagne pour faire adopter des lois d’état dites «
anti-BDS », [ BDS : boycott, désinvestissement, sanctions, NdT]
destinées à pénalise les Américains participant à des boycotts ou
manifestations non violentes contre d’Israël.
Son dernier épisode en date s’inscrit dans une stratégie musclée et
parfois secrète du gouvernement israélien visant à contrer les
manifestations d’étudiants, les organisations de défense des droits
humains et d’autres voix dissidentes.
Les dernières activités de Voices ont été menées par l’intermédiaire
d’organisations à but non lucratif et d’autres organismes qui, souvent,
ne divulguent pas les informations relatives à leurs donateurs.
D’octobre à mai, Chikli a supervisé des dépenses à hauteur d’au moins 32
millions de shekels, soit environ 8 millions d’euros, dédiés à la
défense des intérêts du gouvernement afin de recadrer le débat public.
Rapidement, une victoire éclatante a été remportée par l’un des
groupes de pression américains travaillant en étroite synergie avec le
ministère de Chikli, l’Institute for the Study of Global Antisemitism
and Policy, ou ISGAP (Institut pour l’étude de l’antisémitisme mondial
et de la politique).
En décembre, lors d’une audition au Congrès, largement suivie,
concernant l’antisémitisme présumé des étudiants manifestant contre la
guerre, plusieurs législateurs Républicains de la Chambre des
représentants ont explicitement cité les recherches de l’ISGAP dans
leurs questions aux présidents d’université. L’audition s’est terminée
par la confrontation devenue virale de la représentante Elise Stefanik
avec la présidente de l’université de Harvard de l’époque, Claudine Gay,
qui s’est ensuite retirée de ses fonctions après une avalanche
médiatique négative.
Lors d’un événement organisé le 7 avril au Palm Beach Country Club,
l’ISGAP, qui aurait reçu la majorité de son financement en 2018 de
l’agence israélienne qui dirigeait Concert, s’est félicité de son coup
d’éclat en matière de relations publiques au Congrès
- Elise Stefanik interroge des dirigeants d’université lors d’une
audition sur l’antisémitisme à Washington le 5 décembre 2023. Photo :
Ken Cedeno/Reuters
« Toutes ces auditions sont le fruit de notre rapport voulant que
toutes ces universités, à commencer par Harvard, reçoivent beaucoup
d’argent du Qatar », a fanfaronné Natan Sharansky, un ancien membre de
la Knesset israélienne (MK) qui a occupé la fonction de Chikli et qui
préside aujourd’hui l’ISGAP. Sharansky a déclaré aux partisans
rassemblés que les remarques de Stefanik avaient été vues par un
milliard de personnes.
L’ISGAP a continué à influencer les enquêtes du Congrès sur les
universités qui prétendent que les manifestations contre le bilan
d’Israël en matière de droits humains sont motivées par l’antisémitisme,
et l’organisation s’est fortement impliquée dans la campagne visant à
faire adopter de nouvelles lois qui redéfinissent l’antisémitisme pour y
inclure certaines formes de discours critiques à l’égard de la nation
d’Israël.
D’autres groupes américains liés à Voices ont lancé une série
d’initiatives visant à renforcer le soutien à l’État d’Israël. L’un de
ces groupes, officiellement qualifié de partenaire, le National Black
Empowerment Council (NBEC), a publié une lettre ouverte de politiciens
Démocrates Noirs s’engageant à être solidaires d’Israël. Un autre
groupe, CyberWell, un groupe pro-israélien anti-désinformation dirigé
par d’anciens responsables du renseignement militaire israélien et de
Voices, s’est positionné comme « partenaire de confiance » officiel
auprès des plateformes TikTok et Meta, pour aider les deux plateformes
sociales à filtrer et à éditer des contenus. Un récent rapport de
CyberWell a demandé à Meta de supprimer le slogan en vogue « Du fleuve à
la mer, la Palestine sera libre. »
À l’aube de la guerre à Gaza, après les attaques terroristes du 7
octobre 2023 menées par le Hamas, la firme qui avait à l’origine été
créée avec le soutien du ministère des Affaires stratégiques,
aujourd’hui supprimé, a été relancée pour la troisième fois. Cette
réorganisation a été révélée pour la première fois dans un document
budgétaire peu remarqué publié par le gouvernement israélien le 1er
novembre, qui indiquait que Voices aller geler toutes ses campagnes en
cours afin de se consacrer au soutien aux activités liées à « gagner la
guerre relative à la version israélienne de l’histoire. »
L’organisation est désormais placée sous l’administration de Chikli, ministre israélien des Affaires de la diaspora.
« On peine à trouver un parallèle quant à l’influence d’un pays
étranger sur le débat politique américain. » Eli Clifton, du Quincy
Institute for Responsible Statecraft (Institut Quincy pour Responsible
Statecraft).
Haaretz et le New York Times ont récemment révélé que le ministère de
Chikli s’était adjoint les services d’une société de relations
publiques pour exercer secrètement des pressions sur les législateurs
américains. Celle-ci s’est servi de centaines de faux comptes publiant
des contenus pro-israéliens ou anti-musulmans sur X (anciennement
Twitter), Facebook et Instagram. (Le ministère des Affaires de la
diaspora a nié toute implication dans cette campagne, qui aurait versé
environ 2 millions de dollars à une société israélienne pour les
publications sur les réseaux sociaux).
Mais cette initiative n’est que l’une des nombreuses campagnes de ce
type coordonnées par le ministère, qui n’a fait l’objet que d’une
couverture médiatique limitée. Le ministère des Affaires de la diaspora
et ses partenaires compilent des rapports hebdomadaires à partir
d’informations fournies par des groupes d’étudiants américains
pro-Israël, dont certains sont financés par des sources gouvernementales
israéliennes.
Par exemple, Hillel International, cofondateur du réseau Israel on
Campus Coalition [ Coalition d’Israël sur les campus, NdT] qui est aussi
l’un des plus grands groupes universitaires juifs au monde, a fait état
d’un soutien financier et stratégique de Mosaic United, une
organisation d’utilité publique soutenue par le ministère dirigé par
Chikli. Ce partenariat de longue date est désormais mis à profit pour
orienter le débat politique relatif à la guerre d’Israël. En février, le
directeur général de Hillel, Adam Lehman, s’est présenté devant la
Knesset pour exposer le partenariat stratégique avec Mosaic et le
ministère des Affaires de la diaspora, qui, selon lui, a déjà produit
des résultats.
“We are changing administrations. Just last week, MIT, the same
president who was lambasted in front of Congress, took the step of fully
suspending her Students for Justice in Palestine chapter for crossing
lines, and for creating an unwelcoming environment for Jewish students,”
said Lehman, referencing the president of the Massachusetts Institute
of Technology, Sally Kornbluth.
« Nous assistons à un changement d’administration. Ne serait-ce que
la semaine dernière, au MIT, cette même présidente qui avait été
critiquée devant le Congrès a pris la décision de suspendre totalement
sa section « Étudiants pour la justice en Palestine » pour avoir franchi
les limites et créé un environnement peu accueillant pour les étudiants
juifs », a déclaré Lehman, faisant référence à la présidente du
Massachusetts Institute of Technology, Sally Kornbluth.
Hillel International, CyberWell, le NBEC, le ministère israélien des
Affaires de la diaspora et Voices of Israel/Concert n’ont pas répondu à
nos demandes de commentaire.
Le présent rapport d’enquête a passé en revue les récentes auditions
gouvernementales, les déclarations d’entreprises israéliennes, les
documents relatifs aux marchés publics et d’autres documents publics.
Alors que les particuliers et les fondations financent surtout nombre
des organisations qui défendent les intérêts d’Israël, très probablement
sans directives étrangères, les documents indiquent une implication non
négligeable du gouvernement israélien dans la politique américaine
concernant la guerre à Gaza, la liberté d’expression sur les campus
universitaires et la politique israélo-palestinienne.
« Il y a actuellement une obsession qui consiste à contrôler le
discours américain sur les relations entre les États-Unis et Israël,
même sur les campus universitaires, et ce, depuis Israël, et cela va
jusqu’au Premier ministre Netanyahou », a déclaré Eli Clifton,
conseiller principal à l’Institut Quincy pour Responsible Statecraft. «
On peine à trouver un parallèle quant à l’influence d’un pays étranger
sur le débat politique américain. »
Aucun des groupes identifiés dans cet article n’est enregistré au
titre de la loi Foreign Agents Registration Act, Fara, sur
l’enregistrement des agents étrangers. Cette loi oblige les groupes
recevant un financement ou des directives depuis des pays étrangers à
communiquer au ministère américain de la justice toute information
publique..
Lara Friedman, présidente de la Fondation pour la paix au
Moyen-Orient, a déclaré : « Implicitement, on part du principe qu’il n’y
a rien de bizarre à considérer les États-Unis comme une sorte de champ
libre où Israël peut opérer, qu’il n’y a pas de limites. »
Une grande partie de ce que l’on savait déjà sur Concert a été
initialement rapportée par Forward, un média juif américain, et Seventh
Eye, un site d’information d’investigation indépendant basé en Israël.
L’histoire de Concert remonte à 2017, lorsque le ministère des Affaires
stratégiques a commencé à élaborer un programme visant à mener des
campagnes secrètes destinées à faire basculer l’opinion publique. Les
autorités ont alors imaginé un vecteur « extra-gouvernemental » pour «
apporter une réponse rapide et concertée aux tentatives de ternir
l’image d’Israël dans le monde entier. »
Avec Concert, le ministre de l’époque, Gilad Erdan, avait imaginé un «
commando de relations publiques » capable de lancer secrètement sur les
réseaux sociaux des campagnes à grande échelle de dénonciation de
célébrités qui critiquaient le gouvernement israélien. Des documents
internes obtenus par Seventh Eye ont montré que de nombreux
bénéficiaires des fonds de Concert étaient des organisations sionistes
chrétiennes américaines, telles que Christians United for Israel,
Proclaiming Justice to the Nations et Israel Allies Foundation.
- Gilad Erdan s’exprime à l’ONU à New York le 18 avril 2024. Photographie : Eduardo Muñoz/Reuters
L’un des plus grands bénéficiaires américains était l’ISGAP, qui
aurait reçu au moins 445 000 dollars, un montant équivalent à 80 % de
son revenu total en 2018, dans le cadre d’une promesse de don de 1,3
million de dollars à l’organisation. Le Dr Charles Small, directeur
exécutif de l’ISGAP, a contesté ces chiffres lorsqu’il a été interrogé
par Forward, bien qu’il ait tenu des propos contradictoires auprès d’un
média canadien.
Small a précédemment affirmé que l’ISGAP n’avait pas besoin d’être
enregistrée auprès de la Fara parce que son organisation bénéficiait de
l’exemption académique prévue par la loi, qui permet aux organisations
de recevoir des fonds étrangers tant qu’elles ne s’engagent pas dans des
activités de lobbying politique. Pourtant, Yale, qui a déjà hébergé le
groupe, a fermé le précurseur de l’ISGAP en 2011 en raison d’inquiétudes
concernant sa rigueur scientifique.
L’année dernière, la générale de brigade Sima Vaknin-Gill, ancienne
officière de renseignement et agente de liaison avec Concert au sein du
gouvernement israélien, est devenu directrice générale de l’ISGAP.
En janvier, Vaknin-Gill et Small ont témoigné devant une commission
de la Knesset qui débattait de la réponse appropriéeà apporter aux
critiques à l’encontre d’Israël. Au cours de la déposition, plusieurs
témoins ont évoqué la nécessité d’encourager les pays à adopter la
définition de l’antisémitisme selon l’Alliance internationale pour la
mémoire de l’Holocauste, qui assimile à l’antisémitisme les critiques
acerbes d’Israël et l’antisionisme, y compris les affirmations selon
lesquelles l’État d’Israël est une « entreprise raciste. »
De nombreuses critiques, tant à gauche qu’à droite, se sont élevées
contre la définition de l’Alliance internationale pour la mémoire de
l’Holocauste (IHRA), qui, selon elles, bafoue le Premier amendement en
limitant la possibilité de critiquer une entité gouvernementale et
brandit les considérations relatives à l’antisémitisme comme une arme
pour pénaliser les personnes qui critiquent la politique israélienne.
Mais les intervenants ont clairement indiqué que la définition de
l’IHRA devrait constituer une priorité stratégique pour l’État d’Israël.
« Le Mouvement de lutte contre l’antisémitisme s’est fait le champion
de la définition de l’IHRA », a fait remarquer Vaknin-Gill, en faisant
référence à un partenaire de financement occulte de l’ISGAP, de Concert
et du ministère des Affaires de la diaspora, qui verse de l’argent sale.
(Le Combat Antisemitism Movement est présidé par Sharansky ;
Vaknin-Gill est membre du conseil d’administration). « Nous nous sommes
recentrés sur le travail au niveau local, a déclaré Vaknin-Gill. Il
nous a semblé beaucoup plus facile de travailler avec les maires et les
États et de donner corps à la définition. »
En janvier, le gouverneur de Géorgie, Brian Kemp, a signé une loi
révisant la législation géorgienne sur les crimes de haine afin d’y
inclure la définition de l’antisémitisme de l’IHRA, ce qui permet
d’alourdir les peines d’emprisonnement pour certaines critiques à
l’égard d’Israël. La Caroline du Sud et le Dakota du Sud ont fait de
même en adoptant des lois similaires au cours des derniers mois. Un
autre projet de loi connexe en Floride, HB 187, a été adopté par les
deux chambres de la législature de l’État et attend la signature du
gouverneur, Ron DeSantis. Des courriels obtenus dans le cadre d’une
demande de documents montrent que Kennedy Starnes, un fonctionnaire du
ministère israélien des Affaires étrangères, a correspondu avec la
sénatrice de l’État, Lori Berman, au sujet de la législation.
- Sima Vaknin-Gill à Tel Aviv en 2015. Photographie : Nir Elias/Reuters
Le Congrès est allé de l’avant en proposant une législation IHRA
similaire. Le mois dernier, la Chambre des représentants a adopté un
projet de loi qui intègre la définition de l’antisémitisme de l’IHRA
dans les normes du ministère de l’Education. S’il est adopté par le
Sénat et promulgué, une loi permettra au gouvernement fédéral de
suspendre le financement des établissements d’enseignement supérieur ou
d’engager des poursuites pour violation des droits civils à l’encontre
des universités qui autorisent certaines critiques à l’encontre
d’Israël.
Small a également témoigné lors de multiples auditions à la Knesset,
informant les législateurs israéliens de la stratégie de l’ISGAP et de
sa lutte pour infléchir le discours sur les campus universitaires.
« Il s’agit d’un moment unique où nous devons accroître notre pouvoir
dans des proportions historiques par rapport à l’histoire du peuple
juif », a déclaré Small lors de l’audition de janvier. « Et de l’État
d’Israël. Il nous faut tous les outils dont ce dernier dispose. » Le
mois précédent, il avait témoigné lors d’une autre audition à la
Knesset, au cours de laquelle il avait affirmé que l’organisation
étudiante Students for Justice in Palestine représentait les « forces
armées » des Frères musulmans.
Le mois dernier, Small a rencontré des membres de la commission de
surveillance de la Chambre des représentants lors d’une réunion
d’information à huis clos sur la question, peu avant que les
Républicains de la Chambre n’intensifient leur enquête sur les sources
de financement des groupes pro-palestiniens sur les campus. L’ISGAP a
également affirmé que le financement qatari du cursus médical de
l’université de Cornell avait contribué à influencer les inquiétudes
des étudiants concernant le nombre de civils tués par l’armée
israélienne à Gaza.
Lors de la rencontre de Palm Beach en avril, Small a affirmé que «
l’intersectionnalité est en fait un concept que nous pouvons utiliser »
pour « combattre un milliard de musulmans et tous les libéraux du monde
occidental », un concept qu’il a appelé « tai chi ». Small a proposé une
ligne argumentaire affirmant que l’islam politique « veut tuer les
juifs, soumettre les femmes et tuer tous les homosexuels.»
Ni le financement recherche étranger de l’ISGAP ni son site Internet
ne révèlent les liens financiers antérieurs de l’organisation avec
Israël. Les observateurs notent que les demandes d’exemption académique à
Fara ne sont peut-être pas justifiées pour une organisation telle que
l’ISGAP qui collabore avec le gouvernement israélien et mène des
actions de lobbying auprès du Congrès.
« Bien qu’il existe plusieurs exemptions à l’enregistrement selon la
loi Fara, presque toutes les exemptions sont caduques si une personne ou
un groupe cherche à influencer la politique et l’opinion publique
américaines sur proposition ou à la demande du gouvernement étranger », a
déclaré Craig Holman, expert en règles de lobbying auprès de Public
Citizen.
Bien que l’on ne connaisse pas toute l’étendue de l’influence du
gouvernement israélien sur les institutions américaines, les débats de
la Knesset offrent une fenêtre sur la stratégie israélienne et les
interactions avec les groupes de pression américains.
La Knesset a organisé plusieurs auditions avec des organisations
juives américaines pour envisager une coordination. Margarita Spichko,
fonctionnaire du ministère des Affaires de la diaspora de Chikli, a
déclaré en décembre que son bureau publiait un rapport hebdomadaire basé
sur les informations recueillies auprès de partenaires aux États-Unis, y
compris Hillel.
Hadas Lorber, qui travaillait alors en tant qu’assistante du conseil
de sécurité nationale d’Israël, a indiqué au cours de la même audition
que le bureau du Premier ministre avait rencontré régulièrement des
groupes basés à Washington dans le cadre d’une « tentative honnête pour
déterminer comment nous pouvons combattre l’antisémitisme, améliorer la
législation présentée aux différents membres du Congrès, promouvoir aux
États-Unis des lois qui lutteront contre l’antisémitisme et seront
efficaces sur les campus ».
En mars, la Knesset a réuni les dirigeants des principaux groupes
pro-israéliens du monde entier pour faire le point sur les activités
liées à la guerre. Lors de l’audition, les législateurs ont pressé les
groupes de défense d’expliquer comment ils s’opposaient aux
manifestations sur les campus. Meir Holtz, président de Mosaic United, a
indiqué lors de l’audition que le gouvernement israélien investirait
cette année 48 millions de shekels, soit environ 12 millions d’euros, en
faveur de son organisation pour la sensibilisation des campus.
Le mois dernier, Alon Lavi, représentant du ministère israélien des
Affaires étrangères, a exhorté les membres de la Knesset à continuer de
soutenir financièrement les campagnes liées à la politique américaine et
au monde universitaire. Il a prévenu que l’État d’Israël ne pouvait pas
prendre la tête de cette campagne et qu’il devait plutôt s’appuyer sur
les organisations non gouvernementales et la société civile au sens
large.
« Il nous faut former des coalitions avec des éléments à l’intérieur
qui veulent nous aider, et une partie de cela consiste à mobiliser les
responsables, la direction de l’université, la direction des étudiants,
les maires, les députés à l’échelon local dans les États et les villes
», a déclaré Lavi.
L’un des législateurs présents à l’audition, le député Meir Cohen, ne
s’est pas laissé impressionner. « Je n’ai pas l’impression que nous
soyons dans l’urgence », a déclaré Cohen, précisant que les projets de
budget du ministère ne représentaient pas grand-chose.
« Si vous le permettez, Représentant Cohen, je suis tout à fait
d’accord avec vous », a répondu Ron Brummer, un représentant du
ministère des Affaires de la diaspora qui travaille en étroite
collaboration avec Chikli. « Nous avons besoin de 300 millions de
shekels, pas de 30 millions de shekels. »
Cet article a été modifié le 3 juillet 2024 pour inclure une réponse de CyberWell reçue après la publication.