samedi 24 août 2024

La vérité sur nos valeurs

 
Pour celles et ceux qui aimeraient avoir quelques éclaircissements sur ce que sont nos fameuses « valeurs » et la conception de la démocratie qui en découle...

      Ces valeurs ( de démocratie libérale et civilisée ) dont nous allons généreusement instruire (à leurs frais) les masses arriérées d’Orient, d’Afrique et d’ailleurs, en accompagnant nos leçons de morale de sanctions économiques calamiteuses et d’autres arguments encore plus frappants, non moins dommageables pour les populations visées, et d’autant moins qu’elles manifestent quelques réticences sur notre nouvel ordre mondial et civilisé selon les valeurs de l’oncle Sam et de sa « Nation d’exception » …

     Alors pour celles et ceux-là, ils savent que pour ce genre d’éclaircissement, il ne faut pas compter sur notre classe dirigeante, ni sur notre appareil d’idéologique d’exception culturelle française.

     Mais, Heureusement, au pays de l’Oncle Sam précisément, il y en a encore que ça préoccupe .

     Par exemple nos amis de « The GRAYZONE »

 
 

 

vendredi 23 août 2024

Le "changement" en sociologie: une arme culturelle pour l'hégémon

La philanthropie des fondations  Rockefeller et Ford dans les sciences sociales françaises pour "améliorer le contrôle social dans l'intérêt de tous" c'est l'Otan culturelle avant la lettre. Cette petite phrase, on la trouve dans la première des deux recensions ci-dessous de l'ouvrage de Brigitte Mazon, Aux origines de l'École des hautes études en sciences sociales. Le rôle du mécénat américain, 1920-1960 (préface de Pierre Bourdieu, postface de Pierre Morazé; Paris: les Éditions du Cerf, 1988).

 
L'ouvrage  de Brigitte Mazon reste dans les clous et le cercueil de l'Histoire bien riveté. Carrière or not carrière, that's the question. Comme le rappelle le sociologue Jean Duvignaud dans son introduction d'Hérésie et subversion. Essais sur l'anomie (La Découverte, 1986): 
 
"Ces contraintes du métier permettent rarement de s'abandonner à la réflexion errante, de sortir de l'enclos. Si, après la dernière guerre, la sociologie s'est arrachée au silence où la confinait la spécialisation, si elle a pu enfin trouver un public, il semble qu'elle se soit enfermée dans son bunker." ("Introduction: l'écluse", p. 12)
 
 Les fondations en question ont fléché la sociologie dans son développement académique comme instrument de la guerre culturelle, pour la mainmise d'hégémon sur les cerveaux et notamment nuire au développement du marxisme: seule science interdisciplinaire capable de penser le changement dans la plupart des disciplines, dont la sociologie (les Études de genre tiennent lieu d'interdisciplinarité molle, et surtout de bouclier moral à l'industrie de la tuerie de masse).  
 
"Si nous nous y attachons d'un peu près, nous nous rendons compte que la connaissance sociologique ne possède pas les instruments qui lui permettent de comprendre et d'analyser le changement, les mutations sociales. On peut, certes, disserter sur les variations qui interviennent dans les variations de la trame de l'existence collective, en percevoir les déterminations. Ce n'est pas examiner ni analyser le changement, loin de là. Et il est important de rappeler que, si la sociologie est fille de la Révolution française et de l'immense interrogation que cette dernière a formulée concernant la réalité sociale, la plupart de réponses qui ont été apportées vont directement dans un sens opposé: Comte recherche les éléments "positifs" et permanents de la vie collective, Durkheim examine les multiples cristallisations des sociétés, Max Weber interroge les relations constantes qui s'établissent entre deux ordres d'activité contingentes. Seul Marx pose le problème du changement au centre de sa réflexion. Mais il ne nous a laissé aucun concept pour analyser la "révolution", dont il ne peut que sublimer l'apparition, n'ayant lui-même assisté qu'à des mutations avortées.
Et il faut bien constater que, dans la société industrielle moderne, le changement est devenu l'élément fondamental et essentiel de toute vie collective." ("Anomie et mutation sociale", pp. 35-36)
 
 Et v'là-t'y pas que la sociologie étatsunienne a justement une version du "changement" (qui rappelle furieusement la Pax americana d'"un ordre international fondé sur des règles" ou sinon je t'allume):
 
"Assurément, il serait injuste de dire que la sociologie n'a pas tenté de saisir et de comprendre le changement. Ce serait oublier qu'un domaine important de la recherche américaine, par exemple, et qui remonte à la publication en 1922 du livre de William F. Ogburn, Social Change, porte précisément ce nom. Mais, conformément à l'esprit général de la science américaine de cette période (mis à part C. Wright Mills), le changement est ici perçu comme une distance entre un modèle économique et social considéré comme supérieur et valable pour le genre humain tout entier et divers "retards culturels" observables. Qui ne voit que cette définition normative du changement se retourne contre le changement lui-même?". ("Anomie et...", p. 37)
 
 


 

Nos ancêtres les chiffonniers: la Cité Doré ou villa des chiffonniers vers 1913 (l' entrée se trouvait au niveau de l'actuelle 4 Place Pinel)

Photographies d'Eugène Atget (1857-1927) vers 1913

cité

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Cité Doré, 4 place Pinel, 13ème arrondissement, Paris | Paris Musées 

un coin de la cite dore (boulevard de la gare 90) by eugène atget 

Cité Doré, passage Doré, 4 place Pinel, 13ème arrondissement, Paris | Paris  Musées

La cité Doré, également appelée villa des Chiffonniers, était un groupe d'habitations situé dans le quartier de la Gare dans le 13e arrondissement de Paris, aujourd'hui disparue.   

Ce groupe d'habitation était située dans un quadrilatère limité par la place Pinel, le boulevard de la Gare (actuel boulevard Vincent-Auriol), la rue des Deux-Moulins (actuelle rue Jenner) et un terrain appartenant à l’Assistance publique situé au Nord. À l'intérieur il y avait cinq avenues (avenue de Bellevue, avenue Contant-Philippe, avenue Constance et avenue Sainte-Marie), deux places (la « place de la Cité » et la « place du Rond-Point »), le « carrefour Dumathrat », et le « passage Doré ».

Il y avait trois entrées situées au no 90 boulevard de la Gare, rue Jenner et au no 4 place Pinel qui donna la rue Louis-Français lorsque la place fut élargie. 

La cité Doré porte le nom du propriétaire des terrains sur lesquels elle a été construite.  

Avant 1818, l'emplacement, connu sous le nom du château de Bellevue, était situé hors de Paris dans le village d'Austerlitz, qui se composait de plusieurs cabarets et guinguettes. En 1818, ce territoire d'Ivry-sur-Seine ayant été annexé à Paris, un spéculateur nommé Stuart acheta le château et son parc, l'un des plus beaux parcs de Paris qui avait 1 200 m2 de superficie afin de transformer l'ensemble en brasserie : « la Brasserie écossaise ». Il fit abattre presque tous les arbres du parc afin de pouvoir loger les nombreux chevaux et les nombreuses cuves, de l'entreprise. L'entreprise périclita et le château et le parc furent acheté en 1831 à Andrew Cochrané, qui n'eut pas plus de succès que son prédécesseur.

Quelque temps après, la propriété fut acquise à la criée par monsieur Doré, fonctionnaire à l'École polytechnique, qui acquit également un grand terrain jouxtant le précédent. L'ensemble fut alors transformé en une propriété d'agrément faisant alors 12 000 m2 de superficie environ après la démolition des constructions telles qu'écuries et ateliers.
Par la suite le parc devint une sorte de marais qui n'était plus séparé du chemin de ronde du mur des Fermiers généraux que par une simple haie vive. Ainsi ce lieu fut utilisé, durant plus de 20 ans à l'insu de son propriétaire, comme terrain de duels, comme terrain de jeux par les enfants du quartier... tant et si bien que les maraîchers qui louaient les terrains ne pouvaient rien récolter abandonnèrent cette terre. Monsieur Doré fit construire un mur de clôture, qui ne changea rien, car on passait par-dessus…

En 1848, 1 500 ouvriers des ateliers nationaux furent envoyés dans le chemin de Ronde-de-la-Gare, sous le prétexte d'arranger cette voie, mais les ouvriers, s'en allaient passer la journée dans le parc de monsieur Doré, sur le gazon et l'ombre des arbres. Du coup, le mur de clôture fut abattu dans presque tout son parcours. Monsieur Doré eut l'idée de diviser sa propriété pour la louer par lots aux bourgeois de Paris, qui louaient à cet effet de petits carrés de terre trois fois grands comme un mouchoir dans quelque faubourg éloigné, et tous les dimanches ils vont, accompagnés de leur famille, jouer à l'horticulteur dans leur jardinet. L'affiche Terrain à vendre ou à louer se pavanait au vent depuis quelques jours, quand monsieur Doré vit apparaître un chiffonnier de la plus belle espèce, hotte au dos, crochet à la main qui lui dit qu'il venait pour louer du terrain afin d'y bâtir une maison de campagne pour lui et sa famille. Le bail fut passé pour dix mètres de terrain, à raison de cinquante centimes le mètre par an. Les travaux marchant trop lentement et comme il n'y avait pas de maison, la famille du chiffonnier se mit à habiter sous la lente en plein Paris. Au bout de trois mois, la maison était construite de fond en comble avec des matériaux de récupérations, des décombres à 10 sous le tombereau. Le toit fait avec de vieilles toiles goudronnées sur lesquelles on avait posé de la terre battue. Au printemps suivant, on planta des clématites, des capucines, et des volubilis sur ce toit. Cette merveille fut visitée par les confrères ; chacun envia le bonheur du chiffonnier propriétaire qui, pour cinq francs de loyer par an et une dépense une fois faite de cent écus environ, se trouvait posséder en propre une charmante villa, en plein soleil, au grand air. Chacun voulut avoir aussi son coin: on se disputa le terrain; le parc de Bellevue fut bientôt converti en un vaste chantier. Une ville nouvelle s'y bâtissait. Mais l'eau avait détrempé la terre; elle était devenue trop lourde, elle avait crevé la toile. En effet, pour couvrir il faut employer des tuiles, des ardoises ou du zinc; toutes ces marchandises sont fort coûteuse et tout le monde ne sait pas les manier. Les toits furent alors recouverts en fer-blanc, matériaux qui était très abondant et qui ne se vendait pas. Mais quand, à la suite des pluies, la rouille s'y est mise, cela produit le plus déplorable effet.

En 1853, le lotissement est signalé comme un cloaque extraordinairement ignoble habité par 400 ouvriers et en 1859 comme une cour des miracles où près de 2 000 chiffonniers sont entassés.

Il arriva un spéculateur, un limousinier, qui acheta à monsieur Doré tout l'espace occupé par les bicoques des chiffonniers. Celui-ci construisit en moins de 4 ans des masures à étage, qu'il louait pour quarante francs de loyer par an.

En janvier 1882, la cité Doré renfermait 470 ménages formant une population de 750 habitants. Les habitations sont des réduits infects, presque sans meubles et affreusement sales. Vers 8 heures du matin, après le balayage des voies de la cité, les chiffonniers arrivent avec leurs hottes ou leurs voitures à bras remplies de chiffons, de vieux papiers, de loques... et se mettent aussitôt à faire le tri de ce qu'ils viennent de ramasser dans la rue qui devient presque aussi sale qu'avant le balayage.

La cité Doré a été démolie à partir de 1905; la partie comprise entre la rue Jeanne-d'Arc et la place Pinel a formé la rue Louis-Français

Cité doré, 90 boulevard de la Gare, 13ème arrondissement, Paris ...

Gaza denuncia que Israel usa armas capaces de evaporar cadáveres


Cerca de 1.760 cuerpos han desaparecido sin dejar rastro debido al uso de armas capaces de evaporar cadáveres por parte de las fuerzas israelíes en la Franja de Gaza, reportó este domingo la Defensa Civil del enclave.

Adicionalmente, unas 10.000 personas siguen desaparecidas bajo los escombros de edificios destruidos. La Defensa Civil señaló que los continuos ataques del país hebreo impiden su búsqueda.

Alrededor de 8.240 personas fueron víctimas de desaparición forzada por parte de las tropas israelíes, mientras que unos 2.210 cuerpos han desaparecido de fosas en Gaza.

Según los últimos datos del Ministerio de Salud gazatí, 40.099 personas han muerto por los bombardeos israelíes desde el pasado 7 de octubre, mientras que otras 92.609 han resultado heridas. La Defensa Civil estima que la cifra de víctimas mortales en realidad es mucho mayor, teniendo en cuenta a los desaparecidos.

(Tomado de RT en Español)

«Amazon, Google y Microsoft son la columna vertebral tecnológica de este genocidio»


No Tech for Apartheid denuncia “la depravación moral y la especulación genocida” de las multinacionales de Silicon Valley, que proveen servicios con los que Israel desarrolla un genocidio desde hace diez meses.AWS es la nube de Amazon, fundamental para la campaña de exterminio de las FDI israelíes.

Empleadas de tres de las llamadas GAFAM, Amazon, Google y Microsoft, han denunciado hoy, 7 de agosto, el uso que el ejército israelí (FDI) está haciendo de los servicios provistos por estas grandes tecnológicas. Lo hacen a raíz de la investigación de +972 Mag y Local Call publicada esta semana sobre el uso de la nube para seleccionar objetivos en la campaña de exterminio lanzada por Israel hace hoy diez meses, en la que más de 40.000 personas han sido asesinadas.

“De manera similar a la asistencia que brindó IBM a la Alemania nazi para vigilar, calcular y asignar la muerte al pueblo judío durante el Holocausto, hoy las grandes corporaciones tecnológicas están ayudando directamente al ejército israelí en su campaña genocida. Amazon, Google y Microsoft son la columna vertebral tecnológica de este genocidio”, señala la plataforma No Tech for Apartheid que, desde hace años, primero contra el apartheid y la ocupación de tierras y ahora contra el genocidio, ha denunciado los negocios de estas multinacionales con el Estado de Israel.

Según la investigación, y a pesar de la insistencia con la que empresas como Google ha tratado de negarlo, el tzahal, el ejército israelí, usa servicios de almacenamiento en la nube y de inteligencia artificial proporcionados por las grandes tecnológicas estadounidenses para “participar y colaborar directamente” en la campaña de exterminio que Israel sostiene contra Gaza desde el 7 de octubre de 2023.

“La facilidad con la que Amazon, Google y Microsoft permiten a la inteligencia militar israelí acceder a servicios de almacenamiento de datos para guardar y recuperar grandes cantidades de datos de inteligencia ha sido comparada con la facilidad con la que los consumidores de todo el mundo pueden hacer pedidos a Amazon”, explica este grupo de trabajadores contra el genocidio.

Los trabajadores de GAFAM, que ya en el pasado han organizado acciones de protestas y boicot contra esta complicidad, han denunciado esta colaboración, que se enmarca en acuerdos como el Proyecto Nimbus y han anunciado nuevas formas de organización contra esa complicidad: “No dejaremos de organizarnos hasta que nuestras empresas dejen de impulsar este genocidio y hasta que Palestina sea libre. Hacemos un llamamiento a todos los trabajadores tecnológicos con conciencia a que se unan a nuestra lucha”.

 @pelorduy

Fuente: https://www.elsaltodiario.com/genocidio/amazon-google-microsoft-son-columna-vertebral-tecnologica-genocidio

Gaza, perle de l’Orient objet de toutes les convoitises ou, pour les occidentaux, un simple campement pilonné où survivent et meurent quelques millions de réfugiés palestiniens

 

SOURCE PRIMAIRE: https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/gaza-cette-perle-de-l-orient-objet-de-toutes-les-convoitises,7539

Gaza n’est-elle qu’un bout de terre, une enclave, une « bande » comme on la surnomme de nos jours (qita’ en arabe) ? Un simple campement pilonné où survivent et meurent quelques millions de réfugiés palestiniens, une « non-entité » ? Osons un retour sur le passé lointain — dont se réclament les nouveaux conquérants — pour raconter quelques épisodes de l’histoire de cette cité dont la splendeur remonte à l’Antiquité

Trait d’union entre la Méditerranée, l’Afrique et le continent asiatique, point de passage et de contact de plusieurs civilisations, célèbre pour ses vergers dont les produits étaient partout exportés, la cité de Gaza, pourtant maintes fois saccagée, a défié d’immenses conquérants, d’Alexandre le Grand à Napoléon.

« L’histoire de Gaza n’a rien à envier à celle de Bethléem et à Jérusalem », affirmait l’ancienne représentante de la Palestine en France Leïla Shahid sur France Culture en 2000, interviewée à l’occasion de l’exposition « Gaza Méditerranéenne », qui a eu lieu à l’automne de cette année-là à l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris. Des fouilles archéologiques ont en effet montré que la zone abritait des sites remontant à l’âge de bronze ancien — soit entre 3 000 et 1 300 ans av. J.-C. Et de préciser que l’appeler « bande de Gaza » est humiliant et réducteur. « Elle a été un port antique hors pair, sous le nom d’Anthédon.

Elle exportait vers le reste du monde : Rome, Carthage, Byzance, Athènes. « Tout ce que le commerce de l’Orient apportait », sans oublier « ses magnifiques vignobles ». L’exposition de l’IMA permettait alors d’admirer « les amphores, certes d’époque tardive, qui contenait le vin exporté vers le monde ».

Les tunnels d’Alexandre le Grand

Or, voici que dans son entreprise de conquête du monde, Alexandre le Grand a voulu s’emparer de ce port méditerranéen. À l’époque, en 332 av. J.-C., raconte le spécialiste de l’histoire ancienne et de la Méditerranée orientale Maurice Sartre.

« Gaza était la dernière citadelle perse sur le chemin de l’Égypte » et occupait une place hautement stratégique. « Après avoir bataillé pour s’emparer de Tyr (aujourd’hui au Liban), Alexandre a dû assiéger pendant deux ou trois mois Gaza ». Les biographes du Macédonien relatent de façon détaillée son entreprise pour faire plier la cité défendue par sa population. Comment ?

Il avait fait creuser des tunnels non pas pour faire arriver des vivres ou des armes comme les Gazaouis d’aujourd’hui, mais pour saper les murailles de la ville, qui étaient puissamment défendues. Il s’empara de la ville, au bout de deux à trois mois de siège, à la fin de l’année 332. Le butin fut considérable.

Surtout en encens et en myrrhe, relate Maurice Sartre.

Dans son livre sur Gaza, l’historien Jean-Pierre Filiu précise que « le pillage de Gaza remplit dix navires de butin à destination de la Macédoine ». La richesse de la ville antique est telle que Plutarque, le grand historien de la Rome et de la Grèce antiques, qualifie Gaza de « aromatophora », la dispensatrice des parfums. Une belle illustration du rôle économique de ce territoire qui continuera d’être le débouché des produits d’Arabie du Sud et du Yémen, puisque l’encens et la myrrhe viennent essentiellement de cette région. « Gaza reste le débouché des Arabes sur la Méditerranée », poursuit l’historien.

Promue au rang de colonie romaine

Zone de production et zone de transit de marchandises, ces activités ont fait de cette nouvelle polis (cité organisée à la grecque) « la fortune de la Gaza hellénistique et romaine jusqu’au moment de la conquête musulmane », rappelle encore Maurice Sartre. Après la conquête d’Alexandre, Gaza devient pendant presque un millénaire une grande ville grecque, centre économique et intellectuel, avec tous les attributs et dotée d’institutions comme Athènes ou Sparte. Dans les années 1990, des fouilles y ont mis au jour de belles maisons, peintes dans le style grec du IIe siècle av. J.-C. comme à Délos, Ephèse ou dans d’autres villes grecques de cette époque, note le spécialiste de l’Antiquité.

Par deux fois, la ville sera envahie et annexée à un royaume juif vainqueur des successeurs d’Alexandre, poussant sa population à la fuite « parce qu’ils ne voulaient pas devenir juifs ». Plus tard, elle a été incorporée au royaume d’Hérode, mais « cet État était tout sauf juif », plutôt cosmopolite. Plus tard, elle sera incorporée par Rome à la province de Syrie. Pour preuve de son rayonnement et de sa prospérité, Gaza est promue au rang de colonie romaine au IIIe siècle, ce qui permit d’octroyer la citoyenneté romaine à toute sa population.

Y parlait-on l’hébreu ?

Les populations sont très mêlées (Arabes, Phéniciens, Syriens, Grecs) mais réunies par l’usage de la langue. Non pas qu’il n’y ait eu plusieurs langues en usage, mais la langue parlée au quotidien, c’est l’araméen, comme dans toute la Syrie antique. Ce qui ne veut pas dire que l’hébreu a disparu, beaucoup de gens le connaissent, mais la langue de circulation et de communication est l’araméen, bien que le grec lui fasse concurrence.

Le grec était devenu la langue des élites et de l’administration grecque puis romaine, lit-on encore dans le livre d’entretiens entre Maurice Sartre et Jean-Noël Jeanneney, qui se veut comme un « tableau contrasté » des deux époques, l’Antiquité et le monde d’aujourd’hui.

Offerte à Cléopâtre

À cause de son emplacement au carrefour de trois mondes, Gaza a depuis toujours été un enjeu des puissances régionales, des rivalités parfois à l’intérieur des mêmes dynasties. Considérée comme joyau, elle fut offerte à Cléopâtre par son époux, nouveau maître de l’Égypte, le général romain Marc-Antoine. Mais la défaite en – 31 av. J.-C. des armées de ce dernier entraîna brièvement le retour de Gaza dans le royaume d’Hérode, à la veille de l’ère chrétienne, avant qu’elle n’entre pour environ six siècles dans l’empire romain.

Soumise ou contrôlée par les Égyptiens (dans leurs campagnes contre la Syrie), les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs d’Égypte et Rome, et les Arabes (ces derniers depuis l’Antiquité, car Gaza occupait une place stratégique sur la route des caravanes), la cité a subi les contrecoups de son statut de territoire tampon.

Son nom apparaît dans les années 1450 avant notre ère, sous son appellation arabe Ghazza, durant le règne du pharaon Thoutmôsis II, mais son histoire et son identité seront marquées deux siècles plus tard par l’invasion des « peuples de la mer », venus de la Crète, qui s’établissent autour de wadi (vallée) Gaza. Cette région côtière porte le nom de Philistie, d’où la Palestine, et en arabe Filastine. Ces peuples sont eux-mêmes un mélange de Crétois, de Grecs mycéniens, et d’autres venus des rivages de la Méditerranée orientale. Soit « des réfugiés déjà ! pour faire souche dans cette région », explique Maurice Sartre, qui ajoute que « cette zone résiste constamment à la pression du royaume de Jérusalem ». Ainsi, « contrairement à ce que pourraient penser certains, Gaza n’a pratiquement jamais appartenu aux Hébreux, ni ne leur a été soumise à quelque époque que ce soit ».

Aux époques hellénistique puis romaine, Gaza est ornée d’édifices officiels et de temples dédiés à des dieux divers dont le principal est Zeus Marnas (dont l’origine est araméenne et sans doute crétoise). Son effigie orne les pièces de monnaie frappées à Gaza qui circulent du temps de l’empereur romain Hadrien qui la visite en 129-130, et en l’honneur de qui sont organisés des concours.

Plus de six siècles plus tard, les défenseurs romains de Gaza, où habitait une importante population arabe, mais aussi juive, sont vaincus par les soldats musulmans dans les années 630. La région connaîtra bien plus tard d’autres invasions : les croisades, les Mongols, le règne fatimide, le prise de Gaza par Saladin en 1187, le règne des Mamelouks, l’empire Ottoman, jusqu’aux temps modernes.

Un patrimoine menacé

En janvier, une vidéo postée sur Instagram par Eli Escusido, directeur des Antiquités israéliennes, montrant des soldats israéliens dans le dépôt d’antiquités de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem (Ebaf), suscite l’indignation et des rumeurs de pillages. Le dépôt de l’Ebaf, sous la responsabilité de la France, contient des vestiges issus de 28 années de fouilles à Gaza. Si le bâtiment et ce qu’il abrite n’ont pas été détruits par les bombardements, ce n’est pas le cas de beaucoup d’autres.

Au 10 juin 2024, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a constaté par images satellitaires les dommages causés sur 50 sites depuis le 7 octobre

Anthédon est détruit ; le palais historique Al-Bacha de la vieille ville de Gaza, qui abritait un musée et une école, a été bombardé puis aplati par des bulldozers. Les trésors archéologiques qui s’y trouvaient ont-ils été sortis avant sa destruction ? Nul ne le sait.

Le 26 juillet, conscient de la menace qui pèse sur ce patrimoine, l’Unesco inscrit le monastère de Saint Hilarion (IVe siècle), situé dans le centre de la bande de Gaza, sur la liste du patrimoine mondial en même temps que celle du patrimoine mondial en péril lors d’une procédure d’urgence. « Cette décision vient reconnaître à la fois la valeur universelle exceptionnelle de ce site et le devoir de le protéger face aux dangers imminents », explique l’organisation dans un communiqué.

Détruire le patrimoine de la bande de Gaza, c’est aussi vouloir effacer son histoire millénaire. Laissons le dernier mot à Maurice Sartre qui nous aura servi de guide : « Gaza se trouve au commencement de l’histoire de la Palestine, elle est au cœur même de la Falestîne, Philistie. »

Gaza 2035: le plan immobilier post-anéantissement

SOURCE: https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/gaza-2035-table-rase-998426.html

Les autorités israéliennes ont lancé « Gaza 2035 », une zone de libre-échange ambitieuse visant à transformer Gaza en un hub industriel et technologique de premier plan. Ce projet a pour objectif de renforcer les liens entre la Méditerranée et le Golfe Persique, tout en offrant une alternative stratégique face à l'influence chinoise en connectant l'Inde à l'Europe. Par Michel Santi, économiste (*).
(Crédits : DR)

Israël et les États-Unis planchent sur une route qui permettrait aux poids lourds d'aller vers les Émirats arabes unis à travers la Jordanie et l'Arabie Saoudite. En parallèle, la normalisation des relations entre ces pays sera couronnée par un projet de chemin de fer (à l'étude depuis 2017) reliant le port israélien de Haïfa aux États du Golfe.

Ce trajet historique viendra s'appuyer et compléter celui à l'étude par le Conseil de Coopération du Golfe prévoyant une ligne de plus de 2.000 km qui reliera le Kuwait au Sultanat d'Oman à travers l'Arabie et le Bahreïn. Une extension du tracé ferroviaire autorisera enfin une liaison entre Alexandrie et la ville avant-gardiste de NEOM rêvée par le Prince héritier d'Arabie et qui se trouve à 200 km de la ville palestinienne de Rafah. La combinaison de ces projets accomplira par ailleurs un objectif stratégique majeur consistant à rapprocher la Méditerranée et le Golfe Persique.


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C'est dans ce contexte en pleine effervescence que les autorités israéliennes au plus haut niveau, assistées de leur intelligence artificielle, ont conçu « Gaza 2035 » destinée à devenir une zone de libre-échange grande comme 3,5 Paris intra-muros, soit environ 37.000 hectares. Elle s'étendra depuis la ville de Sdredot située de Gaza jusqu'au port égyptien d'Al Arish, dans la péninsule du Sinaï au sud de Gaza. Netanyahu et ses équipes envisagent donc de convertir la Gaza actuelle - ou ce qu'il en reste - en un territoire globalisé, industriel, à vocation largement mercantile, dont les ambitions à terme seraient même, grâce à sa localisation méditerranéenne, de dépasser en prospérité Dubaï.

Les promoteurs de Gaza 2035 espèrent en outre séduire les entreprises de la Tech, et ambitionnent également que cette zone devienne un centre mondial de fabrication de véhicules électriques. Quoiqu'il en soit, c'est des infrastructures massives comme des ports, des chemins de fer et des aéroports qui sont prévues, et qui seront fonctionnelles grâce à une combinaison de panneaux solaires et d'énergie fossile. Avec un slogan facile : remplacer à Gaza la « prospérité par la crise ».

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De l'aveu même du Premier ministre, le préalable à Gaza 2035 sera de «reconstruire à partir de rien», afin que le développement économique neutralise les racines politiques des multiples crises et guerres régionales.

Cette vision de Gaza 2035 et de ces investissements lourds en infrastructures semble très sérieuse, et suscite l'adhésion de nombre de nations à travers le monde qui y retrouvent un intérêt commun. La Maison Blanche y prévoit un corridor commercial et des pipelines à hydrogène embrassant des régions allant depuis l'Inde jusqu'en Grèce au port du Pirée. Il s'agit là, pour les Occidentaux, de prendre un avantage considérable sur la Chine en établissant de multiples ponts entre l'Inde et l'Europe, d'intensifier les relations avec le sud global, de renforcer l'Europe et principalement son approvisionnement énergétique vis-à-vis de la Russie, d'autoriser les nations du Golfe à diversifier leurs économies, tout en normalisant définitivement - voire en la banalisant - la situation entre Israël et les États arabes. L'Inde, enfin, pourra se dégager d'une certaine emprise exercée sur elle par la Chine, et ce n'est - selon son Premier ministre Modi qui fait référence à la guerre en cours entre Israël et le Hamas- «aucun évènement ou conflit qui gênera la réalisation de ce «projet intergénérationnel». La France aurait même déjà nommé son haut-commissaire à l'« India-Middle East-Europe Economic Corridor ».

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(*) Michel Santi est macro-économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et directeur général d'Art Trading & Finance.
Il vient de publier « Fauteuil 37 » préfacé par Edgar Morin. Il est également l'auteur d'un nouvel ouvrage : « Le testament d'un économiste désabusé ».
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