Témoignage,
à défaut d'un reportage tourné à l'époque, sur cette période encore
bouillonnante de l'après-guerre des années 50-55 avec l'apparition de
ceux qui, autour de la clientèle bigarrée du café Moineau du 22 rue du
Four, cité dans l'interview, ont constitué l'Internationale lettriste,
matrice de la future Internationale situationniste et que Jean-Michel
Mension (le comparse de l'épisode du triporteur) a décrit dans son ouvrage de 1997 chez Allia, La Tribu : Guy Debord,
Jean-Louis Brau, Serge Berna, Gil J Wolman, Mohamed Dahou, Éliane Papaï,
Michèle Bernstein, Ivan Chtcheglov, Patrick Straram et tant d'autres,
Auguste Hommel, alias Fred, par ailleurs immortalisé par le photographe
Ed Van der Elsken dans son ouvrage Love on the Left Bank, le plus
souvent en compagnie de Mension, faisant plutôt figure de comparse à
l'allure de pré-punk ainsi que les identifiera en 1993 Greil Markus dans
son ouvrage, sorti en 1998 toujours chez Allia, Lipstick
Traces, une histoire secrète du XXème siècle.
Fred Hommel
(1931-1993)
Fred Hommel est né en 1931 à Paris. Dès ses dix-huit ans il a vécu dans le milieu de Saint-Germain des Prés où il a rencontré de nombreux artistes du monde entier. Boris Vian était un grand ami qui l’a influencé et encouragé. Un jour un peintre chilien, Luis Moyano, lui met un pinceau dans la main et lui dit : « Fais de la peinture au lieu de traîner dans la rue ». Et Fred s’exécute.
Sa pensée était marquée par la guerre. Il a vécu à Paris pendant toute la Deuxième Guerre Mondiale. Ensuite il s’est engagé dans la guerre de Corée pour échapper à l’atmosphère de l’après-guerre et à l’abandon de son père.
Fils unique d’une mère aide-soignante exilée de sa Corse natale, il arrête l’école avant le certificat d’étude et s’engage comme volontaire dans le conflit qui oppose les forces de l’ONU à la Corée du nord. Il en est revenu antimilitariste refusant alors l’ordre et le cadre.
C’est au retour de Corée, pour prendre distance des horreurs qu’il avait vécues qu’il s’est jeté dans la folie de Saint-Germain.