lundi 11 novembre 2024

Comment Israël justifie-t-il le génocide ? Cela commence à l’école

 SOURCE: https://www.les-crises.fr/comment-israel-justifie-t-il-le-genocide-cela-commence-a-l-ecole/

L’histoire et la géographie de la Palestine ont été supprimées des manuels scolaires israéliens il y a une dizaine d’années, affirme l’universitaire Nurit Peled-Elhanan.

Source : Truthout, George Yancy
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Dans The Black Image in the White Mind (L’image Noire dans l’Esprit Blanc), l’historien George M. Frederickson écrit : « Dans les années qui ont immédiatement précédé et suivi 1800, les Américains blancs ont souvent montré, par leurs paroles et leurs actes, qu’ils considéraient [les Noirs] comme un élément définitivement étranger et inassimilable de la population. » Dans le contexte de la domination blanche américaine, les stéréotypes racistes anti-Noirs décrivent ces derniers comme intrinsèquement inaptes, posant des problèmes innés et dissociés de la catégorie de l’humain, une catégorie synonyme de la race blanche.

Le chercheur franco-tunisien Albert Memmi, dans Le colonisateur et le colonisé, a compris ces rationalisations racistes comme une série de négations, en observant : « Le colonisé n’est pas ceci, n’est pas cela. [Il ne sont] jamais considérés sous un jour positif ou si [ils le sont], la qualité qui leur est concédée est le résultat d’une défaillance psychologique ou éthique. » Dans ces régimes binaires racistes, il est nécessaire qu’un groupe spécifique fonctionne comme « autre ».

Partout dans le monde, des groupes sont considérés comme « autres », et leur « altérité » est imposée par ceux qui contrôlent les formes dominantes de discours : ceux qui ont le pouvoir de représentation pour rabaisser, marginaliser et diaboliser. Historiquement, les écoles et les institutions religieuses ont contribué à soutenir ce discours déshumanisant.

Nurit Peled-Elhanan est maître de conférences en enseignement des langues à l’Université hébraïque et au David Yellin Academic College de Jérusalem, et auteur de plusieurs ouvrages. Dans cet entretien exclusif, elle explique comment les manuels scolaires israéliens (et, par extension, les écoles israéliennes) encadrent puissamment le discours anti-palestinien et inculquent aux enfants israéliens la suspicion, la peur et la haine des Palestiniens. Le travail de Peled-Elhanan fournit une analyse puissante de la relation entre le pouvoir pédagogique de l’État israélien et l’idéologie raciste et anti-palestinienne.

George Yancy : Donnez quelques exemples de la façon dont les Palestiniens sont dépeints de manière raciste dans les manuels scolaires israéliens.

Nurit Peled-Elhanan : Les manuels scolaires sont toujours, et pas seulement en Israël, destinés à légitimer l’État et ses actions. Sinon, nous n’aurions pas de manuels scolaires, ce ne seraient que des livres. La raison d’être des manuels scolaires est donc de légitimer l’État, et en particulier les actions controversées de l’État, comme ce que l’on appelle les crimes fondateurs, etc. En Israël, ce qui doit être légitimé, c’est la colonisation de la Palestine et l’occupation en cours. Israël doit justifier ses politiques. Ainsi, comme tous les colonisateurs, Israël dépeint les colonisés comme des êtres primitifs, maléfiques ou superflus. Israël les dépeint comme un groupe racialisé qui ne peut pas changer et qui ne changera jamais.

Par exemple, dans un manuel scolaire de géographie, il y a un passage sur les facteurs qui « inhibent » le développement du village arabe. Ainsi, on dit que les villages arabes sont éloignés du centre, que les routes qui y mènent sont difficiles et qu’ils sont restés à l’écart du processus de changement et de développement. Ils disent qu’ils sont peu exposés à la vie moderne et qu’il est difficile de les raccorder aux réseaux d’électricité et d’eau. On pourrait penser qu’il s’agit d’un pays de la taille de l’Australie. Mais Israël est plus petit que le New Jersey. Où sont donc ces villages isolés qui sont restés à l’écart du développement ? Ou alors, on dit que la société arabe est traditionnelle et qu’elle s’oppose aux changements par nature, qu’elle est réticente à adopter des nouveautés. La modernisation leur semble dangereuse et ils ne sont pas disposés à faire des concessions pour l’intérêt général. Ils sont également décrits comme un problème et une menace démographique, comme une menace pour la sécurité. Et c’est parce qu’ils sont considérés comme une menace démographique que les massacres et leur élimination sont légitimés. Un manuel scolaire indique que l’un des massacres, celui de Deir Yassin, qui a provoqué la fuite panique des Palestiniens, résultait d’un problème démographique effrayant. Même Chaim Weizmann, le premier président d’Israël, a qualifié la fuite des Palestiniens de miracle. L’idée est que les Israéliens doivent être plus nombreux que les Palestiniens. Si nous sommes plus nombreux qu’eux, nous serons en sécurité.

Ils comparent sans cesse le nombre d’Arabes et de Juifs dans les manuels scolaires, dans toutes les matières, en particulier la multiplication. Les manuels scolaires désignent les Palestiniens comme les Arabes d’Israël ou le secteur non juif. On ne trouve jamais l’étiquette « Palestinien », sauf lorsqu’elle est associée à la terreur. La communauté bédouine, par exemple, les tribus bédouines qui vivent sur le territoire depuis des milliers d’années, sont appelées la diaspora bédouine, pour donner l’impression qu’elles ne sont pas à leur place. Les cartes des manuels scolaires ignorent complètement l’existence de la Palestine et des Palestiniens. Même sur une carte qui montre la population arabe, on ne trouve pas une seule ville arabe, pas même Nazareth.

Ils justifient les lois racistes, telles que la loi sur la citoyenneté, qui ne permet pas à un couple (dont l’un est citoyen israélien et l’autre originaire des territoires occupés) de vivre ensemble. Ils justifient ce type de loi raciste, illégale et anticonstitutionnelle en citant l’ancien président de la Cour suprême d’Israël, qui a déclaré à propos des Palestiniens : « Les droits de l’homme ne doivent pas être une recette pour le suicide national. »

Ainsi, l’image globale est que vous savez qu’ils représentent une menace et qu’ils ne doivent donc pas être traités comme des personnes. Ainsi, toute la discrimination, l’élimination et le confinement des citoyens arabes sont légitimés par cette excuse : la nécessité d’être une majorité, de maintenir le caractère juif de l’État. Il fut un temps où une politique encourageait la naissance de quatre enfants par famille dans le secteur juif afin de dépasser le nombre d’Arabes. Les familles étaient récompensées. On les appelait les « familles bénies ». Aujourd’hui, cette politique n’existe plus. Lorsque Benjamin Netanyahou est devenu ministre des finances, il a mis fin aux allocations que recevaient les familles nombreuses. Mais il s’agissait d’une politique visant à les rendre moins nombreuses.

À quel âge ces livres sont-ils présentés aux enfants israéliens ?

Cela commence à l’école maternelle. Les manuels scolaires reflètent le discours. C’est ce que dit le linguiste Gunther Kress : Les textes sont une ponctuation de la sémiose ou de la création de sens, à un moment précis. C’est pourquoi les manuels scolaires changent d’un gouvernement à l’autre. Il s’agit donc du discours, du discours social. Il se reflète dans les manuels scolaires ; les manuels scolaires n’inventent pas ce type de discours.

Ce que votre travail montre, c’est que les images des manuels scolaires ne sont pas anodines, sans conséquence ou simplement destinées à divertir. Ce que vous montrez, c’est que les images racistes ont de profondes implications existentielles. La déshumanisation des Palestiniens par les manuels scolaires israéliens permet leur décimation. Après tout, si les enfants israéliens sont élevés en acceptant la « vérité inconditionnelle » de ce qui est écrit ou représenté par des images dans leurs livres et leurs espaces pédagogiques, alors tuer des Palestiniens par le biais d’une punition collective n’a pas le même poids éthique que la perte de vies israéliennes.

Dans Palestine in Israeli School Books : Ideology and Propaganda in Education (La Palestine dans les manuels scolaires israéliens : Idéologie et propagande dans l’éducation), vous écrivez : « Les non-citoyens palestiniens des territoires occupés sont souvent dépeints comme des terroristes, et cette représentation renforce la politique, présentée dans les livres scolaires comme une nécessité convenue, de contrôle constant, de restriction de mouvement et même d’assassinats extrajudiciaires. » Il y a là une profonde ironie. Nous savons que les Juifs ont fait l’objet d’une propagande déshumanisante de la part de l’Allemagne nazie. Les Juifs étaient décrits comme des « parasites » qui devaient être éliminés, exterminés de la pureté de la « race aryenne ». Les Palestiniens sont clairement le groupe d’exclus. Comment voyez-vous spécifiquement le sionisme comme une force idéologique qui crée un groupe interne qui ne doit pas être « souillé » par le groupe externe ? Après tout, le sionisme en tant que forme de construction d’une nation ne signifie pas seulement l’utilisation de stéréotypes racistes, mais aussi le contrôle de l’espace géographique. Pourriez-vous nous expliquer comment, selon vous, ces deux formes de violence fonctionnent en tandem dans le cadre du projet même du sionisme ?

L’identité israélienne est une identité territoriale. L’identité nationale et l’identité territoriale ne font qu’un. Le territoire est donc un facteur très important de notre identité. Nous sommes de la terre et nous devons l’occuper. Mais je pense que la façon dont ils ont traité, depuis le début du sionisme […] est la façon dont tous les colonialistes ont traité les populations indigènes : on dit qu’ils sont primitifs, et nous apportons le progrès. On dit qu’elles n’existent pas. Elles sont considérées comme faisant partie du paysage. Je pense que toutes les puissances coloniales ont traité la population locale de la même manière. Le sionisme était donc un mouvement national européen. Comme tous les mouvements nationaux européens, le sionisme a défini qui est humain et qui est « autre ». Et l’autre, c’est l’« l’homme de l’est, l’oriental ». Tout ce qu’ils voulaient, c’était se débarrasser de l’Orient, parce que les Juifs étaient appelés les Orientaux en Europe, comme s’ils étaient une race « orientale », et ils voulaient s’en débarrasser. Ils voulaient s’occidentaliser.

C’est l’une des choses sur lesquelles on insiste beaucoup dans les manuels scolaires : Nous sommes l’Occident. L’histoire des Juifs en Orient ou dans les pays musulmans n’est même pas mentionnée, bien qu’ils aient eu une vie très harmonieuse et enrichissante dans les pays musulmans pendant des milliers d’années. Mais elle n’est même pas mentionnée. Ils ont donc voulu s’occidentaliser et effacer l’histoire du pays pour reproduire le mythe de la continuité, comme si les Juifs qui venaient d’Europe rentraient chez eux, sur leur terre. Ainsi, l’histoire, la culture et tout ce qui existait auparavant sur la terre de Palestine ou d’Israël arabe ont été effacés. Ils l’ont également fait dans le domaine de l’archéologie. Il n’y a pratiquement aucune découverte archéologique de Palestine ou de l’époque ottomane. Les Ottomans ont régné ici pendant 600 ans, mais il n’y a pratiquement rien. Si vous vous rendez dans un parc en Israël, on vous dira qu’il s’agissait de tel ou tel endroit pour les Romains, les Byzantins, les Croisés, les Britanniques et les Sionistes. Deux mille ans d’histoire sont effacés. Tous ces éléments réunis peuvent donc expliquer l’attitude israélienne. Et bien sûr, comme tous les colonialistes, les dirigeants sionistes utilisent un discours raciste pour vilipender les populations indigènes, et pour légitimer leur discrimination et leur élimination.

On pourrait dire que les Juifs éthiopiens sont un groupe qui vit une sorte d’« altérité » au sein d’Israël. Dans votre livre, Holocaust Education and the Semiotics of Othering in Israeli Schoolbooks (L’enseignement de l’Holocauste et la Sémiotique de l’Altérité dans les manuels scolaires israéliens), vous expliquez comment les Juifs arabes et les autres Juifs non européens sont eux aussi des victimes du sionisme. Dans votre livre, vous qualifiez les Juifs non européens qui se sont installés en Israël de « victimes des victimes ». Comment les récits sionistes contribuent-ils à l’« éviction » des Juifs non européens ?

Comme je l’ai dit, le mouvement sioniste était un mouvement européen. Depuis qu’ils sont arrivés en Palestine, ils ont voulu s’occidentaliser et s’indigéniser en même temps : comme s’ils revenaient. L’idée était de créer une patrie pour les Juifs européens. Ils ne s’intéressaient pas aux autres Juifs, surtout pas à ceux des pays arabes ou africains. Mais après l’Holocauste et l’extermination des Juifs européens, ils avaient besoin de personnes pour peupler le futur État d’Israël. Ils les ont donc cherchés dans d’autres pays, et ils les ont trouvés dans des pays musulmans. Mais l’idée était qu’ils étaient barbares et primitifs, pleins de germes et de maladies, et ainsi de suite, et qu’ils devaient être enfermés dans des camps jusqu’à ce qu’ils puissent s’intégrer. Ils devaient abandonner leur culture, leur arabité ou leur africanité, leur langue, leur musique, leurs coutumes, leur religion, et adopter cette autre religion, cet autre judaïsme qui s’est développé en Europe de l’Est. De nombreuses personnes écrivent à ce sujet; Ela Shohat, et d’autres. Ils les ont donc transformés en victimes des victimes, parce que ceux qui les ont traités de cette manière étaient en réalité les victimes, les survivants.

Ils ont été maintenus dans ce que l’on appelle le colonialisme intérieur ou le colonialisme interne. Aujourd’hui encore, quatre générations après leur arrivée en Israël, leurs petits-enfants sont toujours appelés Marocains, ou même « sales Marocains ». Ils sont appelés par leur ethnie : les Juifs ashkénazes, cependant, sont la norme, les non marqués. On ne leur donne pas le nom d’une ethnie. Mais les non-Ashkénazes, bien qu’ils soient sur le territoire depuis quatre générations, sont toujours appelés par leur appartenance ethnique. Les écarts en matière d’éducation, d’emploi et de richesse se creusent, au lieu de se réduire.

C’était une chose horrible, et la façon dont ils ont été traités les a ruinés. Elle a ruiné la famille, elle a ruiné la communauté. C’était un désastre. En fait, Israël n’a pas voulu que les Éthiopiens viennent pendant de nombreuses années. Les Juifs éthiopiens, ou Beta Israël (la maison d’Israël), comme ils s’appellent eux-mêmes, voulaient venir à Sion pour des raisons religieuses. Les Juifs arabes n’étaient pas non plus sionistes, bien que certains d’entre eux aient participé à des mouvements sionistes, mais leurs motivations étaient essentiellement religieuses et non politiques. Ils voulaient venir à Jérusalem, c’est tout. Les Juifs éthiopiens, qui pensaient être les seuls Juifs au monde, voulaient venir à Sion. Lorsqu’ils ont appris qu’il y avait une possibilité, ils ont commencé à demander à venir. Mais Israël ne voulait pas d’eux. Ce n’est qu’après que l’Assemblée générale des Nations unies, en 1975, a déclaré que le sionisme était un mouvement raciste qu’ils ont décidé de les faire venir pour prouver qu’ils autorisaient l’entrée des Noirs. Mais il a fallu attendre plusieurs années avant qu’ils ne commencent à venir.

La façon dont ils les ont amenés a été désastreuse. Ils les ont fait marcher jusqu’au Soudan, puis les ont fait attendre au Soudan dans des conditions de vie déplorables pendant des mois et des mois. Les morts se comptaient par milliers. Et puis ils ont défini cela, ou l’ont couronné, comme une merveilleuse opération clandestine de « nos braves soldats ». Ils les ont fait venir et les ont placés dans ces camps, qu’ils appelaient camps d’absorption, centres d’absorption. Ils étaient complètement dépendants de la bureaucratie israélienne. Ils ne pouvaient pas prendre de décisions concernant leur propre bien-être. Ils ont dû abandonner toutes leurs coutumes, leurs chefs religieux, leur religion, car ils s’appuyaient sur la Bible et non sur la Halachah, qui avait été élaborée en Europe de l’Est – ils ne la connaissaient même pas. Ils ne pouvaient pas non plus choisir les écoles pour leurs enfants.

Les manuels scolaires le reproduisent encore aujourd’hui en traitant les Juifs éthiopiens comme un « problème » auquel l’État doit faire face. Et aujourd’hui, plus de 40 ans après leur arrivée, ils sont toujours traités comme un problème. Ils doivent étudier toutes sortes de textes écrits par des Européens au siècle dernier, dans les années 60, sur la vie en Éthiopie et entendre qu’ils sont patriarcaux, primitifs, qu’ils marient leurs filles à l’âge de 9 ans, etc. Rien n’est dit sur leur contribution au pays. Il y a des artistes, des chanteurs, des danseurs, des scientifiques, tout. Ils ne sont mentionnés que lorsqu’ils sont de « bons soldats ». Tous les livres le mentionnent. Ils sont séparés dans des programmes spéciaux pour les Éthiopiens, même s’ils sont nés en Israël, même à l’université, à l’école d’infirmières, à l’armée. Ces programmes spéciaux sont destinés à les occidentaliser comme Israël est occidental, ce qui est absurde. Et pourtant, ils doivent lire ces textes. Tous les textes les concernant sont écrits par des Juifs ashkénazes. Il n’y a pas un seul texte éthiopien dans tous les programmes, bien qu’il y ait des écrivains (et des sociologues et des psychologues) qui ont reçu des prix. Aujourd’hui, les intellectuels israéliens d’origine éthiopienne ont commencé à s’opposer et à réfuter le récit du sauvetage. Il existe aujourd’hui un mouvement de résistance à tout cela. Mais c’est très difficile.

La police les traite comme elle traite les Noirs en Amérique et en Angleterre. Ils les abattent dans les rues. Récemment, un procès a été mené à son terme. Un policier a tiré sur un Israélien éthiopien de 18 ans et le policier a été acquitté. Pendant tout le procès, les juges ont traité le policier comme s’il était la victime et les parents de ce jeune comme s’ils faisaient obstruction. Le chef de la police a dit : Oui, que pouvons-nous faire ? Ils sont noirs. Et cela se retrouve dans les manuels scolaires. Les manuels scolaires vous disent qu’ils ne peuvent pas s’intégrer, ou qu’ils ont du mal à s’intégrer, parce qu’ils ont toutes sortes de coutumes auxquelles nous ne sommes pas habitués, comme le respect des aînés, l’autorité parentale ! Des choses horribles comme ça. Et la couleur de la peau. Les manuels scolaires reproduisent donc le racisme de l’État. Ils les montrent toujours, sur les photos, affalés sur le sol dans un désert et on ne voit même pas leur visage.

Je demande toujours à mes étudiants où vivaient les Juifs éthiopiens en Éthiopie. Ils répondent : dans le désert, ce qui est faux. Ils vivaient au sommet des collines parce qu’ils avaient besoin d’eau pour les troupeaux. Pendant le COVID, une conférencière éthiopienne du David Yellin Academic College a donné une conférence au personnel et a posé la même question : « Où pensez-vous qu’ils vivaient ? » Les conférenciers ont tous répondu « dans le désert », car c’est la seule image des Juifs éthiopiens que nous ayons vue. C’est horrible.

J’ai fait du bénévolat auprès d’enfants dans un centre d’intégration près de chez moi. Les conditions de vie y étaient épouvantables, tout comme le traitement qui leur était réservé à l’école. Le racisme qui règne dans les écoles les empêche de participer à toutes les activités auxquelles les enfants blancs ont accès. Bien sûr, c’étaient des enfants merveilleux et brillants, et je suis toujours en contact avec certains d’entre eux. L’une d’entre elle était techniciene dans l’armée de l’air israélienne. Mon mari et moi sommes allés à son mariage et il n’y avait pas une seule personne blanche à ce mariage, ni aucun de ses anciens camarades de l’armée, ni aucun de ses camarades actuels, pas même un seul. Mais comment est-ce possible ? Je suis sûr qu’elle a invité tout le monde. C’est une anecdote, mais je la mentionne pour vous montrer l’attitude à l’égard des Juifs éthiopiens. J’ai entendu des enseignants dire qu’ils puaient. J’ai entendu des professeurs dire qu’ils n’étaient pas sacrés parce qu’ils abattaient eux-mêmes les vaches..

Cela me rappelle l’horrible réalité de la génération volée, où les Australiens blancs ont forcé les enfants aborigènes et insulaires du détroit de Torres à quitter leurs parents. L’objectif est d’effacer toute trace de leur identité culturelle.

Oui. Dans ce cas, toute l’éducation des enfants éthiopiens israéliens vise à les changer, et non à apprendre à les connaître, à apprendre d’eux ou à reconnaître leurs contributions à une société multiculturelle. J’ai demandé à une enseignante si elle pensait que ces changements les déconnecteraient de leur culture, de leur communauté et de leur famille. Elle m’a répondu : « Oui, j’espère qu’ils enseigneront aussi à leurs parents. » Donc, oui, ce sont les mêmes processus coloniaux qui ont eu lieu en Australie et au Canada. Il s’agit de la même « mission civilisatrice ». C’est la mission civilisatrice de l’homme blanc. Les Éthiopiens ont été choqués à leur arrivée, car ils pensaient venir dans la « Jérusalem d’or » et, soudain, ils ont été traités comme des non-Juifs, ce qui a provoqué de nombreux suicides. Ils étaient traités comme des bêtes, ce qui n’a pas changé jusqu’à aujourd’hui.

Comment envisagez-vous un moyen efficace de démanteler les stéréotypes anti-palestiniens en Israël qui sont à l’origine de tant de violence ? En quoi le fait de repenser l’éducation et de repenser radicalement les programmes scolaires en Israël pourrait-il faire la différence ?

On pourrait avoir un programme scolaire entièrement nouveau si on le voulait. J’ai parlé des livres jusqu’en 2014 environ, parce qu’après cette date, on ne trouve plus du tout de Palestiniens dans les manuels scolaires, ni d’Éthiopiens. Vous avez des problèmes abstraits de terreur, mais personne ne parle d’eux en tant que personnes. Il y a eu un changement à la fin des années 90, lorsque de nouveaux historiens ont parlé de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), mais aujourd’hui, il n’y a rien ; c’est comme s’ils n’existaient pas. Ces livres sont comme des pamphlets évangélistes. Même les photos que vous voyez, toutes les photos des gens dans les livres scolaires sont blonds avec des yeux bleus. En réalité, la plupart des Israéliens ne sont pas blonds. J’ai demandé à un graphiste qui avait conçu un manuel scolaire pourquoi il avait fait cela. Il m’a répondu : « Eh bien, ça fait bien. » Ces livres sont vraiment des livres de propagande.

Chaque année, je vérifie s’il y a des nouveautés dans ces livres, mais il n’y a pas du tout d’ « autres » dans ces livres, pas la moindre diversité. La situation ne fait donc qu’empirer. Mais bien sûr, si vous voulez donner un sens, vous devez construire un nouveau programme, qui ne sera pas seulement ce que l’on appelle le récit pédagogique, mais aussi le récit performatif, le récit des personnes qui ne sont jamais incluses dans le récit pédagogique ou le récit officiel, les personnes dont les voix ne sont pas entendues (les récits écrits par les Bédouins, les Circassiens, les Druzes, les Palestiniens, les Juifs éthiopiens, les Juifs arabes, les Juifs russes) parce qu’Israël est un endroit avec tant de langues, tant de groupes de personnes qui n’ont rien en commun, soit dit en passant. Ce n’est pas un pays multiculturel, mais il y a beaucoup de cultures en son sein. La seule façon d’avancer est d’avoir un récit du peuple compréhensible, ce que l’universitaire indien et théoricien critique Homi Bhabha appelle le récit performatif, celui qui compte, celui qui affecte vraiment la vie des gens. En Israël, personne n’a d’histoire, sauf l’histoire sioniste. Nous ne savons rien, même à propos des Juifs européens. Nous ne savons rien, sauf qu’ils ont été exterminés.

L’écrivain palestinien libanais Elias Khoury a écrit un livre intitulé Children of the Ghetto : My Name Is Adam (Les enfants du ghetto : mon nom est Adam) dans lequel il raconte l’histoire d’un Palestinien en proie à la douleur et au chagrin. Le livre raconte l’histoire d’un homme qui a été amené à enterrer et à brûler les cadavres après les massacres. Khoury appelle ces personnes des Sonderkommandos. Il raconte l’histoire de l’un d’entre eux, en fait un être humain individuel qui a une histoire. Et lorsque vous lisez cette histoire en contraste avec l’histoire israélienne racontée dans les livres d’histoire, c’est la différence avec un récit pédagogique ou officiel, c’est le récit des marginaux, le récit des personnes qui sont devenues des objets collectifs. Et c’est ainsi qu’il faut procéder, pour donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Mais l’histoire des Juifs éthiopiens n’est pas écrite par des Juifs éthiopiens. Tout est anthropologique, et tout est fait d’un point de vue eurocentrique, d’un point de vue raciste. Je pense que la seule façon de procéder n’est pas de confronter les deux récits officiels, palestinien contre israélien. Cela a été fait. Ni Israël ni la Palestine n’autorisent son utilisation à l’école. Mais nous devons prendre en compte les récits de tous les habitants, et c’est là que vous trouverez des choses fascinantes sur la vie commune qui régnait dans cet endroit pendant la période ottomane et avant, qui était riche et harmonieuse sur le plan culturel, économique et agricole. Les gens étaient très cosmopolites. Tout était réuni sans que personne ne perde son identité ou son appartenance religieuse. J’aimerais voir cela.

Nous avons essayé de le faire avant l’assaut de 2009 sur Gaza. Nous avons essayé de former un groupe d’experts qui commencerait à rédiger ce programme. Un groupe formidable est venu, tous bénévoles. Mais Israël a attaqué Gaza et les Palestiniens n’ont pas voulu et n’ont plus pu venir. Mais je pense qu’il y a beaucoup de gens qui aimeraient le faire, parce que c’est toujours beaucoup plus intéressant que toute cette propagande politique que l’on trouve dans les livres scolaires, qui ne parle que de pogroms, de guerres et de massacres de juifs.

Aujourd’hui, l’idée qui unit les gens ici est que nous sommes tous des victimes de l’Holocauste et que nous pouvons être à nouveau victimes de l’Holocauste si nous ne faisons pas attention. Telle est l’idée. Il faut traumatiser les enfants pour les rendre loyaux, afin qu’ils ne quittent pas le pays. Et c’est écrit dans tous les livres. Ce qui est arrivé aux Juifs en Europe est arrivé parce qu’ils n’avaient pas d’État ni d’armée. Vous obligez les gens à rester, les jeunes, vous les effrayez à mort. Vous savez, les gens disent : « N’allez pas en Turquie, ils nous détestent. » Qu’est-ce que vous voulez dire ? Ils nous détestent. Ils m’aiment quand je viens au marché acheter des tapis. Je me souviens que lorsque j’ai emmené mon fils en Grèce à l’âge de 8 ans, son cousin m’a dit : « N’y va pas ! Ils nous ont exterminés. » Il y a cinq mille ans, ils ont détruit le temple. Et cette attitude est très forte en Israël. N’allez pas à Athènes. Ils sont antisémites. N’allez pas là-bas, il y a des Arabes. L’Holocauste est donc ce qui unit tout le monde et plane au-dessus de nous en permanence, avec un mépris pour les vraies victimes de l’Holocauste parce que, vous savez, elles n’ont pas riposté.

Cela ressemble à un processus de nazification des Arabes…

Oui ! Depuis qu’Israël s’est lié d’amitié avec l’Allemagne en 1953 et a accepté l’argent des réparations, le rôle d’exterminateur potentiel est passé aux Arabes, sans quoi nous n’avons aucune raison d’être ici et d’être armés jusqu’aux dents. Les Arabes ont reçu le rôle d’exterminateurs potentiels sans raison, sans cause. Je veux dire que les Arabes n’ont jamais exterminé les Juifs. Les musulmans ont rarement perpétré des pogroms contre les Juifs. Il y a eu quelques incidents, certes, mais ils n’ont jamais pensé à une solution finale. En 1953, David Ben-Gourion a déclaré : « Je prends l’argent des réparations allemandes pour que nous puissions nous défendre contre les Arabes nazis », et c’est ainsi qu’il a inventé le terme « Arabes nazis ». Puis ils ont dit : « Nous vivons dans les frontières d’Auschwitz ». Et Menachem Begin a déclaré que l’attaque des camps de réfugiés au Liban nous avait sauvés d’un « autre Treblinka ». Tel est le discours. Et aujourd’hui encore, ils traitent les Palestiniens de Gaza de nazis. Ce qui s’est passé le 7 octobre a été immédiatement comparé à la Shoah, à l’Holocauste. Immédiatement. Et cela fonctionne. Nous sommes une puissance nucléaire et ils n’ont rien, mais ils sont décrits d’une part comme des êtres humains primitifs et superflus, et d’autre part comme des nazis tout-puissants. Et ça marche.

*

George Yancy est professeur de philosophie Samuel Candler Dobbs à l’Université Emory et boursier Montgomery au Dartmouth College. Il est également le premier boursier de l’Université de Pennsylvanie dans le cadre du Provost’s Distinguished Faculty Fellowship Program (année universitaire 2019-2020). Il est l’auteur, l’éditeur et le coéditeur de plus de 25 ouvrages, dont Black Bodies, White Gazes ; Look, A White ; Backlash : What Happens When We Talk Honestly about Racism in America ; et Across Black Spaces : Essays and Interviews from an American Philosopher publié par Rowman & Littlefield en 2020. Ses ouvrages les plus récents comprennent une collection d’entretiens critiques intitulée Until Our Lungs Give Out : Conversations on Race, Justice, and the Future (Rowman & Littlefield, 2023), et un livre coédité (avec le philosophe Bill Bywater) intitulé In Sheep’s Clothing : The Idolatry of White Christian Nationalism (Roman & Littlefield, 2024).

Source : Truthout, George Yancy, 15-09-2024
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

 

samedi 9 novembre 2024

La CIA y la prensa: «Un esfuerzo de propaganda sin fin»

 Transcripción y video de una entrevista con el «oficial de caso» John Stockwell

FUENTE: https://lapupilainsomne.wordpress.com/2021/01/19/la-cia-y-la-prensa-un-esfuerzo-de-propaganda-sin-fin-transcripcion-y-video-de-una-entrevista-con-el-oficial-de-caso-john-stockwell/

John Stockwell fue  «oficial de caso» de la  CIA a cargo de operaciones de propaganda en lugares como Angola y Vietnam. En esta entrevista que tradujimos y subtitulamos para nuestro programa de televisión La pupila asombrada Stockwell relata cómo la Agencia Central de Inteligencia utiliza periodistas y académicos,  agencias de prensa como Reuters y AFP y grandes medios como The Washington Post y la revista Time para construir noticias falsas y estereotipos sobre países y procesos que Estados Unidos considera enemigos. 

 

 

P: John, Ud. estuvo en Vietnam trabajando para la CIA, tengo entendido que estuvo en ese país ¿En qué años estuvo allá?

R: Del 73 al 75 justo después de la evacuación de tropas y salí en la evacuación de abril del 75

P ¿Cuánto tiempo estuviste en la CIA?

Trece años, yo fui un oficial de caso en el terreno, serví en África y en Vietnam y eventualmente en un subcomité del Consejo de Seguridad Nacional en Washington

P: Se sabe que Ud. estuvo en Angola…

R: También dirigí la acción encubierta angoleña, pero yo la dirigí desde Washington. Estas cosas eran globales y como jefe de la Fuerza de Tarea de Angola mi oficina estaba en Washington.

P: ¿Cuando Ud abandonó la CIA?

R: En marzo de 1977 me fui a testificar ante el Senado y hacerlo público y tratar de escribir un libro, lo cual hice.

P: Entraré en eso un poco más tarde. Me gustaría hablar sobre qué tipo de experiencias uno tiene cuando se deja la CIA y se comienza a hablar. Nosotros tenemos la impresión de que todo lo que hace la CIA es recopilar inteligencia,la inteligencia es información, por supuesto, ahora, uno pensaría que si obtuviste información que se basaba en hechos y si eso es así, ¿qué hiciste con ella?

R: Bueno, una de las cuatro funciones principales de la CIA es recopilar inteligencia e idealmente enviarla al Presidente, a los usuarios de la información, a los hacedores de políticas. Yo diría que hay otras funciones, sin embargo algunas de ellas más legítimas que otras, una es ejecutar guerras secretas, la acción encubierta de la que se ha escrito y que se habla tanto como lo que está pasando hoy en Nicaragua desde Honduras.

Otra cosa es difundir propaganda para influir en la mente de las personas, y esta es una función importante de la CIA, y desafortunadamente, por supuesto, se superpone con la recopilación de información,usted tiene contacto con un periodista le dará historias verdaderas, obtendrá información de él, y también le dará historias falsas.

P: ¿Compras su confianza con historias verdaderas?

R: Compras su confianza y lo engañas.Hemos visto que esto sucedió recientemente con
Jack Anderson, por ejemplo, quien tiene sus fuentes de inteligencia, y también ha admitido que ha sido engañado por ellos, una de cada cinco historias simplemente es falsa.

También trabajas en sus vulnerabilidades humanas para reclutarlos en un sentido clásico para convertirlos en tu agente, de modo que puedas controlar lo que hacen, para que no tengas que comprometerlo, Ud. sabe, con algo sobre ellos, de manera que puedas pedirle: inserta esto el próximo martes.

P: ¿Puedes hacer esto con reporteros responsables?

R: Sí, el Comité Church mencionó esto en 1975, y entonces Woodward y Bernstein publicaron un artículo en la revista Rolling Stones un par de años más tarde: 400 periodistas cooperando con la CIA,incluyendo algunos de los más renombrados
del gremio, de manera consciente introduciendo historias en los medios de prensa

P: Bueno, dame un ejemplo concreto de cómo usaste la prensa de esta manera, cómo se planta la historia falsa y cómo logras que se publique.

R: Bien, por ejemplo, en mi guerra, la guerra que ayudé a manejar en Angola, un tercio de mi personal era propaganda, irónicamente a esto se le llama dentro de la CIA «acción encubierta», afuera este término significa la parte violenta, tuve propagandistas en todo el mundo, principalmente en Londres, Kinshasa y Zambia, recopilábamos historias que escribíamos y las poníamos en el Zambia Times, y luego las sacábamos y las enviábamos a los periodistas en nuestra nómina en Europa, y su tapadera sería que las habían obtenido de su colaborador en Lusaka, quien las había obtenido en el Zambia Times,tuvimos la complicidad del gobierno de Zambia, de Kenneth Kaunda, para poner estas historias falsas en sus periódicos, pero después de ese punto las recogían los periodistas de Reuters y AFP, cuya dirección no conocía su origen, pero nuestro contacto en Europa sí e inyectamos docenas de historias sobre “atrocidades cubanas”, “violadores cubanos”, en un caso hicimos que los “violadores cubanos” fueran capturados y juzgados por las doncellas ovahimba, que habían sido sus víctimas, y luego publicamos fotografías que aparecieron en casi todos los periódicos del país de los cubanos ejecutados por las mujeres ovahimba que supuestamente habían sido sus víctimas.

P: ¿Estas eran fotos falsas?

R: Oh, absolutamente, no conocíamos ni una sola atrocidad cometida por los cubanos,
era pura propaganda cruda y falsa para crear una ilusión de comunistas, ya sabes, comiendo bebés para el desayuno, y esa era nuestra propaganda, totalmente falsa.

P: John, ¿se practicaba este tipo de cosas en Vietnam?

R: Oh, un esfuerzo sin fin de propaganda masivo en Vietnam en los años 50 y 60,
incluyendo los miles de libros que se publicaron, varios cientos en inglés,
que también eran libros de propaganda patrocinados por la CIA, se da algo de dinero a un escritor, se le dice escribe este libro para nosotros, escriba lo que quiera, pero en estos asuntos asegúrese de que tenga esta línea.

P: ¿Escritores en este país? ¿Distribuidos y vendidos en este país?

R: Sí, libros en idioma inglés, que significa que tienen al público estadounidense como objetivo, sobre Vietnam y la historia de Vietnam y una historia del marxismo, y apoyando la teoría del dominó, etc.

P Sin abrirnos a una demanda, ¿podría nombrar uno de ellos?

R: No, no podría. El Comité Church, al enterarse de esto, exigió que se les entregaran los títulos para que las bibliotecas universitarias pudieran al menos estampar en su interior: ‘la versión de la historia de la Agencia Central de Inteligencia’, y la CIA se negó aduciendo proteger su fuentes y métodos, y las fuentes serían los autores que escribieron estos libros de propaganda falsa,
algunos de los cuales son ahora distinguidos académicos y periodistas.

P: Bueno, la CIA no lo niega rotundamente. Al principio han admitido que hay algo de propaganda, pero su posición es que todos están fuera de Estados Unidos, no en Estados Unidos, ¿no es cierto?

R: Absolutamente, mientras estábamos llevando a cabo la operación en Angola y difundiendo estas historias en el mundo y la prensa estadounidense, exactamente en ese momento Bill Colby, el director de la CIA, estaba testificando ante el Congreso, asegurándoles que éramos extremadamente cuidadosos para asegurarnos de que nada de nuestra propaganda se derramara hacia los Estados Unidos, y en los mismos días en que estuvo dando este falso testimonio, estábamos plantando historias en The Washington Post, con eso quiero decir, no a través de Lusaka, pero en realidad volamos a un periodista de París a Washington para plantar una historia falsa, lo mencioné y doy el texto de la historia en mi libro.

P: ¿Así que plantaste la historia en The Washington Post trayendo a un hombre del extranjero, y no tuvo dificultades para pasar por encima del editor con ella?

R: Sí.

P: ¿Esto es común? ¿Es fácil?

R: Más fácil de lo que Ud. pudiera suponer. Sí, sí. Está en la línea de,  por ejemplo, que Granada sea radical. Hemos tenido artículos en The Washington Post, en The Star antes de que cerrara y en la revista Time que solo la CIA pudo haber escrito originalmente: ‘Base de submarinos soviéticos’; ‘entrenamiento terrorista’. Esta es una pequeña isla donde la principal fuente de ingresos es la venta de especias para el turismo occidental y una gran escuela de medicina de los Estados Unidos.

Una pequeña isla de 15 millas por 10 millas de ancho con 70.000 personas, con estudiantes de medicina estadounidenses en sus batas y sandalias con las narices en libros, vagando por toda la isla, y sin embargo, órganos de prensa importantes, la revista Time, publicando historias sobre que son tan radicales…

P: En Vietnam, John, ¿cuál era su relación…? ¿qué debemos regular en relación, con la prensa?

R: Siendo el papel de la CIA multifacético, había oficiales en la embajada, oficiales de la CIA, oficiales de alto rango, Frank Snip era uno, no de alto rango, pero él estaba en la oficina del jefe de estación, que se reunía con la prensa regularmente, compartía información con ellos, les daba información y recibía información de ellos, y luego periódicamente les contaba alguna historia, que sería falsa, pero también en otros casos muy valiosa para el periodista, por lo que incluso los periodistas duros que nunca cooperarían voluntariamente con la CIA la considerarían una fuente útil.

Al mismo tiempo, hay todo tipo de personas, ya sabes, como periodistas y oficiales de casos, muchos otros oficiales de casos realmente le tienen mucho miedo a la prensa, teníamos países en los que los periodistas llegaban a husmear nos escondíamos y dejábamos que el oficial de identificación hablara con ellos. Simplemente temíamos que nos fotografiaran y escribieran algún artículo y tuvieran alguna alusión a lo que estábamos haciendo que sería desafortunado para nuestra carrera

P: ¿Sabían quién eras? ¿Sabían que eras de la CIA?

Todo el mundo sabe quiénes son las personas de la CIA. Que no quepa ninguna duda, esta es una de las mayores farsas que la CIA y el Congreso le han puesto al pueblo estadounidense.

Como dijo Patrick Moynihan al testificar recientemente en contra de esta Ley de Secretos Oficiales, dijo en la ONU, dijo que se pavoneaban por todos lados como los vaqueros de Texas con sombreros de 10 galones y botas de tacón alto.

En Vietnam teníamos Datsun amarillos y matrículas secuenciales, así que si tenías un Datsun amarillo y 144 en tu matrícula, tenías que ser de la CIA y todo el mundo lo sabía.

En otro país teníamos Jeeps verde esmeralda y el ejército tenía un color verde olivo y AIG tenía jeeps grises, así que si tenías un jeep verde verde tenías que ser de la CIA, y cualquier negación de eso era solo irónica y superficial, ciertamente los periodistas sabían la diferencia.

P: ¡Que desilusión! Nos estás diciendo que un espía no es un espía.

R: Allen Dulles escribió en su libro ‘El arte de la inteligencia’, ya sabes, el famoso director de la CIA, en el prólogo de su libro dice que un agente de inteligencia, contrariamente a la opinión popular, tiene que ser conocido como tal, de lo contrario la gente con secretos no sabrá a dónde llevarlos.

Él estableció la política, el precedente de viajar por el mundo cada año y
reunir a sus oficiales de casos en hoteles y tener lo que solo podría describir como una conferencia de ventas, reuniones en las habitaciones del hotel, desayuno, almuerzo y cena y bebidas juntos en las habitaciones del hotel.

Así que no estás hablando de un inframundo, estás hablando de miembros privilegiados de la hermandad policial del mundo…

Los oficiales de la CIA no son turistas en peligro, no los golpean. En todos los países donde pueden establecen un enlace con la policía local y dentro de los velos de, ya sabes, su secreto y protección, no tienen miedo y no están jugando juegos de tapadera, están almorzando con el jefe de policía.

P: John, me gustaría saber qué es lo que mueve a un hombre como John Stockwell, primero, por qué estabas en la CIA, segundo, por qué renunciaste a la CIA, y me gustaría saber qué ha sucedido desde que renunciaste a la CIA y comenzaste a hablar tan abiertamente como nos has hablado.

R: Bueno, ciertamente esa es una cuestión tan complicada como el dilema que enfrenta la sociedad sobre la CIA hoy.

Entré como infante de marina, capitán del ejército de infantería de marina, antecedentes conservadores, mi padre era un ingeniero en África contratado para construir para una misión presbiteriana y crecí en el Congo Belga casi tan conservador como se es capaz.

P: ¿En una atmósfera de misionero?

R: En una estación misionera, con un padre ingeniero, pero con principios humanistas, altos ideales, falsos ideales poco realistas para el mundo.

Educación en la Universidad de Texas, mi servicio activo en la Infantería de Marina, todo muy emocionante entre guerras.

Estaba en una compañía de reconocimiento, lanzándome en paracaídas y bloqueando submarinos, muy glamoroso, pero entre guerras nadie recibió un disparo, no hay problemas morales, si se quiere.

Y luego la CIA me reclutó justo al final de la era Kennedy, acababa de recibir un disparo.

«No preguntes qué puede hacer tu país por ti, sino qué puedes hacer tú por tu país» y toda la propaganda que se había lanzado al pueblo estadounidense contra el comunismo, el apogeo de la teoría del dominó y mi propia ingenuidad, pensando que fui educado cuando en realidad no lo estaba.

Y pensé al ingresar a la CIA que estaba haciendo lo mejor que podía con mi vida y los ideales más nobles de nuestra sociedad, pensando que estaba mejorando a la humanidad al hacer el mundo libre para la democracia, y solo me tomó 13 años y tres guerras secretas para darme cuenta de lo absolutamente falso que era, y las revelaciones del Comité Church, simultáneamente a lo de Vietnam y luego a lo de Angola. Me tomó tanto tiempo ver el asunto desde una luz totalmente diferente, y mis ideales básicos ciertamente nunca han cambiado en términos simpatía básica por la gente del mundo.

Un servicio a este país que se remonta tan lejos que ni siquiera tengo que lidiar con detractores que creo dicen que soy un traidor o todo eso que es una tontería, ya sabes, con las cosas que he hecho con mi vida, pero creo que nos estamos alejando de los valores que nos enseñamos en la escuela, de la democracia, de las libertades.

Creo que nos estamos vendiendo a una organización policial muy pequeña que está absorbiendo los principios estadounidenses tan rápido como los procesos judiciales y legislativos pueden absorberlos, las libertades de expresión y prensa y, al mismo tiempo continúan las políticas de asesinato en cada rincón de el mundo, ahora mismo en Nicaragua y El Salvador.

Creo que deploro eso moralmente, pero también creo que es extremadamente peligroso porque podría desencadenar tan fácilmente en una confrontación mundial y con los soviéticos al Holocausto a la guerra nuclear

P: Bueno, ¿qué está pasando? ¿Qué te ha pasado desde que dejaste la CIA y empezaste a hablar?

R: Bueno, he sido demandado por la CIA, he sido amenazado por el FBI, no me han golpeado ni mutilado, he ejercido mi derecho, como lo veo, a hablar y dar conferencias, y han dejado muy claro que no lo aprecian, y como digo, me han advertido que me pueden pasar cosas horribles, no sé si fueron «bluffs» o no, todavía no ha pasado nada.

La CIA me ha demandado por daños y perjuicios, lo cual es una cierta ironía, cuando lo piensas.

9 novembre 1989 : le rempart antifasciste est tombé il y a 35 ans

 


Notes sur Roger Leenhardt

 

 
Chroniques de cinéma, 1986
 

SOURCE: wikipedia (extraits)

Roger Leenhardt est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur de cinéma français, né le à Montpellier, et, mort le dans le 6e arrondissement de Paris. C’est l’« éminence grise de l'intelligence cinématographique » comme le qualifie André Bazin

Biographie

Roger Leenhardt nait en 1903 à Montpellier1, dans une famille protestante, fils de Charles Leenhardt, enseignant à la faculté des sciences de Montpellier, et de son épouse, Suzanne Dautheville2. Après des études de lettres et de philosophie, en tant que critique de cinéma, Roger Leenhardt collabore avant la Seconde Guerre mondiale avec la revue Esprit (1934-1939)3.

À partir de 1936, la Compagnie Générale Transatlantique fait appel à ses services pour commenter des documentaires cinématographiques, comme Course en Atlantique, qui raconte l’aventure de Marin Marie à bord de l'Arielle ou encore New-York Rio à bord de Normandie, en février 1938.

Avec l’appui d’Emmanuel Mounier, il est recruté par Pierre Schaeffer au sein de Jeune France, mouvement créé sous l’égide du gouvernement de Vichy mais bénéficiant grâce à ses statuts d’une certaine indépendance et d’une orientation pluraliste : il y est qualifié par la police de Vichy de « gaulliste notoire »4,5. L’association est finalement dissoute en 1942.

Après la Libération, il travaille avec Les Lettres françaises puis L'Écran français6 (1944-1948). Il participe à la fondation du ciné-club Objectif 49 que fréquentent notamment les futurs collaborateurs des Cahiers du cinéma. Producteur de courts-métrages, il réalise de nombreux documentaires à partir de 1934, mais surtout après la guerre.

Ce grand intellectuel du cinéma des années 1930 et 1940 est considéré comme un des pères spirituels de la Nouvelle Vague7.

Ardent défenseur du cinéma d'auteur, il devient un auteur à part entière avec Les Dernières Vacances (1948), où Odile Versois trouve son premier rôle. Il tournera deux autres longs-métrages, Le Rendez-vous de minuit (1961), avec Lilli Palmer et Michel Auclair, et Une fille dans la montagne (1964, pour la télévision), avec Giani Esposito. Il apparaît comme acteur dans des films de ses amis de la Nouvelle Vague : Une femme mariée de Jean-Luc Godard et L'Homme qui aimait les femmes de François Truffaut.

Il a exercé les fonctions de vice-président du Syndicat des producteurs de films éducatifs, documentaires et de courts métrages.

Il meurt à Paris le à 82 ans8 et il est inhumé à Calvisson, commune du Gard où il a passé les quinze dernières années de sa vie. 

PRÉSENTATION DE CITIZEN KANE (INA, 1972)

Réalisation : Roger Leenhardt et Sydney Jezequel, résoudre le déséquilibre démographique ville campagne 

 


 

Les Dernières Vacances (Roger Leenhardt, 1948)

 


LIEN POUR VOIR LE FILM

Roger Leenhardt
France / 1947 / 94 min (sortie en salle le 24 mars 1948)

Avec Odile Versois, Michel François, Pierre Dux.

Une famille passe ses derniers jours heureux dans sa grande propriété qui doit être vendue.

« Romancier, Leenhardt eût été moraliste. L'écriture cinématographique retrouve en quelque sorte ici et par ses moyens propres, cette syntaxe de la lucidité qui caractérise tout un classicisme romanesque français, de La Princesse de Clèves à L'Étranger. » (André Bazin)

Les Dernières vacances est un film singulier dans le paysage du cinéma français de l'après-guerre. Sa fraîcheur et sa modernité annoncent le style de la Nouvelle Vague ( Les cinéastes de la Nouvelle Vague le considéraient comme « un des rares films de l'après-guerre à échapper au conformisme ambiant ») et, malgré un accueil public discret à sa sortie en 1948, le film trouve par la suite la reconnaissance des cinéphiles grâce à ses multiples diffusions dans les ciné-clubs. Ancien critique à Esprit, « éminence grise de l'intelligence cinématographique » comme le qualifie André Bazin, Roger Leenhardt a jusqu'alors réalisé une dizaine de courts métrages. Poussé par le producteur Pierre Gérin, ancien directeur de l'IDHEC, il écrit le scénario et les dialogues des Dernières vacances, avec la contribution de son beau-frère Roger Breuil, et réalise le film. La structure est romanesque et le sujet n'est pas sans rappeler un modèle de la littérature française du début du XXe siècle, le « roman de domaine ». En engageant une jeune danseuse de l'Opéra de seize ans pour le rôle de Juliette (Étiennette de Poliakoff, qui adopte dès ce premier film le pseudonyme d'Odile Versois), Leenhardt contribue à l'évolution du « portrait cinématographique français de la jeune fille du plan Musset au plan Giraudoux » (Chroniques de cinéma, Éditions de l'Etoile, 1986), et en finit par la même occasion avec une facture théâtrale alors souvent de mise dans le cinéma français. La photographie lumineuse de Philippe Agostini confie aux instants suspendus de ce dernier été dans le Midi une atmosphère douce et poétique. Avec une grande subtilité, Leenhardt évoque la fin irrévocable et déjà nostalgique de l'utopie de l'enfance, lorsque la grâce et l'élan laissent place à la lucidité abrupte d'un âge (presque) adulte dénué de fantaisie.

 

vendredi 8 novembre 2024

Retombées nucléaires: les bases américaines, danger pour les Français


 

L' Iran global et stratégique

 

 
Voilées, pas voilées. Et pas de casques
 

 

 L'Iran est un élément déterminant de ce que représente maintenant les BRICS. La société civile iranienne est dynamique (sa richesse et la culture de cette société: la beauté de sa langue, la profondeur de sa civilisation). Mais tout cela est méconnue et méprisée par nos médias et la bêtise et l'arrogance "crasse" de nos pseudo "élites".

Mais... ne pas oublier la lutte des classes, en particulier le rôle de la classe des "bazari" (malheureusement dominante dans le mouvement dit "réformiste") qui ne veut que "dealer" avec l'impérialisme américain. Ne pas oublier non plus la chappe de plomb de l'islamisme (l'ayatollah Khomeiny, a été influencé par Sayeb Qutb des frères musulmans !) qui méprise les femmes et veut leur imposer un islam fondamentaliste et rétrograde. Critiquer aussi la bêtise de la classe des Mollahs-Pasdaran-Bassidji et voir les potentialités de cette merveilleuse société iranienne sans tomber dans l'arrogance ignorante de la bien-pensance du Monde, Libération, Télérama ...

Les guerres énergétiques de l'empire

 SOURCE: https://www.chroniquesdugrandjeu.com/2020/05/les-guerres-energetiques-de-l-empire-explication.html

Les clichés ont décidément la vie dure... On a beau démontrer par A+B que les visées impériales américaines n'ont pas pour but de "voler le pétrole", que l'immense majorité des guerres, déstabilisations et autres putschs made in USA n'ont pas lieu dans des pays producteur d'or noir, que le lobby pétrolier s'oppose la plupart du temps aux intérêts stratégiques de Washington, les vieux réflexes (vieux démons ?) ont l'étonnante faculté de ressurgir très vite.

Il est tellement plus facile de recourir à des explications simpl(ist)es, de caricaturer la politique étrangère états-unienne de manière amusante...

Cela évite souvent de réfléchir à toutes les incohérences de cette thèse, aux nombreux éléments qui n'entrent pas dans le cadre postulé.

La comparaison qui vient immédiatement à l'esprit est le cliché presque jumeau du supposé affrontement entre Etats-Unis et Islam, autre légende urbaine qui connaîtra une postérité étonnante après le 11 Septembre et sur laquelle je revenais il y a peu dans une interview :

En réalité, conflit israélo-palestinien mis à part, l’empire US a toujours soutenu des pays/groupes musulmans contre des non-musulmans : les Afghans contre l’URSS, les Bosniaques contre les Serbes, le Pakistan contre l’Inde, les Tchétchènes contre la Russie, les Kosovars encore contre les Serbes, les Ouïghours contre la Chine, les Rohingyas contre la Birmanie etc. Et au sein du monde musulman, Washington a toujours flirté avec les courants les plus religieux contre les moins religieux : pétromonarchies fondamentalistes face au courant nassérien, Talibans et Hekmatyar contre Massoud en Afghanistan, « rebelles modérés » syriens contre Assad etc.

Penser qu’il existe un antagonisme entre l’empire américain et l’Islam est d’une naïveté confondante : c’est se condamner à ne strictement rien comprendre au film des événements depuis 1945…

Il suffit en effet de faire - c'est à la portée d'un enfant de 10 ans - un simple listing des guerres/soutiens américains depuis la Seconde Guerre Mondiale pour faire éclater cette légende urbaine, mais le grand public n'en démord pas. Il est en cela complaisamment encouragé par la rumeur médiatique, à la fois mainstream ou alternative, qui pour le coup vont exactement dans le même sens et sont les deux faces d'une même pièce.

Il en est de même pour l'or noir. Les observateurs - pas seulement votre serviteur, pensons par exemple à Emmanuel Todd (Après l'empire) - ont beau s'époumoner à montrer que les Américains ne sont pas de simples voleurs de poules naphteuses, que leur stratégie énergétique est bien plus considérable, l'idée a beaucoup de mal à faire son chemin dans les esprits...

Aussi n'est-il pas inutile de faire une mise au point, une fois pour toutes espérons-le. Toutes les menées américaines ne concernent pas que l'énergie, loin de là (Vietnam, Corée, QUAD etc.) mais dans ce domaine, on peut les résumer dans ce petit tableau synoptique :

Ce tableau est schématique, non exhaustif, mais il constitue une bonne introduction aux guerres énergétiques impériales.

Celles-ci visent, répétons-le, non pas à mettre la main sur des ressources bon marché ou à enrichir le lobby pétrolier, mais à contrôler les sources et flux énergétiques mondiaux. C'est l'adage de Kissinger lui-même : « Contrôlez le pétrole et vous contrôlez les nations ». On pourrait maintenant y ajouter le gaz...

La politique de Washington contre les pays cités n'a généralement pas que des causes énergétiques. Celles-ci se couplent souvent à d'autres raisons (stratégiques, historiques) pour former un tout cohérent, un prétexte de guerre ou de déstabilisation imparable.

La Russie n'est pas seulement un géant énergétique écoulant ses richesses hors du contrôle US, c'est aussi le Heartland : il faut doublement la sanctionner. L'Iran n'est pas qu'une pompe à pétrole ennemie, c'est également la tête de l'arc chiite : il faut le déstabiliser. La Syrie n'est pas que le possible passage des pipelines pétromonarchiques visant à squizzer Moscou en Europe, c'est aussi un maillon de l'arc chiite : il faut l'occuper. L'Ukraine n'est pas que le pays de transit du gaz russe, c'est aussi une case essentielle à faire entrer dans l'OTAN. L'Irak de Saddam n'est pas qu'un producteur indépendant, c'est aussi la bête noire des clients américains dans la région : il faut le renverser etc. etc.

L'on voit donc, c'est une évidence, que la politique impériale est autrement plus évoluée qu'un simple vol à la tire de quelques barils. Ce serait faire injure aux stratèges états-uniens, qu'on peut qualifier de tout sauf de benêts à la petite semaine. Il s'agit d'une approche globale multiforme, cynique et géniale, visant à garder la main sur le monde par le biais du contrôle de l'énergie et/ou la division de l'Eurasie avec, en filigrane, la lutte perpétuelle contre la Russie, la Chine et leurs alliés.

Quant au lobby pétrolier américain, il navigue à des années-lumière de ces hautes considérations stratégiques. Tout ce qu'il veut, c'est faire du business et il s'arrache régulièrement les cheveux devant les décisions de Washington. Nous l'avons montré à de multiples reprises, les majors US ne rêvent que de faire des affaires avec les pays sous sanction impériale (Russie, Iran, Venezuela). Elles veulent les routes d'évacuation les plus courtes et les plus rentables (un pipeline iranien et non les lubies qu'étaient le BTC ou le TAPI).

Quand les intérêts stratégiques globaux des Etats-Unis coïncident avec les intérêts particuliers de leurs compagnies pétrolières, ils ne vont évidemment pas s'en priver. Mais que ces intérêts diffèrent, comme c'est la plupart du temps le cas, et ce sont TOUJOURS les premiers qui priment sur les seconds. Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il n'y a, à ma connaissance, aucun exemple du contraire...

La déstabilisation de l’Iran par les États-Unis : une longue histoire

 

Kamala Harris a récemment qualifié l’Iran de « force déstabilisatrice et dangereuse » au Moyen-Orient. Si on veut comprendre cette remarque, il faut se pencher sur le contexte puisque cela s’inscrit dans l’histoire des dernières décennies au cours desquelles les États-Unis ont cherché à déstabiliser l’Iran.

Source : Jacobin, Seraj Assi
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

 
Le Chah Mohammad Reza Pahlavi et Jimmy Carter lors d’une cérémonie de bienvenue à la Maison Blanche, Washington, le 15 novembre 1977. (Diana Walker / Getty Images)

Depuis douze mois, depuis octobre dernier, les dirigeants américains se félicitent des bombardements incessants d’Israël sur Gaza, alors même que le génocide qui s’y déroule – financé et armé par les États-Unis – a tué plus de quarante mille Palestiniens, dont près de la moitié sont des femmes et des enfants. Les manifestations de satisfaction se sont poursuivies alors qu’Israël a étendu ses bombardements à trois autres pays arabes : le Liban, le Yémen et la Syrie.

Encore insatisfaits, certains encouragent maintenant Israël à bombarder l’Iran. Joe Biden aurait « discuté » de la perspective d’une attaque israélienne contre les champs pétrolifères iraniens, lesquels constituent la base de l’économie iranienne et qui s’étiolent en raison de l’embargo américain dévastateur qui dure depuis des décennies.

À la suite du tir de missiles iraniens sur Israël la semaine dernière, effectué en représailles à l’assassinat par Israël de dirigeants du Hamas et du Hezbollah, la Vice-présidente et candidate démocrate à l’élection présidentielle Kamala Harris a qualifié l’Iran de « force déstabilisatrice et dangereuse » au Moyen-Orient, ouvrant ainsi un nouveau chapitre dans la longue histoire belliciste américaine à l’encontre de l’Iran. Lundi dernier, elle est allée encore plus loin en qualifiant l’Iran de « plus grand adversaire » des États-Unis.

Une longue histoire violente

Ceux qui connaissent l’histoire de l’Iran ont du mal à entendre de telles déclarations sans se remémorer le réveillon du Nouvel An 1977, un an avant que la révolution iranienne n’éclate. Alors que les émeutes se multipliaient en Iran, le président américain Jimmy Carter assistait à un somptueux dîner d’État en compagnie du chah d’Iran, Mohammad Reza Pahlavi, il a alors porté un toast : « Grâce à l’excellent leadership du chah, l’Iran est un îlot de stabilité au coeur d’une des régions les plus troublées du monde. »

Il est paradoxal de noter que ces discours avaient été précédés par un long passé de déstabilisation de l’Iran par les États-Uni, une histoire entachée d’opérations secrètes et d’interventions clandestines. Vingt-quatre ans plus tôt, lors de l’Opération Ajax, la CIA, en collaboration avec le MI6 britannique, avait orchestré un coup d’État qui avait chassé le Premier ministre iranien démocratiquement élu, ce dernier avait remporté la victoire en prônant la nationalisation du pétrole iranien et en le soustrayant au contrôle de l’Occident. Ce coup d’État a entraîné la désintégration de la démocratie naissante du pays et devait hanter les Iraniens pour des décennies.

À partir de la fin des années 1940, dans le feu de la Guerre froide, l’administration de Harry Truman a fait du jeune chah un partenaire important de l’alliance antisoviétique naissante au Moyen-Orient, malgré le ressentiment croissant des Iraniens à l’égard de la corruption du chah et de la façon inconsidérée dont il vendait des ressources de l’Iran à des sociétés étrangères pour financer son train de vie somptueux. La folie dépensière du chah l’a conduit à vendre les droits exclusifs sur le pétrole et le gaz naturel iraniens à des multinationales pétrolières occidentales, principalement l’Anglo-Iranian Oil Company (AIOC), qui ont exploité les Iraniens et exporté des millions de barils de pétrole, générant des profits faramineux tout en ne payant pratiquement rien à l’Iran.

Le ressentiment à l’égard du chah a rapidement donné lieu à une contestation populaire. En octobre 1949, Mossadegh, critique de longue date de la dynastie Pahlavi et ardent défenseur du droit de l’Iran à contrôler sa propre industrie pétrolière, a fondé le Front national, une large coalition comprenant à la fois des modérés de la classe moyenne et des membres du parti de gauche Tudeh. Mossadegh et ses alliés ont rapidement exercé le pouvoir au sein du parlement iranien, le Majles, où ils se sont présenté en prônant le partage des profits pétroliers entre l’Iran et l’AIOC, citant l’exemple d’autres multinationales pétrolières opérant au Venezuela et en Arabie saoudite.

Le coup d’État contre Mohammed Mossadegh a entraîné la désagrégation de la démocratie naissante du pays et devait hanter les Iraniens pour des décennies.

Soutenue par le gouvernement britannique, l’AIOC a refusé tout compromis. Le Majles a réagi en nationalisant l’industrie pétrolière iranienne. Peu après, Mossadegh a été élu Premier ministre et a immédiatement annoncé son intention de priver le Royaume-Uni du contrôle des champs pétrolifères et des raffineries iraniennes.

L’Occident n’a pas tardé à prendre des mesures de rétorsion. Lorsque Mossadegh a décidé la nationalisation, les gouvernements britannique et américain ont uni leurs forces pour pousser le chah à destituer son nouveau Premier ministre, menaçant le pétrole iranien d’un embargo international, tout en préparant secrètement un coup d’État à Téhéran.

Le président Dwight D. Eisenhower a donné sa bénédiction à ce projet. Du côté américain, les organisateurs du coup d’État étaient le secrétaire d’État chargé des Affaires étrangères John Foster Dulles, un anticommuniste enragé qui considérait Mossadegh comme un suppôt de la Russie et un « cinglé », et Allen Dulles, le nouveau directeur de la CIA, qui entretenait des liens étroits avec le MI6, agence de renseignement britannique, et adorait les opérations secrètes visant les nations qu’il jugeait susceptibles de faire l’objet d’une tentative de subversion ou d’une prise de contrôle par l’Union soviétique. Pour superviser le plan, Kermit Roosevelt, petit-fils de Theodore Roosevelt et vétéran des opérations secrètes de la CIA, a été envoyé à Téhéran.

Des agents américains et britanniques ont mené ce qu’ils ont qualifié de « contre-coup d’État » contre le gouvernement nouvellement élu, en distribuant de généreux pots-de-vin pour mobiliser des centaines de mercenaires pro-chah, qui ont déferlé dans les rues en scandant des slogans anti-gouvernementaux et en déclenchant de violents affrontements avec les partisans de Mossadegh. Pendant ce temps, le général Fazlollah Zahedi, bien disposé envers l’Occident, et des officiers militaires de droite, ainsi que la police secrète iranienne, connue sous le nom de SAVAK, ont entrepris de rétablir l’ordre et de réprimer la dissidence, en raflant les militants du parti Tudeh, en arrêtant Mossadegh et en redonnant le pouvoir au chah.

Ce n’était qu’un début

Au nom de la lutte contre le communisme, les États-Unis ont contribué à saboter une démocratie florissante au Moyen-Orient. Pour citer l’historien américain Douglas Little : « Après s’être persuadés que l’Iran était sur le point de basculer dans le communisme, Eisenhower et les frères Dulles avaient encouragé les forces pro-américaines à renverser un dirigeant iranien démocratiquement élu et à réinstaller sur le trône du Paon un dirigeant de plus en plus autocratique. »

Le coup d’État de 1953, connu en Iran sous le nom de Coup d’état du 28 Mordad, était le prélude d’une longue histoire d’opérations secrètes américaines destinées à changer des régimes et visant des dirigeants démocratiquement élus dans l’ensemble des pays du Sud. Deux décennies plus tard, au Chili, les États-Unis se sont rendus coupables d’un infâme complot visant à renverser le président socialiste élu Salvador Allende, contribuant ainsi à l’instauration d’une dictature autoritaire de droite.

En Iran, e coup d’État de 1953 n’était qu’un début. Alors que le ressentiment des Iraniens à l’égard du chah grandissait, les États-Unis ont réagi en lançant une nouvelle opération secrète au début des années 1960. Peu après son investiture, John F. Kennedy a élaboré son propre plan pour contrer l’agitation civile en Iran : une « révolution blanche ». En avril 1962, tout juste sorti de la débâcle de la Baie des Cochons, il a invité le chah Pahlavi à Washington, et les deux dirigeants ont envisagé un « plan de stabilité pour l’Iran ». Neuf mois plus tard, le chah dévoilait sa Révolution blanche, un ensemble de réformes modernisatrices « descendantes » destinées à éviter des changements radicaux « ascendants », à l’instar de la révolution rouge de Fidel Castro à Cuba. Au printemps 1963, des volontaires du Corps de la Paix américain se sont rendus en Iran pour y promouvoir la modernisation américaine et, alors que des centaines de sociétés américaines commençaient à investir dans le « miracle économique » du chah, un flux de millions de barils de pétrole quittait l’Iran à destination des alliés de la Guerre froide des États-Unis en Asie et en Europe de l’Ouest.

Pendant ce temps, les dirigeants de l’opposition iranienne, menés par Ruhollah Khomeini, ridiculisaient le chah, le qualifiant de pantin des américains et condamnaient les réformes soutenues par les États-Unis au titre de l’« occitoxification » (Gharbzadegi en persan).

À la fin des années 1960, les responsables américains pensaient que l’Iran appréciait la Révolution blanche du chah. La répression de la dissidence par le chah les a réjouis, de même que sa décision d’exiler Khomeini, qu’ils considéraient comme un « fauteur de troubles islamiques gênant. »

En avril 1962, Kennedy, tout juste sorti de la débâcle de la Baie des Cochons, a invité le chah Pahlavi à Washington, et les deux dirigeants ont envisagé un « plan de stabilité pour l’Iran ».

Richard Nixon et Henry Kissinger sont alors entrés en scène. Souhaitant à tout prix renforcer l’expansion des États-Unis au Moyen-Orient et sortir du bourbier vietnamien, l’administration Nixon considérait alors la monarchie Iranienne comme un supplétif des États-Unis. En 1972, les deux hommes se sont rendus à Téhéran, où ils ont présenté au chah leur « doctrine Nixon » : en échange de l’aide des États-Unis pour assurer la stabilité politique en Iran, les États-Unis autoriseraient le chah à acheter du matériel militaire non nucléaire provenant de l’arsenal américain, notamment des hélicoptères de combat, des avions de chasse et des frégates dotées de missiles guidés.

Le chah a adopté avec enthousiasme la nouvelle doctrine Nixon, se lançant dans des achats somptuaires de matériel militaire américain à hauteur de 13 milliards de dollars, financés par les revenus supplémentaires générés par la montée en flèche des prix du pétrole à la suite de la guerre israélo-arabe de 1973 et de l’embargo sur le pétrole arabe. Mais le boom pétrolier n’a fait que semer la zizanie dans les classes moyennes et populaires iraniennes, celles-ci considérant avec un dégoût croissant les gaspillages du chah en matière d’armement américain. Des émeutes ont éclaté dans les rues de l’Iran et ont été réprimées brutalement par le chah, avec la bénédiction des États-Unis.

Depuis son exil en Irak, Khomeini, de plus en plus populaire, a condamné l’effusion de sang et appelé au renversement du tyran soutenu par les États-Unis. La révolution iranienne n’a pas tardé à voir le jour.

Le 16 janvier 1979, le chah Pahlavi est monté à bord d’un Boeing 707 à l’aéroport Mehrabad de Téhéran et a pris, après une brève escale en Égypte, le chemin de l’exil aux États-Unis. Pour de nombreux Iraniens, donner refuge au chah était un rappel amer de la conspiration de la CIA pour renverser Mossadegh : les États-Unis, semblait-il, étaient un superpuissant voyou qui récompensait les tyrans honnis et punissait les dirigeants légitimement élus.

Après la révolution

Deux semaines après la fuite du chah, Khomeini est revenu en Iran pour la première fois après quinze ans d’exil, promettant d’établir une République islamique et de nettoyer le pays de toute influence qui pourrait encore venir du « Grand Satan ». Khomeini et ses partisans ont battu les forces de gauche qui avaient contribué à renverser le chah et ont rapidement créé leur propre État autoritaire, qui a toutefois bénéficié d’un soutien populaire en raison de son opposition à l’impérialisme américain.

Pourtant, les États-Unis ont continué à se complaire dans le déni. Les élites américaines ont rarement pris la peine de comprendre les mouvements politiques islamistes ou la branche particulière du chiisme de Khomeini. Elles n’ont jamais accepté de voir que les sentiments anti-américains qui couvaient en Iran n’étaient pas d’origine religieuse ou culturelle, ni le produit d’un « choc des civilisations » ou d’autres absurdités anachroniques, mais qu’ils trouvaient leur origine dans la longue histoire d’ingérence des États-Unis dans le pays et dans leur soutien à la dictature du chah.

Les élites américaines n’ont jamais accepté de voir que les sentiments anti-américains qui couvaient en Iran n’étaient pas d’origine religieuse ou culturelle, mais qu’ils trouvaient leur origine dans la longue histoire d’ingérence des États-Unis dans le pays.

Lorsque Ronald Reagan est entré en fonction en 1980, l’Iran était plongé dans une guerre de plus en plus meurtrière contre l’Irak, laquelle a duré huit ans et a fait un demi-million de morts, pour la plupart des Iraniens. Désireuse de régler ses comptes avec l’Iran, l’administration Reagan s’est rangée du côté de l’Irak, fournissant à Saddam Hussein des armes et des avions, des renseignements militaires et des milliards de dollars. Ce qui n’a pas empêché Reagan de conclure en toute illégalité un accord « armes contre otages » avec le gouvernement Khomeiny, dans le cadre du scandale connu sous le nom d’affaire Iran-Contra..

La guerre Iran-Irak s’est terminée par un enlisement. Enhardi par son partenariat avec les États-Unis, Saddam Hussein a envahi le Koweït trois ans plus tard, et les États-Unis se sont rapidement retrouvés en guerre contre leur ancien allié devenu un nouveau paria, l’Irak.

Enferrés dans l’hostilité

Depuis lors, la politique américaine à l’égard de l’Iran est entachée des griefs du passé et s’est enfermée dans une hostilité anachronique. Ne voulant pas se laisser distancer par ses prédécesseurs, Bill Clinton a adopté une politique de « double endiguement », se traduisant par des sanctions économiques invalidantes et des menaces militaires à titre préventif pour affaiblir l’Iran, avec pour point d’orgue la signature de la loi de 1996 sur les sanctions contre l’Iran et la Libye (Iran and Libya Sanctions Act, ILSA).

Dans le même temps, les dirigeants iraniens tentaient de rétablir des liens avec les États-Unis par une série de gestes de bonne volonté. En mai 1997, le modéré et réformateur Mohammad Khatami a été élu président et il a tendu un rameau d’olivier aux États-Unis, mais les iraniens se sont heurtés à la très forte animosité et à la méfiance de l’administration Clinton, celle-ci exigeant sans relâche que l’Iran mette fin à son programme de recherche nucléaire, comme en témoigne la loi sur la non-prolifération des armes nucléaires (Iran Nonproliferation Act) de 2000.

Avec George W. Bush, les néoconservateurs ont officiellement fait de la déstabilisation de l’Iran une vraie politique, là encore en dépit des efforts déployés par l’Iran. Quelques heures après les événements du 11 Septembre, Khatami a adressé ses condoléances à Bush, tandis que des milliers de jeunes Iraniens organisaient une veillée aux chandelles dans les rues de Téhéran. Bush a réagi en qualifiant l’Iran de régime terroriste et de membre de « l’Axe du Mal », aux côtés de l’Irak et de la Corée du Nord. (Ou « Axe de la Malédiction », selon la toute dernière formule de Benjamin Netanyahou, qui y inclut Gaza et le Liban).

Lorsque, quatorze mois plus tard, les troupes américaines ont envahi l’Irak pour déposer Saddam Hussein, c’était au tour de Khatami de condamner les États-Unis. Certains des principaux conseillers de Bush, dont le vice-président Dick Cheney, se sont réjouis en privé de la perspective d’une attaque préventive israélienne contre le complexe nucléaire iranien de Bushehr, et ont même fomenté un complot pour changer de régime à Téhéran. Peu satisfait de sa destruction aveugle de l’Irak, Bush lui-même a donné au Pentagone l’ordre de planifier une attaque contre les installations nucléaires iraniennes, ce dont l’ancien président s’est vanté dans ses mémoires.

En faisant constamment le choix de la punition économique et en cherchant des solutions militaires pour affaiblir le pays, les États-Unis se sont toujours trompés sur l’Iran – qu’il s’agisse de la CIA qui a renversé le Premier ministre démocratiquement élu Mossadegh, de Carter qui a accueilli le chah autocrate, de Reagan qui a envoyé des armes à l’Irak pendant la guerre Iran-Irak, de George W. Bush rejetant un accord sur le nucléaire iranien, ou de Donald Trump sabotant l’accord nucléaire de Barack Obama avec l’Iran et faisant assassiner Qassem Soleimani, ou encore de l’administration Biden se montrant belliciste à l’égard de l’Iran alors que les conflits régionaux se multiplient, attisant les flammes d’une guerre plus vaste – sans compter l’envoi de milliers de soldats américains de plus dans la région et l’obtention d’un paquet d’aide militaire de 8,7 milliards de dollars pour Israël.

Depuis près d’un siècle, les États-Unis s’emploient à déstabiliser l’Iran. Alors que la candidate démocrate à la présidence, une fois de plus, multiplie les tirades contre l’Iran tout en soutenant le nouvel assaut israélien contre le Liban, les responsables américains semblent n’avoir tiré aucune leçon de l’histoire.

* Seraj Assi est un écrivain palestinien vivant à Washington, et l’auteur, plus récemment, de My Life As An Alien (Tartarus Press).

mercredi 6 novembre 2024

La fille du saint (Oleg Frelikh, 1930)


 

SYNOPSIS:
Le drame "La Fille du Saint" est sorti en 1930. À cette époque, en Ouzbékistan, 
les membres du Komsomol faisaient pression sur les paysans pour qu'ils rejoignent 
les fermes collectives, mais le clergé local était contre la collectivisation. 
L'intrigue du film est basée sur ces événements.Le pauvre paysan Tursun 
a amené sa femme à la mosquée. 
Le couple n'avait pas d'enfants et Tursun croyait que sa femme était malade et 
que les prières l'aideraient. Là, l'ishan, le plus haut religieux islamique, 
en fit sa concubine. Le couple a eu une fille, Oinisa. Des années plus tard, 
Ishaan l'a vue par hasard et a décidé de l'épouser. Pour empêcher ce mariage, 
sa mère a envoyé Oinisa en ville, où elle a trouvé un emploi dans une usine textile 
et est devenue membre du Komsomol.
Puis Ishan, qui s'est opposé au régime soviétique, a persuadé Tursun de tuer sa femme 
parce qu'elle avait voué sa fille à une voie pécheresse. Mais lors de la tentative 
d'assassinat, Tursun a appris la vérité sur la naissance d'Oinisa. 
OU ALORS : Lorsque le voile intégral de sa femme Khakima tombe accidentellement, 
Abdu Nabi utilise ce prétexte pour purifier la jeune femme des mauvais 
esprits ; profitant de son impuissance, il la viole. Khakima donne 
bientôt naissance à une fille, Oinisa. 
Année de sortie : 1930. 
Durée : 58 mn.
Genre : Drame

Autres noms : Zelim Khan
 
Réalisateur(s) : Oleg FRELIKH
 
Casting:
L. JALILOVA ...Oinizo
Rustam TURA-KHOJAEV ...Tursun
S. KHOJAEV ...ishan Abdu-Nabi
Z. SHAKIROVA ...Hakim
 
Opérateur(s) : Alexander GINTSBURG