La plupart des citoyens russes ont perdu de la famille durant la guerre. Personne n’a été épargné. Plus
de dix millions de soldats russes ont péri dans les combats visant à
repousser le terrible envahisseur nazi et dans l’offensive finale
conduisant à l’occupation de Berlin à la fin d’avril 1945. Les soldats
de l’Armée Rouge morts au combat, ont été abandonnés sans sépulture — ou
dans des fosses anonymes — lors de la marche vers l’Ouest, faute de
temps. La plupart des citoyens russes ont perdu de la famille durant la
guerre. Personne n’a été épargné.
La
Grande Guerre patriotique a débuté le 22 juin 1940 à 3h30 du matin,
quand la Wehrmacht a envahi l’Union Soviétique sur le front qui s’étend
de la mer Baltique à la mer Noire avec 3,2 millions de soldats, répartis
en 150 divisions, accompagnés par 3 350 tanks, 7 184 pièces
d’artillerie, 600 000 camions et 2 000 avions de guerre. Les armées
finnoises, italiennes, roumaines, hongroises, espagnoles, et slovaques,
entre autres, ont rejoint l’armée allemande. Le Haut Commandement
allemand a estimé que l’opération « Barberousse » aboutirait à la
capitulation de l’Union Soviétique dans un délai de 4 à 6 semaines. À
l’ouest, les états majors états-uniens et britanniques validaient ces
prédictions. De surcroit, quelle armée pouvait se targuer d’avoir défait
la Wehrmacht ? L’Allemagne nazie était un colosse invincible. La
Pologne avait été balayée en quelques jours. La tentative
franco-anglaise visant à défendre la Norvège avait été un fiasco. Quand
la Wehrmacht a attaqué à l’ouest, la Belgique se hâta de quitter la zone
de combat. La France a rendu les armes en quelques semaines. L’armée
britannique a été éconduite de Dunkerque, nue, sans armes ni véhicules.
Au printemps 1941, La Yougoslavie et la Grèce ont été éliminé à moindre
coût pour les Allemands.
Les pertes au sein de l’Armée Rouge ont été colossales, deux millions de soldats morts au bout de 3 mois et demi de combat. L’armée
allemande a balayé toute résistance en Europe jusqu’à ce qu’elle
atteigne la frontière soviétique. L’Armée Rouge a été prise par
surprise, partiellement mobilisée, car le dictateur soviétique Joseph
Staline n’a pas pris au sérieux les avertissements de ses propres
services de Renseignement, ou ne voulait pas provoquer l’Allemagne
hitlérienne. Au final, ce fut une catastrophe. Mais contrairement à la
Pologne ou à la France, l’Union Soviétique ne s’est pas rendue au bout
de 4 à 6 semaines. Les pertes au sein de l’Armée Rouge ont été
colossales, deux millions de soldats morts au bout de 3 mois et demi de
combat. Les États baltes étaient perdus. Smolensk est tombée, puis
Kiev : défaite la plus cuisante de toute la guerre. Léningrad était
encerclée. Un vieil homme a demandé aux soldats « D’où vous
retranchez-vous ? » Le chaos régnait partout. Mais, dans des lieux comme
la forteresse de Brest-Litovsk, ainsi que dans des centaines de bois,
de champs, de jonctions routières, de villes et de villages anonymes,
l’Armée Rouge s’est battue jusqu’au bout. Elle a réussi à éviter
l’encerclement et a pu rejoindre ses propres lignes ou bien disparaître
dans les forêts ou les marais de Biélorussie et du nord de l’Ukraine,
s’organisant en unités de résistance pouvant mener des raids contre
l’arrière-garde allemande. À la fin de 1941, les pertes militaires
soviétiques s’élevaient à 3 millions (la majorité étant des prisonniers
de guerre, tués par des mains allemandes) ; 177 divisions ont été
anéanties. Pourtant, L’Armée Rouge continuait de se battre, faisant même
reculer les Allemands à Ielnia, au sud-est de Smolensk, à la fin du
mois d’août. La Wehrmacht a pu ressentir la morsure d’une Armée Rouge
ébranlée mais pas abattue. Les forces allemandes recensaient, en
moyenne, dans leurs rangs, 7 000 victimes par jour : une nouveauté pour
eux.
A certains endrois comme la forteresse de Litovsk, les soldats de l’Armée Rouge se sont battus jusqu’au dernier. Sur
les traces de la Wehrmacht, les escadrons de la mort SS
(Einsatzgruppen) éliminaient les Juifs, les Tziganes, les communistes,
les prisonniers de guerre soviétiques ou n’importe quel individu se
trouvant sur leur chemin. Ils ont bénéficié de l’assistance de
collaborateurs nazis, baltes et ukrainiens, pour ces crimes de masse.
Les femmes et enfants soviétiques étaient dépouillés de leurs vêtements
et alignés sur le peloton d’exécution. En plein hiver, les soldats
allemands abattaient les villageois ou les forçaient à sortir de leur
maison, tout de haillons vêtus, leur confisquant leur foyer, vêtements
d’hiver et nourriture.
À
l’ouest, ceux qui avaient prédit une débâcle russe, les sempiternels
soviétophobes, n’eurent pas l’air malin et durent revoir leurs
prévisions. L’opinion publique comprit qu’Hitler avait mis là le pied
dans un bourbier ; aucune commune mesure avec la campagne de France.
Bien que la résistance soviétique bénéficiait du soutien du citoyen
anglais, le gouvernement britannique, lui, ne fut pratiquement d’aucune
aide. Certains membres de l’exécutif étaient même réticents à considérer
l’Union Soviétique comme un allié. Churchill a interdit à la BBC de
diffuser le dimanche soir, l’hymne national soviétique,
l’Internationale, en compagnie des autres hymnes alliées.
L’opinion publique comprit qu’Hitler avait mis là le pied dans un bourbier ; aucune commune mesure avec la campagne de France. L’Armée
Rouge tout en battant en retraite continuait désespérément de se
battre. Ce n’était pas une guerre ordinaire, mais un combat d’une
violence exceptionnelle contre un envahisseur cruel, pour la défense de
sa maison, de sa famille, de son pays, et de sa vie elle-même. En
novembre, l’Armée Rouge, largua un pamphlet au dessus des lignes
allemandes citant Carl von Clausewitz, le stratège militaire prussien :
« Il est impossible d’occuper la Russie ou de la conquérir ». Bien que
tentative d’intimiditation, vu les circonstances ; cette assertion
n’était pas moins vraie. Finalement, aux portes de Moscou, en décembre
1941, l’Armée Rouge, sous le commandement de Gueorgui Joukov repoussa
une Wehrmacht épuisée, environ trois cents kilomètres plus au sud. Le
mythe de l’invincibilité nazie volait en éclat. « Barberousse » était
trop ambitieux, l’offensive éclair (blitzkrieg) avait échoué, et la
Wehrmacht subissait son premier échec sur le plan stratégique. À
Londres, Churchill accepta, à contrecœur, de laisser jouer l’hymne
soviétique par la BBC.
Le mythe de l’invincibilité nazie volait en éclat. En
1942, l’Armée Rouge continuait de subir des défaites et d’énormes
pertes, dans la mesure où elle était livrée à elle-même. Cependant, en
novembre de cette année, à Stalingrad, sur la Volga, l’Armée Rouge lança
une contre offensive qui se conclut par une victoire historique et par
la retraite de la Wehrmacht, en ce printemps 1942, à sa position
d’origine ; exception faite pour le 6e corps d’armée allemande, pris au
piège dans le chaudron de Stalingrad. Là, 22 divisions allemandes, parmi
les meilleures, furent détruites. Stalingrad fut le Verdun de la
Seconde Guerre mondiale. « Mais c’est un véritable enfer ! » ; « Non…
C’est dix fois pire ! ». À la fin de la campagne hivernale de 1943, du
côté de l’Axe, les pertes se démultipliaient : une centaine de divisions
allemandes, italiennes, roumaines, hongroises étaient anéanties ou
ravagées. Le président des États-Unis, Franklin Roosevelt, reconnut que
le conflit venait de basculer : la dernière heure de la grande Allemagne
avait sonné.
Des femmes au front lors de la bataille de Stalingrad. Février
1943. Pas une seule division britannique, états-unienne ou canadienne
ne se bat en Europe contre la Wehrmacht, seize mois avant le
débarquement en Normandie. Les Britanniques et les États-uniens
combattaient alors 2 ou 3 divisions allemandes en Afrique du Nord : un
divertissement comparé au front russe. L’opinion publique occidentale
savait qui portait à lui seul tout le fardeau de la guerre contre la
Wehrmacht. En 1942, 80 % des divisions de l’Axe étaient engagées dans le
combat contre l’Armée Rouge. Au début de 1943, il y avait 207 divisions
allemandes postées sur le front est. Les Allemands jouant leur va tout,
lancèrent une dernière offensive contre la « citadelle » de Koursk en
juillet 1943. L’opération sera un échec. L’Armée Rouge lancera une
contre offensive à travers l’Ukraine conduisant à la libération de Kiev
en novembre. Plus au nord, Smolensk avait été libérée un mois
auparavant.
L’état
d’esprit des Soviétiques était admirable, ainsi que leur Armée Rouge.
Le correspondant de guerre Vasilii Semenovich Grossman en a capturé
l’essence dans son journal intime, Nuit, tempête de neige.
Il écrit en 1942, « Les véhicules, l’artillerie, avancent en silence.
Soudain, une voix rauque se fait entendre. "Hé, quel est le chemin pour
se rendre à Berlin ?". Éclat de rire. »
L’opinion publique occidentale savait qui portait à lui seul tout le fardeau de la guerre contre la Wehrmacht. Les
soldats n’étaient pas toujours braves. Parfois, ils désertaient. « Un
chef de bataillon armés de deux revolvers se mit à hurler, "Où
courez-vous comme ça, sales fils de ***. En avant marche, pour la Mère
patrie, pour Jésus-Christ, bande d’enc*** ! Pour Staline,
merdeux !..." » Ils retournèrent à leur poste. Ces types furent
chanceux ; l’officier aurait pu les abattre. Ça arrivait parfois. Un
soldat s’est porté volontaire pour exécuter un déserteur. « Avez-vous
ressenti de la pitié pour lui ? » demanda Grossman. « Comment peut-on
parler de pitié ?! » répondit le soldat. À Stalingrad, sept Ouzbeks ont
été accusés d’auto-mutilation. Ils ont tous été exécutés. Grossman lit
une lettre retrouvée dans la poche d’un soldat soviétique mort. « Tu me
manques beaucoup. Viens me rendre visite, s’il te plait… À l’instant où
j’écris ces mots, mes larmes coulent sur le papier. Papa, s’il te plait,
viens me voir... »
Les
femmes ont combattu aux côtés des hommes en tant que snipers,
armurières, conductrice de tanks, pilotes, infirmières, dans les
mouvements de résistance. Elles ont aussi apporté de l’aide aux armées
postées en Russie. « Les villages sont devenus le royaume des femmes »
écrit Grossman « Elles conduisaient des tracteurs, gardaient les
entrepôts, les écuries… Les femmes assumaient une énorme charge de
travail. Elles prenaient toutes sortes de responsabilités, expédiaient
du pain, des avions, des armes et des munitions au front. » Quand les
combats ont fait rage sur la Volga, elles n’ont pas reproché à leurs
hommes d’avoir céder tant de terrain. « Un regard mais pas un mot »
écrit Grossman, « … pas une pointe d’amertume. » Bien que parfois, dans
les villages près du front, ce soit arrivé.
La fin de l’Allemagne nazie n’était plus qu’une question de temps.
Pendant
ce temps, les alliés occidentaux attaquèrent l’Italie. Staline a
longtemps exigé un second front en France, mais Churchill s’y opposa. Il
voulait attaquer l’Axe en son point faible, non pas pour aider l’Armée
Rouge, mais pour contrecarrer son avancée dans les Balkans. L’idée était
de traverser rapidement le nord de la péninsule italienne, puis les
Balkans, afin de de stopper la progression de l’Armée Rouge. Cependant,
Berlin se trouvait au nord-nord est. Le plan de Churchill était un
fiasco ; les Alliés occidentaux ne sont pas entrés dans Rome avant juin
1944. Il y avait approximativement 20 divisions allemandes en Italie se
battant contre des forces alliées plus conséquentes. À l’est, il restait
encore plus deux cents divisions de l’Axe, soit dix fois plus qu’en
Italie. Le 6 juin 1944, quand l’opération Overlord débuta en Normandie,
l’Armée Rouge stationna sur les frontières polonaises et roumaines. Une
quinzaine de jours après le débarquement en Normandie, l’Armée Rouge
lança l’opération Bagration, une offensive massive qui aboutit à une
percée en plein milieu de la ligne de front allemande à l’est et à une
avancée de plus de 500 kilomètres vers l’ouest, pendant que les alliés
occidentaux restaient bloqués dans la péninsule du Cotentin, en
Normandie. L’Armée Rouge était irrésistible. La chute de l’Allemagne
nazie n’était plus qu’une question de temps. Quand le conflit prit fin
en mai 1945, il s’avéra que l’Armée Rouge avait été responsable de 80 %
des pertes de la Wehrmacht et plus si on considère la période qui
précède le débarquement en Normandie. « Ceux qui n’ont pu vivre la
rudesse de l’été 1941 » écrit Vasily Grossman, « ne pourront apprécier
complétement la joie procurée par cette victoire ». Les troupes comme le
peuple chantaient de nombreux hymnes pour garder le morale. Sviashchennaia voina, « sacrée guerre » était une des plus populaires. Les Russes se lèvent toujours lorsqu’ils l’entendent.
Une
polémique persiste chez les historiens. Quel est le moment clé de la
guerre en Europe ? Certains proposent le 22 juin 1941, le jour où la
Wehrmacht a franchi la frontière soviétique. D’autres mettent le doigt
sur les batailles de Moscou, Stalingrad ou Koursk. Durant la guerre,
l’opinion publique occidentale semblait plus acquise à la cause de
l’Armée Rouge que certains dirigeants occidentaux, comme Winston
Churchill. Roosevelt, lui, qui était un dirigeant politique bien plus
pragmatique, a volontiers reconnu le rôle prépondérant joué par les
Soviétiques dans la guerre contre l’Allemagne nazie. L’Armée rouge,
déclarait-il à un général dubitatif en 1942, a tué plus de soldats
allemands et détruit plus de chars allemands que tout le reste de la
coalition alliée réunie. Roosevelt savait que l’Union Soviétique était
la clé de voûte de la grande coalition contre l’Allemagne nazie.
J’appelle FDR (Franklin Delano Roosevelt) : le parrain de la « grande
alliance ». Néanmoins, les principaux détracteurs de l’Union soviétique
restaient tapis dans l’ombre attendant le bon moment pour refaire
surface. Plus la victoire sur l’Allemagne nazie semblait assurée, plus
les opposants à la grande alliance se faisaient entendre.
Les
États-uniens peuvent être un peu « soupe au lait » lorsque l’on évoque
le rôle essentiel joué par l’Armée rouge dans la destruction de la
Wehrmacht. « Que faites-vous du prêt-bail ? » répondent-ils, « sans
notre soutien logistique, l’Union soviétique n’aurait pas battu les
Allemands. » En réalité, la plupart du matériel fourni dans le cadre du
prêt-bail n’arriva en URSS qu’après Stalingrad. Les soldats de l’Armée
Rouge, facétieux, aimaient appelés les boites de conserve, reçues par le
biais du prêt-bail, « le deuxième front » dans la mesure où le vrai se
faisait un peu tardif. En 1942, l’industrie soviétique produisait déjà
bien plus d’armes que l’Allemagne nazie. Le T-34 était-il un char
états-unien ou russe ? Staline a toujours su être reconnaissant envers
le gouvernement US pour les Jeeps et les camions Studebaker. Ils ont
accru la mobilité de l’Armée rouge. Vous avez fourni l’aluminium, aiment
à répondre les Russes, nous avons fourni… le sang. Des rivières de
sang...
Tout un chacun, en Europe et aux États-Unis, savaient très bien à qui attribuer le succès contre la Wehrmacht. À
peine la guerre fut-elle terminée que le Royaume-Uni et les États-Unis
commencèrent à envisager une autre guerre, cette fois contre l’Union
Soviétique. En mai 1945, le haut commandement britannique élabore le
plan « unthinkable » (impensable), une offensive top-secrète, avec le
renfort des prisonniers de guerre allemands, contre l’Armée Rouge. Les
salauds ! Les ingrats ! En septembre 1945, les États-uniens envisagèrent
l’utilisation de 204 bombes atomiques afin de rayer l’Union Soviétique
de la carte. Le président Roosevelt venait de décéder en avril et en
quelques semaines les États-uniens soviétophobes appliquaient déjà une
politique diamétralement opposée. La Grande Alliance n’était qu’une
trêve au milieu de la guerre Froide, qui avait pour origine la prise du
pouvoir par les Bolcheviks en novembre 1917 ; cette dernière redevenait
d’actualité en 1945 maintenant le conflit terminé.
À
ce moment là, les gouvernements états-uniens et britanniques avaient
toujours l’opinion publique contre eux. Tout un chacun, en Europe et aux
États-Unis, savaient très bien à qui attribuer le succès contre la
Wehrmacht. Il n’était pas possible d’adopter à nouveau, comme si de rien
n’était, la stratégie éculée de la haine envers l’Union Soviétique sans
faire oublier le rôle prépondérant de l’Armée Rouge dans la victoire
commune contre l’Allemagne hitlérienne. Les Occidentaux ont donc
ressorti le dossier sur le pacte de non-agression d’août 1939 entre
Hitler et Staline en omettant volontairement de mentionner certains
faits antécédents, comme l’opposition franco-anglaise à la proposition
soviétique d’un traité de sécurité collective contre l’Allemagne nazie
et, surtout, la trahison envers la Tchécoslovaquie, livrée aux Allemands
(Accords de Munich, 1938). Comme des cambrioleurs en pleine nuit,
Londres et Washington s’attribuèrent le crédit de la victoire contre
l’Allemagne nazie.
Déjà
en décembre 1939, les Britanniques prévoyaient de publier un livre
blanc attribuant la responsabilité de l’échec des négociations
(printemps-été 1939) à Moscou en vue d’une alliance entre Anglais,
Français et Soviétiques. Les Français se sont opposés à ce projet car le
livre blanc risquait de permettre à l’opinion publique de prendre
conscience du caractère effectif de la résistance soviétique contre le
nazisme, ce qui n’a pas été le cas côté anglais ou français. Ainsi, le
livre blanc a terminé sur une étagère. En 1948, Le département d’État
états-unien a diffusé une série de documents attribuant la
responsabilité de la Seconde Guerre mondiale à Hitler et Staline. Moscou
a riposté en publiant à son tour des documents mettant en évidence les
liens étroits entre le monde occidental et le régime nazi. Beaucoup
d’énergie fut déployée pour que l’on se souvienne de l’Union Soviétique
comme signataire du pacte de non-agression et non comme le principal
responsable de la destruction de la Wehrmacht.
Les Occidentaux ont ressorti le dossier sur le pacte de non-aggression d’août 1939 entre Hitler et Staline. Qui
n’a pas vu un de ces films hollywoodiens dans lesquels le débarquement
en Normandie est présenté comme un tournant de la guerre ? « Que
serait-il advenu si le débarquement avait échoué ? » entend-on souvent
« Oh…, pas grand-chose... » est la réponse qui convient. La guerre
aurait duré plus longtemps, et l’Armée Rouge, venant de l’Est, aurait
planté ses étendards sur les plages de Normandie. Puis, il y a les films
qui présentent la campagne de bombardement de l’Allemagne par les
alliés comme le facteur décisif dans la victoire de ces derniers. Dans
les films hollywoodiens sur la Seconde Guerre mondiale, l’Armée Rouge
est invisible. C’est comme si les États-uniens (et les Britanniques) se
couronnaient de lauriers qu’ils ne méritaient pas.
J’aime
posé cette question à mes étudiants lorsque l’on aborde la Seconde
Guerre mondiale : qui a entendu parler de l’opération Overlord ? Tout le
monde lève le main. Puis je demande : qui a entendu parler de
l’opération Bagration ? Quasiment personne ne se manifeste. Je demande,
facétieux, qui a gagné la guerre contre l’Allemagne nazie et la réponse
est évidemment : « les Américains ». Seuls quelques étudiants, en
général ceux qui ont eu d’autres cours avec moi, répondent : l’Union
Soviétique.
Difficile pour la vérité de se frayer un chemin vers la lumière dans un monde occidental où les « fakes news »
(mensonges) sont la norme. L’OSCE (l’Organisation pour la sécurité et
la coopération en Europe) et le Parlement européen attribuent la
responsabilité de la guerre à l’Union Soviétique, sous-entendant la
Russie et le président Vladimir Poutine. Hitler est quasiment omis dans
ce tohu-bohu d’accusations sans fondements. Soutiennent cette version
malhonnête des faits historiques : les États baltes, la Pologne et
l’Ukraine, vociférant leur haine de la Russie. Les Baltes et les
Ukrainiens célèbrent aujourd’hui, comme gloire nationale, les
collaborateurs nazis et leurs agissements. En Pologne, la pilule est
dure à avaler pour certains ; ils se souviennent trop bien des
collaborateurs nazis ukrainiens qui ont assassiné des dizaines de
milliers de Polonais en Volhynie. Malheureusement, de tels souvenirs
n’ont pas empêché les hooligans polonais de vandaliser les monuments aux
morts de l’Armée Rouge, ainsi que de profaner les cimetières de guerre
soviétiques. Les nationalistes polonais ne veulent pas se souvenir de
l’Armée Rouge libérant la Pologne de l’Allemagne nazie.
Les
vétérans, de moins en moins nombreux chaque année, continuent de porter
des uniformes qui ne leur vont plus guère ou des treillis usés,
parsemés de médailles et de récompenses diverses. En
Russie, cependant, la propagande mensongère des Occidentaux n’a aucun
effet. L’Union Soviétique, ainsi que la Fédération de Russie, a produit
ses propres films sur la Seconde Guerre mondiale, les plus récents sur
la défense de la forteresse de Brest-Litovsk et de Sébastopol, et sur la
bataille de Stalingrad. Le 9 mai, chaque Russe a une pensée pour les
les millions de soldats qui se sont battus et ont perdu la vie ainsi que
pour les millions de civils qui ont souffert et sont morts entre les
mains de l’envahisseur nazi. Les vétérans, de moins en moins nombreux
chaque année, continuent de porter des uniformes qui ne leur vont plus
guère ou des treillis usés, parsemés de médailles et de récompenses
diverses. « Traitez-les avec tact et respect » écrit Youkov dans ses
mémoires : « C’est le moins que vous puissiez faire après ce qu’ils ont
fait pour vous entre 1941 et 1945. » Lorsque je les observais en ce jour
de commémoration, il y a quelques années, je me demandais comment ils
ont pu composer avec la menace de mort permanente, la désolation et
toutes ces épreuves.
Une marche des « immortels » à Moscou.
De
nos jours, chaque année en ce 9 mai, le régiment des « immortels »
défile. Les Russes, aux quatre coins du pays et à l’étranger, marchent
ensemble en portant des photographies grand format de membres de leur
famille, hommes ou femmes, qui se sont battus pendant la guerre. « Nous
ne vous oublions pas » , ils semblent dire « et ne vous oublierons
jamais. »
Michael Jabara Carley
Traduction Jean-Marc Chicot Source Strategic Culture Foundation (Russie)
***
AJOUTS PERSONNELS
Deux jour après le lancement de l'opération Barbarossa par les nazis allemands et leurs alliés européens, le 24 juin 1941, Harry s. Truman (futur président des USA), déclarait:
"Si nous voyons l'Allemagne gagner, nous devrions aider la Russie et, si la Russie est en train de gagner, nous devrions aider l'Allemagne, pour que le plus grand nombre périsse des deux côtés."
Si l'on veut comprendre, a minima, la guerre à l'Est, voir le film d'Elem KLIMOV, Requiem pour un massacre, de 1985. L'action se déroule sur le territoire de la Biélorussie soviétique en 1943. En France, on connait le massacre d'Oradour-sur-Glane, commis par la division SS Das Reich. Elle a opéré avec d'autres en Biélorussie, où il eut 600 villages massacrés de la sorte...600 Oradour-sur-Glane.