jeudi 18 avril 2024

La Grasse Matinée, chanson interprétée par Marianne Oswald

« Je suppose que c'est cette puissance rouge d'incendie, de mégot, de torche, de phare, de fanal, qui l'habite, cet acharnement de braise, cette chaleur de gaz d'acétylène, de magnésium et de lampe à souder, qui forment l'efficacité de cette chanteuse, de cette mime que bien des esprits repoussent, mais qui s'impose malgré tout. » (Jean Cocteau)

  

Il est terrible
 le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain 
il est terrible ce bruit 
quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim 
 elle est terrible aussi la tête de l'homme 
qui a faim 
quand il se regarde à six heures du matin 
dans la glace du grand magasin 
une tête couleur de poussière 
ce n'est pas sa tête pourtant qu'il regarde 
dans la vitrine de chez Potin 
il s'en fout de sa tête l'homme 
il n'y pense pas 
 il songe 
 il imagine une autre tête 
une tête de veau par exemple 
avec une sauce de vinaigre 
ou une tête de n'importe quoi qui se mange 
 et il remue doucement la mâchoire 
doucement 
et il grince des dents doucement 
car le monde se paye sa tête 
et il ne peut rien contre ce monde 
et il compte sur ses doigts un deux trois 
un deux trois 
cela fait trois jours qu'il n'a pas mangé 
 et il a beau se répéter depuis trois jours 
Ça ne peut pas durer 
ça dure trois jours 
 trois nuits 
sans manger 
et derrière ces vitres 
 ces pâtés ces bouteilles ces conserves 
poissons morts protégés par les boîtes 
boîtes protégées par les vitres vitres 
protégées par les flics 
 flics protégés par la crainte 
que de barricades pour six malheureuses sardines.. 
Un peu plus loin le bistrot 
café-crème et croissants chauds 
l'homme titube 
et dans l'intérieur de sa tête 
un brouillard de mots 
un brouillard de mots 
sardines à manger 
oeuf dur café-crème 
café arrosé rhum 
café-crème 
 café-crème 
café-crime, arrosé sang !... 
Un homme très estimé dans son quartier 
 a été égorgé en plein jour 
l'assassin le vagabond lui a volé 
deux francs 
soit un café arrosé 
zéro franc soixante-dix 
 deux tartines beurrées 
et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon. 
Il est terrible le petit bruit de l’œuf dur cassé sur un comptoir d'étain 
 il est terrible ce bruit 
quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim

                                                     

Le Chemin de la Vie (Nikolai Ekk, Anton Makarenko, URSS, 1931)


 L'éducation morale dans la pédagogie de Makarenko

mercredi 17 avril 2024

À pas lentes (Cinélutte, France, 1977)


 

Anatomie d'un supermarché (Cinélutte, France, 1974)


 

Les Enfants des Courants d'Air (Edouard Luntz, 1959)


 Presque sans dialogues, sur une trame fictionnelle minimaliste — l'histoire, sur une journée, d'un enfant et de son grand-père — le film évoque la vie dans un bidonville espagnol de la Plaine Saint-Denis, entre terrains vagues et tours en construction. Comme un oiseau fuyant sa cage, la musique de flûte d'Eugène Kurtz (un élève d’Honegger et de Messiaen), s'envole en contrepoint du drame. Prix Jean Vigo 1960.


El Gabinete del Doctor Caligari (Alemania, 1920)


 

Révolution interplanétaire (Nikolai Khodataev, Zenon Komisarenko, Yuri Merkulov, URSS, 1924)

 


El acorazado Potemkine (Sergei Eisenstein, URSS,1925)


 

mardi 16 avril 2024

L'électrification (Ivan Aksenchuk, URSS, 1972)


 

Chansons des années de feu (Inessa Kovalevskaya, URSS, 1971)


 

La pierre brûlante (Perch Sarkissian, URSS, 1965)


 

Chroniques de guerre (Dimitri Babichenko, URSS, 1939)


 

Destination la victoire (Viktor Pokolnikov, Dimitri Babichenko et Leonid Amalrik, URSS, 1939)

 


Avance avec le temps (Vladimir Tarasov, URSS, 1977)


 

 
Fantaisie animée basée sur l'oeuvre de Vladimir Maïakovsky

dimanche 14 avril 2024

Tempête sur l'Asie (Vsevolod Poudovkine, URSS, 1928)


 La dernière partie du film est un clip au montage constructiviste et totalement épique. Menées par le Gengis Khan rouges (Valéry Inkijinoff), les hordes mongoles, sabre au clair dans la lumière de la steppe, foncent sur le monde: RÉGÉNÉRATION, SUS AUX IMPÉRIALISTES!

dimanche 7 avril 2024

Les Mendiants de la vie (Wellman, 1928)

 Le film de Louise Brooks préféré de Louise Brooks 



"La situation de la classe laborieuse en France", Antoine Vatan, 2023

SOURCE: https://www.initiative-communiste.fr/articles/culture-debats/la-situation-de-la-classe-laborieuse-en-france/

Les éditions Delga ont publié un livre d’Antoine VATAN : « La situation de la classe laborieuse en France »

Il s’agit pour nous d’un livre majeur tant pour éclairer de façon scientifique la situation des travailleurs en France que pour la remarquable maîtrise des concepts de la critique de l’économie politique , donc du matérialisme historique, par l’auteur.

Nous avons écrit travailleurs pour laisser le lecteur découvrir qu’il s’agit en réalité de prolétaires.

S’appuyant sur la définition exacte du terme : celui qui n’ayant que ses bras et/ou  sa tête pour toute richesse doit se vendre – vendre sa force d travail-  contre un salaire.

Et Antoine Vatan  élargit encore le champ du prolétariat en montrant d’une part la baisse du nombre de travailleurs indépendants et d’autre part que ce travailleur est en réalité dépendant,  insérer dans les mailles des monopoles, du capital.et  que de plus  les ‘indépendants’ sont en réalité  soumis à une exploitation encore plus féroce, forcés d’avancer le capital constant  (leur scooter ou leur voiture par exemple) nécessaire à leur activité.

Si ce rappel est  l’essentiel, il ya dans ce livre beaucoup plus. Ce que montre Antoine Vatan c’est qu’au delà d’une très mince couche de cadres  très supérieurs ou dirigeants dont la seule fonction est de contrôler le travail des autres, qu’Antoine Vatan appelé fort justement les ‘Kapos,’ et qui vivent de la plus-value de ceux qu’ils oppriment, il y a une sorte de communauté de destin salarial entre tous les prolétaires du plus humble employé ou ouvrier non qualifié jusque’à l’ingénieur ou cadre. Cette relative solidarité Antoine Vatan la démontre, en utilisant  de façon pertinentes les statistiques disponibles , et montrant que pour toutes les couches de salariés il ya eu baisse du niveau de vie et donc paupérisation  et que cette baisse a touché plus  particulièrement  les salaires les plus élevés – le 9ème  décile – entre 1980 et 2017.

Poussant jusqu’au bout les analyses Antoine Vatan dresse un tableau très réaliste et qui surprendra bien des lecteurs, de la situation du prolétariat en France sans omettre aucune des contradictions qu’il peut bien évidemment y avoir entre un cadre et un salarié non-qualifié.

Mais il a y plus encore. Antoine Vatan montre qu’il faut faire une différence entre lutte (des classes) opposant les prolétaires aux capitalistes et concurrence entre salariés, concurrence organisée par le capital pour contrecarrer la baisse du taux de profit, dynamique majeur du développement capitaliste,  par la hausse du taux d’exploitation.C’est un point des plus importants dans ce livre,  que la relation clairement exposée  entre la situation faite aux prolétaires et la nécessité d’augmenter toujours plus le taux d’exploitation.  La baisse du taux de profit et la volonté  des capitalistes de la combattre est à la racine des évolution sociales.

Notons au passage que l’auteur montre toute la validité , comme expression de la contradiction fondamentale du développement capitaliste,  des concepts de surproduction/ suraccumulation du capital, concepts malheureusement biens oubliés et pourtant bien féconds.

C’est un point des plus importants dans ce livre, que la relation clairement exposée  entre la situation faite aux prolétaires et la nécessité d’augmenter toujours plus le taux d’exploitation.  La baisse du taux de profit et la volonté  des capitalistes de la combattre est à la racine des évolution sociales

C’est encore démontré en analysant ce que l’auteur appelle les formes détournées de l’exploitation ,hors de la sphère de la production, notamment à travers le système du crédit, qui permet à la classe capitaliste de reprendre une partie des salaires – le capital variable  – versés aux prolétaires.

Tout lecteur un peu assidu du Capital verra à quel point l’auteur a compris et assimilé les schémas de la reproduction élargie du capital de Marx .

Une des conséquences de cette baisse du taux de profit qu’Antoine Vatan tire très justement c’est qu’il ne saurait y avoir de re-industrialisation de la France impérialiste sans élévation du taux d’exploitation. Derrière les discours  de droite, macroniste ou républicain, social-démocrate  ou encore d’extrême droite fasciste, il  ya la menace d’une  nouvelle détérioration des conditions de travail et de vie des prolétaires. Et c’est pourquoi il ne saurait y  avoir de re-industrialisation véritable que socialiste.

C’est un autre mérite du livre que de caractériser par une analyse minutieuse le système économique français comme un impérialisme ce qui est profondément juste.

La distinction que fait l’auteur entre Etat et appareil administratif d’Etat, distinction que nous laisserons le lecteur découvrir est aussi un point d’appui  politique pour les luttes de classe.

Ce livre ,qui nous apprend à débusquer derrière chaque geste de la vie sociale quotidienne l’omniprésente exploitation quel qu’en soit la forme, tant pour la compréhension de la société française que pour le matérialisme historique à l’œuvre, fera date.


 

Les mille vies de Jorge Semprun

 


Les deux mémoires de Jorge Semprun (film, 1964)