samedi 14 septembre 2024

Luciano Emmer y Enrico Gras filman El Jardin de las Delicias de El Bosco (1948)


 

El capitalismo del quinto Kondratiev. Acumulación de capital, tecnología digital y procesos socioinstitucionales

Miguel A. Rivera Ríos, Oscar D. Araujo Loredo, Josué García Veiga, J. Benjamín Lujano López

El capitalismo del quinto Kondratiev. Acumulación de capital, tecnología digital y procesos socioinstitucionales, México, FONDO DE CULTURA ECONÓMICA (FCE), 2023

1. Tiempo y reacciones económicas 2. Innovaciones tecnologícas - Aspectos económicos 3. Tecnología de la Información - Aspectos económicos 4. Capitalismo - Siglo XXI 5. Kondratiev, Nicolai D. - Modelos económicos

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jeudi 12 septembre 2024

Guy Debord à la fête de l'Humanité en 1955

[Source -> Guy Debord, Correspondance, volume "0" (septembre 1951- juillet 1957), Librairie Arthème Fayard, 2010, p. 71]
 
  
– Extrait de lettre de Guy Debord à Gil J Wolman du mercredi 7 septembre 1955 –

Je me suis finalement rendu à la fête de l'Huma [fête annuelle organisée par le journal L'Humanité], le samedi soir assez tard: assez jolies tendances à la dérive – dans l'avenue Lénine qui commence un peu partout on s'entend crier par haut-parleurs. "camarades, buvez un verre de (mousseux) contre la répression en Algérie"

ou: 

"Mangez une choucroute pour les métallos de Nantes"

et même:

"Buvez de la vodka de Moscou – 80 francs le verre, pour la détente..."

ou à peu de choses près.

On aboutit à quelques places très floues perdus dans des petits bosquets d'arbres, et dites: de l'unité, Karl Marx, etc.

Mais aussi l'iconographie habituelle, le portrait de Maurice [Thorez, secrétaire du parti communiste français] partout  – des chansons idiotes, du folklore à n'y pas croire, les communistes d'Auvergne étant vêtus en Auvergnats, ceux de Brest en Bretons, et ainsi de suite: Louis XVI n'aurait pu souhaiter mieux.

Relevé sur un stand de librairie en lettres énormes: une phrase de Lénine juge tristement cette kermesse:

SANS THÉORIE RÉVOLUTIONNAIRE PAS D'ACTION RÉVOLUTIONNAIRE.

Nous fûmes bien seul à rire.

*** 

Fête de L'Humanité 1946


 

Le désordre (Jacques Baratier, 1950)

 Dès le début on entend les onomatopées lettristes de Gabriel Pomerand. C'est aussi lui que l'on voit en premier, remontant des quais pour entrer dans le Saint-Germain existentialiste-lettriste. Et après Boris Vian à la trompette, puis toutes les autres "figures", Jacques Audiberti dans les décombres de guerre, Juliette Greco qui y chante, croisant Marcello Pagliero et Raymond Queneau. Tout le Paris bohème passe du Flore aux caves: Simone de Beauvoir, Annabelle, Roger Pierre, Anne-Marie Cazalis, Alexandre Astruc, Claude Luter et son orchestre, Jean Cocteau, Orson Welles, etc... Et même Ferdinand Lop, le farfelu candidat aux élections (celui qui voulait prolonger le boulevard Saint-Michel jusqu'à la mer).
 

 
...sont quand même bien bourges même si certains crevaient la dalle.

Comment Israël a aidé à la mise en place – et continue de soutenir – le régime brutal de la Guinée équatoriale

 SOURCE SECONDAIRE: https://www.les-crises.fr/comment-israel-a-aide-a-la-mise-en-place-et-continue-de-soutenir-le-regime-brutal-de-la-guinee-equatoriale/

Israël a aidé de nombreuses dictatures impitoyables. Mais il est encore difficile de comprendre son rôle en Guinée équatoriale.

Source : Haaretz, Eitay Mack
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le premier président de la Guinée équatoriale, Francisco Macías Nguema, sur une photo non datée. « Schizophrène et aux réactions imprévisibles », selon un diplomate américain. Crédit : Sigfrid Casals/Cover/Getty Images

La République de Guinée équatoriale, petit pays situé sur la côte ouest de l’Afrique et peuplé d’environ 1,5 million d’habitants, est l’une des dictatures les plus connues au monde. Depuis que le pays s’est libéré de la domination coloniale espagnole et qu’il a obtenu son indépendance le 12 octobre 1968, la Guinée équatoriale est un État policier brutal qui ne respecte aucun des droits humains et civils, même les plus élémentaires. Les gens sont régulièrement arrêtés sans aucune forme de procès et les militants des droits humains, les journalistes, les personnalités de l’opposition ou toute autre personne que les forces de sécurité considèrent comme faisant partie de ces catégories courrent le risque d’être torturés, voire assassinés. La liberté d’expression, la liberté de la presse et la liberté d’association y sont inexistantes. Le président du pays, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, est le plus ancien dictateur au monde. Il est au pouvoir depuis 1979, date à laquelle il a déposé son oncle, Francisco Macías Nguema, lors d’un coup d’État sanglant.

Et donc, comment la Guinée équatoriale est-elle devenue l’un des meilleurs amis d’Israël en Afrique, annonçant même, en 2021, son intention de transférer son ambassade à Jérusalem ? L’une des raisons possibles est que la Guinée équatoriale est l’un des cinq plus grands exportateurs de pétrole d’Afrique, ce qui lui confère un intérêt économique aux yeux d’Israël. Mais des dossiers déclassifiés du ministère des affaires étrangères révèlent qu’Israël a soutenu le gouvernement de la Guinée équatoriale des décennies avant de devenir dépendant de son pétrole, et que déjà alors, Israël a contribué à la mise en place de l’infrastructure de son État policier.

Israël a adopté cette ligne de conduite en dépit d’un nombre incalculable d’éléments indiquant que le président Macías n’était pas sain d’esprit et qu’il souffrait de paranoïa et de schizophrénie. Dans le but d’obtenir le soutien de la Guinée équatoriale dans les forums internationaux, Israël n’a tenu aucun compte de l’état mental de Macías et de sa cruauté à l’encontre de ses opposants réels ou supposés.

Selon des câbles du ministère des affaires étrangères, qui sont maintenant accessibles depuis deux ans, Israël n’a apparemment pas fourni d’armes aux forces de sécurité de Macías, son régime n’avait pas les moyens de les payer et disposait de toute façon de suffisamment de fusils laissés derrière eux par les colonisateurs espagnols. En revanche, Israël a aidé le président dans ce qui était le plus important pour lui : la formation et la réorganisation des forces de sécurité intérieure, qui étaient dans un état de délabrement total après le départ de tout le réseau de commandement espagnol. Si Israël n’a aucun intérêt à donner des armes gratuitement, l’envoi de consultants et de formateurs est considéré comme un « cadeau » bon marché, puisqu’il suffit de payer les salaires de ceux-ci et de leur verser quelques indemnités.

Voilà comment, dans une revue du ministère des affaires étrangères en septembre 1986, les années du président Macías ont été résumées, sans qu’il soit fait mention de l’aide israélienne apportée pour l’aider à établir son État policier : « La Guinée équatoriale, lointaine colonie espagnole, n’a obtenu son indépendance qu’en 1968, mais quelques mois plus tard, Macías, élu, prenait le pouvoir. […] Le régime de terreur meurtrier a réduit la population (selon les estimations) d’un tiers, le pays est devenu l’un des pays les plus arriérés d’Afrique. »

Macías a chaleureusement remercié Israël pour son aide. Un câble envoyé au ministère des Affaires étrangères le 3 juin 1969 par Shlomo Havilio, l’ambassadeur au Cameroun, également accrédité auprès de la Guinée équatoriale, note que le président « a insisté sur sa plus chaleureuse amitié à l’égard d’Israël, il comprend l’importance de notre lutte contre les Arabes et il est de notre côté ». Dans un câble envoyé à Jérusalem en mars 1970, le successeur de Havilio, le Dr. Shaul Levin, rapporte qu’il a rencontré Macías, qui lui a fait part de sa confiance en déclarant : « Les liens d’amitié qui nous unissent continueront à se renforcer autant qu’il en aura besoin, comme le prouve notre volonté de l’aider à o;rganiser ses forces armées. »

Levin a écrit que « Macías a bondi de sa chaise, m’a serré dans ses bras et m’a embrassé à plusieurs reprises, en disant : « Vous savez, Israël est notre ami le plus sincère et le plus loyal, nous savons que vous ne prêterez jamais main forte à des manigances à notre encontre. Il a ajouté : Chaque nuit, je prie pour le bien d’Israël. » Dans le même câble, l’ambassadeur note qu’il a également rencontré un représentant des Etats-Unis sur place, qui lui a confié : « Le régime impose la terreur et la police fait un carnage dans les rues. »

Le président déchu Francisco Macías Nguema, lors de son procès, le 10 avril 1979. Il a été exécuté le même jour et son neveu a pris sa place. Credit : AFP

Les accolades et les baisers du président s’expliquent apparemment par l’extrême paranoïa dont il souffre, celle-ci le pousse à croire que d’innombrables complots visant à le destituer se tramaient et que seul Israël était prêt à l’aider à les déjouer. Dans deux câbles adressés au ministère des Affaires étrangères en 1969, Havilio rapporte que, selon Macías, une tentative de coup d’État ratée contre lui avait été préparée le 4 mars de cette année-là par le ministre des Affaires étrangères du pays. C’est ce qui a servi de prétexte au président pour liquider physiquement « ses principaux rivaux », dont l’ambassadeur du pays auprès des Nations unies, « mort sous la torture », le ministre des affaires étrangères lui-même et « des dizaines, voire des centaines de prisonniers politiques, parmi lesquels la plupart des membres du personnel du ministère des affaires étrangères ».

Le 25 février 1970, un câble de l’ambassadeur Levin indique que le président Macías prétend qu’il y a eu une nouvelle tentative de coup d’État à son encontre et qu’il a renforcé la « surveillance policière » ; il serait sujet à de « fréquentes sautes d’humeur » et aurait apparemment fait une « crise de nerfs ». Deux semaines plus tard, le 6 mars, un conseiller de l’ambassade d’Israël à Washington, Yohanan Bein, rapporte à Jérusalem que le directeur adjoint de la section Afrique de l’Ouest du Département d’Etat lui a dit que Macías était « schizophrène et avait des réactions imprévisibles ». Il a ajouté que le président de la Guinée Équatoriale avait accusé le New York Times d’être « un journal fasciste dirigé par des Juifs dans un pays fasciste ».

Yaakov Keinan, représentant de l’ambassade d’Israël au Cameroun, pays voisin, a informé Jérusalem dans un câble du 18 mai 1970 que l’ambassadeur de Guinée équatoriale au Cameroun lui avait fait savoir que « le président n’est pas sain d’esprit et gouverne sa population et son administration en tyran ». Six mois plus tard, le 23 novembre 1970, l’ambassadeur Levin informe le ministère des Affaires étrangères que « l’état mental du président Macías est proche de la dépression nerveuse et il souffre d’un délire de persécution ». S’en sont suivies des arrestations en masse, cette fois au sein de sa propre tribu, et de nombreux ministres et gouverneurs de district ont également été emprisonnés, tout cela en raison de la défiance pathologique du chef de l’État.

Le 17 septembre 1971, l’ambassadeur d’Israël au Congo, Haïm Yaari, rapporte au ministère des Affaires étrangères que l’ambassadeur américain lui a dit que Macías souffrait de « paranoïa » et qu’il « pense que des complots divers et variés sont ourdis pour l’assassiner ou le déposer, il est de plus convaincu que des diplomates étrangers en sont également à l’origine ». Dans la foulée, « des personnes sont arrêtées, torturées et exécutées sans jugement […] En fait, personne ne reste fidèle à Macías, mais son système de terreur ne permet pas actuellement de le déposer ou de le liquider ».

Loin de considérer les rapports sur l’état mental du président comme un signal d’alarme, Israël y a vu une opportunité. Dans un câble daté du 28 mars 1969, l’ambassadeur Havilio déclare que Macías a demandé une aide immédiate à Israël « pour préparer une force de police destinée à maintenir l’ordre ». Six semaines plus tard, le 13 mai, Havilio recommande à Israël d’accéder à cette demande, car une telle aide « revêt une dimension pragmatique et psychologique qui dépassera de loin tout autre aspect du point de vue de nos relations avec le président ».

À cette fin, le mois suivant, Israël a envoyé en Guinée équatoriale un officier de police ayant le grade de commandant pour préparer une étude sur l’état des forces de sécurité intérieure du pays. L’officier a formulé des recommandations pour réorganiser celles-ci et renforcer encore le contrôle du président, en lui transférant la responsabilité de toutes les enquêtes de police, lesquelles étaient jusqu’alors partiellement supervisées par le ministère de l’intérieur. Il a également préconisé qu’Israël apporte son aide à la réorganisation, la formation et l’équipement de l’unité de contrôle aux frontières, ainsi qu’à la modernisation de la garde présidentielle, de la police et de la garde nationale.

Le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo lors de la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance de son pays, en 2018. Crédit : Arda Kucukkaya/Anadolu via AFP

Au terme de discussions menées à Jérusalem à la fin de 1969, il a été décidé d’envoyer dans le pays une équipe de six personnes (comptant des représentants de la police, de l’armée, du service de sécurité Shin Bet et du Mossad) pour jouer le rôle de conseillers et d’instructeurs, mais aussi un officier supplémentaire « pour réorganiser la Garde présidentielle » et fournir à la police du matériel de communication, à la Garde présidentielle quelques jeeps et motos ainsi que quelques armes, en plus de formations policières dispensées en Israël. En fin de compte, selon les câbles, alors que les missions de formation et de conseil ont été menées à bien, les seuls équipements que Macías a reçus sont deux Jeeps Land Rover et six motos Honda arborant des logos de la police et de l’équipement, le tout accompagné d’uniformes et de bérets au bénéfice de 120 officiers de police. En mai 1970, Israël a approuvé une mission de deux ans d’un commandant de police auprès de la Guinée équatoriale, afin d’agir en tant que conseiller et de « constituer » une force de police locale.

En octobre 1973, au lendemain de la guerre du Kippour, la Guinée équatoriale a rejoint la plupart des autres pays du continent africain en rompant ses relations avec Israël. Cependant, entre 1979 et 1985, la Guinée équatoriale a décidé de s’absenter ou de s’abstenir lors des votes des Nations unies concernant Israël, plutôt que de voter contre, ce qui a constitué une évolution positive du point de vue d’Israël. En mai 1985, des négociations officielles ont été entamées afin de renouer les relations bilatérales ; à ce moment-là, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo était le dirigeant du pays, ayant renversé son oncle, Macías, six ans plus tôt. Israël était parfaitement au courant du fait que ce dernier était également un dictateur. Selon un profil dressé par le ministère des affaires étrangères et datant de 1986, Obiang dirigeait le pays avec l’aide d’un Conseil militaire suprême et jouissait du pouvoir de promulguer des ordonnances légales ; la Cour suprême ne constituait qu’un simple organe consultatif, et il était interdit d’organiser des partis.

Le 16 mai 1986, Yitzhak Tzarfati, ambassadeur d’Israël au Congo, arrive à Malabo, capitale de la Guinée Equatoriale, pour une première rencontre avec le président Obiang. Le président, a-t-il rapporté dans un câble adressé au ministère des Affaires étrangères, a demandé à Israël de fournir une aide, dans le prolongement de laquelle « les relations diplomatiques se développeront tout naturellement ». Un mois plus tard, le président Chaim Herzog a envoyé à Obiang un message personnel à l’occasion de son anniversaire, célébré comme « fête nationale » dans le pays. En juin 1986, le ministre des affaires étrangères de la Guinée équatoriale s’est rendu en Israël et a rencontré le premier ministre et ministre des affaires étrangères par intérim, Shimon Peres. À sa demande de soutien israélien pour développer les infrastructures dévastées de son pays et pour obtenir une aide militaire, Peres a répondu qu’Israël enverrait une délégation en Guinée équatoriale pour en étudier la faisabilité.

Les câbles et les dossiers du ministère des affaires étrangères qui ont suivi sont encore classifiés, cependant les relations ont été renouées et Israël est devenu le principal protecteur du régime du président Obiang, lequel interdit toute activité d’opposition. Sous Obiang, la majorité des citoyens du pays vivent dans une pauvreté abjecte, tandis qu’une petite élite profite des bénéfices du pétrole.

Ce sont ces bénéfices qui ont permis à la Guinée équatoriale d’acheter des armes à Israël. En juin 2005, Yossi Melman a révélé dans Haaretz que des marchands d’armes et des sociétés de sécurité israéliennes négociaient un contrat de formation de la Garde présidentielle. Trois ans plus tard, l’émission télévisée d’investigation « Uvda » (Les Faits) révélait qu’Israël avait vendu des bâtiments de guerre, corvettes et patrouilleurs à la Guinée équatoriale. L’agence d’information officielle du pays a confirmé en 2011 que des Israéliens avaient formé des soldats des forces terrestres de l’armée. Le 17 janvier 2018, Guy Lieberman a rapporté dans Yedioth Ahronoth que le ministère israélien de la Défense avait également approuvé la vente à ce pays de dispositifs de défense pour équiper les avions, d’un système de surveillance des téléphones portables, de véhicules blindés, de munitions, de véhicules de dispersion des foules, de fusils, d’uniformes et de tentes – à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros. On a également appris que d’anciens membres des unités de combat des forces de défense israéliennes avaient formé des unités d’élite de l’armée et de la police du régime.

Selon des informations provenant de sources et de publications officielles du régime de Guinée équatoriale à partir de 2020, des citoyens israéliens ont non seulement formé les forces de sécurité, mais ont également servi en personne dans la garde présidentielle tout en portant des armes de fabrication israélienne. À la mi-juillet 2021, Teodoro Nguema Obiang Mangue, premier vice-président de la Guinée équatoriale et fils du président, dont les responsabilités incluent la défense et la sécurité nationales, s’est rendu en Israël. Le gouvernement de Naftali Bennett et Yair Lapid a profité de cette visite pour annoncer en grande pompe que la Guinée équatoriale avait décidé de transférer son ambassade à Jérusalem. Sans surprise, la contrepartie de cette décision s’est avérée être un nouvel accord portant sur des armes létales et des services de sécurité. (L’ambassade reste pour l’instant à Herzliya).

Le régime de Guinée équatoriale a déclaré que l’essentiel de la visite et de l’accord signé concernait l’aide israélienne en matière de sécurité militaire et intérieure, ajoutant que le deuxième jour de sa visite, le vice-président et son équipe avaient tenu des « réunions de travail » dans des entreprises de sécurité en Israël, y compris des entreprises qui fabriquent des drones « suicides ». Le 27 avril 2023, le régime de Guinée équatoriale a de nouveau publié des informations concernant les formations dispensées par des Israéliens. Le même jour, le vice-président Nguema a effectué une visite sur une base militaire en Guinée équatoriale et a pu observer comment des Israéliens entraînaient les forces spéciales de son pays au tir de précision et au combat tactique.

Israël a donc été le protecteur du régime du président Macías, est aujourd’hui le protecteur du régime du président Teodoro Obiang et sera probablement aussi le protecteur du régime de son fils, Teodoro Nguema, si et quand il prendra la succession de son père.

Eitay Mack, avocat israélien est militant des droits humains, et il a sans succès tenté de mettre un terme à la formation militaire dispensée par Israël et à ses exportations vers la Guinée équatoriale.

Source : Haaretz, Eitay Mack, 09-08-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

 

 

Le récit du « jour de la Victoire » des Russes (ou l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale rarement évoquée en Occident)

 SOURCE SECONDAIRE: https://brigittebouzonnie.substack.com/p/le-recit-du-jour-de-la-victoire

Article rédigé 11 mai 2018 par Michael Jabara Carley pour le site Réseau Voltaire

Professeur d'histoire contemporaine à l'université de Montréal, Michael, Jabara Carley raconte ici le rôle de l'Union soviétique contre le nazisme. Puis il analyse la manière dont cette histoire a été volontairement déformée par les Anglo-Saxons et est malhonnêtement enseignée dans le monde occidental (l'Hégémon).

 Chaque année, le 9 mai, la Fédération de Russie commémore un événement historique majeur : le jour de la Victoire. Ce même jour de l’année 1945, le maréchal Georgy Konstantinovich Youkov, commandant du 1er front biélorusse, qui avait pris d’assaut Berlin, recevait l’acte de reddition inconditionnelle des Allemands. Au final, la Grande Guerre patriotique aura duré 1418 jours, d’un niveau inimaginable de violence, de destruction et de brutalité. De Stalingrad et du Caucase septentrional en passant par le Nord-Ouest de la périphérie de Moscou aux frontières occidentales de l’Union Soviétique, à Sébastopol au sud et jusqu’à Léningrad et la frontière finnoise au nord : le pays a été ravagé. On estime à 17 millions les pertes civiles — hommes, femmes et enfants — bien qu’il soit impossible de déterminer le chiffre exact. De nombreuses villes et villages ont été détruits ; des familles entières ont disparues sans personne pour se souvenir de leurs membres ou les regretter.



La plupart des citoyens russes ont perdu de la famille durant la guerre. Personne n’a été épargné.

Plus de dix millions de soldats russes ont péri dans les combats visant à repousser le terrible envahisseur nazi et dans l’offensive finale conduisant à l’occupation de Berlin à la fin d’avril 1945. Les soldats de l’Armée Rouge morts au combat, ont été abandonnés sans sépulture — ou dans des fosses anonymes — lors de la marche vers l’Ouest, faute de temps. La plupart des citoyens russes ont perdu de la famille durant la guerre. Personne n’a été épargné.

La Grande Guerre patriotique a débuté le 22 juin 1940 à 3h30 du matin, quand la Wehrmacht a envahi l’Union Soviétique sur le front qui s’étend de la mer Baltique à la mer Noire avec 3,2 millions de soldats, répartis en 150 divisions, accompagnés par 3 350 tanks, 7 184 pièces d’artillerie, 600 000 camions et 2 000 avions de guerre. Les armées finnoises, italiennes, roumaines, hongroises, espagnoles, et slovaques, entre autres, ont rejoint l’armée allemande. Le Haut Commandement allemand a estimé que l’opération « Barberousse » aboutirait à la capitulation de l’Union Soviétique dans un délai de 4 à 6 semaines. À l’ouest, les états majors états-uniens et britanniques validaient ces prédictions. De surcroit, quelle armée pouvait se targuer d’avoir défait la Wehrmacht ? L’Allemagne nazie était un colosse invincible. La Pologne avait été balayée en quelques jours. La tentative franco-anglaise visant à défendre la Norvège avait été un fiasco. Quand la Wehrmacht a attaqué à l’ouest, la Belgique se hâta de quitter la zone de combat. La France a rendu les armes en quelques semaines. L’armée britannique a été éconduite de Dunkerque, nue, sans armes ni véhicules. Au printemps 1941, La Yougoslavie et la Grèce ont été éliminé à moindre coût pour les Allemands.



Les pertes au sein de l’Armée Rouge ont été colossales, deux millions de soldats morts au bout de 3 mois et demi de combat.

L’armée allemande a balayé toute résistance en Europe jusqu’à ce qu’elle atteigne la frontière soviétique. L’Armée Rouge a été prise par surprise, partiellement mobilisée, car le dictateur soviétique Joseph Staline n’a pas pris au sérieux les avertissements de ses propres services de Renseignement, ou ne voulait pas provoquer l’Allemagne hitlérienne. Au final, ce fut une catastrophe. Mais contrairement à la Pologne ou à la France, l’Union Soviétique ne s’est pas rendue au bout de 4 à 6 semaines. Les pertes au sein de l’Armée Rouge ont été colossales, deux millions de soldats morts au bout de 3 mois et demi de combat. Les États baltes étaient perdus. Smolensk est tombée, puis Kiev : défaite la plus cuisante de toute la guerre. Léningrad était encerclée. Un vieil homme a demandé aux soldats « D’où vous retranchez-vous ? » Le chaos régnait partout. Mais, dans des lieux comme la forteresse de Brest-Litovsk, ainsi que dans des centaines de bois, de champs, de jonctions routières, de villes et de villages anonymes, l’Armée Rouge s’est battue jusqu’au bout. Elle a réussi à éviter l’encerclement et a pu rejoindre ses propres lignes ou bien disparaître dans les forêts ou les marais de Biélorussie et du nord de l’Ukraine, s’organisant en unités de résistance pouvant mener des raids contre l’arrière-garde allemande. À la fin de 1941, les pertes militaires soviétiques s’élevaient à 3 millions (la majorité étant des prisonniers de guerre, tués par des mains allemandes) ; 177 divisions ont été anéanties. Pourtant, L’Armée Rouge continuait de se battre, faisant même reculer les Allemands à Ielnia, au sud-est de Smolensk, à la fin du mois d’août. La Wehrmacht a pu ressentir la morsure d’une Armée Rouge ébranlée mais pas abattue. Les forces allemandes recensaient, en moyenne, dans leurs rangs, 7 000 victimes par jour : une nouveauté pour eux.



A certains endrois comme la forteresse de Litovsk, les soldats de l’Armée Rouge se sont battus jusqu’au dernier.

Sur les traces de la Wehrmacht, les escadrons de la mort SS (Einsatzgruppen) éliminaient les Juifs, les Tziganes, les communistes, les prisonniers de guerre soviétiques ou n’importe quel individu se trouvant sur leur chemin. Ils ont bénéficié de l’assistance de collaborateurs nazis, baltes et ukrainiens, pour ces crimes de masse. Les femmes et enfants soviétiques étaient dépouillés de leurs vêtements et alignés sur le peloton d’exécution. En plein hiver, les soldats allemands abattaient les villageois ou les forçaient à sortir de leur maison, tout de haillons vêtus, leur confisquant leur foyer, vêtements d’hiver et nourriture.

À l’ouest, ceux qui avaient prédit une débâcle russe, les sempiternels soviétophobes, n’eurent pas l’air malin et durent revoir leurs prévisions. L’opinion publique comprit qu’Hitler avait mis là le pied dans un bourbier ; aucune commune mesure avec la campagne de France. Bien que la résistance soviétique bénéficiait du soutien du citoyen anglais, le gouvernement britannique, lui, ne fut pratiquement d’aucune aide. Certains membres de l’exécutif étaient même réticents à considérer l’Union Soviétique comme un allié. Churchill a interdit à la BBC de diffuser le dimanche soir, l’hymne national soviétique, l’Internationale, en compagnie des autres hymnes alliées.



L’opinion publique comprit qu’Hitler avait mis là le pied dans un bourbier ; aucune commune mesure avec la campagne de France.

L’Armée Rouge tout en battant en retraite continuait désespérément de se battre. Ce n’était pas une guerre ordinaire, mais un combat d’une violence exceptionnelle contre un envahisseur cruel, pour la défense de sa maison, de sa famille, de son pays, et de sa vie elle-même. En novembre, l’Armée Rouge, largua un pamphlet au dessus des lignes allemandes citant Carl von Clausewitz, le stratège militaire prussien : « Il est impossible d’occuper la Russie ou de la conquérir ». Bien que tentative d’intimiditation, vu les circonstances ; cette assertion n’était pas moins vraie. Finalement, aux portes de Moscou, en décembre 1941, l’Armée Rouge, sous le commandement de Gueorgui Joukov repoussa une Wehrmacht épuisée, environ trois cents kilomètres plus au sud. Le mythe de l’invincibilité nazie volait en éclat. « Barberousse » était trop ambitieux, l’offensive éclair (blitzkrieg) avait échoué, et la Wehrmacht subissait son premier échec sur le plan stratégique. À Londres, Churchill accepta, à contrecœur, de laisser jouer l’hymne soviétique par la BBC.



Le mythe de l’invincibilité nazie volait en éclat.

En 1942, l’Armée Rouge continuait de subir des défaites et d’énormes pertes, dans la mesure où elle était livrée à elle-même. Cependant, en novembre de cette année, à Stalingrad, sur la Volga, l’Armée Rouge lança une contre offensive qui se conclut par une victoire historique et par la retraite de la Wehrmacht, en ce printemps 1942, à sa position d’origine ; exception faite pour le 6e corps d’armée allemande, pris au piège dans le chaudron de Stalingrad. Là, 22 divisions allemandes, parmi les meilleures, furent détruites. Stalingrad fut le Verdun de la Seconde Guerre mondiale. « Mais c’est un véritable enfer ! » ; « Non… C’est dix fois pire ! ». À la fin de la campagne hivernale de 1943, du côté de l’Axe, les pertes se démultipliaient : une centaine de divisions allemandes, italiennes, roumaines, hongroises étaient anéanties ou ravagées. Le président des États-Unis, Franklin Roosevelt, reconnut que le conflit venait de basculer : la dernière heure de la grande Allemagne avait sonné.



Des femmes au front lors de la bataille de Stalingrad.

Février 1943. Pas une seule division britannique, états-unienne ou canadienne ne se bat en Europe contre la Wehrmacht, seize mois avant le débarquement en Normandie. Les Britanniques et les États-uniens combattaient alors 2 ou 3 divisions allemandes en Afrique du Nord : un divertissement comparé au front russe. L’opinion publique occidentale savait qui portait à lui seul tout le fardeau de la guerre contre la Wehrmacht. En 1942, 80 % des divisions de l’Axe étaient engagées dans le combat contre l’Armée Rouge. Au début de 1943, il y avait 207 divisions allemandes postées sur le front est. Les Allemands jouant leur va tout, lancèrent une dernière offensive contre la « citadelle » de Koursk en juillet 1943. L’opération sera un échec. L’Armée Rouge lancera une contre offensive à travers l’Ukraine conduisant à la libération de Kiev en novembre. Plus au nord, Smolensk avait été libérée un mois auparavant.

L’état d’esprit des Soviétiques était admirable, ainsi que leur Armée Rouge. Le correspondant de guerre Vasilii Semenovich Grossman en a capturé l’essence dans son journal intime, Nuit, tempête de neige. Il écrit en 1942, « Les véhicules, l’artillerie, avancent en silence. Soudain, une voix rauque se fait entendre. "Hé, quel est le chemin pour se rendre à Berlin ?". Éclat de rire. »



L’opinion publique occidentale savait qui portait à lui seul tout le fardeau de la guerre contre la Wehrmacht.

Les soldats n’étaient pas toujours braves. Parfois, ils désertaient. « Un chef de bataillon armés de deux revolvers se mit à hurler, "Où courez-vous comme ça, sales fils de ***. En avant marche, pour la Mère patrie, pour Jésus-Christ, bande d’enc*** ! Pour Staline, merdeux !..." » Ils retournèrent à leur poste. Ces types furent chanceux ; l’officier aurait pu les abattre. Ça arrivait parfois. Un soldat s’est porté volontaire pour exécuter un déserteur. « Avez-vous ressenti de la pitié pour lui ? » demanda Grossman. « Comment peut-on parler de pitié ?! » répondit le soldat. À Stalingrad, sept Ouzbeks ont été accusés d’auto-mutilation. Ils ont tous été exécutés. Grossman lit une lettre retrouvée dans la poche d’un soldat soviétique mort. « Tu me manques beaucoup. Viens me rendre visite, s’il te plait… À l’instant où j’écris ces mots, mes larmes coulent sur le papier. Papa, s’il te plait, viens me voir... »

Les femmes ont combattu aux côtés des hommes en tant que snipers, armurières, conductrice de tanks, pilotes, infirmières, dans les mouvements de résistance. Elles ont aussi apporté de l’aide aux armées postées en Russie. « Les villages sont devenus le royaume des femmes » écrit Grossman « Elles conduisaient des tracteurs, gardaient les entrepôts, les écuries… Les femmes assumaient une énorme charge de travail. Elles prenaient toutes sortes de responsabilités, expédiaient du pain, des avions, des armes et des munitions au front. » Quand les combats ont fait rage sur la Volga, elles n’ont pas reproché à leurs hommes d’avoir céder tant de terrain. « Un regard mais pas un mot » écrit Grossman, « … pas une pointe d’amertume. » Bien que parfois, dans les villages près du front, ce soit arrivé.



La fin de l’Allemagne nazie n’était plus qu’une question de temps.

Pendant ce temps, les alliés occidentaux attaquèrent l’Italie. Staline a longtemps exigé un second front en France, mais Churchill s’y opposa. Il voulait attaquer l’Axe en son point faible, non pas pour aider l’Armée Rouge, mais pour contrecarrer son avancée dans les Balkans. L’idée était de traverser rapidement le nord de la péninsule italienne, puis les Balkans, afin de de stopper la progression de l’Armée Rouge. Cependant, Berlin se trouvait au nord-nord est. Le plan de Churchill était un fiasco ; les Alliés occidentaux ne sont pas entrés dans Rome avant juin 1944. Il y avait approximativement 20 divisions allemandes en Italie se battant contre des forces alliées plus conséquentes. À l’est, il restait encore plus deux cents divisions de l’Axe, soit dix fois plus qu’en Italie. Le 6 juin 1944, quand l’opération Overlord débuta en Normandie, l’Armée Rouge stationna sur les frontières polonaises et roumaines. Une quinzaine de jours après le débarquement en Normandie, l’Armée Rouge lança l’opération Bagration, une offensive massive qui aboutit à une percée en plein milieu de la ligne de front allemande à l’est et à une avancée de plus de 500 kilomètres vers l’ouest, pendant que les alliés occidentaux restaient bloqués dans la péninsule du Cotentin, en Normandie. L’Armée Rouge était irrésistible. La chute de l’Allemagne nazie n’était plus qu’une question de temps. Quand le conflit prit fin en mai 1945, il s’avéra que l’Armée Rouge avait été responsable de 80 % des pertes de la Wehrmacht et plus si on considère la période qui précède le débarquement en Normandie. « Ceux qui n’ont pu vivre la rudesse de l’été 1941 » écrit Vasily Grossman, « ne pourront apprécier complétement la joie procurée par cette victoire ». Les troupes comme le peuple chantaient de nombreux hymnes pour garder le morale. Sviashchennaia voina, « sacrée guerre » était une des plus populaires. Les Russes se lèvent toujours lorsqu’ils l’entendent.

Une polémique persiste chez les historiens. Quel est le moment clé de la guerre en Europe ? Certains proposent le 22 juin 1941, le jour où la Wehrmacht a franchi la frontière soviétique. D’autres mettent le doigt sur les batailles de Moscou, Stalingrad ou Koursk. Durant la guerre, l’opinion publique occidentale semblait plus acquise à la cause de l’Armée Rouge que certains dirigeants occidentaux, comme Winston Churchill. Roosevelt, lui, qui était un dirigeant politique bien plus pragmatique, a volontiers reconnu le rôle prépondérant joué par les Soviétiques dans la guerre contre l’Allemagne nazie. L’Armée rouge, déclarait-il à un général dubitatif en 1942, a tué plus de soldats allemands et détruit plus de chars allemands que tout le reste de la coalition alliée réunie. Roosevelt savait que l’Union Soviétique était la clé de voûte de la grande coalition contre l’Allemagne nazie. J’appelle FDR (Franklin Delano Roosevelt) : le parrain de la « grande alliance ». Néanmoins, les principaux détracteurs de l’Union soviétique restaient tapis dans l’ombre attendant le bon moment pour refaire surface. Plus la victoire sur l’Allemagne nazie semblait assurée, plus les opposants à la grande alliance se faisaient entendre.

Les États-uniens peuvent être un peu « soupe au lait » lorsque l’on évoque le rôle essentiel joué par l’Armée rouge dans la destruction de la Wehrmacht. « Que faites-vous du prêt-bail ? » répondent-ils, « sans notre soutien logistique, l’Union soviétique n’aurait pas battu les Allemands. » En réalité, la plupart du matériel fourni dans le cadre du prêt-bail n’arriva en URSS qu’après Stalingrad. Les soldats de l’Armée Rouge, facétieux, aimaient appelés les boites de conserve, reçues par le biais du prêt-bail, « le deuxième front » dans la mesure où le vrai se faisait un peu tardif. En 1942, l’industrie soviétique produisait déjà bien plus d’armes que l’Allemagne nazie. Le T-34 était-il un char états-unien ou russe ? Staline a toujours su être reconnaissant envers le gouvernement US pour les Jeeps et les camions Studebaker. Ils ont accru la mobilité de l’Armée rouge. Vous avez fourni l’aluminium, aiment à répondre les Russes, nous avons fourni… le sang. Des rivières de sang...



Tout un chacun, en Europe et aux États-Unis, savaient très bien à qui attribuer le succès contre la Wehrmacht.

À peine la guerre fut-elle terminée que le Royaume-Uni et les États-Unis commencèrent à envisager une autre guerre, cette fois contre l’Union Soviétique. En mai 1945, le haut commandement britannique élabore le plan « unthinkable » (impensable), une offensive top-secrète, avec le renfort des prisonniers de guerre allemands, contre l’Armée Rouge. Les salauds ! Les ingrats ! En septembre 1945, les États-uniens envisagèrent l’utilisation de 204 bombes atomiques afin de rayer l’Union Soviétique de la carte. Le président Roosevelt venait de décéder en avril et en quelques semaines les États-uniens soviétophobes appliquaient déjà une politique diamétralement opposée. La Grande Alliance n’était qu’une trêve au milieu de la guerre Froide, qui avait pour origine la prise du pouvoir par les Bolcheviks en novembre 1917 ; cette dernière redevenait d’actualité en 1945 maintenant le conflit terminé.

À ce moment là, les gouvernements états-uniens et britanniques avaient toujours l’opinion publique contre eux. Tout un chacun, en Europe et aux États-Unis, savaient très bien à qui attribuer le succès contre la Wehrmacht. Il n’était pas possible d’adopter à nouveau, comme si de rien n’était, la stratégie éculée de la haine envers l’Union Soviétique sans faire oublier le rôle prépondérant de l’Armée Rouge dans la victoire commune contre l’Allemagne hitlérienne. Les Occidentaux ont donc ressorti le dossier sur le pacte de non-agression d’août 1939 entre Hitler et Staline en omettant volontairement de mentionner certains faits antécédents, comme l’opposition franco-anglaise à la proposition soviétique d’un traité de sécurité collective contre l’Allemagne nazie et, surtout, la trahison envers la Tchécoslovaquie, livrée aux Allemands (Accords de Munich, 1938). Comme des cambrioleurs en pleine nuit, Londres et Washington s’attribuèrent le crédit de la victoire contre l’Allemagne nazie.

Déjà en décembre 1939, les Britanniques prévoyaient de publier un livre blanc attribuant la responsabilité de l’échec des négociations (printemps-été 1939) à Moscou en vue d’une alliance entre Anglais, Français et Soviétiques. Les Français se sont opposés à ce projet car le livre blanc risquait de permettre à l’opinion publique de prendre conscience du caractère effectif de la résistance soviétique contre le nazisme, ce qui n’a pas été le cas côté anglais ou français. Ainsi, le livre blanc a terminé sur une étagère. En 1948, Le département d’État états-unien a diffusé une série de documents attribuant la responsabilité de la Seconde Guerre mondiale à Hitler et Staline. Moscou a riposté en publiant à son tour des documents mettant en évidence les liens étroits entre le monde occidental et le régime nazi. Beaucoup d’énergie fut déployée pour que l’on se souvienne de l’Union Soviétique comme signataire du pacte de non-agression et non comme le principal responsable de la destruction de la Wehrmacht.



Les Occidentaux ont ressorti le dossier sur le pacte de non-aggression d’août 1939 entre Hitler et Staline.

Qui n’a pas vu un de ces films hollywoodiens dans lesquels le débarquement en Normandie est présenté comme un tournant de la guerre ? « Que serait-il advenu si le débarquement avait échoué ? » entend-on souvent « Oh…, pas grand-chose... » est la réponse qui convient. La guerre aurait duré plus longtemps, et l’Armée Rouge, venant de l’Est, aurait planté ses étendards sur les plages de Normandie. Puis, il y a les films qui présentent la campagne de bombardement de l’Allemagne par les alliés comme le facteur décisif dans la victoire de ces derniers. Dans les films hollywoodiens sur la Seconde Guerre mondiale, l’Armée Rouge est invisible. C’est comme si les États-uniens (et les Britanniques) se couronnaient de lauriers qu’ils ne méritaient pas.

J’aime posé cette question à mes étudiants lorsque l’on aborde la Seconde Guerre mondiale : qui a entendu parler de l’opération Overlord ? Tout le monde lève le main. Puis je demande : qui a entendu parler de l’opération Bagration ? Quasiment personne ne se manifeste. Je demande, facétieux, qui a gagné la guerre contre l’Allemagne nazie et la réponse est évidemment : « les Américains ». Seuls quelques étudiants, en général ceux qui ont eu d’autres cours avec moi, répondent : l’Union Soviétique.

Difficile pour la vérité de se frayer un chemin vers la lumière dans un monde occidental où les « fakes news » (mensonges) sont la norme. L’OSCE (l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) et le Parlement européen attribuent la responsabilité de la guerre à l’Union Soviétique, sous-entendant la Russie et le président Vladimir Poutine. Hitler est quasiment omis dans ce tohu-bohu d’accusations sans fondements. Soutiennent cette version malhonnête des faits historiques : les États baltes, la Pologne et l’Ukraine, vociférant leur haine de la Russie. Les Baltes et les Ukrainiens célèbrent aujourd’hui, comme gloire nationale, les collaborateurs nazis et leurs agissements. En Pologne, la pilule est dure à avaler pour certains ; ils se souviennent trop bien des collaborateurs nazis ukrainiens qui ont assassiné des dizaines de milliers de Polonais en Volhynie. Malheureusement, de tels souvenirs n’ont pas empêché les hooligans polonais de vandaliser les monuments aux morts de l’Armée Rouge, ainsi que de profaner les cimetières de guerre soviétiques. Les nationalistes polonais ne veulent pas se souvenir de l’Armée Rouge libérant la Pologne de l’Allemagne nazie.



Les vétérans, de moins en moins nombreux chaque année, continuent de porter des uniformes qui ne leur vont plus guère ou des treillis usés, parsemés de médailles et de récompenses diverses.

En Russie, cependant, la propagande mensongère des Occidentaux n’a aucun effet. L’Union Soviétique, ainsi que la Fédération de Russie, a produit ses propres films sur la Seconde Guerre mondiale, les plus récents sur la défense de la forteresse de Brest-Litovsk et de Sébastopol, et sur la bataille de Stalingrad. Le 9 mai, chaque Russe a une pensée pour les les millions de soldats qui se sont battus et ont perdu la vie ainsi que pour les millions de civils qui ont souffert et sont morts entre les mains de l’envahisseur nazi. Les vétérans, de moins en moins nombreux chaque année, continuent de porter des uniformes qui ne leur vont plus guère ou des treillis usés, parsemés de médailles et de récompenses diverses. « Traitez-les avec tact et respect » écrit Youkov dans ses mémoires : « C’est le moins que vous puissiez faire après ce qu’ils ont fait pour vous entre 1941 et 1945. » Lorsque je les observais en ce jour de commémoration, il y a quelques années, je me demandais comment ils ont pu composer avec la menace de mort permanente, la désolation et toutes ces épreuves.



Une marche des « immortels » à Moscou.

De nos jours, chaque année en ce 9 mai, le régiment des « immortels » défile. Les Russes, aux quatre coins du pays et à l’étranger, marchent ensemble en portant des photographies grand format de membres de leur famille, hommes ou femmes, qui se sont battus pendant la guerre. « Nous ne vous oublions pas » , ils semblent dire « et ne vous oublierons jamais. »

Michael Jabara Carley

Traduction Jean-Marc Chicot      Source Strategic Culture Foundation (Russie)

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AJOUTS PERSONNELS

 

Deux jour après le lancement de l'opération Barbarossa par les nazis allemands et leurs alliés européens, le 24 juin 1941, Harry s. Truman (futur président des USA), déclarait:

"Si nous voyons l'Allemagne gagner, nous devrions aider la Russie et, si la Russie est en train de gagner, nous devrions aider l'Allemagne, pour que le plus grand nombre périsse des deux côtés."



Si l'on veut comprendre, a minima, la guerre à l'Est, voir le film d'Elem KLIMOV, Requiem pour un massacre, de 1985. L'action se déroule sur le territoire de la Biélorussie soviétique en 1943. En France, on connait le massacre d'Oradour-sur-Glane, commis par la division SS Das Reich. Elle a opéré avec d'autres en Biélorussie, où il eut 600 villages massacrés de la sorte...600 Oradour-sur-Glane.

mercredi 11 septembre 2024

The Incident (Larry Peerce, 1967)

 "Me chifla descubrir grandes pelis de las que no tenía ni puta idea. Y lo más alucinante es conocer a un inmenso director llamado Larry Peerce, que tras esta joya del cine no dejó de rodar mierda sin parar. Los protas conocidos son unos jovencísimos Martin Sheen y Beau Bridges. También sale la gran Thelma Ritter. La idea es magistral: reflejar el microcosmos de la clase obrera (los que no pueden pagarse un taxi de madrugada) dentro de un vagón del metro en el que entran dos delincuentes. Y toda la violencia y la mierda que lleva cada pasajero salta por los aires. Su tema: la cobardía. Está a la altura de '12 hombres sin piedad' y no la conoce ni dios. Comparado con esto Haneke es Mariano Ozores, menudo peliculón." 

Ivan REGUERA

 


(subtítulos en catalán)